LAIT CRU: la guerre du vrai Camembert de Normandie est relancée par un député MODEM du... LOIRET!
On pensait en avoir fini avec la guerre du vrai camembert qui avait commencé il y a plus de vingt ans lorsque des industriels escrocs tentèrent d'embrouiller les consommateurs avec une appelation commerciale "camembert fabriqué EN Normandie" qui pouvait permettre la manipulation de lait pasteurisé polonais dans une laiterie située en Normandie et qui faisait, surtout, illégalement concurrence à l'appelation AOC/AOP certifiée par l'INAO "Camembert DE Normandie" réalisé au lait cru sur des terroirs situés en Normandie tout en respectant toutes les étapes de la fabrication traditionnelle avec un minimum garanti de lait issu de vaches de race normande ayant brouté de l'herbe ou le foin de leur pré.
Après de fortes tensions en 2007, suite au coup de force contre la laiterie Réo et contre le cahier des charges de l'INAO de Lactalis le géant laitier, plus très flambant aujourd'hui mais qui, à l'époque, avait même réussi par le truchement de son avocat, à faire fermer l'Etoile de Normandie quelques jours en faisant pression sur notre hébergeur, la guerre du vrai camembert s'est poursuivie passant de la guerre chaude à la guerre froide, chacun campant sur ses positions: l'obligation du lait cru resta pour la minorité des éleveurs et des laiteries qui acceptent de travailler dans le cadre plus contraignant de l'AOC "Camembert DE Normandie", la majorité des autres se contentant de faire du Camembert fabriqué EN Normandie avec du lait pasteurisé ou thermisé de différentes provenances...
Mais ce n'était pas sans compter avec l'approfondissement de la crise financière, économique, industrielle, environnementale, sociale, culturelle, psychologique et humaine qui affecte toute la filière laitière agro-industrielle conventionnelle, crise aggravée à partir des années 2010/2011 par la déreglementation de la politique agricole commune européenne entraînant une ouverture encore plus grande sur le marché mondial avec le risque de la surproduction d'un lait de qualité moyenne sinon médiocre, d'un effondrement des prix et d'une vague de suicides au fond des granges...
Ce n'était pas sans compter, en outre, avec la prise de conscience de plus en plus forte de consommateurs qui veulent manger sain, bon et authentique, de préférence local et bio: la filière biologique reste encore marginale face à une filière laitière conventionnelle en crise mais son développement est à deux chiffres et dans dix ans, la filière biologique, locale et paysanne adossée à des labels certifiant la qualité sera le modèle dominant de la filière laitière normande qui commence à comprendre que sur un marché du lait devenu mondial, seule la haute qualité identifiée, à l'instar des produits cosmétiques de luxe, permettra aux éleveurs et laitiers normands de vivre dignement de leur travail intense.
D'ailleurs, les industriels, tel un hommage du vice rendu à la vertu, ne s'y sont pas trompés en flairant les évolutions du goût des consommateurs qui deviennent, de plus en plus, des consomm'acteurs critiques puisqu'ils proposent, en même temps, des camemberts fabriqués en Normandie et des camemberts de Normandie AOC qu'ils vendent, bien évidemment, plus chers...
Il y a donc, depuis peu, une marée montante de la demande sociale pour la qualité "biocal" qui devrait, en principe, soulever toutes les coques au dessus de leur souille...
Puis vint la réunification politique et administrative de la Normandie:
Avec le retour d'un pouvoir régional fort en Normandie et d'une certaine vision de l'avenir, l'opportunité se présente de prendre à bras-le-corps ce dossier laissé en déshérence par l'Etat central mais qui est essentiel pour l'identité et l'avenir de notre région.
