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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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13 janvier 2020

Caen, 14 janvier 2020: Conférence du séminaire "Normandie" de l'Université populaire consacrée à Arcisse de CAUMONT (2)

AVIS à nos lectrices et lecteurs...

 

SEMINAIRE NORMANDIE de l'université populaire de Caen

Onzième année

Seconde conférence/ débat proposée par Landry LEFORT (éditions de l'Athènes normande)

Arcisse de CAUMONT, érudit normand, précurseur de la décentralisation

 

124871832Droite

Mardi 14 janvier 2020

18 heures

Salle d'étude de l'auditorium du Musée des Beaux-arts, enceinte du château ducal de Caen

Entrée libre et gratuite

La décentralisation, c’est la vie

Arcisse de Caumont : Incarnation et limites d’un fonctionnement intellectuel « décentralisé »

Bibliographie :

Revue de Rouen, Tome II, Rouen, 1833, p. 65 à 68

Christophe BOUTIN : Arcisse de Caumont décentralisateur, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Tome XL, Caen, 2004

Charlotte ROBERT : L’Institut des Provinces de France, le détonateur d’une lutte pour la décentralisation intellectuelle, ibid.

Dr GOSSELIN : Arcisse de Caumont et la politique, p. 111, Annuaire de l’Association normande, 100e année, 1933

Gérard PINSON, L’association normande au XIXe siècle. Réussite et déclin d’un modèle de société savante, Cahier des Annales de Normandie n°24, Caen, 1992

François GUILLET : Naissance de la Normandie, Annales de Normandie, Caen, 2000

 

 

INTRODUCTION

Nous avons pu constater lors de la précédente présentation qu’Arcisse de Caumont était devenu, de 1830 à 1850, l’un des intellectuels majeurs dans son domaine en France, voire dans le monde.

Mais il ne cantonna pas uniquement son action à la géologie et à l’archéologie. Son regard portait sur toute la connaissance et par extension était éminemment politique, au sens de « vie de la cité » ou plutôt de la province, qui sera le cadre de départ de son action.

Nous allons donc nous pencher un peu plus sur son mode de fonctionnement. Toute sa méthodologie de l’archéologie repose sur une observation du terrain, grâce à une remontée d’information rendue possible par à un réseau local pourvoyeur d’information. Il entend déployer son mode de fonctionnement intellectuel purement scientifique, analytique, inductif à la politique. Ce fonctionnement découle de l’empirisme qui le fait fonctionner du concret vers l’abstrait. Pour lui la centralisation est un non-sens intellectuel puisqu’on enfreint les règles de la logique en ne respectant pas le sens imposé par les besoins et la remontée vers le sommet qui devrait en découler. Il va donc partir en croisade contre la centralisation, par logique intellectuelle mais également par instinct légitimiste attaché à l’autonomie de sa province.

Nous allons voir comment il créa l’Association normande afin de contrer l’influence de la centralisation intellectuelle impulsée par Paris, structure qui connut un très grand succès et assit son influence dans la province de Normandie. Nous verrons ensuite comment il fonda l’Institut des provinces, qui vint amplifier son projet de frein à l’influence culturelle et intellectuelle de l’Institut de France et des académies. Puis comment il tenta également de contrecarrer politiquement l’État en inspirant les travaux d’une réforme des institutions via l’Association normande d’abord en 1849 puis en 1871. La dernière partie de cette présentation se penchera sur l’échec de ses entreprises décentralisatrices, que ce soit à travers l’échec de l’Institut des provinces, de ses ambitions politiques ou, de façon posthume, à travers le rapide déclin de l’Association normande après son décès.

 

 

  1. Succès initiaux dans la recherche de la décentralisation intellectuelle : l’Association normande

Elle est créée par Arcisse de Caumont à Caen en 1831. Comme nous l’avons vu, l’activité débordante de cet érudit lui valut une très grande réputation jusqu’en dehors des frontières nationales. Son Cours d’Antiquités monumentales en 6 volumes publié de 1830 à 1841 demeure son œuvre majeure. Mais Caumont envisage son action sur un plan beaucoup plus étendu que la simple archéologie. Il se veut chef d’orchestre de la connaissance, quitte à concurrencer Paris, si Paris ne veut pas de lui pour conduire les orientations intellectuelles du pays.

Concurrencer le poids de l’État et fédérer au-delà des clivages habituels

L’Association normande, sous son nom complet Association normande et anti-centrale des études et de l’industrie provinciale est un projet extrêmement ambitieux de société savante propagatrice du progrès scientifique et dont l’aire d’action embrasse les 5 départements normands. L’ambition est de doubler, sinon contrer, les efforts de l’État en termes de propagation du progrès scientifique au sein de la province. Caumont va réussir l’exploit de réunir des personnalités venant de corps très différents et de sensibilités politiques parfois opposées. Les experts réunis autour de lui auront pour mission de concurrencer le pouvoir des agents déconcentrés de l’État, afin de limiter le poids de leurs orientations et d’accentuer le pouvoir intellectuel local, ce qui satisfait les conservateurs puisque les notables locaux, essentiellement issus de la propriété foncière, y sont majoritaires. Mais au « connais-toi », la structure ajoute le « associez-vous ». Ce crédo associatif appelant à l’initiative privée, reprenant en cela un modèle anglo-saxon développé au Royaume-Uni et aux États-Unis, répond aux aspirations des libéraux. Mais l’ambition progressiste humaniste de l’association ne déplaît pas non plus aux penseurs socialistes. Un brassage social et intellectuel est donc promu, même s’il demeure sous le contrôle des notables. L’association va poser les bases d’une ethnologie régionale afin de redéfinir l’identité provinciale. Caumont est favorable à la création d’universités provinciales permettant une éducation enracinée et le développement d’une élite locale qui sache éviter la fascination délétère de Paris.

LECTURE DE L’ARTICLE DE LA REVUE DE ROUEN

Cet élan statistique (les travaux impliquent par exemple le lancement d’une magistrale Statistique générale des 5 départements, œuvre pensée en 300 articles aussi exhaustifs que possible) visant à améliorer la connaissance de la province a également pour but de défendre les intérêts de la Normandie au niveau national. Ce lobbying avant l’heure doit aussi devenir le contrepoids des revendications des autres provinces françaises à Paris. Des considérations d’inventaire démographiques, sociologiques, ethnologiques guident les recherches qui ont une finalité de développement économique voulu conjointement à un progrès moral et matériel du peuple. Les membres de l’association deviennent les pionniers de la statistique en France. Beaurepaire, membre fondateur, considère que l’association a un esprit « sagement progressif ». L’association est donc pleinement en phase avec les courants de pensée philosophique de l’époque. Elle se développe ainsi rapidement et compte près de 1500 membres dès 1850 et près de 2500 en 1870. Elle organise chaque année un congrès et publie son annuaire, qui consacre 71% de son volume à des informations scientifiques ou d’érudition.

  1. L’Institut des provinces et les premiers échecs

Contrer l’Institut de France et la centralisation intellectuelle dans toute la France

Caumont, dans sa croisade contre la centralisation, va tenter d’étendre l’expérience de l’Association normande à tout le pays. Il convient pour lui de réagir au mal récurrent de la Province, qui est le cloisonnement intellectuel. L’objectif pour toutes les sociétés savantes est de se maintenir au courant du mouvement intellectuel et académique à l’échelle du pays, province par province. De connaître le travail des autres sans passer par le filtre de Paris. D’où l’organisation de congrès scientifiques nationaux (le premier de France eut lieu à Caen en 1833).

