Histoire : Evolution de l'Identité normande

  Un peu d'Histoire pour commencer l'année 2008 en fanfare : voici un livre (signalé par Francis Of The Bay) édité en Angleterre, décrivant l'Evolution de l'Identité normande entre 911 et 1154.

La note de l'éditeur :

The Evolution of Norman Identity, 911-1154 par Nick Webber

During the period 911-1154, a newly-constituted people came to control not only a Frankish duchy, but also the kingdoms of England and Sicily. This people, composed of Scandinavian settlers and Frankish natives, came to be known as the Normans. This book examines the growth of the concept of the Norman people (gens Normannorum) through the self-perception of group members [Normanitas or 'Norman-ness'] and the perceptions of 'others'. Using identity models which deal with the interaction of various types of communities, it examines narrative sources (both internally and externally produced) in order to establish what it meant to be a Norman, both to the Normans themselves, and to those with whom they had contact. Beyond these perceptions of self and otherness, examination focuses in particular on the role of the Norman leaders (as the embodiment of Norman identity), the effects of language, the importance of conquest and the sense of homeland, up until the significant change in rulership in both England and Sicily in 1154.

Une Traduction en français:
Au cours de la période 911-1154, un peuple nouvellement constitué réussi à contrôler non seulement un duché franc, mais aussi les royaumes d'Angleterre et de Sicile. Ce peuple, composé de colons scandinaves (en français: les Vikings) et francs autochtones, en vint à être connue sous le nom de Normands. Ce livre examine la croissance du concept de Peuple Normand ("gens Normannorum" en latin), grâce à l'auto-perception des membres du groupe [Normanitas ou "Norman-ness"], ainsi que la perception de " l'autre ". Utilisation de l'identité des modèles qui traitent de l'interaction entre différents types de communautés, il examine les sources narratives (soit produites en interne, soit produites en externe), afin d'établir ce que signifiait être un Normand, à la fois pour les Normands eux-mêmes, et à ceux avec lesquels ils avaient eu contact. Au-delà de ces perceptions de soi et de l'altérité, de l'examen se concentre en particulier sur le rôle des dirigeants Normands (comme l'incarnation de l'identité Normande), les effets de la langue, l'importance de la conquête et le sens de la patrie, jusqu'à ce que le changement important de dirigeants à la fois en Angleterre et en Sicile en 1154.

Ce livre disponible en anglais fournit un point de départ idéal pour toute personne souhaitant étudier l'identité normande dans un contexte européen plus large au début du moyen âge en Europe.
En Angleterre, on le trouve sur Amazon au prix de 42,75 £ - 208 pages - éditeur The Boydell Press - 2005 . 11 used & new disponible pour £37.00 .
En France, on le trouve sur Amazon pour 57,22 Euros. 8 neufs et d'occasion disponibles à partir de 54,79 Euros.

Comments

[Florestan]

Etant aussi enseignant en Histoire géographie, j'ai proposé à des élèves de 1ère année BEP (section bâtiment du lycée professionnel Laplace à Caen) d'étudier la question régionale normande dans le cadre du programme de géographie consacré aux territoires français.

Une évaluation concluait la séquence de cours consacré au sujet qui nous préoccupe tous: dans cette évaluation je posais, bien entendu, la question des causes de la division normande et celle de savoir si cette division profitait toujours aux territoires normands:

Voici par exemple les deux réponses proposées par l'un de mes élèves (Quentin O. 16ans)

"La Normandie a été divisée en deux régions en 1956 parce qu'à Paris on pensait que comme la Basse-Normandie est rurale et agricole on la sépare de la Haute-Normandie qui est maritime et industrielle, elle serait sûrement le débouché maritime et industrielle de Paris"

"Cette division ne profite pas aux territoires normands car la Normandie plus rurale prend du retard sur l'industrielle et la maritime qui (elle-même) ressemble de plus en plus à la région parisienne..."

C'est un bon début! Qu'en pensez-vous?

Florestan d'Hudimesnil
(citation publiée avec l'accord de l'élève auteur...)

[Yuca 2 Taillefer]

S'il n'a cure de son "local" (et de sa Normandie natale) et du "global" et ne jure que par "l'hexagonal" , Gauchet le philosophe apparaît comme un BHL un Finkel mais en plus interessant, en plus riche intellectuellement, mesuré, affable et débonnaire et moins pressé par la course aux plateaux télés.

J'ajouterais par rapport à la note de Florestan, que Marcel Gauchet se veut aussi analyste et distancié par rapport aux évènements de notre temps, notamment les évènements de nature politique : Élisabeth Lévy du Point a bien noté que Gauchet pense qu'en 2007 "les électeurs (en France) ont manifesté leur désir intact de politique et veulent que la France se mette à l'heure du monde tout en gardant son identité".

