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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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2 juillet 2007

La Tapisserie de Bayeux inscrite au registre Mémoire du Monde de l'UNESCO

etoile
La célèbre Tapisserie de Bayeux est inscrite cette année au registre Mémoire du Monde de l'UNESCO : l'inscription dans ce registre vise à accorder une reconnaissance internationale à des biens du patrimoine documentaire mondial. Une bien belle consécration pour cette oeuvre unique au monde !

Au registre "Mémoire du Monde" de l'UNESCO, on trouve par exemple des archives de la dictature argentine, le film américain Le magicien d'Oz, les archives du cinéaste Ingmar Bergman et celles de la famille d'Alfred Nobel pour la Suède, une collection de Musique coloniale des XVIe-XVIIIe siècles pour l'Amérique latine, les actes du procès intenté au leader anti-apartheid Nelson Mandela pour l'Afrique du Sud, ou les Archives des bagnards d'Australie.

TapisserieBayeux
extrait de la Tapisserie de Bayeux où l'on voit
le duc Guillaume le Conquérant (Willelm en latin) à la tête de ses troupes

Le nombre total d'inscription à ce registre d'oeuvres exceptionnelles à travers le monde est de 158  depuis 1997, date de création de ce registre, oeuvres répondant aux critères de sélection d'intérêt universel édictées par l'UNESCO. Le programme "Mémoire du monde" existe lui depuis 15 ans et est chargé de la collecte et de la conservation du patrimoine documentaire de l'humanité, ce qui représente un travail colossal de collecte et d'archivage. On remarquera dans le registre le film Le Magicien d'Oz, film célébrant la bonté, la charité, l'amitié, le courage, la force morale, l'amour et la générosité, lancé sur les grands écran en 1939, alors que la Seconde guerre mondiale se répandait dans le monde. Il compte parmi les films les plus populaires et les plus marquants de toute l'histoire du cinéma.

Pour la France, c'est donc la fameuse "Tapisserie de Bayeux" ou "Telle du Conquest", une fresque brodée du XIe siècle, longue de 70 mètres, qui relate la conquête de l'Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant et qui a au cours de sa vie connue de nombreux déboires même si elle reste exceptionellement bien conservée.

Yuca de Taillefer.

cf un article du Mouvement Normand sur le même sujet :
La «tapisserie» de Bayeux inscrite au registre «mémoire du monde» par l'U.N.E.S.C.O. : un évènement majeur pour la promotion de l'identité normande

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Commentaires
F
Merci IGP... <br /> <br /> Rappelons que la Normandie ducale du XIe siècle, celle du Duc Guillaume qui va faire la conquête de l'Angleterre ou mieux encore celle des frères Guiscard de Hauteville qui iront à la conquête de la Sicile, l'un des principaux relais de la culture grecque en Méditerrannée vers l'Occident, avait des élites (le haut-clergé et les moines) complètement habitées de culture grecque et byzantine: on rappelera l'exemple de la précieuse coupe de mariage pour Guillaume et Mathilde que l'on a fait parvenir pour l'occasion de Constantinople... (cette coupe, mise à l'abri à Falaise en 1944 a fondu dans les bombardements de cette ville...) <br /> <br /> Contrairement à ce qu'affirme le directeur du Scriptorial d'Avranches, très sévère avec le livre de Gouguenheim, c'est bien précisemment parce que la Normandie fraîchement chrétienne et encore scandinave du XIe siècle était parcourue de ces étranges savants venus de Byzance ou d'Italie que les turbulents chevaliers du Cotentin se sont mis à rêver de la Sicile! <br /> Ce n'est qu'au XIIe siècle, lorsque les Normands s'établiront durablement en Sicile ou à l'occasion des Croisades avec les Etats latins du Levant que des contacts culturels directs vont avoir lieu entre "Francs" ou "Normands" et les élites arabo-musulmanes ou arabo-chrétiennes... <br /> <br /> Avant le XIIe siècle mais aussi après , les contacts directs entre l'occident chrétien médiéval et l'empire grec de Byzance qui conservait la plus grande part du patrimoine écrit de l'antiquité gréco-romaine n'ont jamais cessé ni été interrompus... Cette permanente circulation de textes entre Occident et Orient chrétien a suscité en Occident, malgré les conflits théologiques et les aléas de la géopolitique (Venise a précipité le déclin de l'empire Byzantin à partir du XIIIe siècle)plusieurs "renaissances à l'antique" dont la plus brillante fut la dernière: la Renaissance italienne des XVe et XVIe siècle qui allait propulser de façon décisive l'Europe vers la Modernité...