Mais Caumont n’agit pas totalement sans s’intéresser à ce que pense Paris de ses initiatives. L’un des enjeux est de faire reconnaître officiellement par l’administration le travail des sociétés savantes et donc par là tout l’intérêt de son approche. Mais ce désir restera une chimère car ni l’État, ni l’ensemble des érudits provinciaux ne reconnaîtront pleinement la structure. Le nom « Institut » est d’ailleurs illégal car le mot est réservé à l’Institut de France (loi du 11 floréal an X). Le ministère de l’instruction publique lui refuse donc toute reconnaissance officielle malgré ses nombreuses demandes. Le ministre Falloux décide même de ne plus répondre à Caumont en 1849, alors qu’il est membre titulaire de l’Institut des provinces ! La position de l’administration est néanmoins ambigüe : l’institut des provinces est par exemple, bien que hors la loi, autorisé à organiser ses sessions au palais du Luxembourg ! L’État ne va pas lutter directement contre Caumont mais le garder sous surveillance et le laisser s’empêtrer dans l’infinie complexité de la gestion de ce qu’il a créé, en s’assurant d’être en capacité de contrecarrer ses projets, dusse-t-il aller trop loin dans ses velléités anticentrales.

La stratégie va payer car Caumont va proressivement se mettre à dos les sociétés savantes qu’il a stimulées par son esprit trop directeur. À vouloir lutter contre une trop forte apathie dans les Provinces, il n’a pas su offrir l’autonomie nécessaire qui était le sens même de son idée. Il recrée une forme de centralisation, autour de lui et Caen, cette fois-ci, plutôt que Paris. Il ne parvient pas à imposer sa discipline à ceux qu’il a « créés ». Il est par exemple abandonné par les présidents des sociétés savantes en 1847 dans son combat contre le ministre Salvandry.

La critique du caractère trop directif de Caumont se fait jusque dans sa garde rapprochée : Raymond Bordeaux, l’un de ses plus proches collaborateurs, écrira : « les ordres du jour étaient tracés, et il n’y avait pas moyen d’intercaler quelque chose en dehors de ce que nos intelligents présidents voulaient faire dire ».

Détonateur d’une lutte contre la centralisation et contre Paris, l’institut des provinces ne parvint pas à s’imposer, notamment parce que peu de monde en dehors de Caumont ne voulait porter cette lutte anti-centralisation. La politique de conservation menée par l’État est un rouage du dispositif général de centralisation, elle est élaborée à Paris, sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur. Caumont est accusé de menées politiques et de liguer la province érudite contre Paris. Dès lors les efforts de l’État vont se porter vers l’organisation de congrès concurrents à ceux organisés par Caumont. Ce dernier reconnaît sa défaite en 1866 en déclarant : « la France académique se meurt dans les étreintes de la centralisation ». Il abandonne le combat dès 1868 et la direction de l’Institut des provinces.

Caumont ne peut être exonéré du soupçon d’avoir voulu venger l’affront de ne pas avoir été invité à intégrer l’Institut de France. En 1830 il a déjà tenté 6 fois de le rejoindre. « Pensez-y toujours mais n’en parlez jamais ». Il ruminera toute sa vie le fait de ne pas avoir été nommé membre titulaire de l’Académie.

Son obsession à entrer trop vite à l’Institut de France comme membre titulaire va le mener à créer une structure concurrente qui ne fera qu’accroître la défiance vis à vis de lui. Face à une centralisation parisienne, sa centralisation normande ne pouvait qu’échouer. Il n’avait en effet en aucune façon les moyens de compenser la capacité de l’État à distribuer les financements, par exemple... Ses visées fédératives ont connu l’échec du fait même de son obstination. Trop seul, il ne pouvait réussir son improbable mission car il n’a pas réellement non plus su faire vivre le principe fédératif, faute d’un caractère trop directif.

L’administration était gênée aux entournures par l’activité de Caumont et son talent. Elle ne pouvait que se retourner contre lui car il entravait son dessein centralisateur. Avec tous ses moyens, mais aussi ses limites, elle mit néanmoins 22 ans avant de parvenir à surpasser son projet et ses efforts d’homme « seul » aux faibles moyens. Ce qui démontre la puissance de son action, des réseaux qu’il construisit et le rayonnement intellectuel du personnage.

