METROPOLE de ROUEN: Robert n'est pas le DUC et c'est bien là tout le problème...
Décidément, Rouen n'est pas une métropole régionale comme les autres... Rouen n'est plus dans Rouen comme autrefois Rome n'était plus dans Rome.
1) La métropole de Rouen est la seule métropole de France dont le maire de la ville centre n'est pas le président.
2) La métropole de Rouen est la métropole de France qui compte le plus de communes membres.
3) La métropole de Rouen est surtout la métropole régionale la plus proche de la région parisienne.
4) La métropole de Rouen a pour but d'éviter définitivement que l'ancienne seconde ville de France ne soit qu'une banlieue parisienne.
5) Rouen n'ayant pas été choisie par l'Etat central jacobin parisien pour être "métropole régionale d'équilibre du Nord-Ouest" en 1965 pour mieux annexer la vallée de la Seine normande à la région parisienne en divisant la Normandie, la métropole de Rouen doit partager le peu qui reste de pouvoir métropolitain normand avec Caen et Le Havre.
A ces causes, la métropole de Rouen ne peut être dans une Normandie qui vient à peine de retrouver son unité une métropole régionale comme les autres, à savoir être, sans imagination un "petit Paris de province" et ce d'autant moins que le Grand Paris est à une heure de Rouen en amont...
Il est donc vital pour la Normandie que la métropole de Rouen se renforce. Mais cet affirmation de la métropole rouennaise doit se faire selon une méthode et un projet inédits dans une république française dont la culture administrative et politique est lourdement marquée du poids du centralisme autoritaire jacobin: cette affirmation doit être démocratique, collégiale, coopérative, solidaire, en réseau urbain métropolitain avec Caen et Le Havre afin de construire la première métropole régionale durale en réseau en France comme antidote au modèle dominant de l'hypercentralisation mégalopolitaine à terme, incompatible avec le changement climatique et ses conséquences sociales, économiques et politiques...
Lire, par exemple, cette analyse d'Hervé Nathan (Marianne, N°1069 du 15 au 25 sept. 2017) plutôt pertinente quant aux effets désastreux sur le quotidien des habitants de la course sans fin à la concentration métropolitaine: un réseau métropolitain régional de villes limite sérieusement les effets négatifs de la concentration. La Normandie et Rouen, en particulier, pourraient communiquer sur l'alternative régionale, durable aux enfers grand-parisiens. Dans la perspective des JO de Paris de 2024, il est probable que MM. Morin (à la région Normandie) et Sanchez (à la métropole de Rouen) ont déjà pensé à cette idée pour relancer l'attractivité de la Normandie vis-à-vis de la région parisienne.
On ne trouvera, hélas, aucune allusion à ces réflexions dans l'entretien qui suit accordé par le dernier maire de Rouen au quotidien Paris-Normandie si ce n'est l'idée innovante de faire du fait métropolitain rouennais une réalité politique collégiale pour trancher, dans l'immédiat, entre deux solutions institutionnelles pour faire grandir la métropole rouennaise:
Soit fusionner les communes métropolitaines entre elles pour renforcer le poids de la ville centre dans la métropole (méthode cherbourgeoise).
Soit fusionner la métropole rouennaise avec le département de la Seine-maritime sur le territoire concerné (méthode lyonnaise).
Ce sont des choix politiques et territoriaux importants qui pourraient se faire dans l'indifférence ou l'ignorance citoyenne: si l'on voulait enfin expérimenter pour la première fois en France, à Rouen, cette collégialité démocratique métropolitaine, il faudrait que les élus métropolitains soient élus au suffrage universel direct des citoyens-habitants: c'est ce que permettrait une fusion métropole/ département. Mais pour que ces évolutions majeures qui permettront le redémarrage du moteur rouennais puissent se faire, il va falloir attendre que le Robert qui n'est pas le duc finisse son mandat.
En... 2020.
Interview. Alors que la Métropole n’a jamais été aussi présente et que les finances municipales sont dans le rouge, Yvon Robert recentre les priorités de la Ville sur la proximité. Et tranche sur son avenir en tant que maire.
La rumeur sur sa démission alimente les spéculations politiques depuis des mois. Tantôt c’est l’ancien président de Région Nicolas Mayer-Rossignol que certains verraient dans son fauteuil, tantôt le président de la Métropole Frédéric Sanchez. Élu pour la première fois maire de Rouen en 1995, réélu en 2014 après avoir remplacé au pied levé Valérie Fourneyron en 2012, Yvon Robert (PS) a attendu la fin de la tempête électorale pour s’exprimer sur son avenir. Il en profite, en cette rentrée, pour répondre à ceux qui croient détenir la vérité sur Rouen. Qu’ils soient de son camp ou non.
Le président de la Métropole Frédéric Sanchez dit tendre la main aux élus rouennais pour prendre les charges de centralité, notamment le Théâtre des arts (LD 10/09). Que lui répondez-vous ?
Yvon Robert : « Transférer le Théâtre des arts, comme l’école des Beaux-Arts, c’est possible. Mais ce que je souhaite, c’est que les élus rouennais restent dans la gouvernance. Le Théâtre des arts fait partie de l’histoire de Rouen depuis des décennies, cela se compte même en siècles ! Le transfert doit permettre aux élus rouennais de la Métropole de rester dans le comité de pilotage. Cela fait deux ans que je le dis à Frédéric Sanchez. Ce n’est qu’à cette condition que j’y suis favorable. Ceci dit, l’effort sur les charges de centralité ne doit pas toujours passer par un transfert. La Métropole peut aussi participer via un fonds de concours, comme cela se fait pour les écoles de musique. »
Frédéric Sanchez n’a pas l’habitude de tendre la main par voie de presse. Est-ce le signe d’un certain refroidissement dans vos relations ?
