Compte rendu du Café de Géographie du « Bar des Fleurs », place des Carmes à Rouen, 18 h 30, mercredi 25 novembre 2009.
« Que pensez vous de la Normandie ? Je pense que ce serait une bonne idée ! »
(En paraphrasant GANDHI)
- Compte rendu du Café de Géographie du « Bar des Fleurs », place des Carmes à Rouen, 18 h 30, mercredi 25 novembre 2009.
Café organisé par l’équipe d’animation de l’excellent et indispensable site « Normandie2010.org », site participatif des géographes normands pour une pédagogie rigoureuse et stimulante de la question régionale normande.
Présence de Michel BUSSI ; Yves GUERMOND (géographes de l’université de Rouen) ; Philippe BRUNNETOT, animateur du site « Normandie2010.org » et spécialiste des imaginaires politiques ; Jacques BIARD, géographe qui a autrefois (il n’y a pas si longtemps...) collaboré au projet de gouvernance de l’association « Normandie métropole » au moment de sa validation par la DIACT. Présence aussi de Laure LEFORESTIER, Cap21 et Europe Ecologie ; de François GAY (éminent spécialiste de la Normandie) de Gérard GRANIER, ancien élève d’Armand Frémont et de Basse- Normandie étaient présents, outre nous-mêmes (votre serviteur Philippe et Isabelle) pour le compte du collectif BEN, monsieur CHOLET, chargé de mission du conseil général du Calvados qui a posé des questions pertinentes...
Présence assez nombreuse à l’étage du café (presqu’une bonne trentaine de personnes avec un certain nombre de jeunes étudiants en géographie ou non : c’est heureux !)
Thème : « La région Haute-Normandie a-t-elle encore un avenir ? »
- Les animateurs de « Normandie2010.org » commencent par présenter le site et son objectif : déjà une vingtaine de contributions solidement argumentées et sourcées (articles de « cadrage » du débat) sont d’ores et déjà mises à disposition pour diffusion et pour animer le débat public sur la Normandie. Un appel à contribution est fait pour couvrir des sujets qui ne le sont pas encore: la question sociale en Normandie, la question de la ruralité et de la crise agricole, etc... Au titre du collectif BEN, nous annonçons le séminaire de l’UP Caen et ses objectifs, qui sont identiques à ceux de nos amis de « Normandie2010.org ». Les animateurs du site avouent une trentaine de connexions par jour : c’est à la fois peu et beaucoup car « Normandie2010.org » bénéficie d’un vrai succès d’estime et sert d’ores et déjà de base de données et de réflexion pour les militants de la fusion régionale normande qui peuvent s’exprimer ailleurs sur la blogosphère (ici sur l’Etoile de Normandie par exemple...)
Le temps de l’appropriation éclairée et citoyenne de la question régionale normande est donc arrivé : la Normandie et la réflexion sur son avenir appartient d’abord à ses habitants et pas seulement aux professionnels de la décision publique, privée ou médiatique. Quant à nous, nous avons appelé à un « autre régionalisme normand » sur la question de l’identité régionale et sur la question normande en général...
- Michel BUSSI puis Yves GUERMOND plantent le décor : La Normandie en tant que telle n’a pas de projet ou n’est pas encore un projet... Le constat est sombre : depuis 1945 et la Libération, la Normandie s’en est remise aux mains de l’Etat central tout puissant et aménageur du territoire. Modernisation brutale : « un patrimoine contrarié » précise Michel Bussi en parlant des initiatives de l’Etat aménageur depuis les années 1960, notamment en région administrative de « Haute » Normandie. Absence aussi d’une vraie capitale régionale pouvant rayonner et impulser sur l’ensemble normand : la région parisienne est trop proche... Yves Guermond insiste sur l’état de « fragmentation institutionnelle » de la Normandie qui génère une médiocrité de la décision politique (localisme) ; une identité floue et une faible attractivité...
