Le TOURISME NORMAND de la MEMOIRE doit rester un pélerinage
Touriste ou pélerin?
En Normandie, l'Histoire "avec une grande hache" comme le disait Georges Pérec, fait que le touriste doit se faire pélerin. A cause de la Libération mondiale de l'Enfer du Nazisme qui a commencé sur nos plages normandes en 1944 au prix du sacrifice de dizaine de milliers de victimes militaires et civils, au prix du sacrifice du patrimoine séculaire de nos villes d'art et d'histoire...
Ce tourisme là met du plomb dans les cervelles pour empêcher individuellement et collectivement l'oubli. C'est le pari aussi de la transmission des générations des témoins et des héros, des vérérans, vers les nouvelles générations via la passation de témoin des générations intermédiaires nées dans l'immédiat après guerre et qui s'étaient tues. Maintenant tous les survivants, les témoins directs ou indirects peuvent ou veulent parler et le récit de la Mémoire du débarquement du 6 juin 1944 et de la bataille de Normandie qui s'en suivit tout l'été pour libérer l'Europe (le sacrifice normand évitant une nouvelle bataille de France ou un siège de Paris) s'épaissit, s'épanouit ou s'élargit tel un grand fleuve s'approchant de l'océan avec des bras d'eau claire ou plus trouble lorsque la Mémoire affouille des fonds vaseux nauséabonds car si la Guerre fut l'expérience surhumaine, radicale, absolue, des héros que nous célébrons aujourd'hui sur nos plages, dans nos cimetières, nos plaques de rue ou sur les épitaphes de nos monuments commémoratifs, c'est que ces héros libérateurs sont venus faucher un champ sanglant d'immondes atrocités, celles qui se produisaient dans nos prisons gardées par les SS et, bien entendu, celles qu'on ne voulait pas savoir ce qu'elles étaient et qui se passaient à plusieurs centaines de kilomètres à l'Est de notreNormandie...
Mais aussi parce que les héros libérateurs n'ont pas toujours eu le comportement idéal attendu d'un héros libérateur. Et aussi parce que la Libération tombant du ciel avec des bombes anéantissant les villes normandes au point que l'on parler d'urbicide fut ce triste "travail d'ivrogne" dénoncé en vain par les héros de la résistance normande de la France Libre dont le rôle fut essentiel au niveau de la transmission des informations nécessaires à la réussite de l'opération" Overlord".
La Guerre reste la plus belle des saloperies humaines... Et c'est pour cette raison que l'UNESCO hésite encore à classer les sites normands du Débarquement du 6 JUIN 1944 au titre du patrimoine mondial de l'Humanité.
Au Moyen-âge, les pélerins des chemins montois parcouraient toute la duché de Normandie en venant, souvent, de plus loin pour aller prier l'archange de l'apocalypse dont le sanctuaire fut érigé au sommet d'un Mont perdu au milieu de nulle part, au péril de la mer, dans une sorte de bout du Monde qui s'attend à la fin du Monde.
On priait et on prie encore Saint Michel, le patron des gendarmes, soldats et parachutistes, pour qu'il nous protège lorsque nous craignons pour notre vie ou pour la vie de celles et ceux qui nous sont proches.
Aujourd'hui, s'il y a une région de France où le touriste est invité à être bien plus qu'un touriste sinon un pélerin c'est bien la Normandie qui est encore le lieu ou la destination de pélerinages religieux chrétiens catholiques: ainsi, la basilique dédiée à Sainte Thérèse de Lisieux attire 700000 visiteurs annuels, le Mont Saint Michel, en tant que but de pélerinage, attire près de 300 000 pélerins parmi les quelques 2,7 millions de visiteurs annuels qui fréquentent peu ou prou la "Merveille de l'Occident". Les plages et sites du Débarquement de 1944 mais aussi, désormais, tous les lieux de mémoire de la bataille de Normandie à commencer par les deux Mémorials de Caen (ouvert en 1986 comme centre international de réflexion sur la Paix et sur les conflits) et de Falaise (ouvert depuis 2016 et consacré à la mémoire des victimes civiles normandes de la Libération) présentent le cas intéressant d'être un pélerinage laïc dans lequel le touriste est appelé à devenir un pélerin de la Mémoire... Un pélerinage de la Mémoire qui attire 5 millions de visiteurs par an.
Pour que ce tourisme de la Mémoire puisse rester un pélerinage de la Mémoire après le décès des derniers témoins vivants de l'été 1944 il faudrait tout de même ne pas trop faire tinter le tiroir caisse à chaque étape... Comme au Mont Saint Michel d'ailleurs: tout comme un crapaud doit dégager d'un reliquaire, il est impératif qu'un crapaud plus laid encore déguerpisse au plus vite d'un bunker.
