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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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10 juin 2016

VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER AGRO-INDUSTRIEL BRETON: pollutions, intoxications, maltraitance animale, suicide des hommes

Le ministre-président de Bretagne, Jean-Yves LEDRIAN est une...

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Mais il n'y a pas que lui...

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Le préfet, le procureur de la République, le directeur régional de la Santé, les élus locaux et régionaux, le directeur de la chambre régionale d'agriculture, le directeur régional du crédit agricole, le secrétaire régional d'un grand syndicat agricole, le président de tel ou tel lobby agro-industriel etc, etc... refusent de l'admettre:

De fait, les algues vertes sont un "produit phare"

Résultat de recherche d'images pour

Mais qui peine à obtenir sa labelisation politique...


 

Une étrange décision du Ministre de la défense de la Bretagne a remis le lancinant problème des algues vertes sur le devant de la scène:

http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/algues-vertes-en-bretagne-des-verites-qui-derangent-796737

Algues vertes en Bretagne : des vérités qui dérangent
INFO FRANCE INFO par Inès Léraud jeudi 9 juin 2016 18:41, mis à jour le vendredi 10 juin 2016 à 06h00
Des algues vertes sur la plage de Saint-Michel-en-Grève dans les Côtes d\\\'Armor
Des algues vertes sur la plage de Saint-Michel-en-Grève dans les Côtes d'Armor © MaxPPP

Les algues vertes : une pollution qui infeste les plages de Bretagne depuis un demi-siècle. Ultra-toxique, elle fait fuir les touristes et a déjà tué. C’est le résultat de plusieurs décennies d’aveuglement des pouvoirs publics face à un phénomène qui oppose tenants de l’agriculture intensive et défenseurs de l’environnement.

On continue de ramasser chaque année 50.000 tonnes d’algues vertes en Bretagne. Le déficit pour la région et pour le tourisme est estimé à plus d’un milliard d’euros. Mais au-delà du coût économique, ces algues peuvent poser un risque majeur pour la santé publique : quand elles pourrissent, et ce dans un délai de quarante-huit heures, elles développent un gaz ultra toxique, de l’hydrogène sulfuré, qui peut tuer comme du cyanure, en quelques secondes.

L’accident de Saint Michel-en-Grève

Vincent Petit en a fait l’expérience en juillet 2009 sur la plage de Saint-Michel-en-Grève dans les Côtes d’Armor alors qu’il se promenait à cheval : "Après avoir mis pied à terre, je m’enfonce tout d’un coup dans une vasière restée invisible, et ce jusqu’aux genoux. Idem pour mon cheval qui met les antérieurs dans la vase" raconte le cavalier. En quelques instants, il fait un arrêt respiratoire. "A partir de là je vous garantis que ce fut le rideau noir, je n’ai plus aucun souvenir de comment ils s’y sont pris pour me sortir de là, me ranimer et me mettre dans une ambulance" précise Vincent Petit. 

Le lanceur d’alerte et la résistance des autorités sanitaires

A l’hôpital, le cavalier est suivi par un médecin urgentiste Pierre Philippe. Ce dernier a déjà rencontré plusieurs cas similaires d’intoxication. Il alerte même sur ce danger depuis vingt ans mais personne ne veut l’écouter.

Photo de la 1ère lettre de Pierre Philippe envoyée en septembre 1999 aux autorités sanitaires sur un cas d’intoxication aux algues vertes
Photo de la 1ère lettre de Pierre Philippe envoyée en septembre 1999 aux autorités sanitaires sur un cas d’intoxication aux algues vertes ©
De même, lorsqu’il demande une autopsie du cheval décédé, il se heurte à un véritable mur. "Je me suis heurté aux pires oppositions. Je n’avais pas le droit de faire cette demande, il fallait que cela passe par les autorités sanitaires" se souvient le docteur Pierre Philippe. Ce fut "une véritable plaie durant plusieurs matinées passées à me battre pour obtenir cette autopsie" dit-il. Et il ajoute : "La direction de l’hôpital par l’intermédiaire du directeur adjoint est venue m’avertir de faire attention, qu’elle avait reçu des appels de la DDASS, de la préfecture, affirmant que j’étais sur la ligne rouge à ne pas franchir. On m’a bien mis en garde." 

Pourquoi une telle résistance ? En période estivale, hors de question de faire fuir les touristes. Pourtant l’autopsie du cheval est finalement réalisée. Les conclusions sont sans appel aux yeux du cavalier Vincent Petit. "On a constaté des poumons extrêmement congestionnés avec un afflux de sang massif, compatible avec une intoxication par un gaz. Gaz retrouvé à un taux - qu’on ne peut pas dire anormalement élevé puisqu’il n’est pas présent sinon à l’état de trace dans des tissus humains ou animaux - à plus d’un milligramme par kilo de matière. Une quasi bombe atomique dans le poumon !" 

