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Venu signer le « pacte d'avenir pour la Bretagne», vendredi 13 décembre à Rennes, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, s'est engagé en faveur d'un approfondissement de la décentralisation et pour la ratification de la charte européenne des langues régionales. Deux des chevaux de bataille des « bonnets rouges », qui avaient annoncé quelques heures plus tôt leur intention de préparer des « Etats généraux de la Bretagne ».
Le « pacte d'avenir», qui avait été adopté à une courte majorité par le conseil régional, jeudi, prévoit environ 2 milliards d'euros de crédits – nouveaux ou déjà décidés – pour répondre aux crises que connaît la Bretagne. Il propose des mesures d'urgence pour les salariés victimes des restructurations, un plan spécifique pour l'agroalimentaire et un soutien à l'économie régionale.
Soulignant que ce pacte avait été « conçu par des Bretons et pour les Bretons », M. Ayrault a assuré qu'il n'était « pas une fin mais un début ». « Ce pacte d'avenir, ce n'est pas “l'Etat au chevet de la Bretagne”. C'est la Bretagne qui prend son destin en main et qui trace son propre chemin », a-t-il insisté. C'est cette voie que le gouvernement entend approfondir, au-delà des mesures d'urgence et pour l'ensemble des régions. « Pour relever tous ces défis, nous avons besoin de régions fortes, innovantes et influentes, capables de se mobiliser pour tirer vers le haut la croissance du pays », a déclaré M. Ayrault.
TRANSFERT DE NOUVELLES COMPÉTENCES
Après avoir repris l'initiative en annonçant, à la mi-novembre, une « remise à plat »de la fiscalité pour 2015, le premier ministre a ouvert, vendredi, un second chantier pour les mois qui viennent, en redonnant de la vigueur à un dossier qui semblait jusqu'alors quelque peu encalminé : la décentralisation.
Avant sa présentation en conseil des ministres, le 10 avril, cette réforme avait été divisée en trois volets – action publique territoriale et métropoles, mobilisation des régions, démocratie locale –, chacun devant suivre son propre parcours parlementaire. Le premier est encore en cours de discussion au Parlement.
A Rennes, le premier ministre a évoqué le deuxième projet de loi, qui concerne les régions et les départements. Indiquant qu'il serait inscrit à l'ordre du jour du Parlement en avril 2014, après les élections municipales, M. Ayrault s'est dit favorable à ce qu'il soit « renforcé » et aille « encore plus loin ».
La direction indiquée est celle d'un transfert aux régions de nouvelles compétences, et d'une plus large autonomie en matière d'aménagement et de développement du territoire. M. Ayrault est allé plus loin encore en évoquant la possibilité pour les régions d'expérimenter des « modes d'organisation innovants », ou d'adapter l'exercice de certaines compétences.
Ce schéma très souple accorderait un large pouvoir de décision aux régions et romprait avec une forme traditionnelle de délégation des compétences de l'Etat aux collectivités territoriales. D'autant plus que M. Ayrault entend également donner davantage de marge aux exécutifs locaux pour « adapter les règles aux spécificités des territoires ».
« CULTURE ET DIFFÉRENCE »
Le premier ministre s'est ensuite efforcé d'anticiper le débat que ses annonces ne manqueraient pas de relancer. « La France n'a pas à craindre les identités régionales. Elle a même tout à gagner à laisser s'exprimer dans leur diversité tout ce que les régions portent en elles de culture et de différence », a-t-il déclaré, avant de prononcer quelques mots en breton au terme de son discours.
L'Association des régions de France (ARF) a salué ces « importantes avancées institutionnelles proposées par le gouvernement pour l'ensemble des régions ». L'ARF, présidée par le socialiste Alain Rousset, a précisé qu'elle ferait « des propositions innovantes début 2014 » sur les différents points abordés par le premier ministre.
Dans un communiqué titré « Jours sombres pour l'unité et la souveraineté de la République », le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon a exprimé un tout autre point de vue. Reprochant au gouvernement d'avoir offert « à la minorité autonomiste de Bretagne des droits qui rompent l'égalité de tous les Français », il a dénoncé une « vente à la découpe de l'unité de la loi ».
Commentaire de Florestan: