REMADE: après le désarroi, être "SIRE DE SEI"... Comme autrefois les LIP!
BILLET DE FLORESTAN
Sur le front de l'industrie, il ne faut jamais baisser la garde, la guerre est permanente et les coups les plus rudes viennent souvent de l'intérieur...
Exemple, hélas, avec Remade, la fameuse "licorne" d'un conte de fée industriel qui vire dorénavant au cauchemar car le fondateur de la boîte à partir de l'idée géniale de recycler des téléphones portables usagés pour en faire des neufs s'est révélé être un mauvais génie de la finance lui-même envoûté non pas par les licornes mais par les "yearlings" des ventes de Deauville...
Les salariés de Remade, encadrés par la CFDT se sentent totalement abandonnés depuis que l'entreprise a déposé le bilan et a été placée sous le contrôle du tribunal de commerce de Rouen dans l'attente d'un repreneur qui se fait désirer.
Et l'amertume est d'autant plus grande que les élus qui étaient tous accourus pour voir l'extraordinaire licorne de Monsieur Millet qui volait de victoires en victoires jusqu'aux Etats-Unis sont, maintenant, tous aux abonnés absents aujourd'hui:
Nous le déplorons et il faut dire que le dossier Remade est la seule ombre au tableau d'honneur de la politique industrielle normande mise en oeuvre avec efficacité et volontarisme par Hervé Morin depuis quatre ans:
Bien évidemment, la région et l'agence de développement de la Normandie (ADN) ne sont pas responsables de la gestion malhonnête d'un Matthieu Millet qui avait déjà été poursuivi devant une juridiction normande pour le même type d'affaires... La région, son agence spécialisée ainsi que le maire d'Avranches auraient dû être plus prudents mais la licorne de Monsieur Millet était si belle et elle a abusé tout le monde! Y compris nous-mêmes sur l'Etoile de Normandie nous avions voulu croire, avec enthousiasme, à cette belle histoire industrielle.
Le retour à la réalité est brutal. Maintenant, il faut agir!
Et si le dispositif ARME de l'Agence de développement de la Normandie peut servir à quelque chose (comme il l'a déjà prouvé pour quelques 12000 emplois normands sauvés depuis quatre ans) c'est l'occasion!
Si la Normandie doit être le BOUCLIER SOCIAL des Normands, c'est l'occasion de le démontrer!
MAINTENANT!
Enfin, si les salariés de Remade doivent se mobiliser en cherchant des ressources psychologiques inédites au fond d'eux-mêmes pour sauver leur outil de travail, leur usine, leur emploi (car la réalisation du rêve d'une licone ce n'est pas Millet c'est eux...) il faut que cela soit efficace, pertinent pour construire un rapport de force utile:
Pas sûr que la destruction d'une partie du stock de la production qui fait toute la valeur de leur travail soit la bonne méthode!
Nous affirmons que la décision de détruire une partie des téléphones portables pour faire pression dans un dossier où, par principe, les salariés ne sont pas écoutés, n'est pas la bonne. Et cette décision désespérée d'autodestruction partielle, symbolique, est d'autant plus étonnante que le mouvement social des Remade est encadrée par la CFDT, un syndicat qui, dans cette affaire, a oublié sa propre histoire...
Nous avons contacté par l'intermédiaire d'un réseau social bien connu, les syndiqués de la CFDT en charge du site de Remade pour leur rappeler un autre conte de fées, ou plutôt un vrai conte de Noël, non pas normand, mais franc-comtois, voire visontin pour être encore plus précis!
Une belle histoire à raconter en cette veillée de la Noué du côté d'Avranches et qui pourrait commencer par ces mots:
"C'est possible! on fabrique, on vend, on se paie!"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Lip
Le célèbre slogan des LIP fut celui de cette magnifique lutte des ouvrières et ouvriers de l'horlogerie à Besançon qui ont résisté vaillamment, dans les années 1970, contre le dépôt de bilan de leur entreprise après une erreur de gestion de leur patron et pour la reprise de leur usine en société coopérative ouvrière...
Après avoir refusé un plan social massif proposé par un repreneur étranger, les LIP surent conserver leur unité en organisant une résistance efficace pour éviter le déménagement ou la fermeture de leur usine:
1) les ouvriers démontèrement une partie des machines pour les neutraliser (sans les détruire).
2) les cadres déménagèrent les bureaux d'études et mirent les plans au secret.
3) Et surtout, le stock des montres déjà réalisées fut caché dans les villages alentours y compris dans des presbytères, des églises et des sacristies!
