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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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14 juin 2007

Réunifier pour ne pas subir la géographie des autres...

etoile
Voici une analyse de Florestan d'Hudimesnil intitulée "Réunifier pour ne pas subir la géographie des autres..."

Ce titre m'est venu hier soir à l'écoute d'une très instructive émission de France Culture "l'économie en question" alors consacré à la géographie économique et sociale des territoires et régions de France...

Etaient invités Hervé Lebras, démographe et Philippe Estèbe géographe, tous deux universitaires régulièrement consultés par les pouvoirs publics ou privés: je vous propose donc une petite synthèse fort éclairante de leurs propos...

1° Tout d'abord constat est fait de l'abandon de la part de l'Etat d'une planification centralisée de l'aménagement du territoire: la DATAR créée en 1963 et tout récemment supprimée a rendu de grands services pour sortir du "désert français" pour reprendre en partie la célèbre formule de François Gravier (1947).

L'époque des Trente glorieuses, taylorienne et discrétionnaire de l'aménagement du territoire (en gros: à Paris et dans les "métropoles d'équilibre" les cerveaux et ailleurs les bras) est terminée: elle aura eu les défauts de ses qualités et réciproquement. La DATAR a donc été remplacée par un vague Comité Interministériel pour l'Aménagement et la Compétitivité des Territoires: cet acronyme est révélateur... Avec le grand chambardement des années 1980 qui vit l'effondrement et la mutation de l'appareil industriel français confronté à l'ouverture de la concurrence mondiale, les territoires deviennent de plus en plus un enjeu de la concurrence sinon de la compétitivité économique...

Aujourd'hui, les acteurs de l'aménagement du territoire sont moins l'Etat et ses gros bras préfectoraux ou les grandes entreprises que les ménages eux-mêmes qui aménagent le territoire par leurs déménagements: ainsi l'étalement périurbain n'avait pas été prévue par les experts de la DATAR...

Néanmoins, la DATAR sera regrettée comme lieu de réflexion sur les territoires: ses analyses étaient appréciées par les élus locaux et récemment elle avait pris le tournant d'une vraie régionalisation du territoire français pour faire sienne la phrase de Michel Rocard prononcée au lendemain de la Guerre d'Algérie: "il faut décoloniser la province" (1966) pour démultiplier les énergies présentes sur les territoires...

carte_NormandieM_tropole

En illustration : la Carte de la Normandie, sa métropole "en réseau" à la fois économique, politique et administrative, et son aéroport à vocation européenne et internationale.
(source de la carte : http://lehavrephoto.canalblog.com/)

Mais la décentralisation ou plutôt la déconcentration de l'Etat jacobin est passée par là avec les lois Pisani Deferre de 1982 et Raffarin de 2004: il ne s'agit en aucun cas d'une véritable régionalisation pour la simple et bonne raison que l'Etat par la fiscalité et sa politique de subvention (les contrats de plan ou de projets) tient les cordons de la bourse...

On assisterait même à une reconcentration financière d'un Etat impécunieux: il en est ainsi de la taxe professionnelle de moins en moins perçue par les communes urbaines pourtant de plus en plus regroupées en communautés d'agglomération afin de mutualiser les revenus de la fiscalité locale...

La puissance financière des collectivités territoriales françaises si on la compare aux autres collectivités territoriales en Europe reste assez faible... Elle même devenue fragile aujourd'hui tant la décentralisation n'a été qu'une déconcentration inachevée, c'est à dire de plus en plus de compétences transférées mais pas toujours avec les recettes financières qui vont avec: que seraient-ce aujourd'hui les finances régionales sans les contrats de projets ou les finances communales sans les dotations globales de fonctionnement négociés dans le bureau doré de Monsieur le Préfet?

Face à cette faiblesse et à cette fragilité financière accrue par une extrême complexité des compétences et des ressorts sur les territoires (communes et intercommunalité; SRADT et DAT; communauté de pays et bassins de vie; communautés d'agglo; conseils généraux; conseils régionaux; missions variées et autres agences inter-ceci ou inter cela: la République des fauteuils se porte bien!); les élus locaux n'ont guère de pouvoir financier pour diriger sans l'aide déterminante les grands dossiers de l'aménagement du territoire (par exemple: les grandes infrastructures de transport)... Ce passage obligé par les préfectures de l'Etat central sinon ses ministères parisiens accroit la concurrence des territoires: il ne reste aux élus que la carte, de plus en plus déterminante dans la compétition nationale et internationale, de la qualité du territoire qu'ils défendent...

Qualité de vie; qualité environnementale; qualité des réseaux et des infrastructures et aussi, et de plus en plus! qualité de l'image voire de l'identité forte et positive d'un territoire: ces avantages, ses "aménités" comptent de plus en plus notamment pour vivre et faire revivre des territoires sur la base de l'économie de service et de transferts: en clair, créer de l'activité grâce au pouvoir d'achat des retraités...