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I
Pour éclairer le propos et le coup de gueule de Florestan, voici ce que dit Jean HERON de cette affaire "Gouguenheim" sur le site "Médias Libres" (tribune libre en date du 5 mai 2008)<br /> <br /> <br /> Haro sur Sylvain Gouguenheim !<br /> <br /> Par Jean Heron, lundi 5 mai 2008 à 10:48 :<br /> <br /> Commentaires sur le livre de Sylvain GOUGUENHEIM<br /> "Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne" (Seuil mars 2008)<br /> <br /> En 2002 l'un des nos grands historiens français, Jacques Heers, spécialiste de l’histoire du Moyen Âge, professeur à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre, puis directeur des études médiévales à la Sorbonne (Paris IV) publiait un article dans une revue d'histoire intitulé : « La fable de la transmission arabe du savoir antique ».<br /> <br /> Il y affirmait sans complexe, entre autres :<br /> <br /> « De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. »<br /> <br /> « Rendre les Occidentaux tributaires des leçons servies par les Arabes est trop de parti pris et d’ignorance : rien d’autre qu’une fable, reflet d’un curieux penchant à se dénigrer soi-même. »<br /> <br /> Il réaffirmait en 2007 que :<br /> <br /> « l'enseignement (de la pensée grecque en Occident), celui de la Logique notamment, n'a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités. L'on se servait alors de traductions latines des textes grecs d'origine que les clercs et les érudits de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l'arabe en latin, que l'on attribue généralement à Avicenne et à Averoès sont apparues relativement tard, alors que tous les enseignements étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d'un siècle que la Logique, directement inspirée d'Aristote, était reconnue comme l'un des sept « arts libéraux » du cursus universitaire. »<br /> <br /> Son statut de grand historien l'avait semble t-il protégé de toute fatwa de la part de la bien pensance du politiquement correcte.<br /> <br /> Sylvain Gouguenheim lui a eu le tort d'écrire non un article qui aurait pu passer inaperçu mais un livre sur ce sujet qui lui vaut aujourd'hui ce qu'yvan Rioufol nomme une cabale et qui fait dire à Max Gallo sur France culture « Bref, dès lors que l’on n’est pas tout à fait d’accord avec la doxa, avec ce qui règne, même quand on est un médiéviste indiscutable, il devient dangereux de faire de l’histoire.»<br /> <br /> Max Gallo sur France Culture, Roger Pol Droit dans le Monde, Yvan Rioufol… et Jean Sevilla dans le Figaro Magazine de ce week-end ... quand de tels noms se mettent à défendre quelqu’un je m’interroge. Qu’a pu donc faire ou écrire le pauvre bougre de tellement politiquement incorrect ?<br /> <br /> La réponse ? Un Livre. Mais un livre qui en abordant la question de la transmission du savoir Antique parle donc aussi de la manière dont il a été traité par la civilisation de l’islam … ou lala… Attention terrain piégé, chasse gardée des nouveaux censeurs … Mais plus exactement me direz-vous où est le problème ? L'auteur ose montrer que contrairement à ce que les manuels scolaires ou d’autres médias nous enseignent comme une évidence absolue le passage du savoir grec à l’Occident ne sait pas fait, loin de là, uniquement par la civilisation islamique. Plus même puisque celle-ci n’aurait ni voulu ni pu assimilé tout ce qui était en contradiction avec la parole sacré du Coran …<br /> <br /> ET plus précisément explique l’auteur, très choqué par la vindicte dont il fait l’objet :<br /> <br /> « Mon enquête porte sur un point précis : les différents canaux par lesquels le savoir grec a été conservé et retrouvé par les gens du Moyen Age. Je ne nie pas du tout l'existence de la transmission arabe, mais je souligne à côté d'elle l'existence d'une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel a été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Je ne nie pas non plus la reprise dans le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs. J'explique simplement qu'il n'y a sans doute pas eu d'influence d'Aristote et de sa pensée dans les secteurs précis de la politique et du droit ; du moins du VIIIe au XIIe siècles. »<br /> <br /> L’article critique de son livre paru le 17 Avril 2008 dans le Figaro qui explique :<br /> <br /> « L'historien Sylvain Gouguenheim montre que la qualification d'« âges sombres » ne convient pas à la période