- Un intervenant pose la question de fond de l’identité régionale normande : région rationnelle à aménager et à diriger (ou à digérer...) ou la province affective de la contemplation esthétique et pittoresque ? Le festival « Normandie Impressioniste 2010 » sera-t-il suffisant pour reconstruire un « espace vécu régional » en Normandie ?
- Michel BUSSI insiste sur le fait que la question régionale normande est une question « géo-politique »
- Laure LEFORESTIER prend la parole pour décrire avec conviction et de façon pertinente une Haute-Normandie « région otage des Grands groupes industriels avec des élus locaux qui vont mendier la taxe professionnelle » et dénonce l’enthousiasme des élus pour le « Grand Paris », un miroir aux alouettes.
- Au nom du collectif « Bienvenue en Normandie », je développe l’idée que la question régionale normande est, effectivement, une vraie question géo-politique : un combat et une prise de conscience de « Normanditude » est nécessaire. La question de la géographie subie en Normandie et ses dommages collatéraux (ex : Haute Normandie SEVESO ou bocages du Cotentin au péril de l’électro-nucléaire) permet de faire émerger une conscience de « plouc normand » à l’instar du nègre d’Aimé Césaire... On parle aussi de l’effet NIMBY (« Not In My Back Yard » : pas au fond de mon jardin !).
- Rapidement, la conversation roule sur la question du « Grand Paris ». Philippe BRUNNETOT et Jacques BIARD fond une mise au point sur les contenus réels du « Grand Paris » : les malentendus sont nombreux ! Il y a d’un côté le projet présidentiel et médiatique « piloté » par le secrétaire d’Etat Christian BLANC pour un grand projet urbain et architectural en région parisienne mais qui se réduit, aux dernières nouvelles, à creuser des trous et des souterrains pour faire des transports en commun (cf. la colère récente de l’architecte Jean Nouvel car 10 équipes d’architectes et urbanistes ont été appelées à réfléchir alors que le projet Grumbach de Paris sur Mer semble sortir déjà du chapeau présidentiel...). De l’autre il y a le Schéma de Développement Régional d’Ile de France piloté par le conseil régional d’Ile de France (de gauche) et les élus locaux qui craignent de se faire déposséder de leurs prérogatives territoriales par l’Etat tout puissant avec ce projet de « Grand Paris ».
- On revient en Normandie pour dire finalement que nous sommes proches de Paris pour le meilleur et pour le pire : les problématiques territoriales normandes, notamment en « Haute » Normandie sont finalement des problématiques de banlieusards (transports, accessibilité, salaires, niveau des emplois, coût et qualité de la vie entre le Centre parisien dominateur et les périphéries dominées...). Pour le meilleur mais surtout pour le pire, la Normandie coupée en deux dans les années 1960 -1972 accueille la déconcentration industrielle de la région parisienne (les ouvriers et la pollution mais pas les ingénieurs et les cadres qui resteront à Paris) : en ces temps presque bénis du « plein emploi » on pouvait dire que la région parisienne avait besoin de son annexe industrielle et énergétique de la petite « Haute » Normandie (et c’est toujours le cas puisqu’entre Rouen et Le Havre on raffine 50% de l’essence consommée en France).
Mais les projets du « Grand Paris » prévoient tous une reconcentration urbaine et métropolitaine sur Paris « reconstruire la ville sur elle-même » : dans le débat francilien sur le « Grand Paris », la Normandie, qu’elle soit « haute » ou « basse », finalement, tout le monde s’en fout ! (ex : le choix du Canal Seine-Nord ignorait, au départ, le potentiel logistique et portuaire de la Basse Seine normande)
François GAY précise qu’en l’état le projet Grumbach revient à capter le meilleur de la Normandie. Les problématiques sont anciennes : « accueillir Paris sans subir ». D’où l’urgence d’avoir un projet ! « Now do it ! » s’emporte François GAY qui dit en avoir assez de tergiverser autour de rapports, études, analyses... Il y a urgence à agir !
