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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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16 juin 2010

CAEN à nouveau sous les bombes

Caen : une croix humaine pour sauver l’ancien cloître de Jeanne-d’Arc

JUIN 2010, à CAEN la fin des bombardements?

Le site du Bon Sauveur (HP) qui avait accueilli les réfugiés et les blessés de la bataille de Caen et qui n'avait pas été bombardé grâce aux draps blancs teintés de croix rougies avec du sang humain qui permirent de signaler "l'îlot sanitaire" aux aviateurs alliés... va être démoli sur plus de 20000 mètres carrés par les équipes des terrassiers d'EIFFAGE qui vient d'acheter la parcelle à la congrégation des Filles du Bon Sauveur: la vente a eu lieu vendredi dernier mais le permis de démolir était affiché dès l'automne dernier dans une rue adjacente et peu passante!
Le groupe EIFFAGE va même intervenir avec ses pelleteuses dans la cour de la DRAC qui occupe les bâtiments du premier Bon Sauveur puisqu'un bâtiment doit être démoli pour la création d'une nouvelle voie d'accès dans ce site qui fut pendant très longtemps interdit au public (hôpital psychiatrique).

Au coeur du scandale, la destruction d'un jardin de 3500 mètres carrés avec deux grands cèdres (dont l'un sera préservé... au coeur d'un parking souterrain) et la destruction d'un promenoir avec deux grandes galeries rythmées par une centaine de belles colonnes en bois: rarissime à Caen! En 2006, le site a fait l'objet d'une étude de classement MH de la part de la DRAC:  la chapelle 1950 ; le grand corps du XIXe siècle avec sa flèche et le jardin avec le promenoir... Mais suite à une intervention du propriétaire souhaitant vendre au mieux au promoteur (la congrégation étant déjà en affaire avec Eiffage) et suite à une intervention de la municipalité de l'époque, le projet de classement a été revu a minima: le promenoir et le jardin sont donc sacrifiés pour une optimisation des surfaces libérées au seul profit de la promotion immobilière et la "résidence des jardins du Carel" s'apprête à dénaturer un "lieu courageux", essentiel à l'histoire et à la mémoire de la ville de Caen et de la Normandie: la mémoire religieuse du Bienheureux Jamet, de la famille Martin (Sainte Thérèse), la mémoire culturelle avec le Chevalier Destouches; le dandy Brummel; la mémoire collective de toutes ses familles passées  avec douleur dans ces lieux en raison de la maladie mentale d'un proche et enfin la mémoire héroïque et tragique de l'été 1944...

Tout ceci doit donc disparaître d'ici le début de juillet prochain  pour permettre la construction de 4 blocs d'immeubles (R +6 c'est à dire la hauteur maximum autorisée) sans aucune grâce avec bal-cons terrasses et vue imprenable vers l'Ouest sur d'autres bal-cons ainsi que sur le bureau du Directeur régional des affaires culturelles! (cela ne s'invente pas...) et vue imprenable vers l'Est sur les pavillons de l'hôpital psychiatrique encore en service sur cette partie du site et accueillant encore des malades mentaux...

D'une manière globale, il s'agit de transformer l'ancienne cité interdite du "Bon Sauveur" en un " nouveau morceau de ville" et l'enjeu est d'éviter que la ville de Caen n'ait pas moins de 100000 habitants: compromis ou compromission?
Faut-il que l'Eiffage Air Force continue les bombardements? Faut-il une privatisation générale des lieux alors qu'il faut créer de nouveaux espaces publics pour un nouveau quartier? La chapelle 1950 classée MH a été rachetée par l'actuelle municipalité pour en faire le futur Centre chorégraphique: très bien! Mais imagine-t-on nos danseurs, nos créateurs et le public venu de toute la région traverser la cour d'immeuble d'une co-propriété "les jardins de Tartempion" pour accéder à ladite chapelle?  Le jardin et son promenoir risque d'être dégradés en simple espace vert divisé par deux en superficie et recouvert d'une dalle de béton avec parking souterrain: c'est un curetage complet du site qui est en préparation! Un vrai massacre...

Les réactions? Les citoyens et riverains réagissent, notamment ceux qui ont décidé d'habiter les anciens locaux du lycée Jeanne d'Arc, bâtiments qui jouxtent le site et qui ont fait l'objet en 2006 d'une réhabilitation soigneuse. Samedi 5 juin, 200 Caennais ont revêtus des tee-shirts rouges et se sont rassemblés sur le site pour dessiner une croix humaine devant les caméras de TF1 et de France 3. Articles dans Ouest France; et à venir dans le... Canard Enchainé. Des associations nationales de défense du patrimoine qui se mobilisent et aujourd'hui... Philippe DURON et son adjoint à l'urbanisme Xavier LECOUTOUR qui visitent le site avec la promesse faite d'écrire au promoteur pour que le jardin et son promenoir soient intégrés dans le projet... De même, le directeur scientifique du Mémorial était attendu ce 15 juin sur le site: il est resté plus d'une heure et s'est vivement ému de la disparition d'un lieu essentiel à la mémoire de la Bataille de Caen...

