ACTE XI des Gilets Jaunes: les forces de l'ordre se sont opposées à une manifestation d'unité normande
Enfin! Les gilets jaunes Normands ont tenté de s'emparer du symbole contemporain de l'unité retrouvée de notre Normandie en tentant de constituer une chaîne humaine sur le Pont de Normandie entre Honfleur et Le Havre... Mais la pluie, le froid, la grêle et les forces de l'ordre en ont décidé autrement.
Lire le compte-rendu proposé sur le site de Normandie actu:
Citations:
"C’est une atteinte à la liberté de manifester. Ils n’ont pas le droit de nous interdire d’accéder au pont qui est normalement ouvert à tout le monde !
... s’insurge Cédric, gilet jaune havrais, et instigateur de cette mobilisation dominicale.
On voulait juste faire une marche pacifiste, sur le trottoir, en se tenant par la main, pour répondre à l’appel national des gilets jaunes. C’était surtout pour l’image, le symbole du pont qui réunit tous les gilets jaunes normands."
Plus grave, du côté d'Evreux:
La grande chaîne humaine que devaient former les gilets jaunes sur le pont de Normandie a tourné court, tandis que l’après-midi, seules quelques femmes en jaune ont défilé au Havre. L’acte XI a été marqué par de nouveaux heurts à Rouen et à Évreux, où une polémique a été lancée.
Ils auraient dû se retrouver en nombre hier matin - entre 600 et 800 personnes selon ce qu’espéraient les initiateurs - sur le pont de Normandie, entre Le Havre et Honfleur, pour former une longue chaîne humaine teintée de jaune. Mais les mauvaises conditions météorologiques et la présence des forces de l’ordre auront eu raison de leur détermination. Côté Havre, l’initiative a pris l’eau, les manifestants étant empêchés d’accéder au pont. Côté Calvados, une poignée de gilets jaunes est parvenue à former un mini-ensemble mais de quelques minutes seulement.
À l’image d’une timide mobilisation des femmes en jaune, hier après-midi dans le centre du Havre, cette longue chaîne humaine sur le pont de Normandie aurait dû venir conclure un acte XI des gilets jaunes marqué, samedi, par des manifestations dans toute la région. Au Havre, à Dieppe, à Rouen, où la situation, comme les samedis précédents, est restée tendue durant une partie de l’après-midi, et, surtout, à Évreux, devenu le temps d’une journée la capitale régionale de la protestation.
Quelque huit cents gilets jaunes selon la préfecture - 1 500 selon les participants - ont manifesté dans le chef-lieu eurois. Des heurts ont éclaté au fil de l’après-midi avec les forces de l’ordre. Près de l’hôtel de ville, des véhicules ont été incendiés tandis que des manifestants pénétraient dans les locaux de la police municipale. La Banque de France et la préfecture de l’Eure ont également été prises pour cible.
Cette situation, inédite à Évreux, a provoqué sans surprise une polémique supplémentaire dans un contexte déjà tendu entre le maire LR, Guy Lefrand, et l’autorité préfectorale. En novembre dernier, le maire avait apporter son soutien aux gilets jaunes et leur avait recommandé d’aller bloquer la préfecture... Guy Lefrand s’était attiré les foudres de la justice avait alors écopé d’un rappel à la loi après l’ouverture d’une enquête par le parquet pour « des faits de complicité par instigation d’organisation d’une manifestation non autorisée ».
Samedi soir, le ton est monté d’un cran à nouveau, le maire et patron des LR dans le département estimant que « la ville a été livrée à elle-même ». « À l’État, nous avions demandé des moyens supplémentaires pour contenir les éventuels débordements. Sans succès », juge Guy Lefrand. « Les commerçants, les riverains, les usagers du centre-ville n’ont pas eu le droit à la protection de l’État, en première partie de journée », écrit-il dans un communiqué. Pour lui, « Évreux a été victime d’une double peine : un Etat retranché dans son « bunker » derrière un cordon de forces de l’ordre. La colère d’une partie de ces manifestants s’est alors répandue dans le centre-ville, dégradations et incendies de véhicules à la clé, au pied même de l’hôtel de ville, qu’aucune force de l’ordre ne protégeait malgré les risques évidents représentés par la présence des casseurs alcoolisés venus de départements limitrophes. »
Réplique immédiate du préfet, Thierry Coudert. Tout en assurant vouloir « ramener de la sérénité », il s’est dit étonné « d’entendre que la préfecture aurait été privilégiée au détriment du centre-ville alors même que des bâtiments de l’État ont été attaqués ». « Un dispositif adapté et prenant en compte des effectifs mis à disposition, avait bien été mis en place », affirme-t-il. Le préfet estime aussi qu’il avait été demandé à la mairie de procéder à l’enlèvement des objets susceptibles d’être utilisés par des casseurs. « Force est de constater, ajoute Thierry Coudert, que des barricades ont pu être dressées grâce au matériel des différents chantiers situés autour de la mairie, matériaux qui ont également servi de projectiles à l’encontre des forces de l’ordre ». Cette situation cristallise un peu plus les prises de position des uns et des autres. Ainsi, dans l’opposition municipale de Guy Lefrand, Timour Veyri estime que les événements de samedi « illustrent une nouvelle fois l’impérieuse nécessité pour l’ensemble des responsables locaux d’être dignes de leur fonction en faisant preuve de retenue, de sens des responsabilités et de respect des institutions républicaines ».
Une attaque directe du secrétaire fédéral du PS dans l’Eure à l’encontre du maire et vice-président de la Région Normandie, suivie d’une autre, signée, cette fois-ci, du député LREM de l’Eure, Bruno Questel. « Donc, écrit-il sur son compte Twitter, le maire d’Evreux, responsable des Républicains de l’Eure, soutient les gilets jaunes, les exhorte à bloquer la police municipale et la préfecture, etc. Enfin, quand des exactions sont commises, ce serait la faute de L’État ? Attitude indigne de cet élu local ». Quant à Fabien Gouttefarde, lui aussi député LREM de l’Eure, il s’interroge. « Guy Lefrand a-t-il prêté une salle municipale aux gilets jaunes d’Evreux afin qu’ils puissent organiser la « manifestation pacifique » qui s’est déroulée [samedi 26 janvier 2019]. Et après cela, il accuse l’État de ne pas organiser la riposte... À l’évidence, écrit l’élu sur son compte Twitter, monsieur le maire d’Evreux orchestre ce qu’il savait potentiellement violent pour sa ville dans l’unique objectif de servir son mantra : « l’État nous abandonne ». » Qu’en sera-t-il d’un hypothétique acte XII samedi 2 février ? D’ores et déjà, certains gilets jaunes ont appelé à manifester devant les commissariats et gendarmeries. Des stylos rouges ont prévu de rejoindre les gilets jaunes.