CRISE LAITIERE (2): LA GRANDE JACQUERIE DES AGRICULTEURS NORMANDS !
Depuis notre précédent billet sur ce sujet d'une chaude actualité, la situation s'est aggravée...
Dimanche 19 juillet 2015 en soirée, les accès routiers de l'agglomération caennaise étaient bloqués par des dizaines de tracteurs d'exploitants agricoles en colère.
Selon le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, ce serait 10% des quelques 400 000 exploitations agricoles françaises encore subsistantes qui seraient menacées de faillite !
Rappelons que le marché alimentaire français est dominé à 90% par quatre grandes centrales d'achat contrôlées par les géants de la grande distribution (groupes Carrefour / Leclerc/ Intermarché/ Super U / Géant Casino)
Rappelons enfin qu'une majorité des consommateurs mais aussi des jeunes agriculteurs (selon une récente étude de la MSA) NE VEULENT PLUS DU MODELE AGRO-PRODUCTIVISTE ACTUEL: LE RETOUR A LA QUALITE "BIO-CAL" (pour biologique et local) S'IMPOSE !!!
AVEC SES 14 AOC LA NORMANDIE DEVRAIT ETRE LA REGION PILOTE EN FRANCE D'UN RETOUR A LA QUALITE AGRO-ALIMENTAIRE !!!
Le monde agricole est à bout. Au lendemain de l’appel de François Hollande à la grande distribution pour améliorer leur rémunération, plusieurs centaines d’éleveurs de porcs et de bovins et des producteurs de lait du Calvados manifestaient, dimanche 19 juillet, près de Caen contre la faiblesse des prix de leurs produits et la « situation très tendue » qu’ils connaissent.
Les manifestants, venus à bord d’environ 150 tracteurs et engins agricoles, dont les bennes étaient notamment remplies de fumier ou de gravats, se sont donné rendez-vous en début d’après-midi à Fontenay-le-Pesnel, à l’ouest de Caen. Ils prévoyaient de mener des actions dans la région de Caen.
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« C’est une des plus grosses mobilisations dans le Calvados de ces dernières années », s’est félicité Sébastien Debieu, secrétaire général de la fédération départementale des syndicats d’exploitants (FDSEA) du Calvados, auprès de l’Agence France-Presse. « On veut que Stéphane Le Foll vienne en préfecture, à Caen, pour qu’on trouve des solutions pour les trésoreries des exploitations », a-t-il ajouté.
« Agriculteurs en colère », « Vous nous laissez mourir », « Le Foll t’es où ? », pouvait-on lire sur des banderoles accrochées aux tracteurs. Cette manifestation « répond à une situation très tendue », a expliqué Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados.
Les agriculteurs, qui protestent dans toute la France depuis plusieurs semaines, estiment que les trop faibles prix de la viande, de porc comme de bœuf, ne leur permettent pas de couvrir leurs coûts de production.
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L’Etat « dominé par la grande distribution »
« La situation se dégrade de jour en jour », selon M. Heurtin, lui-même éleveur de bovins. « On avait mis beaucoup d’espoir sur la table ronde du 17 juin », à l’issue de laquelle les acteurs de la filière (transformateurs, grande distribution) s’étaient engagés à augmenter les prix de la viande payée aux éleveurs.
« Mais ces acteurs ne respectent pas les accords, a-t-il ajouté. Si les prix ont augmenté dans certaines grandes surfaces, on ne retrouve pas cette augmentation dans les prix payés à l’éleveur », déplore-t-il.
L’appel de François Hollande à la grande distribution la veille ? M. Heurtin n’y croit pas. Pour lui, l’Etat « est dominé par la grande distribution et n’a pas les moyens pour lui imposer une politique des prix ». « Il faut que Le Foll reprenne la main pour faire respecter les accords », a de son côté affirmé M. Debieu.
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Avec toutes les clés de la filière en leur possession (organisation de producteurs par entreprise, gestion des volumes, concentration de la production…), les industriels sont actuellement en position de mettre en place un véritable plan de restructuration de la filière laitière. En clair, un plan de licenciements est en marche pour assurer la disparition de dizaines de milliers d'éleveuses et d'éleveurs laitiers ! Ce n'est donc pas que la crise du lait ne les intéresse pas, c'est qu'elle leur est utile !
Les pouvoirs publics, coupables de cette situation par leur désengagement, doivent agir pour redonner du pouvoir aux éleveurs ! Il est désormais clair qu'ils doivent prendre des mesures d'urgence sur la crise sans attendre un assentiment qui ne viendra pas des industriels qui préfèrent jouer la division entre producteurs.
Dès aujourd'hui, la Confédération paysanne va aller interroger les laiteries pour exiger des explications sur le prix du lait et la stratégie employée pour faire remonter les prix. Les éleveurs de la Loire et du Rhône seront mobilisés cet après-midi devant une laiterie Sodiaal (1ère coopérative laitière en France). Nous ne laisserons pas les industriels, qu'ils soient privés ou coopératifs, jouer avec l'avenir des éleveuses et des éleveurs !
*Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. Le collègue producteur regroupe la section spécialisée lait de la FNSEA* (FNPL* – Fédération nationale des producteurs de lait avec le syndicat Jeunes agriculteurs) et la Confédération paysanne. Les transformateurs sont représentés par la FNIL (Fédération nationale des industries laitières) et par la FNCL (Fédération nationales des coopératives laitières).
Voir aussi les analyses de la Confédération paysanne sur la crise actuelle de l'élevage (16 juillet 2015) qui nous paraissent plus pertinentes que celles de la FNSEA qui propose à ses adhérents de ne boire que le poison actuel jusqu'à la lie !
Selon eux, la solution serait dans le désendettement des paysans. Sauf qu'ils n'ont pas comme objectif de les sortir d'une situation catastrophique, mais plutôt de leur permettre d'investir encore, de s'endetter encore, de produire encore plus ! Bref, on efface la situation actuelle, et on la reproduit.
Les éleveurs en ont ras-le-bol de ces grand'messes à répétition qui ne font que confirmer la catastrophe ! Les pouvoirs publics et leur volonté de dérégulation sont largement à mettre en cause dans cette situation. Il faut agir d'urgence sur les prix et revoir le fonctionnement même de ces filières malgré les réticences des industriels. La Confédération paysanne a toujours été porteuse de réelles solutions pour l'élevage. Reste à savoir si l'objectif de nos gouvernants est bien de trouver des solutions...