médiévale. En effet, l'Europe du haut Moyen Âge ne s'est jamais coupée du savoir grec, dont quelques manuscrits restaient conservés dans les monastères. Des noyaux de peuplement hellénophone s'étaient maintenus en Sicile et en Italie du Sud, Salerne ayant ainsi produit une école de médecine indépendante du monde arabo-musulman. Enfin, durant les premiers siècles du Moyen Âge, il existait aussi une « authentique diaspora chrétienne orientale ». Car, nous dit l'auteur, si l'islam a transmis le savoir antique à l'Occident, c'est d'abord « en provoquant l'exil de ceux qui refusaient sa domination ». Assez naturellement, les élites purent se tourner vers la culture grecque, favorisant ces mouvements de « renaissance » qui animèrent l'Europe, de Charlemagne à Abélard. D'ailleurs, avant même que les lettrés ne vinssent chercher en Espagne ou en Italie les versions arabes des textes grecs, d'importants foyers de traduction de manuscrits originaux existaient en Occident. »<br /> <br /> Et plus précisément :<br /> <br /> « Contredisant la thèse d'un « islam des Lumières », avide de science et de philosophie, l'auteur montre les limites d'une ­hellénisation toujours restée superficielle. Il est vrai que la Grèce représentait un monde radicalement étranger à l'islam qui « soumit le savoir grec à un sérieux examen de passage où seul passait à travers le crible ce qui ne comportait aucun danger pour la religion ». Or ce crible fut très sélectif. La littérature, la tragédie et la philosophique grecques n'ont guère été reçues par la culture musulmane. Quant à l'influence d'Aristote, elle s'exerça essentiellement dans le domaine de la logique et des sciences de la nature. Rappelons que ni La Métaphysique, ni La Politique ne furent traduites en arabe »<br /> <br /> Il y eu donc bien un creuset chrétien médiéval européen , fruit des héritages d'Athènes et de Jérusalem…<br /> <br /> Or ceci n’est pas la version contemporaine qu’un certain nombre d’universitaires, de professeurs (primaires, collèges, lycées) et bien d’autres parmi la classe politico médiatique veulent aujourd’hui imposer.<br /> <br /> Le message diffusé vers le grand public par cette nouvelle classe de faiseurs d’histoire est le suivant :<br /> <br /> L’islam médiéval a la paternité de l’essor de la civilisation européenne et l’Europe sans son apport ne serait pas sortie des supposés « âges sombres » du Moyen Âge. Nous aurions donc une dette envers le monde arabo-musulman qui nous aurait apporté l’essentiel du savoir grec après l‘avoir donc découvert et assimilé c‘est-à-dire qu‘eux-même auraient été profondément hellénisé constituant ainsi le seul trait d‘union véritable entre les civilisations de l‘Antiquité et de la Renaissance. Dette d’autant plus grande que la pensée, la culture et l’art européens auraient donc été engendrés, au moins en partie, par la découverte de la civilisation des Abbassides surtout après (le « drame » de) la Reconquista espagnole.<br /> <br /> On peut ainsi lire dans un manuel universitaires pris parmi d’autres :<br /> <br /> « C’est là ( dans l’Espagne redevenue chrétienne) que des clercs de toute l’Europe, y compris d’Italie, viennent à partir du XIIème siècle puiser aux sources arabes, et en les traduisant, contribuent à la redécouverte de la science grecque »<br /> <br /> Pourquoi une telle polémique historique ? C‘est qu‘en fait, l’enjeu est de taille car … politique.<br /> <br /> Car si l’Islam, ou plutôt ce qui serait avant l’heure une civilisation (islamique) des Lumières, appartient au Patrimoine de l’Europe alors les racines de l’identité de celle-ci sont tout autant islamique que chrétienne. Plus même puisque sans la « présence » en Espagne et la prééminence de cette civilisation arabo-islamique la civilisation européenne ne serait pas devenue ce qu’elle est. Elle est politique aussi en tant qu’elle parle d’avenir, et les tenants de cette version l’expriment très clairement dans le propos de l’historien Alain de Libéra qui commente Gouguenheim:<br /> <br /> « Encore un pas et l'on verra fanatiques religieux et retraités pavillonnaires s'accorder sur le fait que, après tout, l'Europe chrétienne, qui bientôt n'aura plus de pétrole, a toujours eu les idées...», ironise-t-il. « Je croyais naïvement qu'en échangeant informations, récits, témoignages, analyses et mises au point critiques, nous, femmes et hommes de sciences, d'arts ou de savoirs (...), nous, citoyens