Un cas extrême, en effet, à méditer pour éviter le pire du "tourisme de la Mémoire" sur le site de la Mémoire du pire, à savoir ce qu'est devenu, aujourd'hui, Auschwitz!
http://www.caraporters.fr/auschwitz-en-2010-4110/
Lire cet article proposé par le Bonhomme Liberté (27 juillet 2018):
En Normandie, de Ouistreham aux confins du Bessin, terre et sable transpirent du sacrifice des Libérateurs. Partons sur les traces de ces héros pour des vacances instructives.
Un peu plus à l’ouest de Courseulles sur Mer, la plage de Graye est sans doute l’une des plus sauvages du littoral historique normand. (©Philippe Rifflet Liberté-Le Bonhomme Libre)
Vous aimez découvrir les destinations qui font la richesse de notre pays ? Vous voulez vous programmer prochainement un week-end ou une escapade de deux jours (ou plus) sans faire trop de route ? Suivez-nous, on vous emmène en Normandie pour des vacances pleines d’émotion.
C’est là que tout a commencé. Nous sommes le 6 juin 1944 depuis quelques minutes – le clocher de Ranville, près de Caen (Calvados) vient juste de sonner minuit – lorsque deux planeurs anglais de la 6ème Division Aéroportée se posent en silence à proximité du pont de Bénouville, qui enjambe le canal reliant Caen à la mer. Un peu plus loin le pont de Ranville, permet de traverser l’Orne. Neutraliser les deux ouvrages est un objectif primordial pour lancer la grande offensive. La Bataille de Normandie vient de commencer…
En Normandie, le tourisme de Mémoire, c’est 5 millions de visiteurs par an, 94 sites répertoriés dont 42 musées. La première thématique touristique en Normandie. Si à l’est du département du Calvados, du côté de Deauville et de la Cote Fleurie on a misé sur le luxe, les courses de chevaux et le cinéma pour devenir un acteur majeur de l’activité touristique de la région, de Ouistreham aux confins du Bessin, on est sur une terre chargée d’histoire et d’émotion. Ici, la terre, le sable, les flots transpirent du sacrifice de dizaines de milliers de jeunes libérateurs.
Pour souligner cette force et cette richesse, la Région Normandie a enclenché les démarches du classement des plages au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
L’opération Overlord en une image (©Presse de la Manche)
Deux jours de disponibles, une semaine, davantage ? Le circuit des sites du D-Day et de l’opération Overlord est adaptable. Du Pont de Bénouville rebaptisé Pegasus Bridge par les commandos anglais de la première heure, au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, juste au dessus des plages d’Omaha Beach, on vous emmène sur le chemin des héros tracé sur des plages magnifiques, dans le bocage profond où chaque haie, chaque bosquet a fait l’objet de combats terribles.
Sur les plages de Juno (ici Bernières-sur-Mer) ce sont les forces canadiennes qui ont débarqué (©Archives nationales du Canada / Mémorial de Caen)
Le visiteur peut à loisir alterner entre les musées, indispensables sources d’informations précises et chiffrées, et la visite des sites incomparables qui mélangent la beauté de la nature et le poids de l’histoire. Dans le cinéma circulaire d’Arromanches-les-Bains, on vit la bataille telle qu’elle s’est déroulée pour commencer à écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Europe. On est alors au cœur de la bataille. Bluffant.
Les images aident à comprendre le déroulement des opérations, et l’âpreté des combats qui se sont déroulés tout au long des côtes. Comprendre aussi le sacrifice des 156 000 jeunes soldats, parfois âgés de 17 ans à peine, engagés dans l’opération.
Dans la dizaine de cimetières militaires qui jalonnent ce bout de Normandie, qu’ils soient anglais, américains, canadiens, allemands, l’émotion est intacte. Une citation d’Albert Schweitzer, Prix Nobel de la Paix en 1952, traduite en trois langues plaquée contre un mur du cimetière Allemand de La Cambe, délivre un message qui doit servir de fil rouge à la visite.
« Les tombes de guerre sont les grands prédicateurs de la Paix… » « Die Soldatengräber sind die groben Prediger des Friedens » « The soldier’s graves are the greatest preachers of peace »
En développant son action en direction du tourisme de Mémoire, la Région Normandie fait œuvre de transmission aux jeunes générations. Car rares sont les vétérans qui peuvent encore témoigner.