Se dessine alors une France à la géographie humaine (économie; social; identité sur un territoire) de plus en plus fracturée et évolutive: à cette France jolie de l'Ouest et du Sud des bords de mer et des montagnes vivant des rentes d'une économie de service ou des fonctions publiques s'oppose une France de l'Est et du Nord Est, celle des vieilles régions industrielles qui triment à faire le PNB français sur le marché mondial dans le risque permanent des délocalisations... Au centre, un rural profond presque désert qui redevient attractif depuis dix ans du fait de la pression foncière engendré par l'étalement urbain mais aussi par les contraintes qui pèsent sur la qualité de vie des grandes villes de l'axe Paris Lyon Marseille (coût de la vie; manque d'espace et pollution)

Alors aujourd'hui ce sont les villes de taille moyenne qui attire et celles de cette couronne mêlant à la fois la mer et le soleil

La Normandie est justement au contact de ces deux France: la réunification permettrait de jouer des avantages de l'une et de l'autre.

Mais la division normande ne permet pas à la Normandie de jouer pleinement la carte de la qualité territoriale (image brouillée) et encore moins celle de la compétitivité territoriale (rapport de force politique et financier particulièrement défavorable avec l'Etat)

Les villes normandes, en l'absence d'un réseau métropolitain sont moins compétitives que d'autres villes moyennes et complètement démunies face à l'émergence de petits Paris de province (Nantes; Rennes ou Lille)

C'est pourquoi, la réunification normande est la seule solution pour cesser de subir la géographie des autres... Au moins cela!

Florestan d'Hudimesnil.

