"l'émiettement de la Normandie" c'est dans le livre de Jacques Attali

La Normandie écartelée puis la Normandie tirant dans tous les sens, cela nuit à la région.

Comments

[crosman]

le mot est lâché! Mais défaite pour quelle équipe? il n'y a pas d'équipe!

Normands prenez vos maillots et mouillez les!

[Florestan]

Sur Paris- Normandie, la brève suivante:

"Dans le cadre des rencontres-débats « Grand Paris de l’Estuaire », Jacques Attali viendra parler de sa mission de réflexion prospective sur les opportunités de développement de l’axe Seine. Il animera ainsi en qualité de grand témoin, quatre conférences-débats, au Havre (jeudi 27 mai), à Notre-Dame-de-Gravenchon (vendredi 11 juin), à Rouen (mercredi 16 juin) et à Deauville (mercredi 30 juin).
Il sera notamment question au cours de ces rencontres de la dimension fluviale, maritime et portuaire; du développement industriel; de la formation et de l’économie des savoirs et enfin de la culture et du tourisme, vecteurs d’attractivité du territoire."

[Florestan]

Enfin, je viens de l'acheter! Le livre signé Jacques Attali (en fait l'équipe de l'agence "Attali et Associés" et des écrivains et spécialistes extérieurs contactés pour la circonstance) titre:
"Paris et la mer, la Seine est capitale"
On notera d'emblée que la "Normandie" est absente du titre... Un blanc sur le papier qui ne doit en aucun cas correspondre à un blanc sur la carte ou dans le projet: cela pourrait tout faire couler pour le plus grand profit de Rotterdam, d'Anvers ou d'autres lieux plus lointains.
En effet, l'affirmation "Le Havre port de Paris" tient du truisme et bientôt Anvers pourrait nous proposer un truisme plus efficace si rien ne se passe sur les eaux de la Seine entre Paris et la Mer: et cet "antre" c'est chez nous!
Avant de présenter les fameuses 50 propositions pour sortir de l'ornière ou du naufrage l'axe de la "Basse-Seine", le livre a l'ambition de brosser un tableau rapide de la Normandie non sans avoir recours aux poncifs "normands" les plus éculés (le Normand indécis, querelleur, procédurier et individualiste: c'est déjà dans le chapitre consacré à la Normandie en ... 1747 par P. J. BOUGEREL dans son "Idée géographique et historique de la France en forme d'entretiens pour l'instruction de la jeunesse" )

On notera avec satisfaction que l'équipe ATTALI reconnait enfin la finesse d'analyse d'un Jules MICHELET ( "Le tableau de la France" 1835) qui file la métaphore d'une Normandie visage de majesté offert à la France face à l'Angleterre sachant que la Normandie est bien plus qu'un axe fluvial (la "grande rue" chère à Bonaparte) mais une région à part entière avec un estuaire sinon une façade maritime ouverte sur une baie et sur un arrière pays très riche: la Normandie c'est quand même plus que le fond du jardin de la banlieue parisienne ou plus qu'un tube digestif reliant Paris à la mer...
On dira tout de même que depuis l'excellent MICHELET, beaucoup d'auteurs ont écrit des choses pertinentes sur la Normandie: il eut été pertinent de les consulter. Ils ne sont pas tous morts et des auteurs forts pertinents écrivent et vivent encore! (on citera Armand Frémont; Yves Guermond; François Guillet...)
Depuis trois siècles et surtout depuis 150 ans il y eut entre la Normandie et Paris une puissante inter-fécondation mais avec l'Angleterre aussi: l'Entente Cordiale entre la France et l'Angleterre permet la floraison normande!
Mais aujourd'hui, après 60 années d'aménagement industriel et administratif planifié par l’Etat central parisien d'une Normandie éprouvée à la fin de la Guerre, nous avons une région en "miettes"...
Extraits édifiants du livre:
"PP. 19 - 20: Depuis les débuts du Grand Paris, la terre normande ne souffre pas de manque de vitalité (...) les idées et les initiatives foisonnent avec un enthousiasme qui n'est pas feint. (...) Mais ce foisonnement se perd dans un concert non orchestré, sur un territoire de 29900 km2 gouverné par deux régions et trois villes (ndlr: et cinq départements!). La multiplicité des voix s'élevant au nom des "Normands", la profusion des initiatives locales, voire individuelles, les déclarations contradictoires, les luttes de pouvoirs, les efforts concurrents non concertés, la croissance du nombre des études et des rapports : autant de bocages et autant de haies qui se dressent à l’ouest de Paris. Pourtant la Normandie a quelques raisons de se méfier d’un Grand Paris qui pourrait avoir la tentation d’en faire sa banlieue, son usine ou, au mieux, sa plage. (...) Mais ce n’est pas en élevant trois millions de haies différentes entre La Défense et la mer que la Normandie sera un interlocuteur de poids face à la puissante région Ile de France et à la capitale. La mésentente, l’émiettement des efforts et la non-concertation des initiatives, fussent-elles intelligentes et généreuses, plongent la Normandie dans le même déclin relatif annoncé que le jacobinisme le fait pour Paris ».
Comme plaidoyer pour l’unité de la Normandie, c’est plutôt assez bien vu !
Mais c’est aux décideurs et élus normands d’être enfin à la hauteur de tels enjeux : le pourront-ils ? Le voudront-ils ? On peut encore en douter si la population normande inquiète pour son avenir sombre dans le défaitisme et le scepticisme : les cimetières assurent une paix et une sérénité remarquables à leurs habitants...
Mais voulez-vous vivre dans un cimetière normand ? C’est maintenant qu’il faut décider !

[JMH]

Tout est dit dans le titre : Paris et la mer . La Normandie ne figure même pas dans le titre.