Les dernières nouvelles de la LNPN: Rufenacht, Philippe, Beauvais, Fabius, Sarkozy, Hollande et... l'idiot utile Le Vern!
1) Le scénario AB (voire AB+, c’est à dire, avec le barreau en LGV de Bernay) est le scénario à défendre: il est le plus consensuel et il ne coûterait que 10,4 milliards. C’est le scénario qui garantie à la fois une bonne desserte Paris-Normandie ( trains directs : Caen- Le Havre en 1h17 et Rouen en 50 minutes) et une bonne irrigation de tout le territoire normand avec une amélioration décisive de toutes les dessertes intercités normandes (Caen-Rouen/ Caen-Le Havre via Rouen/ Caen-Cherbourg- Lisieux/ Rouen-Evreux-Dieppe).
Enfin, la modernisation du réseau voyageur (grandes lignes et TER) recoupé par des sections en LGV va permettre de basculer une partie notable du réseau actuel vers le fret ferroviaire généré par le 4ème sytème portuaire européen que forme désormais le Groupement d’Intérêt Economique « HAROPA » liant officiellement depuis le 19 janvier dernier les GPM du Havre, Rouen et le port autonome de Paris.
2) le scénario alternatif écologiste (étudié par le cabinet BG) est à rejeter pour quatre raisons: pour un coût d’un peu plus de 6 milliards d’euros, le problème du fret ferroviaire n’a pas été étudié en tant que tel ; on persiste dans l’erreur de faire passer tous les trafics sur le même réseau et les liaisons entre villes normandes ou avec Paris ne sont pas assez performantes. Enfin, en terme de stratégie de financement, comment pourrait-on justifier les 4 milliards nécessaires pour une LGV dans le Mantois s'il n'y a pas derrière un projet d'envergure de niveau national ou européen ?
3) La mobilisation des forces vives régionales au cours du débat a été exceptionnelle: 101 cahiers d'acteurs. Mais les milieux économiques normands ne cachent plus leur amertume voire leur colère contre certains responsables politiques régionaux. A cause de la « Normandie en miettes » des politiques, il a manqué une vision globale de la Normandie dans l’Axe Seine… c’est à dire « mettre la Normandie en Seine ».
4) Si la LNPN est présentée comme un enjeu national et européen, elle pourrait être financée sans problème, dixit le maire du Havre… Mais il faut une volonté politique forte en Normandie : on la trouvera au Havre mais aussi en Basse-Normandie ou dans l’Eure.
On peut, d'ores et déjà , dire que si on additionne les trafic voyageur et trafic fret, la LNPN aurait un TRI (taux de rendement en investissement) de 3,5% en Normandie et de 7% en Ile de France, ce qui est largement supérieur au TRI généralement associé aux autres LGV françaises et qui justifie le doute de certains experts.
Cela implique de dire que la LNPN n'est pas un projet de LGV comme les autres mais qu'il contribue à l'enjeu national de redonner à la France une politique industrielle et maritime. Cela implique aussi que la réalisation du projet et son financement doivent être pensés de façon globale : « pas de solidarité de financement sans solidarité de projet », l’excellente formule de Laurent Beauvais, le président demi-régional bas-normand, pourrait être reprise par les Havrais, qu’il s’agisse d’Edouard Philippe (le maire UMP) ou de Daniel Paul (le député PCF)… voire aussi par les milieux économiques rouennais.
Enfin, pour assurer la maîtrise du financement, les régions devraient en être les pilotes : les deux régions normandes et la région Ile de France doivent participer aux côtés de l’Etat, de RFF et de l’Europe. Pour plus de poids dans les futures négociations notamment avec un conseil régional d’Ile de France pas encore très au fait de l’existence d’un « Axe Seine », il serait judicieux de créer un syndicat mixte réunissant les deux conseils régionaux normands… au cas où Paris serait encore tenté de nous dire: "donne moi ta montre et je te dirai l’heure !"
5) Les Havrais (Antoine Rufenacht en tant que haut commissaire au développement de la vallée de la Seine et Edouard Philippe en tant que maire du Havre) sont à la manoeuvre: lors d'une première réunion récente préparant le SNIT et sa priorisation définitive, la LNPN serait remontée à la 6ème place. Antoine Rufenacht a fait le nécessaire : Olivier Guérin président de la CNDP pourrait rendre son avis bien avant le 3 avril prochain, même chose pour RFF qui a jusqu’au 3 juillet prochain pour rendre son rapport de faisabilité sachant que RFF connaît déjà tous les scénarii proposés dans le débat public. Ainsi, RFF pourrait rendre son étude technique avant le premier tour des présidentielles.
6) De son côté Bruno Lemaire fait le nécessaire auprès de l'Elysée pour que la décision de faire définitivement la LNPN soit prise avant le 22 avril prochain: ainsi, faire en sorte que le président sortant parte (s'il doit partir) en réalisant ses promesses tout en liant son éventuel successeur. De même, chemine l'idée dans la droite francilienne de faire fusionner les projets de "Grand Paris" et "d'Axe Seine": mais le débat public a démontré au public normand le plus lucide que le Conseil Régional d’ Ile de France n’en était pas encore là, contrairement aux élus du conseil général du Val d’Oise qui ont parfaitement compris l’intérêt de l’enjeu (confluence entre la Basse-Seine normande et francilienne avec le futur canal Seine Nord Europe)...
7) C’est pourquoi, dans le cas où Laurent Fabius (président de l’agglo de Rouen et député PS de la Seine-Maritime) serait inquiet sur ses chances réelles de revenir au premier plan à Paris en cas de présidence du rouennais Hollande, la Normandie et ses enjeux pourraient alors enfin devenir prioritaires pour un Laurent Fabius déjà tenté de récupérer pour lui la dynamique actuelle autour de la LNPN et de l'Axe Seine qui profite, à juste titre, à un certain Antoine Rufenacht.
L’idée serait de tout remettre « à plat » après la victoire de François Hollande et d’être enfin le chef d’orchestre d’une reconstruction normande autour de l’Axe Seine. Cela expliquerait donc pourquoi Fabius est resté très discret dans le débat qui vient de s'achever tout en laissant un Le Vern s’activer à la déconfiture d'un "projet sarkozyste": doit-on considérer que Le Vern soit ainsi l’ "idiot utile" chargé de faire gagner du temps à Fabius?
… Et d’en faire perdre à tous ici en Normandie !
Car il y a désormais un fait nouveau : la colère des forces vives normandes vis à vis de ces calculs politiciens et la volonté d’aboutir au plus vite à un succès avec la LNPN du côté du Havre (concurrence sévère avec Anvers) de la Basse-Normandie (marginalisation totale entre Paris et le Grand ouest ligéro-breton) ou de l’Eure (écrasée tant par la Seine-Maritime que par l’Ile de France) , question de simple survie désormais…
Si Rouen veut être une vraie métropole régionale en Normandie, il y a désormais des réalités territoriales et politiques que les dirigeants politiques rouennais doivent cesser d’ignorer : c’est urgent !
(sources: d'après Fil fax Normandie, 03/02/12, n°4274 et d'après nos informations)