Sébastien LECORNU cause dans Paris-Normandie et voudrait nous faire croire qu'on n'est pas en 2021 mais seulement en 2018...
... A la veille du mois de novembre 2018 pour être précis, voire, pour être encore plus précis, à la veille du 17 novembre 2018 date à laquelle la colère des automobilistes Normands qui a lancé sur les réseaux sociaux cette journée nationale de grogne populiste, poujadiste et fascistoïde de la France d'en bas dite "périphérique" contre la vie chère avec comme symbole la hausse aussi subite que subie de la gabelle sur les carburants au nom d'une transition écologique que les premiers grands et gros responsables du déréglement climatique refusent de voir ou d'assumer...
Monsieur Lecornu, ci-devant président du département de l'Eure qui ne voulait pas contribuer au financement du contournement autoroutier de Rouen et qui préfère réseauter politiquement sur une fibre tendue entre un terminal portuaire havrais et un perron ministériel parisien avec le risque de recréer sur le fameux "Axe-Seine" l'équivalent partisan et électoral de feue la Fabiusie au détriment, bien entendu, du principe même de l'unité normande, a convié lundi 29 octobre 2018 dans les pages de Paris-Normandie, le lecteur normand encore attentif aux grands enjeux d'avenir de sa région, à une belle séance de calinothérapie ou, plutôt, de communication de crise: ambiance orwellienne garantie!
Monsieur Lecornu, déjà bien connu à Vernon, semble visiblement préoccupé de se faire connaître dans des contrées normandes plus lointaines si l'on considère que l'Axe Seine n'est pas un corridor dans le sens que la rive gauche de la Seine à Vernon peut s'étendre jusqu'à Alençon, Granville, le Couesnon et le Mont Saint-Michel et que la passerelle du Moulin d'Andé nous conduit bien au-delà de Lyons-la-Forêt: jusqu'au pays de Bray si ce n'est jusqu'à la Bresle!
Lire ci-après, l'intégralité de cet entretien du ministre délégué à la cohésion des territoires dans les pages de Paris-Normandie:
Lors du remaniement, vous avez été nommé ministre en charge des Collectivités territoriales. À l’heure où les élus locaux montrent des signes de mécontentement à l’égard du gouvernement, est-ce le ministère des câlins ?
Sébastien Lecornu. « Non, c’est surtout le ministère du parler vrai ! La réalité de nos territoires est parfois complexe. J’ai été maire, président de Département et parce que je n’ai jamais cessé, au fond, dans ma tête et mon cœur, d’être maire, je comprends les difficultés que mes collègues élus peuvent rencontrer. Mais je connais aussi, parfois, les facilités avec lesquelles certains élus très politiques peuvent se laisser aller à mettre en cause trop facilement l’État - mais ils sont minoritaires. Une fois de plus, il y a une communauté de destin entre l’État et les collectivités locales : nous devons aux Français des résultats pour leur vie quotidienne et pour le pays. J’entends être un ministre d’équilibre ».
L’État oublie parfois d’être attentif aux élus locaux, dites-vous. On a vu ces derniers mois des maires rendre leur tablier face au manque de moyens.
« En effet, on ne peut pas dire que la baisse autoritaire des dotations de l’État, telle qu’elle avait été imaginée par le président de la République précédent, ait été la manière de faire comprendre et partager par les élus les enjeux de transformation du pays et de réduction de la dépense publique. Nous avons mis fin à cette baisse autoritaire et avons proposé un contrat aux élus locaux. C’est ce qu’on appelle le Contrat de Cahors - en clair, limiter la hausse des dépenses en signant un contrat entre l’État et les collectivités locales. Avec le Premier ministre, nous nous sommes concentrés sur les 322 plus grosses collectivités, qui concentrent les 2/3 de la dépense locale : plus de 70 % d’entre elles ont signé. Cette méthode permet de gérer les enjeux de maîtrise de la dépense publique de manière responsable et respectueuse des compétences des élus locaux. »
Hervé Morin fait-il fausse route selon vous lorsqu’il évoque la recentralisation de l’État alors que lui se dit « girondin » ?