- Michel BUSSI rappelle la question du débat : « La Haute Normandie a-t-elle encore un avenir ? ». Réponse : « la Haute-Normandie n’a pas, en tant que telle, d’avenir durable ». La néo-région de Haute Normandie créée en 1956 confirmée en 1960 et transformée en collectivité territoriale à partir de 1972 (comme sa « voisine » bas-normande) n’est que « le réservoir énergétique et le port de Paris », nous subissons depuis les conséquences néfastes de cette vision « fonctionnaliste » du territoire. Laure LEFORESTIER enfonce le clou : « la Seine Maritime est le département le plus pollué de France ». Quant à nous, nous insistons sur les effets pervers de l’arrivée sans aucune contrepartie de l’électro-nucléaire dans le Cotentin dans les années 1960- 1970.
- Gérard GRANIER, précise qu’il ne faut pas faire un lien déterminant ou déterministe entre la structure économique et sociale actuelle en Normandie et la question de la division administrative. Ce à quoi on peut répondre que cette division normande engendrant de l’inertie politique et une absence de vision globale a accéléré la mise sous tutelle parisienne d’une Normandie en déclin. Au nom du collectif BEN, je rappelle l’existence du rapport EDATER qui étudie les conséquences positives et négatives d’une fusion régionale en Normandie : si la fusion avait eu lieu dès les années 1990 nous aurions, d’après le rapport plus de croissance économique et plus de création d’emploi. On me répond, tout aussi justement, que le rapport EDATER, du fait de la question qu’il étudie, à savoir la réorganisation à l’échelle réellement normande des politiques publiques du conseil régional, ne parle pas assez du rôle essentiel des grandes villes et métropoles pour dynamiser les territoires.
- Monsieur CHOLET, chargé de mission au CG14 pose des questions pertinentes, essentielles : comment vont s’articuler les projets du « Grand Paris », notamment celui de « Seine Métropole » d’Antoine Grumbach (projection de la métropole mondiale parisienne sur le Val de Seine) et le projet de « réunification » de la Normandie ? Quelle gouvernance possible au sein de Seine Métropole » rêvé par Grumbach (un cauchemar...) ? Est-ce que la « fusion régionale » normande sera compatible avec le « Grand Paris » ?
Et plus simplement encore M. Cholet s’inquiète : « Le projet de Seine-Métropole va-t-il faire disparaître l’idée même de Normandie ? »
Yves GUERMOND tente de répondre en disant qu’il fallait faire le tri dans les propositions Grumbach qu’il a eu l’occasion de rencontrer pour un article dans la revue « Etudes normandes » : l’idée d’étaler de façon raisonnée et douce la ville sur le Val de Seine en multipliant les offres de transports en commun n’est pas mauvaise ; l’idée des « coulées vertes » est bonne, ainsi que celle d’intégrer dans le projet l’agriculture urbaine d’hortillonnage ou de transformer l’A13, actuel « tout à l’égoût payant à bagnoles » en rocade métropolitaine dotée d’une navette ferroviaire et de services pour les navetteurs. C’est toujours mieux que de densifier au maximum la ville au risque d’augmenter l’artificialisation des sols (bétonnisation). Mieux, ces éléments de réflexion de Grumbach pourraient être récupérés au profit d’un réseau métropolitain normand si nous avions ici la volonté et la vision politique pour servir une telle ambition !
Sera-ce alors « le Grand Paris et le désert du Bassin Parisien ? »
- En effet, Yves Guermond et François Gay insiste sur le fait que les coopérations avec l’Ile de France sont structurellement déséquilibrées au profit de l’Ile de France, par exemple le pilotage du pôle de compétitivité « MOVE’O » commun aux deux régions normandes et à l’Ile de France ressemble à un « pâté d’alouette » (une alouette normande sur le site du Madrier près de Rouen et un gros cheval francilien dans les Yvelines…)
- Un étudiant en master de géographie pose alors la question de l’utilité de faire un Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur avec Caen, Rouen et Le Havre. Réponse très claire de Michel BUSSI : la DIACT (Direction Interministérielle d’Aménagement et de Compétitivité des Territoires qui a remplacé la célèbre DATAR) a opté pour « l’hyperconcentration de la recherche universitaire et scientifique en région parisienne avec, en autre, le projet d’un grand campus de sciences humaines à Aubervilliers. Dans le cadre du futur grand emprunt national, 16 milliards seront « fléchés » pour l’enseignement supérieur avec une logique de concentration pour faire émerger des pôles d’excellence de niveau européen ou international… Pour la Normandie, l’enjeu est clair : c’est regrouper et mutualiser les universités normandes avec un PRES (« processus assurantiel » précise Michel Bussi qui sera, à terme, favorable aux étudiants normands pour leur permettre de maintenir présent en Normandie un choix suffisant de filières de qualité) ou… disparaître.
