Après avoir lu Bernard DIZAMBOURG, Hervé MORIN veut la fin du CLOCHEMERLE UNIVERSITAIRE NORMAND...
Il est des remèdes qui peuvent être pire que les maux...
L'agacement d'Hervé Morin, président de la Normandie est tout à fait compréhensible: en terme de matière grise, de recherche universitaire et scientifique, la Normandie ne brille pas beaucoup et tend même à briller moins malgré quelques pépites d'excellence mondiale à Caen autour de la recherche fondamentale et appliquée sur les ions (GANIL) et à Rouen sur les nouvelles motorisations automobiles (Pôle du Madrillet).
La proximité écrasante de la région parisienne et de ses nombreuses universités n'explique pas tout: les trois universités normandes ne travaillent pas assez ensemble même si elles avaient été pionnières dès les années 1990 avec le Pôle Universitaire Normand dans la coopération inter-universitaire en créant, notamment des écoles doctorales communes.
Mais depuis la fin du "P.U.N." cette bonne volonté universitaire normande de coopération a été largement contrariée par les pollutions politiques extérieures générées par la division normande en deux régions antagonistes (le fameux clochemerle Caen vs Rouen: on se souviendra de l'inutile polémique sur les CHU au début des années 2000 déclenchée par Brigitte Lebrethon la maire de Caen d'alors ou la volonté de Laurent Fabius de faire de Rouen le siège du Pôle Régional d'Enseignement Supérieur normand dans les années 2010).
On pourrait penser que le retour à l'unité normande, une idée défendue et développée dès 2010 par un collectif de géographes normands issus des universités de Caen, Rouen et Le Havre, allait apaiser la situation et permettre la création d'un véritable réseau de coopération universitaire régional dans la sérénité: que nenni!
Car la tentation du clochemerle caenno-rouennais continue d'en remuer hélas plus d'un qui pense que l'unité normande ne saurait correspondre qu'à une unité fusionnée sans aucune diversité au prix d'une recentralisation régionale caennaise ou rouennaise, ce cauchemar étant invoqué, souvenez-vous, avec une mauvaise foi monumentale, par les opposants bas ou haut Normands à tout idée de restaurer l'unité régionale normande...
Dans un courrier récemment envoyé aux trois présidents des universités normandes, Hervé Morin s'agace donc que les coopérations universitaires normandes ne soient ni suffisantes, ni assez efficaces pour nous permettre de réussir les différents appels à projets qui nous passent hélas trop souvent sous le nez: il y a de quoi, en effet, d'être en colère et cette colère du président normand nous la partagerons. Mais faut-il pour autant fusionner les trois universités normandes pour n'en faire qu'une seule alors que par ailleurs la Normandie est présentée comme le laboratoire territorial d'un polycentrisme régional équilibré alternatif au modèle dominant français de l'hyper-centralisation métropolitaine à la mode de Paris?
Il y a peut-être quelque chose à inventer: une université de Normandie fédérale par exemple. Cette idée n'a qu'un seul inconvénient: c'est qu'elle n'est pas française. Raison de plus pour en faire une idée normande, à condition que les moyens justifient la fin... Et sur ce dernier point, il est avéré que la colère n'est pas bonne conseillère:
http://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/education/les-universitaires-normands-se-font-taper-sur-les-doigts--AI11912222
Les universitaires normands se font taper sur les doigts !
Éducation. Après la fusion des académies normandes, les trois universités de Rouen, Caen et du Havre vont-elles subir le même sort ? Hervé Morin s’impatiente et ne cache pas sa volonté d’y parvenir. Il est soutenu par la préfète et le recteur.
Hervé Morin, le président de la Région Normandie, le répète à l’envi : il souhaite une fusion des trois universités normandes à l’instar de ce qui se passe à Toulouse où qui a déjà été réalisé à Nancy-Metz. Un courrier, adressé début décembre aux présidents d’université de Rouen, Caen et du Havre, confirme cette volonté : une véritable attaque en règle à laquelle les universitaires normands n’étaient jusqu’alors guère habitués. D’autant plus que la lettre est cosignée par la préfète, Fabienne Buccio, et le recteur, Denis Rolland, chancelier des universités.
Succession d’échecs
L’élu normand et les deux hauts fonctionnaires - tout en proposant leur aide - reprochent aux universités normandes leur échec à obtenir des résultats au programme d’investissements « Écoles universitaires de recherche » (PIA), un concours doté de plus de 262 millions d’euros de subventions. « La succession d’échecs aux appels à projets nationaux, depuis 2011, nous interroge sur la capacité des établissements normands à exprimer et à mettre en œuvre une ambition collective permettant à notre région d’être présente et visible au premier plan national. (...) Nous assistons depuis plusieurs années à un lent et silencieux déclassement de l’enseignement supérieur et de recherche en Normandie », écrivent-ils, s’étonnant de « l’effritement de cette ambition collective » qu’est la ComUE « Normandie université » et du « réel désir de mutualiser pour leur donner plus de force, formations, moyens humains et compétences. »
L’estocade est portée au sixième paragraphe : « L’absence de réaction, la vôtre comme son écho médiatique, après les échecs récents, est révélatrice de ce défaut d’ambition commune. » Prenant exemple sur des régions où l’enseignement supérieur a su s’appuyer sur les services de l’État et le conseil régional pour réussir, Hervé Morin, Fabienne Buccio et Denis Rolland leur demandent de réagir rapidement alors que « la fusion régionale a introduit un contexte très favorable qu’il s’agit de mettre à profit pour l’enseignement supérieur. » Les trois présidents des universités normandes doivent ainsi rencontrer Hervé Morin, le 22 janvier.
Le courrier est « assez violent » reconnaît Pascal Reghem, le président de l’université du Havre. « Que le président de Région ait une vision d’accord mais nous sommes étonnés de la position de l’État vis-à-vis du contenu du texte qui remet en cause la validité d’un jury international. Nous avons d’ailleurs répondu à ce courrier. Il faut rappeler que sur 191 projets, 50 devaient être retenus, puis c’est passé à 30, puis à 29. Quant à la collaboration, nous n’avons pas attendu la réunification pour travailler ensemble. Ce que je trouve problématique c’est que les représentants de l’État ne défendent pas plus nos projets et ne nous défendent pas ! »
Joël Alexandre, le président de l’université de Rouen, partage les mêmes sentiments que son collègue havrais. « Sur cinq dossiers déposés, trois ont été reconnus pour leur qualité et crédibilité mais les règles du jeu ont changé entre-temps, c’est ce que j’ai dit à Hervé Morin. Maintenant j’ai été surpris par ce courrier et je suis étonné que deux représentants de l’État s’interrogent sur le fait que nous n’avons pas réagi. Ils contestent des décisions qui ont été arrêtées par le Premier ministre ! »
Sur la fusion sous-entendue dans le propos d’Hervé Morin, Joël Alexandre se dit « ouvert » : « Nous nous sommes déjà interrogés sur la question. La plupart des lauréats retenus sont des universités qui ont fusionné comme Lille au 1er janvier 2018. Je peux comprendre cette obsession du ‘Big is beautiful’mais fusionner, même si ce n’est pas un tabou, est plus compliqué en Normandie avec trois universités éclatées sur trois villes ; ce qui n’est pas le cas ailleurs. C’est un processus lourd à programmer... »
Un fédéralisme universitaire normand. C'est ce que souhaite aussi François Gay le doyen des géographes universitaires normands qui nous a envoyé le message suivant:
Voilà une note que j’ envoyais à nos amis à ce sujet et à l’ article de Paris Normandie
Les Université Normandes dans une Métropole Normande