 

  1. Échec de ses propositions de décentralisation institutionnelle

 

D’une décentralisation intellectuelle à une décentralisation politique

Caumont était comme nous l’avons vu partisan d’une décentralisation culturelle qui agirait comme un moteur de l’autonomie locale mais aussi comme un moyen de renforcer l’identité d’un groupe culturel. Le noyau de sociétés savantes mis en place par Caumont constitue un véritable contre-pouvoir culturel qui semble le préalable à la restauration des libertés politiques locales. Il s’agit d’enraciner le peuple dans son histoire locale puis de faire de la somme des histoires locales une histoire nationale, pas l’inverse. Cette différence de vision expliquera aussi le conflit avec le pouvoir central. Il propose un récit national différent et donc s’expose à l’ire suprême.

L’Association normande créée en 1832 relève de la même politique de création d’un réseau de solidarités décentralisées parallèle à celui des agents déconcentrés de l’État. Bien que la structure interne de l’association semble répéter au niveau local le centralisme étatique (axe caennais et réseau d’inspecteurs), on y trouve une réflexion en termes de décentralisation administrative. En 1868, lors du Congrès de l’A.N. de Flers, il déclare :

« L’Association normande, qui devait sa création à l’initiative privée, qui provoquait, autant qu’elle le pouvait, le développement des forces intellectuelles, morales et matérielles, devait proclamer la décentralisation comme chose essentiellement utile et désirable : la décentralisation est en effet la répartition plus égale du pouvoir administratif, de l’intelligence et de la vie entre toutes les parties de la France et toutes les classes de la société : la centralisation a ses partisans qui trouvent plus commode et plus doux de se laisser administrer que de s’occuper de leurs propres affaires, surtout quand l’obéissance passive est un moyen d’obtenir des faveurs ; mais ce système conduit à l’anéantissement de toute énergie, de toute initiative, à la paralysie de l’âme, à l’abrutissement ».

« Coupez la corde, coupez la vite, car la paralysie gagne le corps social, la province se meurt » (Chartres)

Dans l’annuaire de 1871, il déclare :

« Nous en sommes encore à ne parler que de Paris, à n’estimer que Paris. Tant que nous ne nous détournerons pas de cette ville absorbante, stupéfiante et malsaine, tant que nous ne nous tournerons pas vers nos villes de province, nous ne sortirons pas de l’état d’infériorité morale dans lequel la France est tombée ».

Il incarne, bien avant l’heure, une critique radicale de l’éducation pensée comme nationale et suggère plutôt une éducation provinciale :

« Il faut que nos écoles ne dépendent plus de Paris ; qu’elles soient régies par des universités provinciales. Il faut qu’elles aient leur initiative propre et la conscience d’elles-mêmes ; il ne faut plus qu’un recteur soit simplement le commis d’un commis du ministère ; il ne faut plus que les moindres choses soient transmises de la boutique ministérielle pour quelque professeur inexpérimenté qui voudrait imposer la même question d’examen, les mêmes sujets de concours à toute la France ».

Il prône donc le recours à l’initiative locale comme remède à la passivité induite par un système où toute initiative doit être remontée à un fonctionnaire central parisien, fonctionnaire qui ne pourra qu’être peu concerné et ignorant des réalités remontées. Il est saisissant de voir qu’il anticipe et formule très tôt une critique du système public français tel qu’on le connaît et qu’on le vilipende parfois encore de nos jours.

Proposition de réforme des institutions

Politiquement, souscrivent à l’idée de décentralisation les légitimistes, les libéraux et les socialistes, par idéologie. Face à eux ne souscrivent plus à la centralisation que les bonapartistes et les républicains. Caumont avait déjà redoublé d’efforts pour porter la parole de la décentralisation dès 1849, au lendemain de l’avènement de la seconde république, au cours de réunions publiques organisées dans tout le Calvados. Il reprend ses efforts en 1871, à la chute du second empire car il s’inquiète des projets de réforme de l’État. Il propose de balayer « la moitié des fonctionnaires des ministères ». L’Association normande crée une commission chargée d’étudier diverses questions de réforme administrative. Les rouages administratifs sont analysés. On envisage la gratuité des fonctions politiques contre les traitements. Mais il se révèle que cet état de fait constituerait un privilège pour les classes riches. En outre le personnel politique deviendrait très difficile à recruter. Ces idées sont rapidement abandonnées.