- Quant à nous, nous donnons quelques chiffres : plus de 4000 jeunes post-bac quittant chaque année les académies de Rouen et Caen sans y revenir après. Les taux d’illettrisme : 14% en « Haute » ; 11% en « Basse » (moyenne nationale : 9%). Le niveau des salaires non-cadres : en moyenne 200 euros de moins en Normandie (étude Randstadt parue en juin dernier).
- L’étudiant pose alors le problème lancinant de l’organisation des transports en Normandie : de façon fort pertinente, il précise « à quoi bon faire une université en réseau alors qu’on n’a pas les transports en commun nécessaires. Il n’y a pas, par exemple, de train entre Rouen et Evreux »
- Laure LEFORESTIER réagit en précisant que la « Haute » Normandie était « la seule région de France à n’avoir toujours pas de liaison ferroviaire entre deux chef- lieux de département » (Rouen et Evreux). On touche là le défaut structurel de la néo-région « haut » normande, à savoir une Seine Maritime toute puissante qui écrase l’Eure. On devrait se souvenir de la colère de Gustave Héon, le sénateur maire de Bernay qui souhaitait la réunification normande en 1972 pour éviter la situation actuelle : l’accord de coopération structurelle « 276 » entre le Conseil Régional et les deux conseils généraux de la Seine Maritime et de l’Eure avait pour but, précisément de contrer cette difficulté structurelle qui ne peut être véritablement résolue que dans le cadre d’une réunification normande permettant d’envisager le département de l’Eure dans une vraie région normande (NdPhilippe : comme j’ai « l’esprit d’escalier » ce dernier développement n’a pas été, hélas, évoqué dans la discussion)
- On évoque bien sûr la traduction concrète et symbolique du « Grand Paris », à savoir l’idée d’un « TGV vraiment normand ». Monsieur CHOLET rappelle que la peur d’être oublié des « bas » Normands a été grande. Yves GUERMOND confirme que dans cette histoire, les « Haut » Normands ont été tentés de jouer directement la partie avec l’Etat, la SNCF et l’Ile de France. En pensant à l’idée qu’un « lobby havrais ne fait pas un lobby normand », j’ai répondu que c’était grâce à la mobilisation courageuse des élus « bas » normands emmenés par Bernard Cazeneuve, le député maire PS de Cherbourg, Philippe Duron, le député maire PS de Caen et surtout Laurent Beauvais, le président PS du Conseil régional de Basse Normandie que les Rouennais pourront enfin se permettre de réfléchir à une grande gare TGV en centre ville (Saint-Sever rive gauche étant le site le plus favorable à la dimension normande de la métropole rouennaise…) et que le tout puissant maire du Havre a été obligé de renoncer à son trop coûteux projet de « TGV municipal havrais avec gare des patates dans le Vexin » . Et de préciser qu’en août dernier, le ministre des Transports et de l’Equipement, Dominique BUSSEREAU envoie sa lettre de confirmation d’un « TGV Paris-Normandie » (pour une desserte commune de Rouen, Caen et Le Havre autour d’une heure de Paris) à un « seul président de région en Normandie », à savoir… Laurent BEAUVAIS.