Des milliers d’enfants passent chaque année au cimetière américain (©Philippe Rifflet Liberté Le Bonhomme Libre)
Passage obligé pour construire le programme souhaité, et surtout recueillir les conseils des spécialistes, l’Office du Tourisme de Caen. L’accueil d’Emmanuelle est à l’image de la Normandie, souriant, chaleureux et efficace.
Première étape du périple dans les pas des héros, Pegasus Bridge que le cinéma avec le film « Le Jour le plus Long » a mis à l’honneur. Chaque année à la date anniversaire du Débarquement, la scène de la prise de ce point stratégique de la Bataille de Normandie est rejouée. Ici, la Normandie respire l’Angleterre.
Le Pont de Bénouville dit Pegasus Bridge (©A.LEGALL-CALVADOS-TOURISME)
Le Café Gondrée, sur la commune de Bénouville, est au pied du pont. Elle reste dans l’histoire comme la première maison libérée par les forces alliées au matin du 6 juin 44. L’endroit accueille des milliers de touristes chaque année. Et tous les cinq ans, lors des grandes cérémonies internationales de commémoration, les plus hautes autorités britanniques se donnent rendez-vous au pied de ce pont métallique. La Reine d’Angleterre elle-même est une habituée.
Le Café Gondrée pour se reposer pendant sa balade et pour se restaurer de l’omelette maison. (©Philippe Rifflet Liberté Le Bonhomme Libre)
Notre conseil pour déjeuner : De passage à Pegasus Bridge il faut goûter l’omelette du Café Gondrée. Servie avec une salade, dans une ambiance « comme chez mamie », elle est sans aucun doute meilleure que les plus célèbres des omelettes normandes. Et pour 13,50 € seulement.
Deuxième étape, direction Ouistreham, baptisée Sword Beach. C’est là que les 177 engagés français du Commando Kieffer ont débarqué avec les soldats Anglais. Ils sont les seuls soldats français à avoir participé aux opérations du 6 juin 44. Sur la plage, entre Ouistreham et Colleville-Montgomery, une stèle marque l’endroit.
Léon Gautier est l’un des derniers survivants du commando Kieffer qui débarqua à Ouistreham au matin du 6 juin 44 (©Arnaud Heroult Liberté Le Bonhomme Libre)
Le site est remarquable aussi par la statue de Bill Millin surnommé « Piper Bill » qui débarqua en jouant de la cornemuse et ne s’arrêta pas de jouer tout au long de l’offensive alors que ses camarades tombaient par centaines à côté de lui. Le « cornemuseux » le plus célèbre de la couronne Britannique a lui aussi reçu les honneurs du cinéma dans nombre de long-métrages retraçant l’opération Overlord.
Dans les rangs du Commando de volontaires français, Léon Gautier qui après guerre, a consacré sa vie à témoigner, auprès des jeunes tout particulièrement. Une initiative portée par l’Office du Tourisme de Ouistreham permet de suivre son récit via un smartphone ou une tablette. A l’endroit même où il a débarqué. Soldat Léon, c’est le nom de cette initiative. A tester si vous êtes connecté.
Après Ouistreham il faut faire une halte sur le site Hillman. C’est le plus grand poste de blockhaus construit par les allemands. Il aura fallu deux ans de travaux et des centaines de milliers de m3 de béton pour bâtir ce pan important du Mur de l’Atlantique imaginé par Hitler et le Troisième Reich, et renforcé par le Maréchal Römmel dès 1943.
Entre Colleville-Montgomery et Hermanville sur Mer, les Allemands ont construit en deux ans, un réseau de 18 blockhaus (©Philippe Rifflet Liberte Le Bonhomme Libre)
Là, sur la colline jouxtant les communes de Colleville-Montgomery et Hermanville-sur-Mer, 18 blockhaus reliés par un réseau de veines creusées à hauteur d’hommes offrent une vue imprenable sur des kilomètres de plages. La vie des soldats occupants s’est organisée sous terre. Le site est aujourd’hui entretenu par l’association « Les Amis de Suffolk Regiment » qui propose des visites guidées chaque mardi jusqu’au 15 septembre 2018. Il se visite également librement gratuitement tout au long de l’année.
Les soldats Allemands s’étaient organisés une vie sous terre. Ici le bloc cuisine du poste. (©Philippe Rifflet Liberté-Le Bonhomme Libre)
Et maintenant, direction Courseulles-sur-Mer. Au passage, les plages de Lion-sur-Mer et ses villas remarquables, Luc-sur-Mer, Langrune-sur-Mer, Saint-Aubin-sur-Mer et Bernières-sur-Mer méritent une pause. De nombreux vestiges de blindés, ou de pièces d’artillerie sont toujours en place.
