Du bons sens en Normandie
Paris-Normandie de ce-jour:
RECONVERSION. Une immense zone d'activités, dédiée aux technologies du futur, en projet sur la rive gauche entre la Seine et la voie ferrée.
Le projet
économique le plus ambitieux de l'Agglo, la plus belle zone aménageable
de l'axe de la Seine… Quand Laurent Fabius présente le projet
Seine-Sud, il n'est pas avare de superlatifs.
Il faut dire que le
dossier présenté par le président de l'Agglo de Rouen concerne pas
moins de huit cents hectares, situés sur les communes de Oissel,
Saint-Etienne-du-Rouvray et Sotteville-lès-Rouen. Idéalement situés
entre la Seine, la ligne ferroviaire Le Havre-Paris, et au carrefour
d'autoroutes partant dans toutes les directions… quand le
contournement-Est aura vu le jour.
La création de cette zone
d'activités, qui mobiliserait environ 200 millions d'euros dans les dix
prochaines années, pourrait se traduire à terme par la création de
4.500 emplois. La reconversion entière du site devrait s'étaler sur 10
à 15 ans, suivant la libération progressive des terrains.
Pendant
longtemps, Yorkshire, Orgachim, Grande Paroisse et quelques autres ont
fait les beaux jours de cette zone dédiée à la grosse industrie. Les
fermetures et les plans sociaux laissent aujourd'hui un paysage de
friches sur un sous-sol parfois gorgé de produits chimiques hautement
polluants.
Chimie bio-sourcée
Il n'empêche.
Ce serait ballot de laisser les ronces envahir de tels terrains quand
les listes ne cessent de s'allonger dans les antennes locales de
l'ANPE, se sont dit Thierry Foucaud et Hubert Wulfranc, les maires
d'Oissel et Saint-Etienne. Ils sont allés plaider leur cause auprès du
préfet, qui a retenu l'idée. Puis l'Agglo est entrée dans la danse. Le
projet Seine-Sud était né.
A l'heure de la délocalisation et du
développement durable, pas question d'aller démarcher les entreprises
demandeuses de grands sites de production. « La zone d'activités
Seine-Sud proposera des activités innovantes, axées sur la chimie
bio-sourcée, le développement durable et la logistique », assure
Laurent Fabius.
Chimie bio-sourcée ? Il s'agit d'une filière
émergeante, qui travaille sur des matières végétales et biologiques et
non sur des matières fossiles. Dans la région, le lin, qui peut entrer
dans la composition de pare-chocs de voitures ou de membranes
respirantes utilisées dans le bâtiment, est un exemple de chimie
bio-sourcée.
« Un technocentre de développement durable, axé sur le
secteur de l'éco-construction », a également sa place dans le projet,
poursuit Laurent Fabius, qui compte bien faire de Seine-Sud « un pôle
d'excellence du développement durable ».
La future zone d'activités
proposera des grandes et des petites parcelles, des zones artisanales,
technologiques ou industrielles, l'idée étant d'accueillir un grand
projet comme il en tourne régulièrement en Europe. « On a vu passer des
projets européens, auxquels on ne pouvait pas répondre », ajoute
Thierry Foucaud, qui pense notamment à une grande entreprise
spécialisée dans les capteurs solaires.
« La crise va durer un
certain temps, conclut le maire de Sotteville, Pierre Bourguignon. Il
nous faut voir plus loin. Et nous positionner en créant des zones
d'activités du futur, qui à coup sûr vont se développer ».
GILLES LAMY
Les élus de la communauté de communes du Pays de Honfleur ont adopté une motion en faveur du projet d'un troisième franchissement de la Seine. Ce tunnel ferroviaire permettrait l'acheminement du fret en provenance du Havre dans de meilleures conditions. Aucun calendrier n'est pour l'heure évoqué.