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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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2 décembre 2019

Les jeunes normands de plus en plus menacés par la précarité...

La tendance est nationale et la Normandie, hélas, ne fait pas exception à la règle: de plus en plus de jeunes, notamment des étudiants, fréquentent les dispositifs d'aide d'urgence tel que les "Restos du coeur" fondés par Coluche...

Reportage proposé par Paris-Normandie dans l'agglomération rouennaise:

https://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/en-normandie-de-plus-en-plus-de-jeunes-font-appel-aux-dons-alimentaires-AE15996017

En Normandie, de plus en plus de jeunes font appel aux dons alimentaires

Précarité. Ils ont moins de 26 ans et subsistent grâce à l’aide des repas des restaurants du cœur, des épiceries solidaires ou de la banque alimentaire. Reportage.

Pour se nourrir, chaque euro compte. Au centre des Restos du cœur Jean-Jacques Rousseau du Havre, la moyenne d’âge n’est pas élevée ce jeudi après-midi. « Nous sommes ouverts uniquement pour les étudiants de 14 h à 20 h », explique Éric Villechanoux, le responsable du site qui se situe à deux pas de l’université. Presqu’une exception pour les Restos qui ont pour but de recevoir tout le monde. Sans distinction. « Il n’y a que cinq ou six centres en France qui procèdent de cette façon », assure Éric Villechanoux. Une décision prise il y a six ans pour répondre aux besoins énormes de cette population. Alors, lorsque l’on dit au responsable que 51 % des bénéficiaires des Restos ont moins de 26 ans (y compris les jeunes enfants des familles), il n’est pas surpris. « Sur les 1 200 personnes qui fréquentent le centre Rousseau, 530 sont des étudiants. Les autres jours nous recevons également des jeunes qui ne sont pas en études. » Le responsable se retrouve parfois confronté à des situations terribles. « Nous accueillons un jeune, d’à peine 18 ans, qui vit dans un abri de jardin d’une maison abandonnée... » Ici, on entend parler toutes les langues : espagnol, arabe... Beaucoup de bénéficiaires sont des étudiants étrangers. « Nous ne pouvons pas obtenir de bourse », regrette Amine, 26 ans, en troisième année de Génie civil. Difficile parfois pour lui de concilier les problèmes alimentaires et les études. « Si le budget, ça ne va pas, psychologiquement, ça ne va pas. »

Son camarade de classe, Abdelghani, 23 ans, fréquente les Restos du cœur depuis l’hiver dernier. « C’était vraiment très compliqué en 2018 personnellement », reconnaît l’étudiant. Cette année, c’est différent. « Je travaille comme agent de sécurité en parallèle de mes études pendant les week-ends. » Un petit revenu, couplé à l’aide des Restos, qui lui permettent d’envisager son année universitaire plus sereinement. « Mais ce n’est pas facile de tout concilier. »

Grâce à cette campagne d’hiver pendant laquelle 14 000 repas seront distribués dans l’agglomération, « les jeunes vont pouvoir, sous conditions de ressources, avoir six repas chauds par semaine », explique René Riquet, porte-parole pour la région rouennaise. Ceux qui dépassent le plafond pour bénéficier de la campagne d’hiver (qui a démarré mardi), peuvent se restaurer au « camion », tous les soirs place Saint Marc et place des Emmurées, à 18 h. Jeunes et étudiants, ont rarement ce problème, et peuvent se rendre dans les centres des Restos, comme celui de Maromme, pour le plein de ressources alimentaires de base. Grâce à un système de points, Mizar choisit les aliments qu’il souhaite sur les étagères. Du lait, du pain, quelques sardines, du saumon sous vide. « C’est la deuxième fois que je viens. Ça aide beaucoup, c’est une grande charge en moins », sourit-il. Derrière son ordinateur, Denis, le responsable du centre, fait les comptes : « Nous avons exactement 504 jeunes de moins de 25 ans inscrits à la campagne d’hiver pour un total de 1025 personnes ». Lorsque le centre avait ouvert ses portes, il y a cinq ans, il ne comptait que 50 étudiants. « Chaque année, nous avons de plus en plus de jeunes, étudiants ou non », confirme Jean-Luc, bénévole depuis six ans.

« les ennuis de demain »

Dans l’agglomération rouennaise, les épiceries solidaires permettent également, sous conditions de revenu, de faire des courses. Il faut débourser quelques euros pour remplir son caddie. Bien que vendus entre 30 et 40 % de leur valeur marchande, les produits se révèlent parfois trop chers pour les jeunes au budget serré. Ainsi, en 2018, sur les 2 672 inscrits de la région rouennaise, seuls 313 ont moins de 30 ans.

