Automobilistes Normands en colère: Hervé MORIN enfile lui aussi son gilet jaune
Certains en penseront ce qu'ils pourront en criant à la démagogie, au "populisme" quitte à nous proposer d'arriver très vite (en trotinette électrique?) au "point Godwin" du débat...
Nous préférons, plutôt saluer le courage politique d'Hervé Morin, le président de la Normandie qui a fait savoir lundi 5 novembre à l'abbaye aux Dames à Caen en marge de l'ouverture des assises régionales pour la mobilité (justement!) qu'il sera présent sur le bitume le samedi 17 novembre 2018 aux côtés des automobilistes normands en colère avec... un gilet jaune.
On remarquera le silence assourdissant de la gauche officiellement "socialiste" sur cette authentique colère populaire (à l'exception notable de Ségolène Royal) qui démontre que le géographe Christophe Guilluy régulièrement voué aux gémonies par la gauche dite "morale" avait bien raison de nous alerter!
Le gouvernement a beau réfléchir à une solution pour "soulager" la hausse du prix des carburants, la grogne est bien là. Les appels à la mobilisation se multiplient comme celui de ce professeur à Alençon mais entrent aussi en piste les politiques, pour défendre la France rurale assommée.
Publié le 05/11/2018 à 18:31
Ils étaient restés plutôt discrets la semaine dernière sur le sujet, mais les leaders politiques commencent à s'exprimer et à prendre position pour le mouvement du 17 novembre, contre la hausse du prix du carburant. Et comme pour ne pas laisser le champ libre aux seuls leaders de l'extrême droite, des voix commencent à se faire entendre.
Ainsi le député de droite Sébastien Leclerc (Lisieux-Calvados) appelle à un blocage de la rocade de Lisieux, ce 17 novembre et y sera en personne, comme il l'explique à nos confrère d'actu.fr .
Et ce lundi 5 novembre 2018, c'est Hervé Morin, le président centriste de la Région Normandie et président de l'association des Régions de France qui annonce son soutien au mouvement de grogne sur le prix des carburants.
Invité du journal de RTL midi , Hervé Morin déclare " Il y a deux France aujourd'hui. La France des Métropoles, la France de la mondialisation heureuse et puis la France des territoires ruraux qui ont constamment l'impression d'être oubliés.
"Moi je vais me mobiliser à côtés des gilets jaunes dans la Région Normandie. Je vais le faire en tant que responsable politique le 17 novembre prochain", a précisé le président de Région , bien décidé à défendre les territoires. Le matin même, il était auprès des Maires du Calvados qui déplorent leurs mauvaises relations avec l'Etat
La mobilisation n'est plus un simple appel sur les réseaux sociaux piloté par on ne sait qui : la grogne devient celle "des gilets jaunes"
Certains citoyens osent également sortir de l'anonymat pour expliquer pourquoi ils seront aussi dans le blocus du 17 novembre, comme ce professeur d'anglais à Alençon (Orne) qui a besoin de sa voiture pour aller travailler, chaque jour.
Steve de Romanet explique qu'il doit chaque jour de classe assurer ses cours entre deux collèges ruraux, sans transport en commun possible. Le covoiturage ? mais avec qui aux heures où il part ?
"Le gazole me prend 200 euros chaque mois sur mon salaire. Et ça augmente d'un tiers en deux ans sans prévenir ? ", explique t-il.
Il est en contact avec des centaines de personnes dans l'Orne qui bloqueront les rond-points stratégiques, le 17 novembre prochain.
VIDÉO FRANCE 3 NORMANDIE >>>> Comment fait un prof qui travaille en territoire rural, entre plusieurs collèges, pour absorber la hausse du prix du carburant ?
