COOPERATION STRATEGIQUE INTER-NORMANDE: DU VENT?
La Normandie, Haute et Basse a le potentiel d'être la première région de France pour la production énergétique...
En 3ème position pour l'électricité d'origine nucléaire ou pour le raffinage des hydrocarbures, la Normandie avait déjà quelques positions industrielles fortes en la matière en terme notamment d'emplois mais avec le lourd inconvénient d'avoir subi ces aménagements plutôt polluants (radioactivité et pollution de l'eau et de l'air avec les sous-produits du pétrole) de la part de l'Etat central, aménagements que d'autres régions n'ont pas voulu voir sur leur territoires (par ex: la centrale nucléaire bretonne projetée à Plogoff pour être finalement construite à Flamanville) ou qui n'ont pas été suffisament suivi des transferts de "matière grise" (ingénieurs, cadres dirigeants, chercheurs) que la Normandie, devenue cette armoire technique classée SEVESO produisant l'énergie des autres, était en droit d'attendre...
L'humour de nos amis d'Heula: toujours aussi juste...
Mais avec les Energies Marines Renouvables, la Normandie, située au coeur de l'Espace Manche avec un remarquable potentiel industriel portuaire et marin tant pour le vent (champs d'éoliennes "off shore" situées à 20 km des côtes) que pour les courants (hydroliennes à implanter au fond du Raz Blanchard qui développe en permanence et très régulièrement jusqu'à 20km/h de courant marin) semble avoir compris qu'elle pourrait être LA PREMIERE REGION de FRANCE POUR LES E.M.R.
Au printemps dernier, l'appel d'offres national a confirmé le rôle de premier plan des ports normands de Cherbourg et du Havre pour la construction et la maintenance des futurs champs d'éoliennes marines au large des côtes françaises du Pas de Calais à la Vendée ainsi que pour les côtes anglaises.
Au large des côtes normandes, trois champs d'éoliennes doivent voir le jour:
Courseulles, Fécamp-Veulettes et Le Tréport.
A condition de respecter une distance minimale des côtes (impact visuel) si ces dernières sont patrimoniales (plages du Débarquement et falaises d'Etretat) et si le dispositif d'accompagnement environnemental est satisfaisant (enfouissement des câbles au fond de la mer et création de récifs artificiels dans la partie immergée de l'éolienne pour la pêche)
Dans ce contexte a priori favorable, on pourrait se réjouir par exemple comme le fait Ouest-France, édition caennaise ce 15 novembre 2012 que Le Havre s'apprête à équiper en éoliennes la baie de Saint-Brieux: pour une fois, les Normands ont une longueur d'avance sur les Bretons...
Sauf que, sauf que... On peine à voir en quoi les deux régions administratives normandes aurait décidé d'une COOPERATION STRATEGIQUE INTER-REGIONALE SPECIFIQUE pour piloter ou accompagner le développement de cette filière essentielle pour l'avenir industriel de la Normandie...
Laurent Beauvais a plaidé pour Cherbourg et Alain Le Vern pour Le Havre avec, quand même, quelques arrières pensées qui trainaient ici ou là dans la presse ou certaines déclarations publiques quant à une nouvelle manche du CLOCHEMERLE NORMAND (après les aéroports, les ports?)
Et après le soulagement d'avoir enfin constaté que les projets de Cherbourg et du Havre étaient plus COMPLEMENTAIRES que CONCURRENTS, il se trouvera forcément un responsable bas ou haut normand pour dire que les deux Normandie(s) ont su défendre deux projets (l'un au Havre et l'autre à Cherbourg) au risque d'une compétition inutile (certains évoquent même la "COOPETITION", mot étrange formé de coopération et de compétition) ou d'un risque d'effet doublon alors qu'un pilotage régionale normand unique aurait pu nous permettre d'aller plus vite, de voir plus grand et plus loin en organisant sereinement et totalement les choses entre Le Havre et Cherbourg.
Le navire normand conserve donc sa double timonerie, l'une tournée vers la proue et l'autre vers la poupe et les deux passerelles ne communiquent toujours pas entre elles...
C'est pourquoi, au lieu de faire un pôle de compétitivité MER commun ou d'être ensemble dans un pôle MER avec les autres régions des côtes françaises de la Manche, les Normands demeurent divisés puisque la Basse-Normandie, n'ayant pas pu établir une coopération stratégique sur les EMR avec la Haute-Normandie a préféré adhérer au POLE MER BRETAGNE... qui s'apprête à soutenir fortement le développement des EMR à Brest!
POUR SE MARIER IL FAUT DONC ETRE DEUX... Au risque d'être COCU!