On préconise aussi que le pouvoir central nomme les préfets en fonction de leur appartenance à la province qu’ils doivent être amenés à administrer et d’après une liste qui serait établie au niveau du canton, ce qui rendrait les préfets moins « politiques », c’est à dire moins à la solde du pouvoir central. C’est une réorganisation complète des institutions qui est envisagée, avec un accroissement des attributions du canton (création d’un conseil cantonal) et une suppression de l’arrondissement, voire des sous-préfectures. Les cantons éliraient ensuite leurs représentants au conseil général qui verrait ses attributions largement développées au détriment de la préfecture. La province elle devrait redevenir une circonscription et une personne civile. Serait créé le Conseil de province. Un préfet de province, nommé par le ministre de l’Intérieur, serait à la fois le délégué du gouvernement et l’incarnation de l’organe exécutif provincial.

Les attributions du conseil provincial : essentiellement relatives au foncier, à l’éducation, aux voies de communication, à la santé, aux traités de commerce, aux tarifs de douane, à l’économie, l’agriculture, les établissements pénitentiaires, la culture ; etc.

Si le vieux maître, malade et affaibli, ne participe guère aux débats techniques institutionnels de l’Association normande, il est souvent présent et inspire ces débats. On peut néanmoins imaginer qu’il entretient des doutes sur la capacité de ces débats à modifier le cours des choses. La décentralisation institutionnelle était la conséquence ultime de la décentralisation intellectuelle et morale provinciale dans l’esprit d’Arcisse de Caumont. Les circonstances particulières de 1871 qui ont accéléré le débat sur cette première ne pouvaient être favorables à ce projet. Mais il est à constater que, si des conseils régionaux ont bien fini par être créés en 1958, certains de ces débats sur le manque de consultation concernant des choix culturels, éducatifs ou politiques demeurent encore sans réponse satisfaisante à notre époque.

 

CONCLUSION

Caumont a donc œuvré plus qu’activement pour une décentralisation culturelle, intellectuelle, mais aussi institutionnelle de la France. Cette aspiration décentralisatrice a incontestablement contribué au développement économique de la Normandie. Mais il peut aussi être avancé que l’obstination de Caumont à vouloir contrôler le destin de sa province, quitte à contrecarrer l’État français, a pu créer une confusion que certains ont pu juger dommageable. Finalement peu suivi, voire abandonné par ses plus proches alliés dans les moments de crise, il dut faire l’expérience de toutes les limites qu’un homme ne sachant pas ménager suffisamment d’alliances et de compromis rencontre.

C’est en comprenant ce qui a été présenté du positionnement anticentral d’Arcisse de Caumont qu’on peut comprendre pourquoi il ne pouvait qu’entrer en zone de friction avec Mérimée et l’Inspection des Monuments Historiques, par exemple. Caumont n’était pas un animal politique puisqu’il lui aurait fallu abandonner un mode de fonctionnement purement scientifique, uniquement attaché au réel afin de réussir en politique, art qui demande des compétences de diplomatie, une élasticité et une compétence de synthèse d’éléments rationnellement inconciliables. L’incapacité à appliquer sa méthode au monde de la politique et à ses desseins les plus larges (notamment devenir membre permanent de l’Institut) affectera beaucoup Arcisse de Caumont qui échouera finalement dans ses principales ambitions (il échouera dans ses deux tentatives de se présenter au suffrage des électeurs malgré l’incroyable densité du réseau local qu’il avait créé). Pour avoir misé sur des objectifs que les limites de son caractère et de sa méthode ne pouvaient lui permettre d’atteindre, sa postérité déclinera également là où il excellait et en faisait probablement l’un des personnages les plus remarquables de son temps. Il y a incontestablement beaucoup à apprendre des échecs de Caumont, aussi. Il serait intéressant, pour tout amateur de la Normandie et de son devenir, de nos jours, de contribuer à la restitution de sa postérité, à la pleine reconnaissance de ce qu’il y avait de profondément brillant et visionnaire dans l’action et la pensée d‘Arcisse de Caumont.

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