Voir aussi cette autre analyse de la colère des automobilistes normands proposée par Paris-Normandie:
Bonnet vissé sur la tête, cet automobiliste soupire en raccrochant le pistolet de la pompe, l’air franchement blasé. « Vous pensez vraiment que ça va changer quelque chose ? » Manifestement, il ne compte pas parmi les 78 % de Français qui, selon un sondage paru la semaine dernière, estiment « justifié » l’appel citoyen à bloquer les routes le 17 novembre pour protester contre la hausse du prix du diesel. Croisée dans cette même station-service d’un hypermarché Leclerc de l’agglomération rouennaise, Marie, elle, juge même « anormale » l’initiative. « Je suis animatrice commerciale et je dois me rendre ce jour-là à Flins. Je suis tout à fait contre le principe d’empêcher les gens d’aller travailler, quelle que soit la manifestation. » Même si, confie-t-elle, le prix du carburant « commence à poser un gros problème » à son mari, « directeur logistique d’une société ».
« Une chose qui n’augmente pas : les salaires »
« En tant que salarié d’une entreprise de transports, bien que je travaille à l’entrepôt, je suis particulièrement concerné », témoigne quelques mètres plus loin, Jonathan, 30 ans. Au-dessus de son tableau bord : un gilet jaune de sécurité bien visible, le signe distinctif des automobilistes décidés à exprimer leur ras-le-bol. Dans sa voiture également : une affiche appelant à la « mobilisation générale » le 17 novembre, et notamment à une vaste opération de blocage à Rouen. « Avec des collègues et amis, on est train de s’organiser pour y participer ensemble », indique Jonathan. Par souci « d’éviter les casseurs », leur choix se portera peut-être sur l’un des nombreux autres lieux de manifestation annoncés. Mais ce qui est sûr, c’est qu’« il y en a marre : c’est grâce à tous les salariés qui bossent que la France fonctionne. Aujourd’hui, il n’y a qu’une chose qui n’augmente pas, ce sont les salaires ».
« À titre personnel, j’ai fait un effort en repassant au sans plomb 95, mais les salaires ne suivent pas », appuie Azziza, croisée également à la pompe. D’après la jeune femme, l’association de protection à l’enfance pour laquelle elle travaille est elle aussi « motivée » pour renouveler son parc automobile en vertu d’une « consommation plus propre ». Mais en attendant, « comme nous sommes souvent sur la route, les salariés sont très surveillés sur leur consommation de carburant : la hausse des prix met la pression à tout le monde ! ».
À l’instar de son concurrent Carrefour, le groupe Leclerc a sauté sur l’occasion en annonçant la vente des carburants à prix coûtant en novembre. C’est le cas de cette station de l’agglomération rouennaise où le gazole se maintient à 1,45 € le litre. « Et encore, 1,45 €, c’est déjà beaucoup », marmonne un client, peu enclin à commenter la vague de colère, dont il doute lui aussi de l’utilité.
Soutiens politiques
S’il est difficile à l’heure actuelle d’anticiper l’ampleur de la contestation du samedi 17 novembre, et bien qu’elle revendique le plus souvent son caractère non-partisan, celle-ci peut déjà s’enorgueillir d’avoir fédéré une large coalition d’opposants politiques à Emmanuel Macron. En Normandie, le président de Région, Hervé Morin, par ailleurs président de l’Association des régions de France, a notamment fait savoir qu’il participerait à la journée. C’est aussi le cas, entre autres, de Timothée Houssin, délégué départemental du Rassemblement national dans l’Eure, ou encore de la fédération euroise du Parti communiste, qui dénonce « un véritable racket » et lance une pétition demandant au gouvernement « de revenir sur les hausses du prix des carburants et du fioul ».
Dans ce concert de réprobations, une voix discordante s’est fait entendre, hier : celle de la Fnaut, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports. Celle-ci, à l’inverse, demande au gouvernement « de maintenir la hausse des taxes (...) prévue début 2019 », convaincue qu’il est « impératif de limiter la pollution de l’air par les particules fines, la dépendance pétrolière et le réchauffement climatique ».