A lire ce très bon article , itw de Gauchet : http://www.lepoint.fr/content/debats/article?id=184652
Au delà de ses opinions, Gauchet me parait très perspicace, lucide et réaliste dans cette itw.

Gauchet n'est pas tendre avec les derniers présidents et gouvernements de France :
"Jusque-là, malgré la rhétorique de l'adaptation, les Français ont choisi d'ignorer la mue du monde engagée depuis les années 70, aidés en cela par une série d'illusionnistes. Giscard d'Estaing a usé de tout son zèle pour leur épargner les douleurs du monde en train de naître, d'où sa maxime favorite : « C'est vrai, mais il ne faut pas le dire. » François Mitterrand a réussi à camoufler le sens de l'échec de la politique menée entre 1981 et 1983 et à faire passer la construction d'une Europe où la France était vouée à se dissoudre pour la réalisation du socialisme qu'on n'avait pas pu instaurer dans un seul pays : c'est ce que nos socialistes ont, avec une remarquable obstination, appelé l'Europe sociale. Avoir fait croire que l'adoption de la monnaie unique allait ouvrir sur ce paradis social représentait une performance inouïe. Quant à Chirac, il a maintenu le gaullisme dans ce qu'il a d'essentiel à ses yeux, la politique étrangère, et pour le reste, il pensait que son rôle était de faire du social, c'est-à-dire de continuer à épargner aux Français l'horrible vérité, notamment en passant son temps à dire le contraire de ce que faisait le gouvernement."

Gauchet remet les élites à leur place :
"Quand on est vaguement malade et qu'il ne se trouve aucun médecin à l'horizon, on a le sentiment d'être mourant. En l'absence de recours, alors que les élites paraissent sourdes, muettes, aveugles, ailleurs pour les plus cyniques, incompétentes pour les autres, on tremble. D'où le besoin de politique (...) Ce n'est pas à des gens qui méprisent les citoyens qu'il faut demander de conduire les réformes (...) les demi-habiles qui se croient malins se prennent les pieds dans leurs subtilités tandis que le peuple, qui ne sait pas tout, ne se trompe pas sur l'essentiel. La politique est restée pascalienne et c'est assez rassurant".

[Florestan]

Le grand sociologue des idées politiques Marcel GAUCHET sera l'invité du prochain forum "la pensée en question" qui se tient ce soir à la halle aux Toiles d'Alençon à 20h30 (entrée libre et débat public après la conférence. Renseignements au 02 33 32 40 00)

J'invite donc tous les militants de la Normandie habitant à Alençon et alentours à venir répondre à cette grande figure intellectuelle d'origine normande... Hélas!

En effet, Marcel Gauchet est le pur produit de la méritocratie scolaire et intellectuelle de la République: fils d'un cantonnier du bocage Saint-Lois et d'une couturière, élevé dans un catholicisme rigoureux, il fit un parcours scolaire remarquable, à l'instar d'un Pierre BOURDIEU, fils de paysan béarnais qui, à la différence de GAUCHET, a su, sur la fin de sa vie, assumer et penser sociologiquement et politiquement son statut de fils de plouc de la province...

Marcel GAUCHET a découvert, comme BOURDIEU, sa vocation intellectuelle et d'engagement politique à l'occasion de la Guerre d'Algérie, guerre de Libération nationale puis dans le mouvement libertaire gravitant autour de Mai 1968...

Il est devenu aujourd'hui et en restant, sur le fond (et c'est une chose rare qu'il faut relever surtout aujourd'hui) fidèle à ses engagements de jeunesse, l'un de nos penseurs politiques les plus féconds...

Mais à la question du journaliste de Ouest France: "Avez-vous gardé des contacts particuliers avec la Normandie?", Gauchet répond: "NON, j'y ai quelques membres de ma famille c'est tout. JE VOUS AVOUE QUE JE N'AI PAS LA FIBRE DU PATRIOTISME LOCAL"

Voilà! Tout est dit! GAUCHET? Encore un penseur "off shore" naviguant sur les océans idéologiques?

Alors, je pense moi à une phrase du grand écrivain Julien GRACQ, qui vient de nous quitter, (le professeur POIRIER dans la vie réelle, ancien prof de géo à l'université de Caen avant la Guerre...)

"Ne jamais céder sur l'essentiel, c'est à dire le respect dû à son for intérieur"...

Et mon "for intérieur" est domicilé en Normandie

Florestan d'Hudimesnil