Quelques nouvelles de la Ligne Nouvelle Paris Normandie... et de la démocratie
Des nouvelles de la Ligne Nouvelle Paris Normandie?
Une ligne nouvelle devrait commencer par donner des... nouvelles: fin septembre dernier, le premier COTER (à savoir le comité territorial qui rassemble les acteurs concernés par l'implantation locale des infrastructures du projet global) se réunissait à Rouen puisque la section ROUEN -YVETOT est considérée comme prioritaire.
Cette première réunion rouennaise et normande marque symboliquement l'ouverture de la concertation de l'étape 1 des études préalables à l'enquête publique, une étape qui concerne la période 2014- 2016.
Présidé par le préfet de région de Haute-Normandie Pierre-Henry Maccioni, réputé proche de Laurent Fabius qui est tout sauf un "djihadiste vert" pour reprendre la formule très frappante du non moins frappant Xavier Beulin, président de la FNSEA, le COTER, nous précise la Chronique de Normandie (n°377 en date du 6 octobre dernier) rédigée par Bertrand Tierce (un autre proche des milieux fabiusiens haut-normands), est "une instance d'information pour tous les élus et les corps intermédiaires concernés".
Question: les citoyens, les riverains, les usagers font-ils partie des fameux "corps intermédiaires" d'une démocratie particulièrement bien encadrée en France au point que notre démocratie a le triste privilège que personne nous enviera de pratiquer la mort préventive et préalable de militants citoyens pour déclencher une vraie enquête d'utilité publique, pour risquer une vraie concertation avec l'ensemble des citoyens concernés non pas pour enterrer le projet mais pour l'améliorer sensiblement?
Sauf qu'en France où la tradition de la prise de décision est autoritaire, discrétionnaire, voire arbitraire (et opaque avec le risque de corruption qui va avec), la culture démocratique peine à exister.
En 2011, lors du Débat Public présentant le projet de LNPN, notre collectif citoyen et républicain "Bienvenue en Normandie" avait rédigé un cahier d'acteur favorable au projet et parfaitement normand dans son esprit modéré, où nous défendions la vision d'une nouvelle conception de la grande vitesse ferroviaire, "la grande vitesse de proximité", à égal distance des délires technophiles des plus ardents aménageurs et des délires les plus idéologiquement obtus de certains militants écologistes.
A l'occasion de l'une des nombreuses soirées organisées par la commission du débat public pour présenter le projet de LNPN, nous avions fait remarquer que l'aménagement de l'avant-port artificiel du plus grand port européen (et 3ème port mondial), à savoir Maavlaskte II en aval de Rotterdam, avait été entièrement produit par le débat public citoyen local à partir de groupes de travail où le projet des ingénieurs a été amélioré par les propositions des usagers, des salariés, des professionnels du port, par les citoyens riverains et par les associations de défense de l'environnement: la concertation a duré plusieurs années et elle fut sérieuse et respectée car aucun acteur n'avait l'outrecuidance de penser plus haut ou plus fort que les autres.
L'extension du port de Rotterdam conquise sur la mer: entièrement conçue à partir d'un grand débat public. A droite de l'image: des éoliennes et une réserve ornithologique intégrée au projet portuaire.
Voilà une heureuse et belle méthode à la sauce batave que devrait méditer d'urgence la France "hollandaise" autoritaire corsetée de privilèges, quadrillée à tous les niveaux par les "arrangements entre amis", les "renvois d'ascenseur" (en langage judiciaire: "prise illégale d'intérêt" ou "collusion") avec, au final, le mépris, voire la crainte mortifère (on l'a vu ce week-end dans le Tarn) de ceux qui savent tout et qui décident de tout pour tous les autres qui ne sauraient rien car ils ne décident de rien.
Concernant cette affaire de retenue d'eau collinaire dans le Quercy qui serait "surdimensionnée", qui ne serait pas utile aux dires d'un rapport d'expertise trop tardif (on se demande bien pourquoi), voire, qui aurait bénéficié de subventions européennes indues, Il a fallu attendre qu'il y ait un mort pour que la ministre en charge de l'Ecologie organise enfin le début d'une vraie concertation entre tous les acteurs concernés. Pitoyable !
La démocratie française, contrairement à un certain standard européen (on pensera au débat public pratiqué aux Pays Bas, aux votations suisses, au fédéralisme paritaire allemand ou aux conférences de "dissensus" des pays scandinaves) en est encore au stade infantile où les élus et décideurs publics confondent légalité et légitimité car pour eux, la démocratie en France c'est un dimanche électoral tous les 5 ou 6 ANS...
Revenons au premier COTER de la LNPN:
1° A la réunion, le préfet a tout décidé et validé.
2° La future gare de Rouen rive gauche Saint Sever sera localisée sur le site ferroviaire du SERNAM en bord de Seine.
3° La démocratie ne prend pas le TGV.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gare_de_Rouen-Saint-Sever#mediaviewer/File:Rouen_GarePrefecture_01.jpg