PRES normand: le coup de gueule de Laurent FABIUS

8 juin 2011

C 'était à lire dans le numéro 230 de la dernière chronique de Normandie datée du 30 mai 2011:

Le 26 mai dernier, à l'occasion de l'inauguration du Campus du CESI à Rouen, Laurent Fabius a publiquement sommé Marie-Danièle Campion recteur de l'académie et les trois présidents d'université concernées par le PRES Normandie-Université (Caen- Rouen- Le Havre; 8 écoles doctorales déjà communes; des équipes de recherches déjà communes en sciences humaines ou déjà labelisées; deux écoles d'ingénieurs qui veulent fusionner...) de créer sans attendre le Pôle de recherche et d'enseignement supérieur normand. "ça n'a que trop duré!" a déclaré Laurent Fabius.

On rappellera que toutes les régions de France ont leur PRES et que la Normandie (avec la Picardie et Champagne-Ardennes) est la seule région à ne pas en avoir: les deux régions normandes sont désormais assiégées par le mastodonte francilien et par le PRES "Grand Ouest" associant le réseau de l'Université européenne de Bretagne créée en 2007 (fusion entre Rennes et Brest soit 72000 étudiants et 8500 chercheurs) et le réseau UNAM (Universités de Nantes Angers Le Mans soit 76000 étudiants et 4200 chercheurs).

On rappellera que la plus grande des trois universités normandes, l'UCBN (Caen) n'a à peine que 25 000 étudiants.

Faute de PRES normand avant la fin de l'année 2011, le risque est grand de ne jamais pouvoir mettre un PRES en place en Normandie ce qui impliquerait la satellisation rapide de l'UCBN par le PRES "Grand Ouest" avec l'incapacité pour l'UCBN de participer au pilotage d'un PRES aux mains des Bretons et la disparition de l'URHN (Rouen) ou son démantèlement partiel au sein du PRES francilien car le rapprochement qu'espère le président haut-normand avec Amiens ou avec Orléans ne permettrait pas de faire le poids: le pilotage francilien de la Recherche Développement haut-normande n'en serait que renforcé sans compter qu'une partie importante des chargés de cours des universités de Rouen ou de Caen viennent de Paris... Quant à la jeune université du Havre, elle resterait à l'état d'un petit isolat hyper spécialisé sur l'étude d'une logistique maritime pilotée des ... tours de la Défense!

C'est le sombre tableau d'une Normandie de la recherche et de l'enseignement supérieur à l'horizon 2020: les cimetières n'ont jamais fait peur aux fossoyeurs car les fossoyeurs ne s'imaginent jamais être eux-mêmes un jour au fond de la fosse qu'ils creusent!

Philippe Cléris