L'idée d'intérêt général qui parut évidente à l'immense majorité de la filière laitière normande était de trouver un compromis suffisamment contraignant pour tirer vers le haut toute une filière en reconversion parfois difficile vers le retour de la qualité et de l'authenticité (des vaches de race normande broutant l'herbe de leurs prés) avec l'idée de ne plus opposer le lait pasteurisé au lait cru pour que le passage du premier vers le second, plus rémunérateur mais aussi plus exigeant et contraignant, puisse se faire pour le plus grand nombre d'éleveurs possible: On le sait, ce fut une concession importante qui fut acceptée par les partisans (pas tous d'ailleurs...) de la qualité et de l'authenticité normandes du lait cru dans le cadre de l'AOC, nous en fûmes...
Mais cette concession était intelligente à faire car nous avons gagné la bataille idéologique contre la médiocrité du lait agro-industriel conventionnel.
Et les contreparties pour le camp d'en face, autrefois si arrogant et puissant mais ayant désormais une image médiatique plutôt déplorable, ne sont pas moins grandes car les industriels ont accepté de renoncer à l'appelation commercialement fallacieuse de "camembert fabriqué en Normandie" et ont accepté la renormandisation générale des troupeaux avec l'objectif de monter à 65% après 2021 ce qui ouvrira la seconde étape du chantier de reconstruction de la filière laitière normande après quarante années d'effondrement dans la pisse de lait avec la mise en oeuvre d'un label AOC Lait cru de Normandie produit en Normandie par des vaches de race normande ayant brouté l'herbe et le foin de leurs prés.
En outre, ultime victoire des partisans de la qualité et de l'authenticité normandes, ces derniers obtinrent d'adjoindre la mention commercialement valorisante "véritable" pour préciser qu'il s'agit d'un "camembert de Normandie" au lait cru de vaches normandes nourries à l'herbe, bio, moulé à la louche à la ferme, dans le meilleur des cas (qui se retrouve sur la table de l'Elysée ou de la cantine du Sénat ou de l'Assemblée Nationale, ces palais de la République ou les palais ne se refusent rien tout en écoutant régulièrement, avec attention, les arguments pas laids des lobbies de l'agro-industrie qui mènent, en permanence, le combat d'arrière garde de trop...).
Le compromis de Vimoutiers
Il fallait donc rappeler toute cette histoire pour comprendre l'importance de l'accord qui fut récemment scellé à Vimoutiers sous l'autorité politique d'Hervé MORIN le président de la Normandie, accord réunifiant la filière laitière normande tout en la dotant d'un projet pour l'emmener vers une qualité plus valorisante et rémunératrice par le retour à l'authenticité et la typicité au prix d'un compromis respectant l'intelligence de tous les acteurs d'une filière qui doit lutter pour sa survie par le retour de la vache normande mangeant la bonne herbe normande partout en Normandie!
http://normandie.canalblog.com/archives/2019/02/01/37066547.html
On pensait donc ne plus entendre parler de la guerre du camembert... Et pourtant!
Richard Ramos, le "roi du calendos" ? Non, ça n'est pas le surnom un peu familier du député MoDem du Loiret. Mais ça pourrait le devenir. Car l'élu part au secours des camemberts au lait cru. Avec Véronique Richez-Lerouge, présidente de l'association Fromages de terroirs, il va offrir un camembert à chacun de ses 576 collègues députés (avec sa photo collée sur l'emballage, comme celle de sa complice), aujourd'hui, dans la matinée, à l'Assemblée nationale.
Le but de ce nouveau coup d'éclat ? Dénoncer l'instauration d'une nouvelle appellation d'origine protégée (AOP). "En théorie, la France défend ses AOP, mais dans les faits, elle ne fait que les enterrer", écrit le parlementaire.
Richard Ramos explique que "le label sera décerné, dès 2021, avec un lait issu de seulement 30 % de normandes, pasteurisé et moulé en une fois par un robot. Nous dénonçons une dégradation d’un symbole de la gastronomie nationale, de son goût et de sa typicité ", écrit encore le parlementaire.
Et tout cela avec l'accord du syndicat normand, qui a décidé de "construire une grande AOP pour tous en ouvrant à la pasteurisation, et donc la porte aux camemberts industriels" et au géant Lactalis, cingle Richard Ramos.