Une bombe atomique qui va provoquer cette fois une déflagration politique. Pas moins de quatre ministres se déplacent en urgence sur les plages bretonnes. Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat à l’Ecologie de l’époque, ne cache pas son inquiétude. "Effectivement les résultats sont très clairs, explique Chantal Jouanno. Les doses de gaz sur les algues en décomposition, cet hydrogène sulfuré, sont le double des doses mortelles. Ce qui m’a frappé dans ce dossier est le nombre d’années où on a joué la politique de l’autruche."

Responsabilité de l’agriculture intensive et lobbyisme

L’origine de ces algues est parfaitement connue. Les chercheurs de l’IFREMER l’ont clairement identifiée : c’est la conséquence de la pollution des eaux par l’agriculture intensive, et ses rejets de nitrates. Mais des lobbies sont à la manœuvre et travaillent avec des experts qui, eux, continuent de distiller le doute comme par l’agronome Christian Buson, consultant pour l’industrie agroalimentaire : "On a voulu voir un symbole dans ces marées vertes : le revers de la médaille de l’agriculture soit disant intensive, sans faire la démonstration réelle que cette cause était sérieuse et valable" remarque l'agronome. Et ne lui dîtes pas qu'il est financé par des grosses entreprises de l'agroalimentaire. "C’est une extrapolation que vous faîtes là ! C’est totalement hors de propos" rétorque Christian Buson. "Vous n'avez jamais été financé par l'agroalimentaire?" : à la deuxième question, la réponse est : "Je n’ai pas à vous parler de ça, c’est hors sujet. Coupez ça." Hors sujet, c’est loin d’être aussi certain.

Un coût élevé mais peu de résultats

En réalité, cette stratégie du doute prolonge l’inaction environnementale. Pire, alors que l’Etat a donné des centaines de millions d’euros de subventions à la Bretagne dans le cadre du Plan Algues Vertes, et, cet argent a servi au contraire, selon Jacques Mangold un ancien adjoint au maire de Saint Brieuc, à augmenter la taille des exploitations agricoles. "Certaines exploitations l’ont utilisé pour améliorer les manières de gérer leurs effluents d’élevage et donc leur nitrate, mais tout l’argent n’a pas servi qu’à ça. Il a permis aussi d’augmenter les capacités de rétention de lisier sur la ferme ce qui permettait aussi de produire davantage" indique l'ancien élu. Selon lui, la mesure a eu un effet nul pour l'environnement mais intéressant pour l’agriculteur puisqu’il produisait plus. "Lorsqu’on sortait de réunion avec l’ancien responsable FNSEA pour l’environnement, il était d’accord pour diminuer les nitrates, mais quand on était dans l’escalier il pensait aussi peut-être à augmenter la production !" raconte Jacques Mangold. 

Et, aujourd'hui, le Conseil Régional présidé par Jean-Yves le Drian (ministre de la Défense du gouvernement Valls), ne fait rien pour arranger les choses. Il vient de supprimer ses aides à un conseil scientifique indépendant qui travaillait justement sur les algues vertes…

  • Sur le même sujet, écouter aussi l'émission de France INTER, "secrets d'infos":

http://www.franceinter.fr/emission-secrets-d-info-algues-vertes-en-bretagne-le-grand-deni


 

Mais il y a peut-être pire...

Il y a quelques semaines, sur l'antenne de Radio France France Culture, dans l'excellente et courageuse émission de documentaires "Les pieds sur terre" proposée par Sonia KRONLUND et diffusée tous les jours en début d'après-midi, une série de reportages plongeant les auditeurs au coeur de la Bretagne agro-industrielle a été diffusée:

C'était... INSOUTENABLE à entendre! Je dis bien: insoutenable à entendre (car, par principe, nous n'avions ni les images et encore moins les odeurs).

C'était littéralement un voyage jusqu'au bout de l'enfer agro-industriel breton avec, notamment, un reportage terrifiant par ses témoignages  (on saluera, d'ailleurs, le courage de ceux et celles qui ont osé parler dans le mircro) sur les conditions de travail dans un abattoir appartenant à une puissante coopérative agricole situé dans une bourgade des Côtes d'Armor: un ancien équarisseur définitivement mis en arrêt de travail pour des raisons tant physiques que psychologiques témoignait sur son "métier" littéralement dantesque au sens qu'au fin fond de l'Enfer de Dante on trouvait, à la fois, une fournaise et de la putréfaction...

Et cet honnête père de famille de pleurer face à ses enfants le soir en rentrant face à leurs questions: "Dis Papa, tu pue la mort, c'est quoi ton métier?" Ou de cauchemarder la nuit en voyant par éclats des images brutales de truies hurlantes ou de corps de vaches gonflées comme des baudruches par ce gaz qui pourrait être récupéré dans un réseau de chaleur urbain pour faire des économies d'énergie, pour lutter contre le réchauffement climatique... Etc, etc...

Tout comme en Allemagne où l'on a poussé plus loin qu'en France, la logique agro-industrielle avec un élevage massif et carcéral (de vraies usines produisant du "minerai de viande") produisant aussi du "bio gaz" (sic), l'enfer breton concentre plus qu'ailleurs en France cet élevage carcéral notamment dans la "filière porcine": "concentration carcérale"... Cela devrait nous rappeler un autre et triste exemple historique!