du monde, étions enfin prêts à revendiquer pour tous, comme jadis Farabi pour les Arabes, le « grand héritage humain ». C'était oublier l'Europe aux anciens parapets. (...). Cette Europe-là n'est pas la mienne » Je la laisse au ministère de l Immigration et de l Identite nationale et aux caves du Vatican; Le creuset chrétien médiéval , fruit des héritages d’Athènes et de Jérusalem , qui a cree, nous dit Benoit XVI, l Europe et reste le fondement de ce que, à juste titre, on appelle lEurope , est d’un froid glacial<br /> <br /> ( Commentaire : étrange de citer Farabis et non pas plutôt l'influence essentielle des chrétiens syriaques, car jamais les Arabes musulmans n'apprirent le grec. Même al-Farabi, Avicenne ou ­Averroès l'ignoraient. )<br /> <br /> Le même auteur qui écrivait comme une évidence indiscutable dan son livre « Penser au Moyen âge » :<br /> <br /> « Que les « Arabes » aient joué un rôle déterminant dans la formation de l’identité culturelle de l’Europe (est une chose) qu’il n’est pas possible de discuter, à moins de nier l’évidence ».<br /> <br /> Une évidence que Gouguenheim, qui a le malheur de citer cette phrase dans son introduction, pensait naïvement pouvoir « discuter » …<br /> <br /> On voit bien là, dans le commentaire d'Alin de Libéra, l’étrange mépris de son propre passé et le choix des mots, les choix politiques de son auteur … qui sortent complètement du contexte de l’analyse d’un historien…<br /> <br /> On comprend donc en filigrane les enjeux politique que déclenche à son corps défendant un tel livre et la réaction hystérique de ceux qui ont décidés qu’une telle démonstration historique, car le livre en est une , était dangereuse …<br /> <br /> Et comme l’attaque universitaire sur le fond semble perdu d‘avance, les bonnes vieilles méthodes staliniennes fusent. Pour discréditer le propos il faut salir l’homme.<br /> <br /> L’auteur pourrait donc avoir des accointances avec des sites d’extrêmes droites ( dont l’ex site Occidentalis. Une extrême droite pro-sioniste et pro-américaine ??) ainsi que d‘autres et d’ailleurs la preuve en serait, selon ses accusateurs, que la presse internet de ces mouvances parleraient de son livre en bien ( Espérons que je ne sois pas cité par l‘Humanité, ma mère pourrait croire que je suis devenu communiste )…<br /> <br /> Des pétitionnaires exigent même que les preuves internet de cette filiation soient rendues publiques après enquête … De qui ? De la police de la pensée ? Au nom de quoi ? De l’Inquisition ?<br /> <br /> L’accusation de racisme et d’islamophobie fuse … Autant accuser Max Gallo, Roger Pol droit, Yvan Rioufol et bien d’autres alors …comme peut être aussi l'historien jacques Hers ???<br /> <br /> PS :<br /> <br /> Citons, l’article , datant de 2002, où Heers affirme contrairement à Alain de Libéra :<br /> <br /> « De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. »<br /> <br /> « Rendre les Occidentaux tributaires des leçons servies par les Arabes est trop de parti pris et d’ignorance : rien d’autre qu’une fable, reflet d’un curieux penchant à se dénigrer soi-même. »<br /> <br /> Alors Jacques Heers, raciste et islamophobes ?<br /> <br /> La fable de la transmission arabe du savoir antique<br /> <br /> Nouvelle Revue d’Histoire, n° 1, juillet-août 2002<br /> <br /> A en croire nos manuels, ceux d’hier et plus encore ceux d’aujourd’hui, l’héritage de la Grèce et de Rome fut complètement ignoré dans notre monde occidental, de la chute de l’empire romain et du développement du christianisme jusqu’à la «Renaissance» : nuit du Moyen Âge, mille ans d’obscurantisme !<br /> <br /> Et d’affirmer, du même coup, que les auteurs de l’Antiquité ne furent connus que par l’intermédiaire des Arabes, traducteurs appliqués, seuls intéressés, seuls capables d’exploiter et de transmettre cette culture que nos clercs méprisaient.