Les annonces faites par Alain Le Vern vendredi 17 mai sur l'avenir possible du projet de Ligne Nouvelle Paris Normandie avant même que ne soit connu le contenu du rapport qui sera présenté le 15 juin prochain le député-maire PS de Caen par Philippe Duron en sa qualité de président de la commission nationale "Mobilités 21" ont eu le don, comme d'habitude, d'empoisonner l'atmosphère politique déjà bien lourde autour de ce projet essentiel pour l'avenir même de la Normandie...
La question est de savoir si le projet sera techniquement et financièrement vivant à l'horizon 2025 /2030:
beaucoup d'eau peut couler sous les ponts et la Normandie qui se déglingue depuis 30 ou 40 ans, est devenue une école de patience: mais là! Faut pas pousser! Les calendes grecques sont, en fait,normandes!
L'autre question qui se pose, désormais, c'est comment va-t-on s'occuper (ou nous occuper) d'ici là:
2015 /2025, voilà dix ans qu'il ne faudrait pas perdre comme on a perdu 40 ans depuis 1972, date de la confirmation de la division désastreuse de l'espace géo-historique des cinq départements normands en deux régions politico-administratives qui s'ignorent, se méprisent et qui coopèrent que faiblement...



Les voitures où il y a deux volants, on les trouve sur les manèges pour les enfants... et ça tourne en rond, en rond, "pour de faux" disent les enfants...
Mais sur les manèges, les enfants dans leurs jeux sont plus sérieux et intelligents que certaines grandes personnes occupées à de soi-disantes "grandes affaires"!
Prendre au sérieux l'évidence normande consiste à développer des convergences, des coopérations, des synergies, un esprit d'équipe, une vision commune, des actions complémentaires préalablement concertées, un agenda commun, un plan de communication, une stratégie commune, une solidarité, une intelligence du territoire à l'échelle pertinente et de son potentiel, une fierté, un sens de l'identité commune d'un ensemble régional, la défense d'un intérêt collectif, la mise en valeur d'un BIEN PUBLIC normand qui a un intérêt national et une notoriété internationale...
Mais cela veut dire qu'il faut accepter l'évidence en tant que telle: la réalité, si on s'en moque, si on se joue d'elle, se venge de toute façon, tôt ou tard...
Une vraie politique inter-régionale normande ne peut qu'être celle qui doit préparer la nécessaire fusion des deux régions administratives actuelles:
la société civile normande, les forces vives régionales, voire une partie de la classe politique le démontrent...
Depuis le début des années 2000, ça coopère, ça se rapproche, ça fusionne de partout en Normandie... sauf du côté des conseils régionaux!
INTEGRER L'EVIDENCE NORMANDE c'est PREPARER L'UNITE de la Normandie:
l'unité ne veut pas dire uniformité ou perte de proximité.
Seule une mauvaise foi d'arrière garde peut se croire autorisée d'affirmer de telles contre-vérités...
Ainsi, si l'on considère les postures politiques (ou impostures...) prises par certains grands élus régionaux dans le débat sur la "réunification" de la Normandie, on peut dire que ce débat régional d'intérêt général ressemble à ceux que nous avons sur les grandes questions environnementales:
La pollution de la planète, le réchauffement climatique, la disparition des espèces vivantes, la raréfaction des ressources, etc... On est tous contre (ou pour l'écologie, la décroissance, les énergies renouvelables etc...) Mais on a tous de mauvaises raisons pour continuer à nous vautrer dans de vieilles habitudes aussi confortables que rassurantes. C'est ainsi que les fossoyeurs de l'idée d'un intérêt général régional normand font encore une carrière politique en creusant le "trou normand" (ou "l'angle mort") comme d'autres ont fait une carrière politique en creusant le trou dans la couche d'ozone...
Donc, la Ligne Nouvelle Paris Normandie, pour remettre à niveau l'Axe Seine, couloir logistique d'intérêt national et européen, ce ne serait pas avant 2025 voire 2030, pour que les ports normands ne soient pas définitivement concurrencés par Anvers, Rotterdam ou Hambourg... pas avant 2025. Pour que les usagers normands puissent enfin préférer le train à leurs bagnoles entre deux villes normandes ou pour aller à Paris: pas avant 2025 ou 2030!
Politiquement, c'est intenable!
Attendons donc les prochaines conclusions de la commission "Mobilités 21" présidée par Philippe Duron qui doit dessiner l'avenir des transports en France pour nous faire une religion définitive...
2015: prochaines élections régionales en Normandie... S'agit-il de choisir votre chaise dans la salle d'attente? (chaise de droite ou de gauche?)