Nous avons hésité pendant plusieurs semaines avant de publier ce billet sur l'Etoile de Normandie:

Il ne s'agit pas de vider une vaine querelle contre nos voisins Bretons bien agaçants par ailleurs. En Normandie aussi, mais dans une bien moindre mesure, cet enfer agro-industriel montre sa triste réalité: le département de la Manche est ainsi devenu le premier département laitier de France par l'industrialisation de la filière laitière et la condition de la vache laitière n'a plus rien à voir avec l'image édénique de la belle normande bringée à lunettes paissant placidement en son herbage complanté de pommiers en fleurs...

Mais, à la différence du collectivisme forcené des agriculteurs bretons, l'individualisme nonchalant et méfiant des agriculteurs normands nous a paradoxalement permis d'éviter le pire lorsqu'en Bretagne, la "modernisation" de l'agriculture était un militantisme régional!

A l'heure où les exploitants agricoles se pendent au fond de leur granges, où les employés des grands abattoirs survivent à leurs conditions de travail d'arrêt maladie en arrêt maladie, où l'alcoolisme et la banalisation de la cruauté permettent aux salariés de moralement survivre à la souffrance animale...

La politique de l'autruche de Monsieur LE DRIAN ou de Monsieur BEULIN est un scandale moral absolu!

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  • Cliquer sur les liens suivants pour réécouter la série d'émissions "Les pieds sur terre" (les âmes sensibles, s'abstenir...) actuellement diffusée  sur l'antenne de France Culture: "le journal breton" proposé par Inès LERAUD (la journaliste qui a aussi écrit l'article d'enquête sur les algues vertes au début de ce billet)

http://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/journal-breton-88-algues-vertes-le-deni-22

Retour sur "l'affaire Morfoisse", ce transporteur d'algues vertes retrouvé inanimé au pied de son camion en 2009, et dont la mort a été tue pendant plusieurs mois . Son histoire avait défrayé la chronique dans les Côtes d'Armor.

Journal breton (8/8) : Algues vertes : le déni (2/2)

 

http://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/les-pieds-sur-terre-jeudi-19-mai-2016

Installée pour quelques mois dans un hameau en centre-Bretagne, Inès découvre d'histoires en histoires, une Bretagne bien énigmatique... Un médecin urgentiste persuadé que les algues vertes ont tué à plusieurs reprises sur les plages bretonnes, et une victime, racontent les difficultés auxquelles ils ont dû faire face dans les Côtes d'Armor pour rompre le silence qui entoure ce phénomène écologique...

Journal breton (7/10) : épisode 7 : algues vertes, le déni : 1/2


Un tag sur un des bâtiments de la Cooperl à Lamballe
6ème volet : Des employés racontent leurs conditions de travail dans une usine à viande, et nous en apprennent sur ce que nous mangeons.
(attention: ce reportage est insupportable à écouter jusqu'au bout...)
Porcs bretons
Pour le cinquième volet, dans la région de Saint-Brieuc, Inès rencontre deux éleveurs industriels dans leurs porcheries. Ils lui parlent de ces milliers de cochons avec lesquels ils vivent jour après jour.
Barrage agricole
Dans la région de Saint-Brieuc, au coeur des élevages intensifs de porcs et de vaches, rencontre avec des éleveurs, certains en faillite, d'autres ayant trouvé des solutions à la crise.
Pour finir sur une note plus positive...
Arbres bretons
2ème volet : A travers les maëlois et les trémargatois, portrait d'un village agricole de 200 habitants, célèbre en Centre-Bretagne pour son inventivité à repenser la vie collective et l'écologie, Trémargat.
La dureté du pays breton et la solidarité villageoise pour vivre et survivre:
vache bretonne
Premier volet : dans les terres pauvres du Centre-Bretagne, portrait de Coat-Maël et de ses environs, à travers ses paysans, éleveurs de poules et de vaches
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Commentaires
C
Même constat que Barreau pour ma part. Cochons et poules "en vrac", le catalogue pour les tracteurs et le chéquier Credit Agricole sur la table de chevet.
Répondre
B
Il y a plus de trente ans, j'ai eu l'occasion de découvrir quelques élevages industriels porcins appartenant à l'époque au plus grand producteur de cochon en Bretagne. <br /> <br /> Outre le fait que les animaux étaient déjà considérés comme des produits (il fallait envoyer le plus de bêtes possible à l'abattoir chaque semaine quitte à braver l'interdit en envoyant quelques unes avec des abcès...), tous les bretons qu'ils soient travailleurs, ou habitants étaient fiers d'avoir de tels élevages qui représentaient la modernité ( ils se vantaient de "monter" des élevages au Venezuela). c'était pour eux l'agriculture moderne et ils était plutôt fiers de nourrir la France comme ils aimaient le rappeler....ils étaient comme ils sont maintenant, dans une idéologie. Ce sont les mêmes (coiffés de leur bonnet rouge) qui, poussés par leurs patrons, sont allés casser les biens de l'état...
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