<br /> <br /> Parler d’«Arabes» est déjà une erreur. Dans les pays d’islam, les Arabes, lettrés et traducteurs, furent certainement bien moins nombreux que les Persans, les Egyptiens et les chrétiens de Syrie et d’Irak. La plupart des textes grecs ont d’abord été traduits en langue syriaque, parler araméen de la ville d’Edesse, qui a largement survécu à l’islam et ne disparaît qu’au XIIIe siècle. Au temps d’al Ma’mum, septième calife abbasside (813-833), Hunan ibn Isbak, le plus célèbre des hellénistes, hôte privilégié de la Maison de la Sagesse à Bagdad, était un chrétien. Il a longtemps parcouru l’Asie Mineure pour y recueillir des manuscrits grecs, qu’il traduisait ou faisait traduire sous sa direction. Nos livres parlent volontiers des savants et traducteurs de Tolède, qui, au temps des califes de Cordoue, auraient étudié et fait connaître les auteurs anciens. Mais ils oublient de rappeler que cette ville épiscopale - comme plusieurs autres et nombre de monastères - était déjà, sous les rois barbares, bien avant l’occupation musulmane, un grand foyer de vie intellectuelle toute pénétrée de culture antique. Les clercs, demeurés chrétiens, très conscients de l’importance de transmettre cet héritage, ont tout simplement poursuivi leurs travaux sous de nouveaux maîtres.<br /> <br /> On veut nous faire croire aux pires sottises et l’on nous montre des moines, copistes ignares, occupés à ne retranscrire que des textes sacrés, acharnés à jeter au feu de précieux manuscrits auxquels ils ne pouvaient rien comprendre. Pourtant, aucun témoin, aux temps obscurs du Moyen Age, n’a jamais vu une bibliothèque livrée aux flammes et nombreux sont ceux qui, au contraire, parlent de monastères rassemblant d’importants fonds de textes anciens. Il est clair que les grands centres d’études grecques ne se situaient nullement en terre d’islam, mais à Byzance. Constantin Porphyrogénète, empereur (913-951), s’est entouré d’un cercle de savants, encyclopédistes et humanistes ; les fresques des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Le patriarche Photius (mort en 895) inaugurait, dans son premier ouvrage, le Myriobiblion, une longue suite d’analyses et d’exégèses d’auteurs anciens. Michel Psellos (mort en 1078) commentait Platon et tentait d’associer le christianisme à la pensée grecque. Nulle trace dans l’Église, ni en Orient ni en Occident, d’un quelconque fanatisme, alors que les musulmans eux-mêmes rapportent nombre d’exemples de la fureur de leurs théologiens, et de leurs chefs religieux contre les études profanes. Al-Hakim, calife fatimide du Caire (996-1021), interdisait les bijoux aux femmes, aux hommes, les échecs, et aux étudiants, les livres païens. A la même date, en Espagne, al-Mansour, pour gagner l’appui des théologiens (musulmans), fit brûler par milliers les manuscrits grecs et romains de la grande bibliothèque de Cordoue. L’Occident chrétien n’a connu aucune crise de vertu de ce genre.<br /> <br /> Les « Arabes » ont certainement moins recherché et étudié les auteurs grecs et romains que les chrétiens. Ceux d’Occident n’avaient nul besoin de leur aide, ayant, bien sûr, à leur disposition, dans leurs pays, des fonds de textes anciens, latins et grecs, recueillis du temps de l’empire romain et laissés en place. De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. Les pèlerinages en Terre sainte, les conciles œcuméniques, les voyages des prélats à Constantinople maintenaient et renforçaient toutes sortes de liens intellectuels. Dans l’Espagne des Wisigoths, les monastères (Dumio près de Braga, Agaliense près de Tolède, Caulanium près de Mérida), les écoles épiscopales (Séville, Tarragone, Tolède), les rois et les nobles, recueillaient des livres anciens pour leurs bibliothèques. Ce pays d’Ibérie servait de relais sur la route de mer vers l’Armorique et vers l’Irlande, où les moines, là aussi, étudiaient les textes profanes de l’Antiquité.<br /> <br /> Peut-on oublier que les Byzantins ont, dans les années 550, reconquis et occupé toute l’Italie, les provinces maritimes de l’Espagne et une bonne part de ce qui avait été l’Afrique romaine ? Que Ravenne est restée grecque pendant plus de deux cents ans, et que les Italiens appelèrent cette région la Romagne, terre des Romains, c’est-à-dire des Byzantins, héritiers de l’empire romain ?<br /> <br /> Byzance fut la source majeure de la transmission<br /> <br /> Rien n’est dit non plus du rôle des marchands d’Italie, de Provence ou de Catalogne qui, dès les années Mille, fréquentaient régulièrement les escales d’Orient, et plus souvent Constantinople que Le Caire. Faut-il les voir aveugles, sans âme et sans cervelle, sans autre curiosité que leurs épices ? Le schéma s’est imposé, mais c’est à tort. Burgundio de Pise, fils d’une riche famille, a résidé à Constantinople pendant cinq années, de 1135 à 1140, chez des négociants de sa ville. Il en a rapporté un exemplaire des Pandectes, recueil des lois de Rome, rassemblé par l’empereur Justinien, conservé pieusement plus tard par les Médicis dans leur Biblioteca Laurenziana. Fin helléniste, il a traduit les ouvrages savants de Gallien et d’Hippocrate et proposa à l’empereur Frédéric Barberousse un programme entier d’autres traductions des auteurs grecs de l’Antiquité. Cet homme, ce lettré, qui ne devait rien aux Arabes, eut de nombreux disciples ou émules, tel le chanoine Rolando Bandinelli, qui devint pape en 1159 (Alexandre III).<br /> <br /> Rendre les Occidentaux tributaires des leçons servies par les Arabes est trop de parti pris et d’ignorance : rien d’autre qu’une fable, reflet d’un curieux penchant à se dénigrer soi-même.<br /> <br /> Jacques Heers