Pour aider la population estudiantine, la banque alimentaire a mis en place une épicerie itinérante qui passe à Mont-Saint-Aignan, Pasteur et Madrillet. « Les jeunes donnent 2 € et ils ont de quoi se nourrir pour une semaine, explique Mari Carmen, responsable de la communication de la banque alimentaire. Aujourd’hui on dépasse les 600 étudiants. C’est hyper important, parce que la malnutrition, c’est les ennuis de demain : diabète, problème cardiaque, échec scolaire... »

« Des représentations discutables des rôles sociaux perdurent »
Jeudi matin, 11 h. William attend devant l’antenne rouennaise des Restaurants du cœur, située sur la rive gauche rouennaise. C’est un jour « important » pour le jeune homme de 24 ans. Il a soigné sa tenue et s’est « coupé les cheveux [lui] même. Moi je me suis toujours démerdé tout seul. J’ai de bons rapports avec mes parents, mais on est sept enfants. À 18 ans, faut bien bouger, pas le choix ». Trois ans après avoir bénéficié d’un logement pour l’hiver grâce aux « Restos », il retrouve exactement le même studio, pour six mois, dans un logement social à Maromme. « Je suis sorti pendant sept ans avec une fille. Ça s’est très mal fini, et j’ai tout perdu. Mon logement, mon travail, ma stabilité émotionnelle, mes finances », se remémore William, qui travaille lorsqu’il en a l’occasion, sur des missions « en intérim’ ». Pour lui, les « Restos », ce n’est pas juste l’aide alimentaire, c’est aussi ce petit studio de 18 m², qui lui coutera 80 € par mois. « Avant 25 ans, on a rien. Pas de RSA. » Au bout des six mois proposés par l’association fondée par Coluche, c’est Adoma, un organisme « d’insertion par le logement », qui prend le relais. Le loyer passera alors à 345 € par mois (moins les aides personnalisées au logement). Mais pour l’heure, William peut souffler. « Ce logement, j’en ai vraiment besoin. Maintenant, il faut que je trouve un CDI. Ce sera génial. Vraiment génial », espère-t-il.
Dans cette résidence sociale qui compte 163 logements (dont 8 réserves aux restaurants du cœur), « il y a des règles », prévient Sandrine Hervieux, responsable de l’association Adoma dans la résidence. Le prédécesseur de William a laissé la marque d’un violent coup de poing dans la porte de la salle de bain et a ainsi dû rendre le studio. « En termes de logements les jeunes, tant qu’ils n’ont pas le RSA, c’est compliqué », constate-t-elle, précisant « préférer les jeunes qui n’ont pas de problèmes avec leurs parents. » Il existe « trois autres résidences similaires, continue-t-elle, derrière la préfecture, à Petit-Quevilly et à Saint-Étienne-du-Rouvray. Pour un total de 600 places de logement accompagné ». Ces logements restent temporaires, bien que renouvelables une fois pour un bail d’un an. Sur place, une intervenante sociale assure trois permanences par semaine pour envisager « l’après », le relogement dans une habitation classique.
Collecte aujourd’hui
Depuis trente-cinq ans, la banque alimentaire organise lors du dernier week-end de novembre une grande collecte nationale. Maëva, 18 ans, a choisi de s’engager en donnant de son temps lors des trois jours de la collecte au Monoprix de Rouen. « Pour moi c’est essentiel de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin », assure-t-elle. À la sortie du magasin, les bénévoles ont pu « récupérer énormément de caddies. Des féculents, des conserves, des gâteaux. Les gens sont plutôt réceptifs », s’enthousiasme-t-elle. La campagne prend fin aujourd’hui dans les supermarchés.
François Vanhove

Journaliste, éditions du Dimanche, Le Havre

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Commentaires
J
Je suis d'accord avec le commentaire de Florestan. Néanmoins, j'ajouterai qu'il est aussi du devoir des autorités que ce soit l'état ou la région d'inciter les jeunes à s'orienter vers des filières qui déboucheront sur un job. On forme des milliers de jeunes dans des domaines dans lesquels il y a très peu de place à pourvoir. En parallèle, on a tellement dénigrer les métiers dits manuels que l'on en manque ! Je pense que là il y a matière à réflexion et qu'il faudrait être plus pragmatique que dogmatique, comme cela est le cas outre-Rhin.
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