- Cette affaire de TGV réglée dans l’urgence et l’inquiétude du « Grand Paris » montre pour la première fois qu’il existe bien « un intérêt régional normand »
- Yves GUERMOND, confirme que l’actuel projet confirmé cet été est le bon projet : la modernisation de l’axe Nanterre-Epone est essentiel pour notamment « supprimer l’effet de cisaillement entre la desserte de la banlieue francilienne et les grandes lignes normandes ». Il nous révèle alors l’existence d’une gare de marchandises souterraine complètement désaffectée sous la dalle de la Défense qui pourrait permettre de faire arriver ce TGV normand en plein cœur de l’EPAD, ses fortunes et ses 250 000 salariés…
- De là à renforcer la soumission de la Normandie vis-à-vis de la grosse tête parisienne, s’inquiète Michel BUSSI : le phénomène des navetteurs vers Paris pourrait se renforcer. Jacques BIARD partage ce scepticisme quant aux effets pleinement bénéfiques d’un TGV nous mettant à 1HEURE de Paris. « On ne parle pas de l’utilité réelle ni de l’utilisation de ce TGV » précise- t-il tout en développant, non sans bonnes raisons, le contre exemple du Mans : « on a voulu faire venir les emplois métropolitains supérieurs au Mans mais c’est le back office de Paris qui est venu… » avec des effets pervers comme une hausse des prix de l’immobilier…
- Il faudrait surtout qu’il y ait une véritable attractivité urbaine et territoriale en Normandie. (Bussi évoque même le « marketing territorial » lié à un effet TGV). La Normandie ne serait-elle qu’un « terminus » trop pauvre pour justifier un investissement aussi colossal ? (plus de 4 milliards d’euros…), un argument souvent utilisé par les « crânes d’œuf » de la SNCF ou de RFF pour ne pas faire de TGV en Normandie. Gérard GRANIER évoque alors la possibilité d’un « TGV anglo-normand » puisque Grumbach avait, un temps, parlé de la possibilité de faire de Rouen un « hub » ferroviaire à l’ouest de Paris pour doubler le Paris-Lille en voie de saturation avec un Caen-Rouen-Londres via Amiens et le tunnel sous la Manche…
- Laure LEFORESTIER, recadre vivement le débat en rappelant que ce qui inquiète vraiment les habitants de la région c’est la mauvaise qualité des liaisons inter-cités en Normandie. On rappelle l’effort des deux régions normandes dans la modernisation et le cadencement des TER tout en rappelant les grosses lacunes du réseau (l’absence d’un Rouen / Evreux ; le mauvais état du Rouen / Dieppe ; le triste état du Paris/ Granville ou du Caen/Tours) sans parler qu’avec les autoroutes, notamment la SAPN, il y a la « Normandie gratuite » (plutôt à l’Ouest) et la « Normandie payante » (plutôt à l’Est et au Sud Est).
- J’interviens pour rappeler l’urgente nécessité d’un aménagement solidaire du territoire pour le désenclavement de certains bassins de vie qui deviennent des bassins de misère (je rappelle que l’on gagne moins de 600 euros mensuels à Lisieux) qu’il y a une « question sociale normande » , qui révèle une « division normande plus grave que la division administrative, à savoir une Normandie utile du Val de Seine, de l’Estuaire et des littoraux et une Normandie intérieure, des petites villes et des ploukistans ruraux »
- La question de l’avenir des territoires normands est donc posée : on rappelle alors le rôle des grandes métropoles régionales pour polariser et dynamiser les territoires, même si on rappelle l’existence du désert toulousain, bordelais ou … parisien (dans lequel se trouve la Normandie).
- Bref ! Pas de bon débat sur l’avenir de la Normandie qui n’évoque la question dela capitale normande en cas de réunification ! C’est même la question qui bloque la réflexion et le processus politique sur la « réunification » depuis près de 40 années ! Un « petit Paris de Province » en Normandie, si près du « Grand Paris », est-ce possible ? La logique de réseau alors… Yves GUERMOND avoue son scepticisme : « émietter une métropole régionale, ça ne marche pas », en prenant l’exemple lorrain et la guerre fratricide entre Nancy et Metz… Je prends la parole, avec François GAY qui évoque le contre exemple suisse, pour dire que nous avons ici en France le cerveau stérilisé par le modèle « jacobin, parisien et centralisateur ». Jacques BIARD fut un grand témoin de feue l’association « Normandie métropole » et de sa « liquéfaction » l’an passé. Il a observé la « difficulté de construire un projet commun » avec des partenaires politiques qui avaient tous des arrières pensées… (c’était lors de la validation d’un projet métropolitain normand par la DIACT en 2006). Il évoque alors le jeu fatiguant « du chat et de la souris… ».