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F
J'aimerais appeler une fois de plus les militants normands que nous sommes à la mobilisation et au soutien de deux personnes qui se mobilisent pour la défense de notre patrimoine normand, de façon directe ou indirecte ou du moins, à cause de l'importance historique exceptionnelle de ce patrimoine normand prennent aujourd'hui des risques médiatiques et professionnels:<br /> <br /> JE VOUDRAIS DENONCER ICI DEUX POLEMIQUES INUTILES, INDIGNES ET INEPTES et SOUTENIR L'ACTION, l'ENGAGEMENT sinon le COURAGE de...<br /> <br /> Madame SYVETTE LEMAGNEN, conservatrice au Musée de la Tapisserie de Bayeux et qui ira dire non sans courage à Londres la semaine prochaine, à l'occasion du colloque archéologique international organisé par le British Museum, que, preuves à l'appui, le dossier scientifique et archéololgique sur les origines de la célébrissime tapisserie de Bayeux est VIDE!! (pour savoir pourquoi, lire le message précédent... Vous verrez c'est EDIFIANT! La Normandie est toujours aussi méprisée!): bientôt en retraite, Mme LEMAGNEN qui est intarissable sur la broderie de laine et de lin du début du XIIe la plus célèbre du Monde, souhaite que ce scandale scientifique éclate... Un contact, a été pris, avec le concours actif du collectif "Bienvenue en Normandie", avec Adrien GOETZ écrivain et critique d'art (auteur du roman policier "Intrigues à l'anglaise" qui a pour objet précisemment les origines de la tapisserie de Bayeux) pour qu'un article de presse sorte après le colloque dans la presse nationale française afin d'obliger la DRAC de "Basse" Normandie à prendre enfin ses responsabilités! Ca urge car les tabloids anglais "The Sun" et "The Mirror" se déchainent sur le sujet cette semaine en demandant à leurs lecteurs de signer la pétition réclamant le retour de la tapisserie de Bayeux en Angleterre!<br /> <br /> SYLVAIN GOUGENHEIM: depuis qu'il a écrit un livre honnête, certes pas transcendant, mais seulement de bon sens sur la question sensible de la transmission du patrimoine textuel de l'antiquité grecque au Moyen Age vers l'occident chrétien par les savants et traducteurs arabes au XIIe siècle, cet historien, professeur à l'Ecole Normale Supérieur de Lyon fait l'objet d'une cabale insupportable! Des collègues universitaires et autres ont même pétitionnés contre lui! La pensée unique se déchaine donc contre lui...<br /> <br /> Pourquoi? Parce que dans son livre intitulé "Aristote au Mont Saint Michel", Sylvain GOUGUENHEIM dit tout simplement que l'oeuvre intégrale d'ARISTOTE à partir du texte grec a été traduite au MONT SAINT MICHEL près de 50 AVANT les traductions réalisées par les savants arabes d'Andalousie et de Tolède... J'avais déjà dénoncé ici (voir message précédent) cette espèce d'éthnocentrisme autoflagelateur à l'envers concernant la question sensible des rencontres et des échanges culturels entre Occident chrétien et Orient arabo-musulman au Moyen âge: de quoi avons nous tellement peur aujourd'hui au point de pourrir la vie professionnel d'un historien qui fait honnêtement son boulot?<br /> <br /> C'est un scandale véritable et le directeur du Scriptorial d'Avranches ne se prive pas d'hurler avec les loups!<br /> <br /> C'est pourquoi, je vous invite à envoyer un message de soutien à l'auteur en écrivant :<br /> <br /> Pour Sylvain Gouguenheim<br /> Editions du SEUIL<br /> 27 rue Jacob<br /> 75006 PARIS <br /> <br /> Et envoyer un message de protestation sur le site du Scriptorial d'Avranches! (le parking souterrain des manuscrits du Mont St Michel loupe là une occasion exceptionnelle et médiatique avec le livre de Sylvain GOUGUENHEIM de mettre en valeur l'un des éléments les plus fabuleux du patrimoine médiéval normand: une HONTE!!!)