« J’ai déjà eu l’occasion de lui dire amicalement : il n’y a pas de recentralisation. Je n’en vois pas en tout cas ! Quand on fait la contractualisation financière, les opérations Cœurs de ville dans 222 villes moyennes, quand on veut encourager le droit à la différenciation territoriale dans la future réforme de la Constitution - ce qui n’est pas rien - pour justement permettre à des territoires de faire entendre leurs spécificités en matière d’organisation et de projets, ce n’est pas de la recentralisation. Pendant des années, on s’est attaché à des débats parfois très théoriques sur la décentralisation alors qu’il faut repartir d’une vraie décentralisation de projets. C’est ce que propose Emmanuel Macron et nous avons engagé avec Jacqueline Gourault. »
Vous aviez été exclu des LR. Quel regard portez-vous désormais sur Laurent Wauquiez et le fait qu’un sondage place Marion Maréchal devant lui ?
« Je distingue véritablement Laurent Wauquiez et ses amis d’une autre partie des LR, militants et élus qui sont sur des positions beaucoup plus constructives. Les LR ne sont pas une masse uniforme et beaucoup d’adhérents sont parfois plus proches de ce que nous faisons au gouvernement que des propos de Laurent Wauquiez. On note d’ailleurs que peu de personnes se précipitent pour défendre ses positions... Quand la droite n’est plus la droite, quand elle se perd dans des manquements importants par rapport à ce qu’elle a toujours été, notamment avec Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, elle n’apparaît plus comme étant authentique. Les gens raisonnables sont gênés par le discours de Laurent Wauquiez, qu’ils regardent comme étant démagogique et pas sérieux. Ils préfèrent se retrouver vers des forces plus centrales, dont La République en Marche. De l’autre côté, des gens nettement plus à droite considèrent aussi que la position de Laurent Wauquiez est démagogique et peu crédible, parce qu’insincère. Ils préfèrent alors regarder vers l’extrême droite. Cette stratégie est perdante des deux côtés. Et elle n’est pas dans l’intérêt du pays. »
Il y a deux blocs LR irréconciliables ?
« Oui très clairement. »
Nous allons entrer dans une période électorale importante. Sur le terrain, les vrais leviers de pouvoirs sont entre les mains des intercommunalités et des Régions. L’enjeu de la Région Normandie vous intéresse-t-il ?
« N’oubliez pas les communes et les départements. Sur ce qui se passe en Normandie et ce qu’il s’y fait, cela m’intéresse de très près. C’est d’ailleurs pour cette raison-là que j’avais fait la campagne d’Hervé Morin, en 2015. Je suis Normand, je vis en Normandie. Cette région a des défis très importants devant elle et oui, je regarde ce qu’il s’y passe de près ».
Clairement, serez-vous candidat aux prochaines régionales ?
« J’ai déjà indiqué qu’à ce stade, cette affaire me fait surtout sourire parce que je m’aperçois que ce sont le maire d’Évreux et le président de la Région sortants qui annoncent ma potentielle candidature aux Régionales. C’est amusant. Ce que je veux, simplement, c’est aider pour que les choses aillent mieux en Normandie. C’est pour cela que je ne crois pas en l’opposition entre les élus locaux, les collectivités et l’État. C’est vrai partout en France et mais c’est encore plus vrai en Normandie où nous avons besoin que tout le monde travaille ensemble. C’est pour cette raison qu’avec mes collègues, j’avais institué le G5 (réunion des présidents des cinq départements normands), transformé en G6 après l’élection d’Hervé Morin. J’appelle à ce que l’on fasse un peu moins de politique politicienne et que l’on se retrouve davantage autour de projets structurants. ».
Mais concrètement, si la situation entre Hervé Morin et l’État ne s’arrange pas sur le long terme, cela signifie-t-il que vous pourriez porter la voix du gouvernement aux Régionales ?
« Je forme le vœu que nous soyons dans des mois utiles, constructifs et productifs entre les communes, les départements, la Région et l’État. C’est la seule chose qui compte. »
Concernant les municipales, notamment dans l’Eure, on voit que la majorité de Guy Lefrand, à Évreux, a explosé. Comment l’expliquez-vous ?