On est désormais sur le secteur de Juno Beach. Ici, ce sont les unités canadiennes qui ont majoritairement débarqué, perdant 5500 hommes pendant la seule bataille de Normandie. A Courseulles-sur-Mer, on ne manque pas la visite du centre Juno Beach, lieu de mémoire et centre culturel géré par les autorités du Canada, tout comme l’immense Croix de Lorraine plantée dans les dunes surplombant la plage, à l’entre précis où le Général de Gaulle accosta avec La Combattante le 14 juin en compagnie de Maurice Schumann et du Général Koening.
Juin 2014, les cérémonies internationales ramènent sur les plages de Normandie des vétérans. A Courseulles, ce vétéran Canadien ne peut retenir ses larmes (©Philippe Rifflet Liberte Le Bonhomme Libre)
Original, on peut aider le centre à se financer en achetant une « Brique de la Mémoire » qui trouvera sa place sur les kiosques du souvenir. La brique pourra rendre hommage à un vétéran ou porter le nom du donateur.
Coup de cœur pour un dîner : Le Bistrot du Port. Il ne paie pas de mine mais sa table est particulièrement originale et raffinée. 12 Quai Ouest à Courseulles-sur-Mer. Réservation très conseillée au 02 31 97 26 02
Avant de toucher Arromanches où l’on découvre l’incroyable ingéniosité des alliés pour installer devant la plage du village un port artificiel qui permettra le débarquement des renforts tant attendus dans les jours qui suivirent le D-Day, on fera une halte aux Batteries de Longues-sur-Mer.
Seuls quelques soldats gardaient ces batteries impressionnantes. Devant la puissance de feu des alliés, les soldats allemands ont fui. (©Philippe Rifflet Liberté le Bonhomme Libre)
Du sommet des falaises, les pièces d’artillerie de 150 mm, sont toujours là. Une seule a été sérieusement touchée par les tirs des navires alliés au matin du 6 juin. Les bombardements opérés dans la nuit du 5 au 6 n’ayant pas permis de les neutraliser. Lorsque l’une des batteries fut touchée, les quelques soldats allemands qui les gardaient ont fui vers l’arrière.
Jamais les Allemands n’avaient imaginé qu’il serait possible de construire un port artificiel devant Arromanches (©L.Durand-Calvados-Tourisme)
Juste avant de descendre vers le village d’Arromanches en venant de Courseulles, ne manquez surtout pas le point de vue sur le port artificiel. Jamais les occupants allemands n’avaient imaginé qu’en cas de débarquement, celui-ci pourrait se faire ici, faute de port.
En l’espace de quelques heures, le Génie de la coalition alliée a construit un arc de cercle de béton et de ferraille en coulant des barges. C’est autour de ces blocs que les navires remplis de renforts et de matériels ont pu venir accoster. Invention géniale dont de nombreuses traces subsistent encore, près de 75 ans après les événements.
Jamais l’histoire ne pourra oublier Omaha Beach. La plage des « Sables d’Or » est une pépite du paysage normand. Ici ont débarqué 34 000 soldats américains. La topographie du site a permis aux Allemands de constituer une défense redoutable. 800 soldats allemands des 352e et 716e divisions, composées de soldats bien entraînés, sont concentrés là.
A peine débarquées, les premières vagues d’assaut ont été décimées par les mitrailleuses allemandes ©US Army Le Mémorial de Caen
A 6h30, lorsque les premières barges de débarquement s’ouvrent, les fantassins des 1re et 29e divisions sont pris au piège. Décimés par une grêle de balles. Les mitrailleuses et pièces d’artillerie balaient la côte. Près de 3000 hommes seront tués. Omaha est entrée dans l’histoire franco-américaine à jamais. Sur les hauteurs d’Omaha, sur le territoire de la commune de Colleville-sur-Mer, la France a offert aux Etats-Unis d’Amérique un bout de terre symbolisant le sacrifice Américain pour la Liberté. Ici, on est désormais en territoire américain. 9387 combattants dont 307 n’ont jamais été identifiés reposent dans le Cimetière américain. L’alignement de milliers de croix blanches, dans un ordre parfait, suscite l’émotion et invite au recueillement. En 2014, à l’occasion du 70ème anniversaire du Débarquement, le Président Obama avait prononcé ici, un vibrant appel à la paix.