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F
Sous ce titre intriguant, j'aimerais attirer votre vive attention sur deux affaires dont on va beaucoup parler ou dont on parle déjà beaucoup...<br /> <br /> Une point commun sinon deux (on s'en passerait bien hélas) entre ces deux affaires qui concernent de près ou de loin deux grands monuments de l'histoire anglo-normande célèbres dans le monde entier:<br /> La Tapisserie de Bayeux et le Mont Saint Michel (sans oublier le château de Falaise mais le mal y a déjà été fait...)<br /> <br /> 1) Est-ce l'ombre des grands chefs-d'oeuvres? En effet, il arrive trop souvent que la petite et nécessaire histoire des grands chefs d'oeuvre soit traitée avec la plus scandaleuse désinvolture! On le vérifiera avec la Tapisserie (broderie) du Telle du Conquest de Bayeux récemment inscrite à la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO<br /> <br /> 2) Nos grands chefs-d'oeuvres ne doivent-ils être que des tiroirs caisse avec contenu (s'il y en a un) bien pensant pour ne pas effrayer le pékin moyen (beaucoup de touristes sont chinois désormais...) dans notre disneyland patrimonial?<br /> <br /> TAPISSERIE DE BAYEUX:<br /> <br /> Entre novembre 1982 et janvier 1983, à l'occasion de son déménagement vers son lieu actuel d'exposition (le Grand Séminaire de Bayeux), la célèbre broderie racontant la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard duc de Normandie a fait l'objet d'un programme d'études scientifique approfondie commandé par le ministère de la Culture et mis en oeuvre par la direction d'alors de la DRAC de Basse Normandie. Prélèvements de laine, de lin, couvertures photographiques intégrales de l'endroit et surtout de l'envers de la broderie, datations au carbone 14, relevé des polens, des pigments, étude lexicographique du latin des inscriptions, etc... etc... Le laboratoire des musées de France avec l'aide du centre de recherche sur les tissus anciens de Lyon ont travaillé sur cet immense chantier de connaissance archéologique d'un chef-d'oeuvre finalement méconnu! On a même refusé les services d'un laboratoire universitaire suisse qui se proposait de laver gratuitement la BD du Moyen âge la plus célèbre du monde mais il fallait aux experts suisses des semaines supplémentaires que le ministère de la Culture ou la DRAC de Basse Normandie n'ont pas cru bon accorder...<br /> En juillet prochain doit se tenir au British Museum de Londres un colloque archéologique international sur la Tapisserie de Bayeux: je parlais tout à l'heure de polémique... En effet, outre le fait que la BBC vient d'ouvrir un blog pour demander aux Anglais s'ils veulent ou non rapatrier en Angleterre la célèbre broderie commandée par Odon évêque de Bayeux à un atelier monastique situé près de Winchester ou de Cantorbery dans le but de décorer sa cathédrale normande...<br /> (dumoins c'est ce que croient 95% des spécialistes de la question. Les 5% restants affirment que la broderie aurait été faite en Normandie ou en Anjou sur commande d'Henri II Plantagenêt qui s'honorait d'être le descendant d'un aussi glorieux bâtard au moment où il avait été excommunié par le pape après le meurtre de Thomas Becket...) <br /> <br /> Le scandale qui risque d'éclater au cours de ce symposium qui peinera certainement à garder une atmosphère feutrée, sera certainement d'apprendre que le dossier scientifique piloté il y a plus de 20 ans par l'administration française, la plus performante du monde comme chacun sait, EST PARFAITEMENT...VIDE! Des analyses, des relevés, des prélèvements, des photos, des calques... etc ont été réalisés mais aucune synthèse, aucune publication ne sont sorties des bureaux ou des beaux esprits de la DRAC de Basse Normandie! Apparemment, le directeur de l'époque qui ne savait pas travailler en équipe ou organiser le travail sous prétexte qu'il avait lui-même la compétence ou le devoir de s'attribuer le mérite de conduire une entreprise aussi conséquente sur un objet aussi prestigieux, serait la cause de ce désastre scientifique... Et c'est un dossier documentaire complet qui dort quelque part dans quelque placard à Caen ou à Paris par la seule crainte du... ridicule!