« Comme ministre, je ne veux pas me mêler de la vie politique municipale à Évreux. Mais comme élu départemental de l’Eure, je regarde avec beaucoup d’attention la situation financière d’Évreux. Et je le fais depuis que j’ai été élu président du Département. Je n’ai d’ailleurs jamais cessé de la regarder... Si le conseil départemental de l’Eure a été aussi généreux avec Évreux dans ses politiques de subventions et de contractualisation, c’est bel et bien parce que nous avions déjà identifié qu’il y avait des faiblesses. Aujourd’hui, la capacité de désendettement de la ville d’Évreux est deux fois supérieure à la moyenne. C’est considérable. Sur le plan fiscal, les taux dépassent largement les taux moyens constatés au niveau national. On peut s’interroger sur les capacités de Guy Lefrand à financer son programme d’investissement tout en souhaitant diminuer les impôts, c’est mathématique. Il est évident qu’il y a un chemin de crête difficile à tenir. Heureusement que le gouvernement a stoppé les baisses de dotations - elles augmentent même sur Évreux de 260 000 euros cette année grâce à la DSU - et baisse la taxe d’habitation pour redonner du pouvoir d’achat aux habitants d’Évreux. Je suis clairement là pour aider. Si la ville d’Évreux va mal, cela rejaillira sur l’ensemble des contribuables eurois. Les décisions prises à Évreux concernent tout le monde. Avec Pascal Lehongre et les conseillers départementaux de ma majorité, nous sommes disposés à regarder le financement de chaque projet. »
Soutiendrez-vous une liste La République en marche en 2020 à Évreux ?
« Pour l’instant, il n’y a pas de stratégie électorale sur la ville d’Évreux comme ailleurs. Je regarde avant tout comment les maires gèrent leur commune. Cela entrera en ligne de compte pour savoir qui je dois soutenir ou non. C’est aussi pour cela que nous avons créé l’association Ensemble pour l’Eure. Profondément transpartisane, elle a pour but de réunir tous les acteurs du territoire eurois qui veulent faire avancer des projets, concrètement ! »
Quelle sera la stratégie LREM à Rouen. Y aura-t-il une liste menée par La République en marche ou y aura-t-il une volonté d’alliance derrière la droite et le Centre ?
« Là aussi, une mauvaise gestion à Rouen rejaillit sur l’ensemble de la Normandie et sur l’ensemble de ses habitants. Cela mérite que l’on s’y intéresse. Au-delà des positionnements partisans, c’est une ville métropole où l’on a besoin d’une équipe municipale qui travaille en bonne intelligence avec le gouvernement. Rouen a pris beaucoup de retard ces dernières années et on ne peut pas se permettre de perdre du temps dans des querelles inutiles. Je souhaite qu’il y ait une équipe qui se structure et qui porte un projet ambitieux, disruptif, original et qui se fasse en bonne intelligence avec le projet de transformation d’Emmanuel Macron ».
Commentaire de Florestan: dans la transformation de l'Axe Seine normand en brochette électorale macronienne, entre Paris et Le Havre, il manque la grosse pomme rouennaise...
Qui pour porter ce projet ?
« Il y a de jeunes élus sur le terrain qui ont envie de faire des choses intéressantes. Je souhaite vraiment que l’on ne revive pas une campagne municipale teintée de politique politicienne à l’ancienne. Ce sera vraiment terrible. Et je précise que je ne suis pas intéressé ! »
Est-il nécessaire que le maire de la ville centre soit le président de la Métropole ?
« S’il y a de l’intelligence locale, comme nous avons su le faire à Vernon, cela peut ne pas être le maire de Rouen. C’est une affaire de destin collectif. Un autre élu de Rouen peut avoir un très beau projet communautaire pour la ville ».
Il y a quelques semaines dans L’Express, vous disiez que vous arrêteriez la politique dans dix ans. Une parole en l’air ?
« Ce n’est peut-être pas dix ans précisément mais je raisonne en mandats municipaux. J’ai été élu en 2014 pour six ans et j’ai toujours dit que je m’inscrirai dans une dynamique de deux mandats. L’énergie que l’on met à durer, on ne la met pas à faire. J’ai très envie de continuer cette expérience pour être le plus utile possible mais je ne durerai pas des années. Et je ne veux pas m’accrocher à mon fauteuil comme certains l’ont fait dans le passé. »
« Il n’y a pas de recentralisation. Je n’en vois pas en tout cas ! »
Une grogne monte autour des taxes et du prix des carburants notamment en milieu rural. N’est-on pas, à vos yeux, à la veille d’un mouvement de type Bonnets rouges, qui avait eu raison de l’Écotaxe ?
L’État pèche donc par défaut de pédagogie ?