En effet, la lutte des LIP était encadrée par une CFDT encore révolutionnaire ET chrétienne (contre l'avis de la CGT à l'époque!) avec comme chef de file, un prêtre ouvrier dominicain qui a donné le courage et le cadre intellectuel et spirituel à l'ensemble du groupe pour agir.
Certes! il fallait oser braver la loi: cacher les montres, puis en fabriquer de nouvelles avec la réoccupation de l'usine par ses salariés et s'offrir une "paye sauvage" c'était du recel! Mais détruire un stock de téléphones portables neufs c'est aussi enfreindre la loi...
Bref! nous avons rappelé à la CFDT locale le joli conte de Noël des LIP: nous n'avons pas encore de réponse de leur part...
Alors, nous insistons!
Pourquoi ne pas cacher dans les profondeurs du bocage de l'Avranchin le trésor de Remade?
Pourquoi ne pas réoccuper l'usine? La remettre en route? Vendre les téléphones? Et se payer?
Retrouver sa souveraineté professionnelle?
Etre... Sire de Sei?
D'autant plus que non loin de Poilley, il y a l'exemple d'Acome qui près de Mortain, fait vivre la plus grande société coopérative ouvrière de France sur le domaine hyperstratégique dans la mondialisation actuelle de la fibre optique avec une redoutable concurrence asiatique...
Les salariés de Remade près d'Avranches (Manche) ont détruit des Iphone pour être entendus. Les élus et actionnaires sont restés silencieux depuis une semaine.
Jeudi 19 décembre, des milliers de Iphone forment un tapis vers l’entrée de l’entreprise Remade basée à Poilley dans la Manche. Ce cimetière de téléphones portables marque la colère et l’incompréhension du personnel. La société qui reconditionne les téléphones portables est au bord du gouffre depuis plusieurs mois. Face à un silence pesant, les salariés ont décidé de frapper fort pour se faire entendre auprès des actionnaires et des élus.
Lire aussi : Vidéo. Des salariés excédés de Remade détruisent 1000 Iphone dans la Manche
Ils ont détruit environ 1000 portables un premier jour et ont recommencé cette action spectaculaire plusieurs fois dans la semaine. Ils ont aussi déposé des téléphones devant la sous-préfecture et devant la société de l’ex dirigeant Matthieu Millet. Les appareils n’avaient pas une grande valeur pour l’entreprise. Les détruire sonnait plus comme un cri du cœur.
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L’avenir du personnel se jouera le 9 janvier au tribunal de commerce de Rouen. Les 320 salariés que compte actuellement l’entreprise ne seront pas tous gardés. La meilleure offre de reprise est de 117 personnes et pourra être revue à la hausse. Ils ont manifesté hier dans les rues d’Avranches et ont pu rencontrer Gilles Traimond, le sous-préfet, et une personne de la direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (Direccte). « On a parlé du ressenti des salariés », expliquent les membres du Comité social et économique (Cse.)
La lassitude peut se lire dans les yeux de certains. « On s’est fait avoir par l’ancienne direction », estime un salarié qui travaille en production dans l’entreprise depuis deux ans. « Il faut arrêter de nous prendre pour des pions qu’on manipule », poursuit son collègue. « C’est difficile psychologiquement. c’est destructeur. » Ils sont un petit groupe présent tous les jours depuis une semaine devant l’entreprise avec seulement un feu pour les réchauffés.
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Ils auraient aimé plus de soutien des élus locaux qui voyaient dans cette entreprise des perspectives d’emploi… Pour son développement, Remade voulait créer un campus à l’américaine sur un terrain qui appartenait à la communauté d’agglo. L’ancien patron a décidé de se rétracter ensuite en septembre laissant le bébé aux élus. Aujourd’hui, des négociations sont en cours entre la collectivité et l’ancien patron de Remade. La région Normandie, par l’intermédiaire de Normandie participation, était rentrée dans le capital à hauteur de deux millions d’euros.
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Remade venait d’effectuer une importante levée de dette à hauteur de 120 millions. La Région n’a jamais communiqué officiellement. « On ne voit pas Hervé Morin (président de la région Normandie Ndlr) et tous ces politiques », s’indigne encore un salarié…
La collectivité a pourtant été questionnés par le Parti communiste à plusieurs reprises et le Rassemblement national. « Ce n’est que 2 millions sur 120 millions d’euros », nous a répondu il y a quelques semaines Sophie Gaugain, vice-présidente en charge du développement économique à la région. Le CSE a rencontré la Région en octobre. Depuis rien, les élus de la Région ont gardé le silence.