<br /> <br /> MONT SAINT MICHEL:<br /> <br /> J'avais déjà ici dénoncé le fait que le Mont Saint Michel, "au péril de la boutique" était une coquille vide destinée à avaler jusqu'à 3500 touristes par heure en haute saison et remplir les caisses de l'administration MH: c'est la raison pour laquelle les salles de la tour Eiffel du Moyen âge sont vides et que la muséographie a été transportée au Scriptorial d'Avranches construit de façon plutôt intelligente (je parle de la muséographie par de l'architecture en béton gris type Vinci park) pour mettre en valeur le trésor absolu de la centaine de manuscrits médiévaux sortis du monastère montois à sa fermeture en 1791...<br /> <br /> Or un livre récemment sorti aux éditions du Seuil écrit par Sylvain GOUGUENHEIM jette un gros pavé manuscrit dans la Méditerranée bien pensante de certains spécialistes médiatiques du XIIe siècle: ce livre intitulé "Aristote au Mont Saint Michel, les racines grecques de l'Europe chrétienne" n'apporte pas de nouveautés documentaires ou archéologiques mais contrairement à certains spécialistes de la synthèse brillante et pressée (un sport national et bien français hélas!) Sylvain GOUGUENHEIM a pris soin de lire les publications et articles de l'érudition universitaire disponible sur le sujet éminemment sensible de la rencontre culturelle entre Occident chrétien et Orient arabo-musulman au Moyen âge au moment où certains hommes politiques nous parlent de vagues "union méditerrannéenne" ou d'hypothétiques "choc de civilisations"... C'est donc un livre honnête mais il dérange la bien pensance si forte de notre temps: Non! Il est faux de dire que c'est grâce essentiellement aux traductions faites par les Arabes en Andalousie ou en Sicile ou au Levant que les Occidentaux latins ont redecouvert leurs racines philosophiques grecques... Et l'auteur de démontrer l'apport inestimable des migrants grecs venus de l'empire byzantin de Constantinople et qui ont généré plusieurs "renaissances" du savoir antique durant tout le Moyen âge occidental, la Renaissance italienne du XVe siècle n'étant que la dernière et la plus brillante de toute... Ces grecs se sont promenés un peu partout et le passage d'un certain Jacques de Venise au Mont Saint Michel sous l'abbatiat de Robert de Torigni fit du monastère normand, l'un des principaux centres de traduction des oeuvres d'Aristote au XIIe siècle cinquante ans environ avant les grandes traductions réalisées à Tolède...<br /> <br /> En lisant la Manche Libre en date du 31 mai 2008, on s'aperçoit que l'ethnocentrisme à l'envers a quelques chauds partisans: en l'occurence JL LESERVOISIER, conservateur des bibliothèques et du patrimoine à Avranches... Dans le courrier des lecteurs, voici ce qu'il dit:<br /> <br /> "Je souhaite répondre à l'article paru dans la M L du 10 mai 2008 à propos du lien établi entre la célébration du 13eme centenaire de la fondation de l'abbaye et la parution du livre de Sylvain Gouguenheim...<br /> "L'abbaye du Mont par le nombre de traités d'Aristote conservés aujourd'hui dans 9 manuscrits a joué un rôle capital dans l'étude et la diffusion de la pensée d'Aristote en Occident. Mais de là à faire du Mont le "chaînon manquant" dans la transmission de la culture grecque au monde chrétien médiéval, en le proclamant, sans aucune preuve centre de traduction des oeuvres d'Aristote du grec au latin dès le début du XIIe siècle, il y a un monde! Les historiens et chercheurs normands eux ont insisté sur les multiples chemins de transmission du savoir à cette époque entre les écoles grecques, latines, arabes qu'a permis entre autres la conquête de l'Italie du Sud et de la Sicile par les Normands"<br /> <br /> Biensûr! On est d'accord... Mais comment les Tancrède de Hauteville la Guichard ont ils pu entendre parler de la Sicile dans leur Cotentin normand encore scandinave? Si ce n'est par la fréquentation assidue et curieuse d'une diaspora grecque et byzantine déjà implantée dans la Normandie ducale?<br /> <br /> Florestan d'Hudimesnil<br /> <br /> 2)L
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F
Je confirme! Ce polar historique est captivant (et de plus c'est l'excellent bouquin du frangin de l'un de mes meilleurs copains ...)
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