- Je pose alors la question : « qui a tué Normandie métropole ? ». Réponse : un peu tout le monde ! Je rappelle tout de même la mauvaise volonté de Brigitte LEBRETHON ex-députée maire de Caen qui fit les colères d’Antoine RUFENACHT mais le coup de grâce est plutôt à mettre au triste passif de la querelle séculaire entre Rouen et Le Havre avec un président de Haute-Normandie qui ne daignait même pas venir aux réunions de « Normandie Métropole » !
- La réflexion métropolitaine en Normandie est donc au point mort alors qu’il y a urgence à proposer quelque chose en Normandie face aux nouveaux défis de la compétitivité des territoires et de la réforme des collectivités à venir : Jacques BIARD confirme que le « dialogue entre Normands reste difficile » même si le pilotage du projet de TGV et la réflexion qu’oblige à avoir le défi du « Grand Paris » va faire travailler ensemble et pour la première fois les deux CESR normands avec celui d’Ile de France (Conseils Economiques et Sociaux Régionaux)…
Le temps où l’on pouvait digérer tranquillement une carrière politique dans une Normandie endormie à l’ombre de l’Etat central est donc … TERMINE !
CONCLUSION :
- Tout bon débat sur l’avenir de la Normandie se termine aussi sur une autre question aussi rituelle que celle de la capitale…
« Que fait Fabius ? »
Michel BUSSI, avoue son scepticisme : la Haute Normandie, le « 276 » et maintenant la « CREA » (Communauté Rouen-Elbeuf-Austreberthe) c’est une « rente de situation » pour Laurent FABIUS, Alain LEVERN, Didier MARIE et Jean-Louis DESTANS. Le débat des prochaines élections régionales sera déterminant pour l’avenir de la Haute Normandie, donc de la Normandie toute entière, si le débat public n’est pas manipulé et orienté de façon politicienne pour un enterrement de première classe de la question régionale normande ! Le duel Bruno LE MAIRE, outsider parachuté de droite (« l’envoyé spécial de Sarkozy » brocarde Alain LE VERN) qui affirme sa volonté de faire enfin la réunification « dans les cinq ans » versus Alain LE VERN, le sortant socialiste bon gestionnaire mais sans réel projet puisqu’il refuse d’envisager la dimension normande de la Haute-Normandie, sera passionnant à suivre. En Basse-Normandie, plus inquiète que la Haute-Normandie pour son avenir, la question régionale normande va faire son entrée de plein pied dans le débat régional (Laurent BEAUVAIS à gauche et président sortant du CRBN et Philippe AUGIER, maire NC de Deauville numéro 2 de la future liste de droite, sont d’authentiques « réunificateurs »). Les Verts, notamment en Haute Normandie, vont tenter de jouer leur va-tout jusqu’au bout (du moins jusqu’au bout du premier tour) notamment pour faire émerger la question de l’aménagement industriel d’un territoire soumis… La réflexion sur la question régionale normande émerge aussi de côté ci de l’échiquier politique…
Les professionnels d’eux-mêmes qui ont intérêt personnel à ce que perdure la situation actuelle n’auront alors plus qu’un seul argument :
« La Normandie, ça n’intéresse pas les gens… »
(Alain LeVern)
Justement ! Citoyens, Citoyennes, c’est à nous de faire mentir les menteurs…
« La civilisation, qu’en pensez-vous ? Je pense que ce serait une bonne idée » répondait la grande âme Gandhi…
Philippe CLERIS