L'Etat France est-il en faillite ?
Edito rédactionnel concernant la "faillite" de l'Etat France ! Un édito citoyen, civique et très "politique" !
Mais le saviez-vous ? : la France est très endettée... si vous ne le savez pas, alors lisez.. et vous vous en pensez quoi ?
La dette des administrations publiques augmente de façon continue. Multipliée par cinq depuis 1980, elle atteint aujourd'hui plus de 1 100 Md€. 25 ans ont suffit pour mettre les clignotants de notre pays au rouge ! Entre 1990 et 2004, soit en 15 ans, la dette publique a "réussi" à augmenter de 235% !!!! Chaque jour, nous, les contribuables français, nous continuons à payer des intérêts à raison de près 120 millions d’euros par jour, oui, par jour sans que cela ne nous profite ou nous rapporte, ni à nous, ni à nos ainés, ni à nos enfants ! Chaque année, l'intégralité des recettes de l'impôt sur le revenu (soit 40 Md€) sert au paiement des seuls intérêts de la dette. Comme un grand tas d'argent durement et honnetement gagné qui part en fumée. Un énorme gâchis ! Aux Trentes Glorieuses ont succédées Trentes (ou plus !) Piteuses ! Une dette contractée sans aucune contrepartie !
Cette dérive est d'autant plus préoccupante que les dépenses accumulés n'ont pas servi à renforcer notre potentiel de croissance mais ont eu, en revanche, pour effet de reporter nos dépenses actuelles de santé et d'indemnisation du chômage, sur les générations futures. Notre responsabilité collective est énorme et très grave. Certes il est plus facile de dépenser allègrement l'argent des autres que le siens, et la manière dont est dispensée l'argent public laisse souvent pantois. Tout se paye un jour ou l'autre ! Bien sûr les grandes villes peuvent s'en sortir dans l'immédiat, mais quid des baisses durables de pouvoir d'achat d'une ville, de bassins d'emplois, ou des régions qui sont déjà fragilisés ? Bien sûr on ne fais pas subir à un Etat endetté jusqu'au cou, ce que subit le citoyen ou une entreprise dans la même situation.
En France, les enjeux politiques et politiciens donc purement et bassement électoralistes ont pris le pas sur l'économique et le social : il s'est forgé et subsiste une sorte de "mythe" fort en France considérant que les politiques réussissent à créer l'argent au fur et à mesure qu'ils le distribuent en pratiquant le clientélisme d'opinion, illusions partagées menant la France où elle se trouve aujourd'hui au pied du mur argentier par des politiques de court terme.
Source : Agence Trésor France www.aft.gouv.fr
(http://www.aft.gouv.fr/IMG/jpg/2006_fin_publ_deficit_et_dette_FR.jpg)
La forte dette et son accélération depuis maintes années/décennies n'incite pas à l'investissement, à l'innovation, à la recherche, elle augmente les délocalisations, augmente la fiscalisation, augmente le chomage, diffère les installations d'infrastructures routes/ponts/hopitaux etc.., mine le moral, et rend obscur l'avenir des générations futures.... : on se demande comment on peut encore continuer les toilettages, les réformettes et les formules savantes de cours.. certes se relever ne va pas se faire du jour au lendemain, et le terrain va être miner de plus en plus,... et les clivages politiques qui alternent peuvent prendre des mouvements de balancier d'amplitudes de plus en plus importants.
Les mesures mises en oeuvre seront-elles suffisantes pour permettre à la France de briser la spirale de l'endettement? Il faut le souhaiter et même cela est possible comme le montre l'expérience de pays voisins de l'OCDE l'expérience de certains pays de l'OCDE comme les Pays-Bas, la Suède ou le Canada, cela prouve qu'il est possible de conduire une politique déterminée d'assainissement budgétaire tout en restaurant le potentiel de croissance de l'économie.
Mais dans le même temps, il faut rester très vigilant et sur ses gardes : car nos us et coutumes historiques de gaspillage d'argent public joue contre nous de même que les lourdeurs administratives et technocratiques et une législation devenue illisible, incompréhensible, avec même des chambres devenus presque obsolètes, des caricatures d'elles-mêmes : la centralisation excessive des pouvoirs et du pays, lieux de pouvoirs où se pressent de pieux courtisans d'un pays en crise hypnotise et corsète le pays au lieu de le dynamiser et de briser la spirale de l'endettement et de la crise.
Dans la gouvernance d'un pays, je ne crois pas au surnaturel de l'apparition d'une "croissance" non désirée, préparée et soutenue ou à "la baguette magique", même d'un discours, même si Fillon a raison de parler de "faillite", formule peut être un tant soit peu exagérée (les "capitaines" ou les "rats" n'ayant pas encore quitter le navire "France"), mais qui sait-on jamais peut engendrer une prise de conscience salvatrice et collective.
La France peut-elle continuer ainsi en s'endettant sans cesse et durablement ?
Yuca de Taillefer.
