Mont Saint-Michel: le seuil de tolérance (suite)
A lire dans Ouest-France le 16 avril dernier...
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Jean-Pierre Delalande, secrétaire général de l’association Les Amis du Mont-Saint-Michel.
Les Amis du Mont-Saint-Michel ont décidé de faire entendre leurs arguments au plus haut niveau de l’État. Ils étaient sur le marché de Jullouville, hier matin, pour distribuer leur pétition, destinée au Premier ministre, contre la hauteur du projet de gué en béton (7,30 m) et du terre-plein (8 m) qui doivent être construit à l’arrivée du pont passerelle, pour permettre aux secours d’atteindre le site en camion.
Dans ce document, qui aurait récolté 200 signatures en quelques jours, l’association remet en cause le projet de cotes, jugé trop important, car il « défigurerait irrémédiablement le Mont-Saint-Michel » tout en ne répondant pas « de manière appropriée aux impératifs de sécurité », et en coûtant « 2,8 millions d’euros, en pure perte ».
Pour Jean-Pierre Delalande, secrétaire général de l’association, « le projet nie l’objectif initial de rétablissement du caractère maritime du Mont, avec seulement 67 heures/an d’isolement total, et une solution d’évacuation inadaptée en cas d’incident. Nous demandons qu’une étude alternative soit donc réalisée ». Un choix partagé par l’architecte Dietmar Feichtinger, en charge du projet : « La question que je pose c’est : est ce qu’à 6,80 m, on ne pourrait pas assurer la sécurité ? C’est une possibilité à étudier, car plus on est proche du niveau naturel plus on sera en cohérence avec le site ».
Pour sa part, François-Xavier De Beaulaincourt, directeur général du syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel, ajoute que « la logique terrestre, valable en 2001, n’est plus la seule valable actuellement grâce au développement de matériels amphibies et à l’hélicoptère qui peut désormais se poser sur place ». Quelles que soient les autorités contactées, depuis l’origine du projet en 2001, le constat est bien souvent à la fin de non-recevoir, que ce soit pour l’association ou le syndicat. « Les préfets ne prennent pas parti sur l’esthétique, ils détiennent une solution réputée sûre donc ils ne veulent pas en changer ».
Or, comme la décision relève d’un arbitrage du Premier ministre, le syndicat a donc décidé de lui envoyer « une lettre il y a 10 jours pour demander une alternative », bientôt rejointe par les pétitions de l’association.
Commentaire de Florestan:
Aux dernières nouvelles, le président de région Laurent Beauvais en charge du syndicat mixte a écrit au Premier ministre pour lui rappeler l'intérêt général patrimonial du rétablissement du caractère maritime du Mont St Michel: le projet proposé par l'architecte est d'autant le meilleur qu'une récente réunion de la Commission Supérieure des Monuments Historiques a dit non au principe d'un seuil de 8 mètres (12 voix contre, 14 abstentions et 1 voix pour)... Le préfet de la Manche, le sous-préfet d'Avranches emmenés par le préfet de région de Basse-Normandie s'arqueboutent sur le seuil d'une câle insubmersible à 8 mètres pour des raisons de "sécurité": on sait que l'Enfer est surtout pavé de bonnes intentions préfectorales! Derrière l'opposition préfectorale, les marchands du temple, notamment les industriels du tourisme en autocar attendent...
Mais les associations de défense du patrimoine ont alerté comme il se doit l'UNESCO qui doit statuer en juin prochain sur le maintien de son label "patrimoine mondial de l'humanité" pour le Mont et sa baie: le dossier est actuellement à Matignon, il sera à l'Elysée le 6 mai prochain et non pas sur le bureau du préfet de Caen, n'en déplaise à Monsieur Lallement!
Enfin, on le sait les "emmerdements volent en escadrille": on apprend que les navettes hippomobiles (les fameuses "maringotes") ne seront pas prêtes pour le 28 avril prochain, en outre, on apprend que le véhicule "le passeur" fabriqué par le concessionnaire Véolia est trop large pour permettre le croisement d'un autre "passeur" sur la future passerelle... Et qu'au lieu des 100 passagers annoncés chaque véhicule ne pourra transporter que 75 personnes: un manque de vergogne évident de la part de ce fermier général Véolia qui a mis en colère le président de région...
Mais quand on n'est que le président de la Normandie basse pourrait-il en être autrement?