Florent Buisson
Lire, en intégralité, le communiqué de presse diffusé à cette occasion:
Commentaire de Florestan:
Le propos de Monsieur le député Ramos a failli nous séduire puisqu'il fut le nôtre pendant la guerre du "véritable" camembert DE Normandie AOC au lait cru de vaches normandes broutant de l'herbe ou du foin...
Mais en relisant plusieurs fois ce communiqué qui relance la guerre du camembert à l'Assemblée Nationale, plusieurs choses nous alertent:
1) L'enjeu principal sinon essentiel de la "renormandisation" du cheptel laitier normand est ici minoré sinon caricaturé: il serait soumis au mirage chinois de l'or blanc et dont l'actualité récente nous démontre qu'il ne s'agit que d'un mirage.
2) Le député Ramos... du Loiret, c'est-à-dire, l'Orléanais où l'on apprécie plus encore qu'en Normandie l'agro-chimie industrielle sur de grandes cultures et de grands espaces et qui doit savoir qu'un Brie de Meaux AOC au lait cru est encore plus difficile à trouver qu'un camembert AOC de Normandie au lait cru, devrait plutôt s'inquiéter de la raréfaction catastrophique des abeilles dans sa circonscription où l'on fait encore le fameux miel du Gâtinais plutôt que de nous servir lestement des leçons de camembert normand!
3) Le député Ramos... du Loiret ne semble pas connaître toute l'étendue de notre affaire normande: derrière la question du camembert AOC au lait cru et la nécessité du compromis de Vimoutiers, il y a l'urgence sociale et culturelle de sauver toute la filière laitière normande en reconversion vers une qualité laitière plus rémunératrice et un accès plus ouvert au cahier des charges de l'AOC: la renormandisation et le retour à la pâture à l'herbe sont les objectifs essentiels. Il ne semble pas connaître aussi le rôle que peut jouer l'Institut Régional de la Qualité Alimentaire (IRQUA) institut qui n'existe qu'en Normandie et qui peut jouer un rôle de pilotage de l'ensemble de la filière vers la qualité gastronomique et l'authenticité:
https://www.saveurs-de-normandie.fr/
Il y a urgence: la crise sociale et culturelle de la filière laitière normande a, ainsi, servi de cadre au dernier grand roman de Michel Houellebecq...
4) On rappelera enfin que le député Ramos a son modem connecté à la République En Marche dont les ministres Normands du gouvernement ont déclaré la chasse au... Morin: on rappelera au député Ramos du Loiret qu'un certain Bruno Lemaire aujourd'hui ministre des Economies à faire sur le dos de la bête, de la Privatisation des bijoux de famille ou de l'impuissance Industrielle de Monsieur Macron a aussi présidé à l'impuissance laitière normande quand il était le ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy avec la déréglementation de la politique agricole européenne. On se souviendra qu'il fut à l'origine de la mise en place d'un "bassin laitier normand" pour tenter de rééquilibrer les relations entre éleveurs et industriels. En vain...
http://normande4.rssing.com/browser.php?indx=6173223&item=81
Bref! le député Ramos, je l'ai cru... jusqu'au moment où je me suis demandé quel argent aura pu financer ce grand coup de com de Monsieur Ramos à l'Assemblée nationale!
Autre question: qui pourrait être gêné par l'instauration d'un monopole de fait en faveur de la manipulation du lait de Normandie en Normandie qu'il soit cru ou pasteurisé si ce n'est tous producteurs laitiers étrangers à la Normandie qui pouvaient envoyer leur lait pour fabriquer des camemberts.... en Normandie?
Le lobby ligéro-breton du lait va se mobiliser et la sortie de Monsieur Ramos n'est qu'un avant goût!
Moralité: derrière le ramage d'un Ramos qui soigne son plumage il faut craindre aussi la pasteurisation politicienne anti-Morin donc anti-normande que cela soit au gouvernement ou dans la majorité LREM ou chez les affidés du Modem...