Comment réinventer & réenchanter la démocratie ?
TRIBUNE LIBRE
Le visage de la France et de la Normandie deviennent de plus en plus morose et l'on se demande ce que de nouvelles promesses où discours pourront changer aujourd'hui les choses, tant la maturité politique semble avoir aujourd'hui changer de camp...
N'importe qui suivant les nouvelles du monde (et maintenant par internet, c'est très facile) et suivant la politique se rendent bien compte des décalages évidents qui sautent aux yeux jours après jours :
1/ La classe politique se dit "nouvelle" et en "rupture" : en fait il n'en est rien et personne n'est dupe des faux jeux d'appareils où les oppositions théatrales ne sont que du bluff.
2/ Ce qui est étonnant, c'est que tout le monde reconnaît aujourd'hui les difficultés françaises et de l'Etat : trop de dettes, de déficit et de dépenses, mauvaise gestion des finances publiques : ses dernières ne seraient point grave s'il s'agissait d'investissement sur l'avenir .. mais ici ce n'est pas le cas. Or dans les meetings, les candidats à la présidentielle minimisent ce fait et continuent de promettre au grand public, histoire d'engranger les voix et autant aux élus pour s'assurer leurs étiquettes au parti.
3/ A l'heure actuelle, les citoyens iront sans doute voter.. mais quoi ? Il est clair que tout est possible.
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pour ne plus voir la France en flamme
regardons et modifions la manière dont sont organisés les territoires
afin d'améliorer la façon de décider.
Et pourtant la classe politique est "consciente" (mais maladivement atone, car dépendante d'Etats-Majors de Partis à l'esprit borné) de la situation : combien de fois on entend les mêmes rengaines par exemple en Normandie: "désamour entre le peuple de France et les politiques", et on nous parle de "proximité".. "toujours de proximité".. des paroles, des discours, sans jamais ne voir aucun acte politique majeur digne de ce nom..
Face aus défis majeurs d'aujourd'hui et auxquels nos générations futures feront face, je milite pour une authentique régionalisation (et une réunification de la Normandie), et rapprocher les lieux de pouvoirs des individus selon des échellons de subsidiarité, voici pourquoi :
- Il faut aujourd'hui dépasser le cadre de la centralisation de la décision afin de faire vivre les territoires de France et de les responsabiliser, sinon le vote pour un seul homme providentiel déresponsabilisant les autres pourra produire tous les excès à l'avenir. il faut une régionalisation démocratique de la France pour (enfin !) rentrer dans l'Europe de XXIème siècle et combler nos retards, pour une meilleure adaptativité et réactivité : à la jonction d'une double légitimité municipale et nationale en Europe, se met en place une régionalisation démocratique, auquelle la France ne peut outrepasser, sinon de rester en marge de l'Histoire.
- Combien de fois nos concitoyens pestent contre un Etat tout puissant en théorie, mais bien impuissant dans les faits et paraissant très éloigné du quotidien et des aspirations de nos concitoyens.
Et quels légitimités démocratiques peuvent avoir des actions publiques territorialisées décidées par quelques experts-technocratiques par le centralisme gouvernemental (et donc sans concertation des élus et des citoyens) ? Quand au contenu des décisions politiques, comment peut-on les considérées comme étant l'émergeance d'une démocratie participative, puisque celle-ci n'existe pas dans les faits, et n'est pour l'instant qu'un outil de médiatisation de parti politique, et qu'un outil pour rédiger de la (future) littérature ?!
- Pour gagner en dynamisme et en animation, le territoire institutionnel régional doit devenir une arène politique, un lieu d'actions collectives, de débats et de définition d'enjeux et surtout d'actions.
Que cela soit dans le secteur économique et d'attractivité territoriale ou dans les différents secteurs de l'action publique (éducation, santé, services sociaux, etc.), est-ce que un Etat centralisé doit seul décider au risque que les acteurs actifs régionaux ne "désertent" devant tant d'esprit de supériorité et de dédain ? : cela met en perspective la question du déficit démocratique de l'action publique, c'est-à-dire celle de la responsabilité politique devant des collectivités les plus directement concernées.
- La décentralisation politique qui a essayé de s'amorcer dans notre pays était erronée dès le départ : elle était vide de sens, elle n'était pas généreuse, elle n'était qu'un moyen pour l'Etat central de se débarasser de ses problèmes sans donner les moyens de l'émergence du fait régional et de sa responsibilisation : pas de sens, pas de confiance, il est normal que la "décentralisation" tel qu'elle fut "vendue" soit un échec presque patent, la vraie politique ne peut résider dans les faux-semblant, même si des bases intéressantes furent jetées.
- Pour repartir du bon pied, on ne peut faire l'économie d'une *réflexion sérieuse sur la répartition des responsabilités et des compétences entre les divers échellons territoriaux. Or, une telle réflexion pose dans toute son ampleur la question de la démocratie dans la gestion de l'administration publique.
- L'État central, qui dans sa grandeur, tente de tout définir, de tout coordonner, finit par intégrer la division des intérêts et n'arrivent même plus à coordonner lui-même : car le monde d'aujourd'hui nécessite réactivité, dialogue, concertation... ce que l'Etat n'arrive pas à faire tout seul : le probleme n'est pas ici partisan, il est politique, de noble politique me permettrais-je d'ajouter.
La régionalisation sera-t-elle mise en place et sera-t-elle un progrès de la citoyenneté, comme acquis démocratique, un progrès de réactivité économique retrouvant efficacité et de renouveau sociétal pour, entre autre, réduire l'inégalité des compétences et de l'expertise ?
C'est à chacun de nous d'y réfléchir, et même si nos valeurs, nos sensibilités diffères, tâchons de ne pas trop nous enfermer dans nos chapelles partisanes et dans nos tours d'ivoires.
Les citoyens ne sont pas réductibles aux rôles de clients ou de consommateurs, du moins dans un régime démocratique. Le défi actuel de la construction régionale concerne la place du citoyen dans un système en mutation. La relation entre citoyens et élus demeure la base de la démocratie, qui rend possible la participation et le contrôle démocratique. C'est au prix de cette médiation politique que peut se construire une région comme espace public citoyen.
Yuca de Taillefer.