SCANDALE COLONIAL? "ICI L'Etat investit pour votre avenir " dans L'EPR mais pas dans la LNPN...
Désormais, c'est tellement clair qu'un aveugle pourrait voir: l'Etat central "jacobino-parisien" MEPRISE la Normandie, en tant que telle.
A la pointe extrême occidentale de la Normandie, au pied du cap de Flamanville, au Sud de la Hague déjà affligée de sa "Coge" (pour Cogéma), l'Etat, par l'entremise d'EDF, a décidé d'investir près de 11 MILLIARDS d'euros dans un chantier aussi incertain que titanesque de construction d'un prototype de réacteur nucléaire dont plus personne ou presque ne veut et dont l'allumage vient encore d'être reporté...
Dans une Afrique fraichement décolonisée, on aurait dit que ce chantier était un "éléphant blanc". On pourrait aussi évoquer l'intense déploiement financier et technologique de l'Armée française au fin fond du Sahara pour que l'indépendance nucléaire française soit mise au point en contrepartie de l'indépendance algérienne (clause secrète des Accords d'Evian de 1962).
Osons le dire: ces 11 MILLIARDS balancés dans la goule de béton de l'EPR de Flamanville, pour rien ou presque nous font penser à un investissement de type COLONIAL réalisé par un pouvoir métropolitain lointain et au nom d'un intérêt général supérieur qui est encore plus lointain.
Certes, sur place, dans le Nord-Cotentin, les "retombées" du nucléaire sont appréciées lorsqu'elles sont sonnantes et trébuchantes et un peu moins lorsqu'elles sont radioactives ou lorsque des grosses lignes THT transforment le paysage d'un bout du monde encore sauvage en site industriel classé SEVESO.
L'économie de la rente c'est aussi une caractéristique des territoires soumis sinon colonisés: le Vénézuela ne sait que faire de sa rente pétrolière. La Normandie, quant à elle, se voit confisqué par l'Etat central "jacobino-parisien" le moindre bénéfice de sa rente nucléaire: on se demandera, en effet, au delà des quelques communes et cantons directement arrosés par la rente financière nucléaire générée par les centrales de Flamanville, Penly et Paluel ou par le site de retraitement des déchets nucléaires de la Hague, où sont les CONTREPARTIES pour la Normandie qui accueille, dans les plus beaux sites de son littoral, cette SERVITUDE NUCLEAIRE...
Pour nous, le vrai scandale normand de l'EPR est là:
Près de 11 MILLIARDS balancés pour rien ou presque dans un EPR dont personne n'est sûr qu'il fonctionnera correctement (ça fait frémir...)
MAIS
... RIEN POUR LA LNPN
... RIEN POUR LE PORT DU HAVRE ET L'AXE SEINE
... RIEN POUR LE CONTOURNEMENT AUTOROUTIER DE ROUEN
... RIEN POUR ACHEVER LE DESENCLAVEMENT ROUTIER NORMAND
... RIEN POUR RATTRAPER LE RETARD METROPOLITAIN NORMAND
... RIEN POUR STOPPER LE DESERT RURAL NORMAND
Lire cet article, peu engageant, de Paris-Normandie (17/03/18) signé Joce HUE:
Nucléaire. Promis, juré - et malgré un calendrier toujours « tendu » - cette fois-ci, le réacteur nouvelle génération de Flamanville ouvrira bien dans un an... Sûr ? Notre reportage.
«Ils ne sont pas prêts. » Lundi matin, au sortir d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la centrale, les syndicalistes de la CGT sont circonspects. Les agents EDF viennent de visiter le futur Centre de crise local (CCL), un des équipements « post-Fukushima » dont la vocation est d’assurer la gestion des crises. « Ils sont censés être opérationnels dans deux semaines, mais on en est loin... »
Après sept ans de retard et un coût de construction qui a triplé pour atteindre 10,5 milliards d’euros, la mise en service de l’EPR, ce réacteur nucléaire nouvelle génération en construction à Flamanville, est prévue en mai 2019. L’objectif est de pouvoir charger le combustible dans la cuve au mois de décembre.
Dans ce coin de Cotentin dévolu à l’atome, où il y a déjà deux réacteurs ancienne génération, il y a foule pour l’embauche à l’accueil. En ce moment, pas moins de 4500 ouvriers venus de centaines d’entreprises sous-traitantes y travaillent tous les jours. Français, mais aussi Polonais, Portugais ou Roumains font la queue ou consultent les brochures déclinées dans leur langue. Derrière les grilles d’enceinte de huit mètres de haut hérissés de piques, c’est un incessant ballet d’engins, bus de travailleurs ou camions de matériaux.
