Michel ONFRAY : la réunification est un mariage forcé... (mais ce n'est pas celui que l'on croit !!!)
Michel ONFRAY que nous apprécions par ailleurs en tant que philosophe normand universel n'en démord pas...
Dans un tout récent entretien accordé à Normandie Magazine, le philosophe qui a fait le choix de penser le cosmos depuis notre campagne normande affirme à nouveau que la réunification normande dont il soutient la légitimité, le débat n'en est plus là (heureusement), est un mariage forcé imposé aux Bas-Normands par la Fabiusie rouennaise gouvernementale et ... hollandaise ! Et que la réunification à la sauce Fabius rouennaise n'est pas la réunification à la mode de Caen: le jacobinisme centralisateur est la seule grille de lecture dans laquelle se sont enfermés nos ministres... fabiusiens. Bernard Cazeneuve n'est pas girondin, on le sait, quand il a tenté de justifier une réforme régionale esquivant l'identité régionale... sauf pour la Normandie qui, grâce à son régionalisme modéré (inexistant diront certains) sera la seule région à être, à la fois, une circonscription pour l'action publique et une province géo-historique.
En conséquence, la Normandie, seule vraie région de France désormais, n'en est que plus exemplaire et il est de la plus grande importance qu'il soit possible de penser et de mettre en oeuvre depuis le cas d'école normand, une alternative régionale et démocratique, d'esprit fédéraliste et girondin face à un modèle autoritaire centralisateur jacobin à bout de souffle qui épuise notre énergie démocratique et exaspère le peuple souverain.
Une nouvelle fois, nous partageons le constat de Michel Onfray tout en y mettant certaines nuances avec surtout une divergence essentielle:
Contrairement à ce qu'il déclare, nous pensons que Charlotte Corday est plutôt en train de ressusciter et que les acteurs régionaux des cinq départements normands s'y préparent, les initiatives d'une société civile normande en plein réveil sont nombreuses et elles ne sont pas que bas-normandes.
Il suffit, par exemple, d'observer la bonne volonté avec laquelle le quotidien rouennais "Paris-Normandie" rend compte des réalités et initiatives bas-normandes à son lectorat de Haute-Normandie et combien le quotidien régional breton Ouest-France rechigne toujours à faire cet effort de curiosité pour l'autre moitié normande à moins de six mois d'une unité normande si longtemps attendue !
L'entretien du mépris et de la méprise entre Normands justement diagnostiqué par Michel Onfray qui voudrait comme nous tous la renaissance d'une fierté normande "ni haute" (sans chauvinisme) "ni basse" (sans haine de soi) se fait moins à Rouen qu'à... Rennes où l'on s'était confortablement habitué à cette identité régionale négative de basse intensité "bas-normande".
Enfin, si l'on devait parler de "mariage forcé", ce serait plutôt celui d'une Fabiusie rouennaise crépusculaire et vacillante après les révélations en cours de Médiapart, à l'idée normande ! Et ce "mariage forcé" a bien eu lieu effectivement...
http://normandie.canalblog.com/archives/2014/06/01/29993167.html
Il fut célébré le lundi 2 juin 2014 à l'Elysée, lorsque le Rouennais Hollande, après une visite impromptue la veille dans le Calvados, a imposé définitivement le principe de l'intégrité territoriale normande au Rouennais Fabius qui n'en voulait surtout pas à quelques jours de la commémoration internationale du 70ème anniversaire du Débarquement de 1944 !
A quelques mois des futures élections régionales, premières élections générales de l'histoire normande, qui ne sera pas le match entre Haute et Basse ou le clochemerle entre Caen et Rouen mais plutôt la révélation de l'opposition entre une Fabiusie retranchée dans la métropole rouennaise et toutes les autres grandes collectivités territoriales normandes à commencer par les cinq départements qui ont déjà annoncé leur intention d'expérimenter une esquisse de fédéralisme normand, nous faisons à Michel Onfray les deux propositions suivantes:
1) Organiser une conférence publique suivie d'un débat à Rouen sur le thème du fédéralisme normand
2) Organiser une rencontre nationale des régionalistes girondins qui pourrait se faire en Normandie avec nos amis régionalistes Bretons, Alsaciens, Savoyards qui souffrent actuellement de cette carte absurde à 13 régions. Sur la question des réunifications régionales, une rencontre avec nos amis Bretons de l'Union démocratique bretonne aurait une certaine pertinence: il s'agirait de réitérer ce qu'un Arcisse de Caumont avait su entreprendre dans les années 1860 avec son congrès des provinces de France...
- Ci-après, l'extrait de l'entretien donné à Normandie Magazine par Michel Onfray qui concerne la question régionale normande:
http://normandie-magazine.fr/actualite/2115-interview-de-michel-onfray.html
Créateur de l'Université populaire de Caen, Michel Onfray, philosophe et écrivain fécond, vient de faire paraître Cosmos qu'il considère comme son "premier livre". Une tentative pour rester debout quand les fureurs du monde nous emportent et quand notre civilisation est en train de sombrer.
Vous êtes intervenu dans le rassemblement "Caen cause normand ". Vous qui êtes bas-normand et content de l'être, quel regard jetez-vous sur la façon dont s'esquisse la réunification ?
- "Il s'agit moins d'une esquisse que d'un mariage forcé... Depuis cette belle réunion, je n'ai pas vu de fédération des énergies bas-normandes suffisamment forte pour peser sur des décisions qui ont, je le crains, déjà été prises à Paris. On sait de quel poids pèse là-bas le ministre des Affaires étrangères (de Rouen) qui est ami avec le ministre de l'Intérieur (de Cherbourg)... Quel homme politique bas-normand d'envergure nationale a pris fait et cause pour la Basse-Normandie ? Aucun... Le jacobinisme fait la loi ici comme ailleurs. Et François Hollande est un jacobin emblématique. J'avais fait savoir, lors de ce rassemblement, que Caen avait une tradition girondine qui lui permettrait de prendre la tête nationale d'une fronde exigeant que les régions décident elles-mêmes de leur destin et non la capitale. Certes, il y a une cohérence à réunir les deux Normandies. Et je suis pour cette réunification. Mais il n'y en a aucune à réunir certaines régions de France historiquement hétérogènes. Nous aurions pu, nous, Bas-Normands, interpeller l'État et en appeler aux régions par voie de presse pour dire notre désir d'États généraux et de cahiers de doléance provinciaux dans la perspective de faire de ces réunifications l'expression de volontés populaires enracinées plus que d'une décision de volontés jacobines centralisées à Paris. Nous avons laissé passer le coche de l'histoire - comme en 1793... Charlotte Corday est morte pour rien."
- Pour mémoire, notre analyse de cette réforme territoriale plutôt catastrophique... sauf pour la Normandie:
http://normandie.canalblog.com/archives/2014/11/20/30993484.html