Barack Obama avec les vétérans à Colleville-sur-Mer en 2014 (©Philippe Rifflet Liberté Le Bohomme Libre)
Pour continuer la balade et la découverte des sites, après le cimetière américain, il faut poursuivre un peu en direction de la Manche. Direction la Pointe du Hoc, probablement l’un des points les plus spectaculaires du circuit. Le site présente aujourd’hui encore les stigmates des dizaines d’opérations de bombardement qu’il a subies plusieurs mois durant avant le jour J.
La terre s’avance dans la mer. Le site est remarquable par sa géographie et par les traces des multiples bombardements qu’il a subis. (©Laurent Villette)
Là, entre Grandcamp-Maisy et Vierville-sur-Mer, la Pointe du Hoc s’avance dans la mer, dominant les flots d’une bonne trentaine de mètres. L’occupant a installé sur ce point stratégique 6 pièces d’artillerie de 155 mm qui menacent directement les troupes qui débarquent entre Omaha, et Utah un peu plus à l’ouest.
Le 6 juin 44, à 7h10, ce sont 225 hommes du 2e Bataillon de Rangers Américains, commandés par le Colonel James Rudder qui ont donné l’assaut en escaladant depuis la plage la paroi de trente mètres à l’aide de cordes et d’échelles fournies par les Pompiers de Londres (!) En arrivant au sommet, les Rangers découvriront que les pièces d’artillerie avaient été déménagées vers l’intérieur des terres. Ils prendront aussi la mesure du déluge de feu qui s’est abattu là.
Le spectacle qui nous attendait sur le plateau était apocalyptique. Le sol était déchiqueté, perforé par les bombes. Tout n’était que cratères, crevasses, débris. Un chaos effroyable et lunaire… témoignait Len Lowell, l’un des Rangers de l’opération, interviewé par Le Monde en 1994.
A Bayeux, on marchera sur les traces du Général de Gaulle où il fera une entrée triomphale, une semaine après le Débarquement. La capitale du Bessin a été libérée sans combat dès le 7 juin, les Allemands qui l’occupaient ayant plié bagages. Sur la Place du Château (aujourd’hui rebaptisée Place De Gaulle), le Général qui n’a pas foulé le sol français depuis 1940, s’adresse aux Français sur une estrade montée à la hâte.
Auparavant, il a remonté la ville à pied. Les Bayeusains découvrent enfin le visage correspondant à cette voix entendue à la radio. La première sous-préfecture de la France libre est ouverte ce 14 juin 1944. Un Musée mémoriel est consacré à cet événement.
De passage à Bayeux, il faut bien sûr faire un détour par la Tapisserie, œuvre extraordinaire qui relate les aventures de Guillaume le Conquérant.
Débarqué à Courseulles quelques heures avant, le Général de Gaulle se rend à Bayeux pour s’adresser aux Français et ouvrir la première Sous-Préfecture de la France libérée (©Imperial War Museum)
(Commentaire de Florestan: et surtout pour coordonner dans l'urgence les forces françaises libres des comités de libération du Calvados et de la Manche avec un commissaire de la République compétant sur les cinq départements normands dans le but d'empêcher la mise sous tutelle de l'administration de la France libérée par le service des affaires civiles de l'armée américaine...)
Pour terminer la visite avant de revenir vers Caen et consacrer une journée pleine et entière au Mémorial pour la Paix, outil de compréhension des conflits, il faut absolument s’arrêter au cimetière de La Cambe. Le plus grand cimetière allemand de la côte. 21 000 soldats allemands sont enterrés là. Faute de place, chaque tombe renferme deux corps.
Au sol de simples plaques d’acier qui indiquent à chaque fois deux noms, ou la double mention « soldat inconnu ». Tous n’étaient pas des Nazis, loin de là.
L’ambiance est très différente de Colleville. Les croix sont en granit noir, réunies en groupes de cinq. Peu ou pas de fleurs. En ce jour de juillet, des touristes, des familles peut-être se recueillent ici ou là. Sobrement.
21 000 soldats allemands sont enterrés là. Faute de place, ils sont deux par sépulture. (©Philippe Rifflet Liberté Le Bonhomme Libre)
En 2019, la Normandie recevra à nouveau le monde entier à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement. Très certainement la dernière chance de rencontrer des vétérans, ces héros.
- Où dormir pendant votre séjour ? L’offre est fort riche, et répondra à tous les critères de budgets. On citera :
- les chambres du Manoir d’Hastings à Bénouville ambiance chambre d’hôtes
- La Villa Lara à Bayeux (Luxe)
- Le Clos Saint-Martin à Caen (B&B)
- Chez Laurence du Tilly « l’Atypique » à Caen (Appartements d’hôtes)
- Le Camping de la Cote de Nacre à Saint-Aubin sur Mer (Hôtellerie de plein air)