La THT tue les vaches normandes
Je tiens à rendre hommage à cet éleveur qui se bat contre le pouvoir du nucléaire. La THT est devenue un sujet sensible en Normandie. Comment des élus ont-ils pu, contre de l'argent pour leur salle communale et éclairage public, vendre à la RTE le paysage de Normandie, la santé des Normands et de leurs animaux?
Je salue donc ce valeureux éleveur normand qui par sa résistance interpelle l'opinion public.
Et tout cela pour alimenter nos amis bretons en énergie nucléaire...
Michel H. A. Patin
Ligne THT : elle tue ses vaches !
RTE refuse de reconnaître les impacts de la THT sur le bétail. Mais fait le tour des fermes pour indemniser les agriculteurs...
Maître d'ouvrage du projet de ligne à très haute tension de 400 000 volts Cotentin-Maine, RTE se défend d'agir comme un rouleau compresseur. Pourtant, la filiale d'EDF poursuit imperturbablement son travail alors que l'étude épidémiologique auprès des habitants vivant à proximité de l'actuelle ligne THT, exigée par le conseil général de la Manche, n'est toujours pas lancée par le préfet de ce département, coordonnateur du projet.
Préjudices
Pire : RTE continue de
rencontrer les agriculteurs dont les exploitations sont appelées à être
traversées par la future ligne THT. But de l’opération : signer avec
eux des conventions portant en particulier sur le barème de leurs
indemnisations, sur le diagnostic électrique de leurs installations et
sur l’état sanitaire de leurs troupeaux aujourd’hui. Une façon pour RTE
de se prémunir contre d’éventuelles actions en justice à son encontre
de la part d’agriculteurs constatant par la suite des préjudices liés
aux effets de la ligne THT sur la santé de leurs animaux.
Curieusement,
ces démarches sont entreprises alors que l’on attend toujours la ferme
expérimentale initialement promise pour mai 2009 par Nathalie
Kosciusko-Morizet, ex-secrétaire d’Etat à l’écologie.
A ce sujet, un
fait intervenu le 2 décembre dernier illustre la volonté de RTE de
refuser d’admettre une relation entre santé animale et ligne THT,
malgré de réelles interrogations.
Eleveur à Laulne, non loin de
Périers, dans le centre Manche, Cyr Catherine a construit il y a deux
ans, pour se mettre aux normes, de nouveaux bâtiments d’élevage sur son
exploitation. Malheureusement pour lui, ces bâtiments se sont retrouvés
à une cinquantaine de mètres de l’actuelle ligne THT.
Le temps passe
un peu et Cyr Catherine constate dans son troupeau de graves problèmes
sanitaires, mammites et avortements en particulier. En l’espace de deux
ans, il perd ainsi plus de 50 vaches laitières sur un troupeau de 120
bêtes.
Eleveur excédé
Après être intervenu,
son vétérinaire ne voit plus qu’une explication possible à cette
hécatombe : les courants vagabonds issus de la ligne THT. L’éleveur
découragé se tourne vers RTE à qui il demande réparation de ce
préjudice important.
La filiale d’EDF fait la sourde oreille.
Finalement, elle annonce il y a un mois mettre les bâtiments d’élevage
en compatibilité électrique avec la ligne… Excédé, l’éleveur retient
chez lui tout un après-midi un agent de RTE venu, avec un représentant
de la Chambre d’agriculture, lui proposer un suivi de son troupeau par
le Groupement permanent pour la sécurité électrique dans les élevages
(GPSE). Il a fallu l’intervention du préfet de la Manche, et la
promesse d’organiser une réunion sur son cas en présence des services
de l’Etat pour débloquer la situation.
Une affaire sur laquelle le
collectif des maires concernés par la THT voulait saisir, vendredi 4
décembre, le président de la commission d’enquête, Bruno Boussion.
Surprise : celui-ci n’occupait plus ses fonctions, la commission ayant
déjà remis son rapport au préfet de la Manche !
En fait, préfecture
et collectif des maires ont une lecture différente du code de
l’environnement qui précise (art. R 123-23) : “copie du rapport et des
conclusions est adressée à la mairie de chacune des communes où s’est
déroulée l’enquête et à la préfecture de chaque département concerné
pour y être sans délai tenue à la disposition du public pendant un an à
compter de la date de clôture de l’enquête”.
Les principaux intéressés sur le terrain risquent d’être les derniers informés.
Fabrice Constensoux