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Commentaires
G
En tout cas, nous allons subir les effets de la pollution des autres, nommément les effets catastrophiques de la désastreuse politique agricole de nos voisins d'outre-Couesnon : Bruxelles demande, en raison de la pollution persistante par les nitrates des eaux de surface en Bretagne, l'imposition d'une amende de 28 millions d'euros à la France pour infraction à la réglementation communautaire sur la qualité des eaux destinées à la production de l'eau potable. S'ils ne boivent pas beaucoup d'eau là-bas, cette fois au moins, ce n'est pas juste nous mais tous les Français qui vont être pénalisés et devront mettre la main au porte-monnaie pour écoper des frais d'expérimentation de nos amis les preux écuyers du lisier celtique.
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F
Alors là! Vraiment, vers minuit dix-huit je tombe des nues...<br /> <br /> J'avais regardé de près il y a quelques semaines les communiqués du CR de "basse" Normandie sur la négociation du Contrat de Projets Etat Région pour 2007/2013... Mais j'avais omis jusque là de faire la même démarche sur le site du CR de "haute" Normandie: et là... Stupeur!!<br /> <br /> En "basse" Normandie, Philippe DURON faisant ce qu'il peut avait réussi à négocier un CPER d'un montant total (hors fonds européens) tournant autour de 760 millions d'Euros dont un peu plus de 380 millions à la charge de l'Etat. Pour la première fois, avais-je alors remarqué l'Etat osait financer jusqu'à hauteur de 50% l'effort demandé pour le CPER "bas" Normand: néanmoins, Duron se plaignait en février dernier de devoir négocier des avenants avec l'Etat pour trouver un financement à des dossiers aussi essentiels que la modernisation portuaire de Ouistréham et Cherbourg ou les travaux de réfection urgents à faire sur le Paris/Granville... Chanson connue hélas...<br /> <br /> Chez nos frères "haut" Normands on la connait bien aussi la chanson du désengagement de l'Etat qui finance précisément que... <br /> <br /> 431, 4 millions sur le CPER "haut" normand prévu pour 2007/2013...<br /> <br /> Mais à ma grande stupeur j'apprends que les collectivités locales de "haute" Normandie; c'est à dire les CG de la Seine Maritime; de l'Eure et le conseil régional vont apporter quelques... (attention! chiffre hallucinant!)<br /> <br /> 2012,88 millions d'euros, soit plus de DEUX MILLIARDS d'EUROS!!!<br /> <br /> En effet, constatant, je cite "le désengagement de l'Etat", les deux conseils généraux de Seine Maritime et de l'Eure participent aussi à l'habituel Contrat de Projets Etat Région (Etat: 431,4; Région: 441,7 ; CG76: 293,3; CG27: 45,7 ce qui fait un total de 1212,1 millions dont 780,7 millions à la charge des contribuables "haut" Normands...)<br /> <br /> Mais ce n'est pas tout: le CPER habituel a été accompagné d'un Contrat "276" entre le CR et les deux CG de "haute" Normandie d'un montant total de... 1232,18 millions d'Euros!<br /> <br /> Si l'on ajoute toutes les sommes à la charge des collectivités locales de "haute" Normandie dans les deux contrats (CPER et contrat "276") on atteint la somme faramineuse citée plus haut...<br /> <br /> de 2012,88 millions à la charge des contribuables "haut" normands pour, je cite encore le communiqué du CR de "haute" Normandie: "pallier ce retrait de l'Etat en région..."<br /> <br /> Ainsi, si l'on cumule les deux CPER Normands, l'Etat n'investira dans les cinq départements normands entre 2007 et 2013 que...<br /> <br /> 931,4 millions d'Euros ("haute" et "basse" Normandie confondues), c'est à dire MEME PAS UN MILLIARD d'EUROS (un porte avion ça coûte deux milliards environ...) pour la Normandie!!<br /> <br /> Tandis que les contribuables Normands vont devoir sortir de leur poche près de...<br /> <br /> 2,4 MILLIARDS d'EUROS (2392,88 millions d'euros pour être précis) pour financer les grands projets dont les Normands auront besoin d'ici 2013...<br /> <br /> Je rappelle encore la part de l'Etat: <br /> <br /> 931,4 MILLIONS d'Euros...<br /> <br /> Alors qu'en conclure?<br /> <br /> 1° L'Etat central soit disant impartial se désengage surtout des régions politiquement faibles<br /> 2°Néanmoins, lorsqu'il y a une concertation financière des collectivités (CR + CG) des moyens très importants peuvent être dégagés: les CG "bas" Normands devraient enfin sortir de leur localisme et s'associer davantage au CR de "basse" Normandie pour créer la même synergie financière car l'Etat se désengage du Ploukistan: apparemment certains pèquenocrates "bas" normands ne l'ont pas encore compris...<br /> <br /> 3° On peut rêver donc sur ce que pourrait donner en terme de puissance financière une Normandie<br /> réunifiée où 5 Conseils Généraux pourraient collaborer aux Contrats de projets avec le Conseil Régional face à l'Etat: l'idée de l'association "276" est venue à l'esprit des élus "haut" Normands (et du Napoléon Le Vern, il faut bien l'avouer...) au constat que le seul budget du Conseil général de la Seine Maritime dépassait de loin celui du Conseil Régional (même remarque avec le CR de "basse" Normandie et le Calvados...)<br /> <br /> Et si la Réunification de la Normandie passait par les finances? finalement...<br /> <br /> Sources: sites des CR de basse et de haute Normandie, communiqués de presse de février 2007
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F
La dernière remarque de Thierry 50 est pour le moins éclairante...<br /> Divers infos confirment que la Normandie peut, soit être forte, dynamique et proposer des actions et une image d'un territoire dont la qualité est l'authenticité, un environnement encore préservé et une maîtrise technologique des pollutions industrielles:<br /> <br /> 1° Confirmation que la Bretagne s'enfonce dans la pollution hydrique liée aux excès de l'agro-industrie: l'Europe vient de condamner la France à plusieurs millions d'euros d'amende et une astreinte quotidienne de plusieurs milliers d'euros tant que les rivières bretonne chargées de nitrates ne seront pas dépolluées...<br /> <br /> 2° A Honfleur, je rappelle qu'il existe un institut unique en son genre pour l'étude et la prévention des risques SEVESO. La Cogema et Aréva à Cherbourg par la force des choses ont développé certaines compétences qui intéressent les industriels du confinement et de la dépollution...<br /> <br /> 3° Dans un important courrier que M.DUNCOMBE, président de l'agglomération caennaise de "Normandie Métropole" depuis novembre dernier a envoyé au Collectif "Bienvenue en Normandie" en réponse à l'une de nos lettres, nous apprenons que le projet métropolitain normand actuellement à l'étude entre Caen/ Le Havre et Rouen aura au coeur de ses préoccupations, la maîtrise des risques environnementaux: le maire du Havre réfléchit à un grand événement national et de portée international consacré au développement urbain durable et à l'écologie...<br /> <br /> Nous vous ferons part prochainement en intégralité de cet important courrier, encourageant pour l'avenir,ici sur le site de <br /> l'Etoile de Normandie...<br /> <br /> Voilà donc quelques infos qui nous font espérer que la Normandie ne sera pas qu'une réserve d'Indiens
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T
Je viens de trouver ce site qui répertorie tout les sites polluants de France : http://www.pollutionsindustrielles.ecologie.gouv.fr/IREP/index.php<br /> On peut avoir un aperçu de la situation par régions, départements, communes... On s'aperçoit ainsi que la Basse-Normandie comporte moins de sites que ses régions voisines, en particulier dans l'Orne, ce qui n'est pas une surprise car on connait la sous-industrialisation de la région. Cela confirme aussi que la Bretagne continue son développement économique, car elle apparait comme une des régions comportant le plus grand nombre de sites polluants. On voit aussi que l'agro alimentaire intensif contribue largement à sa pollution.<br /> Certains seront peut-être surpris de voir que la Haute-Normandie n'est pas submergées par les sites polluants comme on pourrait le croire, même si le site ne donne pas d'indication de quantité de pollution émise par chaque établissement. En tout cas de quoi alimenter les discussions sur un des arguments irrationnels utilisés par les anti-réunification : la Haute Normandie c'est pollué et ça va venir en Basse!
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F
Le groupe Oberthur, fabricant de puces électroniques vient d'annoncer la fermeture totale et définitive de son usine de Caen (ZI de Mont Coco): 163 emplois sont supprimés...<br /> <br /> Pour ceux et celles qui veulent continuer c'est la Chine ou Vitré (Ile et Vilaine)<br /> <br /> à lire sur maville.com Caen
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