ARMADA: ô rage! ô désespoir... Don Diegue à Don Miguel (d'après Corneille)
Ô rage ! ô désespoir ! ô viellesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher Le Comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le derniers des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Vendredi 7 juin 2019 en fin d'après-midi, la tempête Miguel arrive dans le ciel rouennais... Le vent d'Ouest a soufflé à 123 km/h au cap de la Hève dans la soirée du 7 juin 2019...
Les premiers jours de l'Armada, le plus grand rassemblement de voiliers du Monde à Rouen commencent sous des cieux tourmentés par la tempête et le roulement du tonnerre digne du tragique d'une pièce de Pierre Corneille le célèbre dramaturge né à Rouen. (Le Cid, premier acte, scène 4, la célèbre tirade de Don Diegue).