Ou alors s'agit-il d'entrer ENFIN dans l'ATELIER, le LABO de l'UNITE NORMANDE?
En 2016, il n'y aura qu'une seule chambre de commerce et d'industrie en Normandie: les milieux économiques normands seront organisés en région normande avec une vision commune de la Normandie. Vont-ils tranquillement patienter dans la salle d'attente du docteur LE VERN?
Evidemment NON!
Préparer la perspective 2025 c'est concrètement enclencher enfin une vraie coopération inter-régionale normande stratégique pour réussir la LNPN et l'Axe SEINE:
Concrètement cela veut dire au moins de créer un Groupement d'Intérêt Public "Normandie" à partir des deux actuels conseils régionaux, d'instituer un "G 10" des collectivités normandes (les deux régions, les cinq départements et les trois grandes agglos), de créer une commission permanente commune aux deux conseils régionaux et aux deux CESER normands pour piloter sérieusement l'enjeu commun aux deux rives normandes de la Seine: la perspective étant, à terme, (tout est là...) la fusion régionale normande au niveau administratif et politique alors qu'elle existera déjà de façon pragmatique depuis 10 ou 15 ans chez nombre d'acteurs de l'économie et de la société civile normande...
Laurent Beauvais, président PS de la région Basse-Normandie approuve et souhaite cette perspective en proposant que la Commission Nationale du Débat Public soit saisie du dossier de la réunification de la Normandie pour le sortir de la pollution politicienne...
Alain Le Vern, président PS de la région Haute-Normandie, refuse cette perspective en déballant des trésors de pacotilles politiques et de mauvaise foi... au point qu'on ne sait plus exactement ce qu'il pense de l'essentiel: il dit préférer la réalité des projets aux frontières administratives mais la peur de voir la "Grande" Normandie (brrr!!! on tremble!) un jour passer à droite est plus forte chez lui que l'envie ou la volonté de conduire un projet au service d'une vision...
Si le docteur Le Vern reste en poste après 2015, autant aller de la Normandie ... au cimetière!
Les réactions politiques en Basse- Normandie suite aux annonces faites ce week-end sur l'avenir de la LNPN:

La mise au point de Laurent Beauvais sur son blog:
http://lbeauvais.typepad.fr/
Les récentes orientations retenues à l'unanimité par la Conférence des exécutifs bas-normands ( La Région , les 3 Départements , les 5 agglomérations ), lundi 13 Mai dernier à propos du projet LNPN , semblent perturber l'opposition régionale UMP-Centre et la député Nicole Ameline , si j'en crois de récents communiqués ( Ouest France du 17 Mai notamment ) .
http://www.cr-basse-normandie.fr/index.php/la-region/la-region-communique/communiques-de-presse/3959-la-ligne-nouvelle-paris-normandie-et-l-axe-paris-seine-normandie-a-l-ordre-du-jour-de-la-conference-des-executifs
Il ne faut pas tromper les gens en ne parlant que partiellement des orientations nouvellement proposées . Ainsi oublier délibéremment que les investissements nouveaux sur le tronçon Mantes /Evreux , dans le scénario 2025 à plus de 5 milliards d 'euros , contribueront avec ceux prévus entre Mantes et Paris, à un gain de temps total de plus de 20 minutes à partir de Caen, est une faute politicienne .
Le débat n'est pas entre deux régions ( je vois que l'on oppose le projet de gare à Rouen aux intérêts de la Basse-Normandie et Philippe Duron à Laurent Fabius ! ) ), le vrai projet depuis le début est de promouvoir en même temps les deux lignes normandes , Le Havre/ Rouen/ Paris et Cherbourg/Caen /Paris . Ce que n'avait d'ailleurs pas proposé l'ancien Président de la république en privilégiant le Havre.
La position arrêtée retient par ailleurs l'objectif du projet initial ( Caen à près d'une 1h 15 de Paris ) avec notamment la réalisation du fameux "Y" , après Mantes vers les deux normandies . Mais il est vrai que l'échéance de cette amélioration du projet ( près de 3 milliards d 'euros supplémentaires ) est repoussée à l'horizon 2030 . J'en conviens, c'est beaucoup plus loin que la promesse faite par Nicolas Sarkozy de réaliser en 2017 la liaison rapide avec le Havre seulement .
Les Conseil économiques sociaux et environnementaux ( CESER ) des 3 régions vont donner leur accord à cette sage proposition , quoiqu'encore bien coûteuse ( qui va payer ? ) . Les élus d'Europe Ecologie Les Verts partagent désormais cette approche plus réaliste mais aussi plus pertinente car je pense qu 'il faut inscrire vaille que vaille le projet LNPN dans les propositions de la Commission Mobilités 21 .
Les consensus gènent parfois quand ils sont là pour défendre l'intérêt général. Cette unanimité nouvelle associée à un pragmatisme intelligent et bien compris par les futurs contribuables et usagers , dérange peut être ceux qui continuent à croire que cette promesse sarkozienne peut rester dans l'esprit des plus raisonnables citoyens .
C 'est bien là le défaut d'une certaine droite bas-normande , faire rêver d'abord et faire oublier ensuite pour continuer à se lamenter ( on se souvient peut être de l'échec du projet de liaison rapide étudié dans les années quatre vingt dix ) . Ce n'est pas ma conception de l'action . J'ai compris que le projet initial à 11 milliards d'euros était irréalisable à moyen terme dans le contexte économique actuel. Je préfère tenir un petit bout qui apportera des premières réponses que perdre tout et laisser le désespoir ferroviaire bas-normand perdurer des années encore.
Voilà une façon de gouverner et de prendre ses responsabilités qui mérite débat .
Les mises en demeures de Philippe Duron par les élus UMP de la région sont ridicules. Ils ne pensent qu 'aux municipales . En se trompant ainsi de sujet ils renforcent la crédibilité de Philippe Duron dans ce dure combat que nous allons gagner . Il a toute ma confiance et tout mon soutien.
Commentaires de Florestan:
Pour le financement, il faudra aller au delà de l'habituelle coopération Etat, collectivités, Europe, SNCF-RFF... En 2016, la CRCI Normandie sera un acteur majeur sinon le principal acteur de l'avenir normand: on peut imaginer pour la LNPN le dispositif qui a permis à la seule CCI du Havre de financer le pont de Normandie avec le succès que l'on sait. Le recours à un grand emprunt régional est à étudier de même qu'une contribution spécifique de la SAPN, la sangsue autoroutière aux Normands: ce serait bien le moins!