En complément, découvrons ensemble cette Revue de Presse d'extraits choisis des Editos de journaux en régions consacrés à la phrase du 1er Ministre Fillon déclarant que "l'Etat est en situation de faillite" prononcée en Corse et parlant du thème du déficit bugétaire de l'Etat (parus vers le 25/09/2007):
LA VOIX DU NORD
Hervé Favre
" (...) Mais lorsque c'est le Premier ministre lui-même qui emploie le mot "faillite", l'écho est évidemment beaucoup fort. Au point d'ailleurs de l'obliger depuis samedi à désamorcer la bombe lancée depuis la Corse ! Non, l'État n'est pas en situation de faillite au sens propre, ce qui signifierait qu'il ne peut plus faire face à ses échéances financières. Mais il a incontestablement failli depuis trente ans dans la recherche de l'équilibre, tant pour ses dépenses que pour celles de notre chère "Sécu". 2008 n'échappera pas à la règle (...) Mais à parler fort, le Premier ministre s'expose aussi à la comparaison entre le discours et les actes. Le PS et François Bayrou ont aussitôt foncé dans la brèche : si la situation est si grave, est-ce bien le moment de se priver de 15 milliards de recettes fiscales ? Il s'expose aussi aux réactions des anciens locataires de Matignon, implicitement accusés d'avoir conduit le pays vers sa ruine. En 1995 aussi, Alain Juppé, succédant alors à Édouard Balladur, affirma avoir trouvé les finances du pays dans un était "calamiteux". Cela ne lui a pas porté chance."
LE COURRIER PICARD
Françis Lachat
"C'est maintenant tout à fait clair: François Fillon n'a pas dérapé lorsque, samedi, il a parlé de faillite. Il a persisté hier matin, et l'annonce des comptes sociaux de la France démontre, s'il en était besoin, que le mot n'était pas trop fort. On peut effectivement parler de faillite lorsqu'on annonce un déficit du régime général de près de 12 milliards d'euros. Le gouvernement nous console comme il peut en annonçant que ce déficit aurait été d'un milliard de plus sans les mesures prises en 2007. en oubliant de dire que, dans le même temps, les dépenses n'ont pas été réduites autant qu'on aurait pu l'espérer. Et s'il fallait que François Fillon ait des mots forts pour décrire la situation, c'est qu'il lui faut préparer l'opinion à des mesures douloureuses, qui vont nécessiter l'assentiment de tous pour pouvoir être adoptées. (...)"
OUEST FRANCE
Jean Boissonnat
"En cette rentrée 2007, les Français ont du mal à savoir où ils en sont. Le Président leur annonce qu'il va " aller chercher la croissance ". Le Premier ministre les alerte sur la " faillite financière de l'État ". Les syndicats de la fonction publique s'échauffent en vue de grèves de longue durée. Qui croire ? Il y a du vrai dans chacune de ces proclamations. Nicolas Sarkozy n'a pas raté son entrée à l'Élysée. Il a donné un nouveau style à la vie politique : plus vif, plus simple, plus ambitieux que celui de ses prédécesseurs. L'opinion lui en sait gré. Ce qui ne l'autorise pas à faire n'importe quoi, n'importe comment. En particulier à négliger ses partenaires européens sans lesquels il ne peut pas relancer l'Union, ni à priver le Premier ministre de l'autorité dont il a besoin pour faire fonctionner l'équipe gouvernementale de façon efficace. Faire de la Banque centrale européenne le bouc émissaire de toutes nos déceptions n'est pas, non plus, très opportun. (...)"
LE REPUBLICAIN LORRAIN
Philippe Waucampt
" (...) En trempant ses promesses électorales dans la réalité des faits, le chef de l'Etat est en train de revivre une situation rappelant étrangement les premiers mois de la présidence Chirac. On nous avait promis la réduction de la fracture sociale. Et l'on s'était retrouvés avec des comptes publics empêchant la qualification de la France pour l'euro. Cette fois, on nous a chanté l'aria du choc de confiance. Et nous voilà avec une croissance réduisant les marges du gouvernement et des comptes sociaux plombés dans des proportions identiques au paquet fiscal censé rendre son tonus à l'économie. Alors, comme en 1995, un débat se fait jour au sein de la majorité entre, d'une part, les partisans du coup de pouce à la croissance afin de dégager les moyens de financer les réformes de structure nécessaires à l'assainissement d'un appareil d'Etat vermoulu. Et, de l'autre, ceux qui en pincent pour l'orthodoxie budgétaire afin de restaurer la compétitivité du pays. Les premiers se trouvent à l'Elysée. Les seconds à Matignon. Avec, au centre du débat, un mot qui commence à faire son chemin à mesure que s'impose dans toute son étendue la situation calamiteuse des finances publiques. (...)"
LA REPUBLIQUE DU CENTRE
Jacques Camus
" (...) Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont répartis les propos alarmistes. Le premier prophétise le chaos planétaire quand le second s'alarme d'un État en situation de faillite. Au fond, les deux s'attaquent à rude partie. Il sera tout aussi difficile de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, que de ramener le déficit des comptes sociaux à 8,9 milliards d'euros en 2008 au lieu des 12,7 milliards prévus sans dispositions correctives. Dans les deux cas, on devine qu'il faudra agir. Toute la question est de savoir quel sera le degré d'acceptation de mesures contraignantes par le partenaire américain de la France et de l'Union européenne en matière de défi climatique, et des partenaires sociaux du gouvernement français pour combler le trou de la Sécu. Sans doute Nicolas Sarkozy s'est-il réservé à New York un plus beau rôle que François Fillon. Mais à son retour, il pourrait bien constater un net réchauffement du climat social hexagonal. Et ce n'est pas un Grenelle de l'environnement qui le résoudra."