Jeudi 17 juin, la demande d'un référé suspensif des travaux de démolition sera examiné devant le TGI: c'est une part essentielle de la mémoire de Caen d'avant 1944 qui sera l'objet de l'appréciation du juge...

Nous devons nous mobiliser et signer la pétition diffusée par les riverains de la résidence "De Villiers" et de la rue Caponière, plus vieille rue d'une ville rasée à 80% en 1944 et qui ne fait l'objet d'aucune protection particulière: il faut le savoir et c'est consternant, Caen n'est même pas détentrice du label "ville d'art et d'histoire": Philippe Duron va s'en préoccuper mais c'est maintenant qu'il faut agir car il ne faudrait pas protéger et mettre en valeur que des ... souvenirs!

Philippe CLERIS

collectif Bienvenue en Normandie

Infos à l'adresse suivante: sauvegardecloitre@hotmail.fr

Photos actuelles du site avant les bombes ...

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et après le bombardement prochain

Projet

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Commentaires
I
CAEN a été rasé à + 80 % lors de la dernière guerre ; le cloitre est un des vestiges restés debout et un cloitre de grande valeur esthétique des blessés ont été recueillis dans ce lieu pour moi il est inadmissible de le détruire ainsi que son jardin avec de beaux arbres en plein coeur de caen qui pourrait être valorisé ; en effet il y a plein d'unités foncières disponibles pour construire les logements nécessaires notamment prés du port ; lorsque les touristes visitent une ville où se rendent-ils ? dans des rues anciennes avec une architecture typique de la région qui marquent le passé ; les touristes ne se promènent pas dans les rues comme l'avenue du 6 Juin qui est sans vie, froide, il reste très peu de vestiges dans CAEN alors pourquoi encore détruire ce lieu qui pourrait être ouvert à la visite avec justement un rappel de ce qui s'est passé en ce lieu pendant la libération ; on construit l'avenir en se rappelant du passé ce qui est le cas ici.
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C
de toutes les façons avec un peu d'imagination on peut très bien réalisé un ensemble immobilier respectueux du lieu. donc construite un projet autour du cloitre et même pourquoi pas réalisé un espace vert avec une croix symbolique au sol.<br /> <br /> Le tout est de savoir si on rase l'histoire aussi. Et je dis cela très détaché dans la mesure où le souvenir de cette période est très douloureux pour la Normandie et parfois très lourd pour envisager un avenir et enfin une véritable reconstruction! Mais il est important d'avoir aussi des lieux de mémoire concernant les victimes civiles particulièrement frappées par cette guerre. A ce propos j'ia vu dna la MAnche libre des photos des commémorations du 6 juin où pour une fois on voyait aussi des drapeaux normands!!! Oubli peut être?
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P
Le commentaire de "Sadviking" non plus.
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F
@Sadviking: <br /> <br /> Au niveau esthétique le béton des vestiges des bunkers qui parsèment encore les dunes des Plages du Débarquement a encore moins d'intérêt que la colonnade en bois de ce promenoir...<br /> <br /> Et pourtant ces blocs de béton hideux sont préservés d'autant plus que les plages normandes du Débarquement font actuellement l'objet d'une étude de classement à l'UNESCO.<br /> <br /> Précisons donc les choses: <br /> <br /> C'est parce qu'un ambulancier de l'hôpital du Bon Sauveur transformé en "îlot sanitaire" pour accueillir les victimes, les blessés et les réfugiés des bombardements du centre ville a eu la présence d'esprit de disposer, peu après 14h30 dans l'après midi du 6 juin 1944, une grande croix rouge peinte avec du sang humain sur des draps blancs au centre même de ce jardin et de ce promenoir que ce lieu et par conséquent tous les quartiers alentours de la rue Caponière à l'abbaye aux Hommes (à l'époque lycée Malherbe transformé lui aussi en "îlot sanitaire")n'ont pas été bombardés: si cette croix n'avait pas été mise là où elle fut mise, Caen aurait partagé le sort funeste de Saint-Lô, à savoir une destruction à plus de ... 90%!<br /> <br /> Le critère esthétique n'est pas suffisant pour apprécier ce lieu qui est, avant tout, un haut lieu historique et mémoriel de la Bataille de Caen: le directeur des affaires culturelles en 2006 a fait la même erreur d'appréciation que Sadviking aujourd'hui avec des conséquences qui pourraient être aujourd'hui désastreuses!<br /> <br /> Dans une ville rasée à 80% il y a 60 ans, le patrimoine urbain n'est pas une affaire anodine: Clémenceau disait que la guerre était une affaire trop sérieuse pour la laisser aux seuls militaires...<br /> <br /> Il en est de même de l'urbanisme et des promoteurs immobiliers: à Caen, à Saint Lô, au Havre, à Dresde, Coventry, Guernika, Varsovie... Les promoteurs immobiliers doivent être tenus en laisse!!!
Répondre
S
Ce cloitre ne présente aucun intérêt autre que "plaisant". Il n'a d'ailleurs pas été classé à l'inventaire des monuments historiques.
Répondre
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