« Il n’y a pas de refroidissement. Il y a des discussions, qui comportent des désaccords, et ces discussions doivent nous permettre de dépasser ces désaccords. »
Quels sont ces désaccords actuellement ?
« Il n’est jamais souhaitable de faire des déclarations publiques pour alimenter la polémique [...] Je voudrais juste que l’on prenne en compte les inégalités entre communes et que l’intercommunalité soit un outil pour corriger ces inégalités. J’ai évoqué ça récemment lors d’un séminaire sur les questions métropolitaines : il faut être raisonnable sur les investissements futurs et prendre davantage en compte les investissements des communes. »
Autrement dit, vous pensez que la Métropole voit trop grand ?
« Je dis que les fonds de soutien aux communes doivent être prioritaires par rapport à certains investissements. »
Selon le président de Région Hervé Morin (PN 01/09), Rouen ne joue pas dans la même cour que Lille ou Bordeaux. Partagez-vous cette analyse ?
« Sur la démographie, oui, c’est un fait. Après, l’appréciation qui en est faite... [...] La ville de Rouen est trop petite par rapport au territoire qui l’entoure - la 35e ville de France, au sein du 10e territoire de France - et c’est un problème qu’il faut traiter. Il existe plusieurs méthodes : l’une d’elles serait une fusion entre le Département et la Métropole [ce que préconise Frédéric Sanchez, NDLR] comme l’a fait Lyon [depuis le 1er janvier 2015, NDLR], mais ce n’est pas la seule. Il y a la solution des communes nouvelles : c’est le choix qu’a fait Cherbourg en fusionnant avec quatre autres communes [devenant ainsi Cherbourg-en-Cotentin le 1er janvier 2016, NDLR]. Cette méthode peut-elle être appliquée à l’agglomération rouennaise ? La réponse doit être collective. »
« Député, maire, ne sont pas des fonctions qu’on occupe à 70 ans »
Le financement du contournement Est est bouclé (PN 14/09). Pensez-vous réellement qu’un projet vieux de quarante ans peut propulser Rouen dans la cour des grands ?
« Ce n’est parce qu’il est vieux qu’il n’est plus actuel. Ce n’est pas normal qu’une agglomération avec un tissu industriel aussi fort ait des camions dans son centre ! [...] Son principe a été voté par des assemblées d’élus qui ont la confiance de la population, toutes les procédures ont été respectées. [...] Oui, il y a des désaccords sur tel ou tel endroit où passe le tracé, mais je suis certain que le gouvernement a les moyens d’améliorer les conditions de passages dans ces communes. »
La situation financière de Rouen est tendue (PN 13/09). Quelles vont être les nouvelles économies demandées aux Rouennais ?
« L’essentiel des économies est lié à la réorganisation, à la suppression d’emplois après des départs en retraite. Et on priorise : les écoles, notamment, le social. Par exemple, la subvention que la Ville accorde au CCAS n’a jamais diminué. En revanche, le budget lié à la communication a été divisé par deux. Et, même si je ne m’étale pas dessus, les dépenses liées au maire ont chuté. Il y avait huit chauffeurs quand je suis arrivé à la mairie en 1995, il y en a zéro aujourd’hui. »
Tout ça dans un contexte de baisse continue des dotations de l’État...
« Il faut participer à l’effort public, c’est nécessaire. Mais la réalité des communes n’a pas été assez prise en compte. Le précédent gouvernement aurait dû réformer la dotation globale de fonctionnement, et ce volet a été oublié. [...] Ce qui est délicat, en ce moment, c’est qu’on apprend les choses du jour au lendemain. Le [doublement des classes de] CP, cela a été un effort de 85 000 € pour la Ville, que l’on a dû trouver en deux mois. Est-ce que cela devait se faire dans l’urgence ? On nous parle sans arrêt d’économies et on nous rajoute des dépenses supplémentaires. »
Vous avez entamé votre deuxième partie de mandat. À quoi vont ressembler ces deux prochaines années et demie ?
« Le rôle de la commune, c’est la proximité : les écoles, les personnes âgées, l’émergence des acteurs culturels, la concertation avec les citoyens... Le projet auquel je suis très attaché pour les prochaines années, c’est le PNRU [plan national de renouvellement urbain, qui devrait permettre notamment de reconstruire une piscine sur les Hauts, NDLR]. Je regrette que l’État n’ait pas avancé, on ne connaît toujours pas les crédits nationaux dont on va disposer. »
La rumeur est persistante sur votre prochaine démission...
« J’ai pris un engagement auprès des citoyens : l’objectif est d’aller jusqu’en mars 2020. Mais ce sera mon dernier mandat, je ne me représenterai pas en 2020. J’exerce des responsabilités sur ce territoire depuis vingt-huit ans et demi, j’aurai 70 ans en 2019, il me semble clair et nécessaire d’appeler au renouvellement. »
Justement, vous pourriez laisser votre siège en cours de mandat pour présenter votre successeur...
« La décision ne m’appartient pas, elle sera collective. La fonction est difficile, extrêmement prenante, passionnante. Il faut que ce soit une envie personnelle, mais un choix collectif. »
Vous abandonnez vraiment la politique ? Ou vous vous préparez à d’autres fonctions... député peut-être ?
« Député, comme maire, ce ne sont pas des fonctions que l’on occupe à 70 ans. Mais il y a d’autres moyens de faire de la politique que d’être maire. Et je suis sûr qu’il y a de la place, dans l’espace public, pour quelqu’un de 70 ans... »