Léopold SEDAR SENGHOR, dernier grand intellectuel poète de l'identité normande...
Dans Paris-Normandie, nous avons eu le plaisir de relever l'article qui suit dans l'édition du 7 avril 2018 consacré au souvenir de Léopold Sédar Senghor en Normandie et au rôle éminent qu'il joua dans les années 1970/1980 pour définir l'identité normande avec son concept poétique de "normandité":
Marié depuis 1957 à Colette Hubert de Betteville, sa muse normande, Senghor le grand poète africain et père de l'indépendance sénagalaise, l'ami de Césaire et de sa "négritude", s'est intéressé de près à la Normandie dont la riche et prestigieuse histoire culturelle permet un accès existentialiste, sensible, esthétique à l'essentiel et à l'universel. Pour le dire plus simplement, Senghor s'est attaché à définir une "âme normande" qui serait pour lui un "lyrisme lucide" dont on trouverait la quintessence dans la phrase et les romans de Gustave Flaubert...
Le président du Sénégal entouré de sa femme Colette et de son fils (3e G), discute avec des amis en août 1973 dans sa propriété de Verson, où il passe ses vacances (photo AFP)
Les archives du grand poète africanormand étaient encore à Verson, près de Caen, son pied-à-terre chez nous... chez lui. Elles étaient en train de s'y abîmer. Fort heureusement, elles font l'objet d'une sauvegarde et d'une valorisation prises en charge par l'Institut de la Mémoire Contemporaine (IMEC) établie dans l'abbaye d'Ardenne voisine avec le concours de la région Normandie.
Nous vous laissons donc à la lecture de l'excellent article suivant, signé Olivier Cassiau de la rédaction de Paris-Normandie:
http://www.paris-normandie.fr/accueil/sedar-senghor-ce-normand-HE12701789
Demain lundi, c’est au tour de la Région Normandie de pérenniser l’aventure avec le vote en assemblée plénière à Rouen d’une une convention entre les différents partenaires (Drac, Région, Verson, Imec...).
Elle prévoit sur quatre ans de « poursuivre l’action de préservation. Un inventaire scientifique des documents sera fait », explique Michel Marie, élu depuis 1989 et maire depuis 2001. Cette nouvelle convention, va renforcer le « rôle du Comité scientifique et culturel international pour initier les phasages des différents inventaires et la sécurisation du volet juridique du projet », précise-t-on à la Région.
Depuis le legs à la commune de la propriété du poète et académicien, Verson et la Région ont toujours eu dans l’idée de créer une maison d’écrivain, un lieu de mémoire consacré au père de la francophonie, de la négritude et de la normandité, un concept qu’il développe en 1986 dans une conférence à l’Académie de Rouen. Il le définit alors comme « un ensemble de valeurs de civilisation, dont les deux plus importantes sont la rationalité et la sensibilité ».
Retiré en Normandie
La Normandie, c’est la région natale de sa seconde femme Colette Hubert de Betteville, descendante en droite ligne de Guillaume-le-Conquérant, qu’il épouse en 1957. C’est aussi devenu le refuge du président à partir de 1959. Même président du Sénégal, il y vient chaque année passer des vacances en été. Quand il se retire de la vie politique en 1980, c’est à Verson qu’il choisit d’habiter. Jusqu’à sa mort, le 20 décembre 2001.
L’ancien président s’implique dans la vie de la commune : l’inauguration du collège en 1983, fêtes de la Saint-Germain, la pose de la première pierre, puis l’inauguration de l’Espace Senghor en mars 1995. Un lieu qui a notamment permis toute une mise en valeur culturelle de l’œuvre du poète. Autour de conférences et d’expositions qui attirent toujours plus de monde dans cette petite ville du Calvados. Autour du livre et de lecture aussi. « Aujourd’hui, nous faisons partie du top 5 en Normandie en termes de lecteurs par rapport au nombre d’habitants. »
Cela fait maintenant plus de dix ans que la veuve de Léopold Senghor, sans héritier, a annoncé au maire de Verson sa volonté de léguer tout son patrimoine à la commune. Notamment la maison que la vieille dame, fortement diminuée par la maladie, occupe toujours. Les travaux du comité scientifique, devront permettre « d’imaginer l’après, de savoir que faire de la maison, comment la structurer. L’idée est de la faire vivre, pas d’en faire un musée. De toute façon, une grande partie des archives du président restera à l’institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), à l’abbaye d’Ardenne, aux portes de Caen », conclut le premier magistrat de Verson. Pour aider les chercheurs à réécrire l’histoire du premier président du Sénégal.
Olivier CASSIAU |