On rentre dans la centrale après le passage de tourniquets surmontés de barbelés grâce à un badge. La « culture de la sécurité » commence dans les toilettes : pas moins de deux affiches EDF détaillent par le menu la meilleure manière de se laver les mains... Grippe et contamination, même combat !
À l’intérieur, c’est une véritable ruche aux abeilles casquées portant chasubles jaune fluo. Il y a des panneaux « Priorité sécurité » et « Respecter l’ordre et la propreté » partout. Pour cette dernière injonction, ce n’est pas encore ça : le futur fleuron du parc français ressemble encore à une usine à gaz, dans un capharnaüm de câbles, gaines ou pièces métalliques éparses. S’il n’y a pas encore de combustible, les matelas de plomb sont déjà omniprésents.
Après les premiers essais « à froid », lancés en décembre dernier et avoir éprouvé l’étanchéité de la tuyauterie, les équipes techniques vont tester celle de tout le bâtiment réacteur. Cette « épreuve enceinte » doit être réalisée cette semaine. Il s’agit d’injecter 11 000 m3 d’air par heure dans l’enceinte de 80 000 mètres cubes pour y faire monter la pression jusqu’à 6 bars. Pour cela, pas moins de huit compresseurs représentant 4 mégawatts - alimentés au fuel rouge - sont nécessaires. C’est donc peu dire que l’ingénieur pilote de l’opération et la quarantaine de personnes qui y travaillent ont la pression. « C’est le test le plus important avant les « essais a chaud » prévus en juillet, une sorte de répétition générale... » Henri Ansquer donne le change, assurant la visite au pas de charge, mais décontracté. Le jeune ingénieur qui pilote l’épreuve était présent pour ce même test en Chine il y a quelques semaines, où un premier EPR est sur le point de démarrer. Ce sera une première en France et il apprécie « le challenge de ce nouveau produit ultra-valorisant ». Il faut dire qu’il est tombé dedans quand il était petit : « Je passais régulièrement avec mes parents devant une centrale... Cette « machine à nuages » me faisait déjà rêver ! »
La visite se poursuit dans le saint des saints, le bâtiment réacteur, 28 mètres plus haut et accessible uniquement par un escalier. Dans cette cathédrale industrielle, le réacteur, la piscine à sec et l’impressionnant pont polaire de manutention, capable de déplacer des charges de 320 tonnes.
Contrairement à l’extérieur, l’endroit est aussi propre et rangé qu’un bloc opératoire. Il faut dire que lors d’une visite de l’Autorité de surveillance du nucléaire (ASN) le 1er mars dernier, les inspecteurs ont « noté que la tenue de nombreux chantiers des locaux de l’îlot nucléaire était perfectible (locaux empoussiérés, outils et divers objets épars au sol) », une « situation préoccupante à quelques semaines du début de l’épreuve de réception initiale de l’enceinte de confinement, qui exige un bon état de propreté ».
« confiance en EDF »
La centrale avait un mois pour nettoyer ce bâtiment réacteur. Ce qui a été fait. Mais le contexte reste tendu pour ce chantier qui a accumulé les déboires : les problèmes découverts récemment sur le couvercle de la cuve - qui devra être changé avant 2024 quand c’est normalement tous les 20 ou 30 ans - ou sur les soudures du circuit secondaire laissent planer une incertitude sur l’autorisation que pourrait donner - ou pas - l’ASN, le « gendarme » du nucléaire.
Sébastien Lecornu, « second » de Nicolas Hulot et ancien président du conseil départemental de l’Eure, en visite sur le site de l’EPR au début du mois de février, avait pourtant déclaré : « Je fais confiance à EDF. »
À quelques jours de l’ouverture du débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui s’annonce musclé, rappelons qu’Areva a été recapitalisée par le contribuable, avec une augmentation de capital de 5 milliards d’euros de l’État l’été dernier, qui a permis au groupe d’éviter la faillite. À l’époque, Bruno Le Maire avait dénoncé « une gestion scandaleuse et indigente des deniers publics »...
Jeudi dernier, Naoto Kan, premier ministre japonais au moment de la catastrophe de Fukushima, était en visite à Flamanville avec un message : « Il faut arrêter le nucléaire et se tourner vers les énergies renouvelables ». L’ex-pro nucléaire n’a été reçu ni par des élus ni sur le chantier. Où il reste encore de la place pour un éventuel deuxième réacteur EPR.
- Dimanche dernier : Orano (ex-Areva), qui construit l’EPR en Finlande - un chantier qui accuse lui aussi des années de retard - a annoncé le versement d’une compensation de 450 millions d’euros à l’électricien finlandais.