La Seine en 2040... Quand un ancien préfet de la Saône-et-Loire monte sur scène, tout le monde s'en fout!
Avis aux Etoiliennes et Etoiliens... Nous avons vu passer ce qui suit.
La prospective pour 2040 n'a aucun intérêt quand l'action pour 2020 n'a aucune existence! L'axe Seine qui est la colonne vertébrale de la Normandie sinon sa moelle épinière est un dossier nationalisé depuis une sous-pente de l'hôtel de Matignon. Si la région Normandie avait pu prendre la main (on espère que cela sera possible dans un avenir proche: après 2021 ou 2022?) on pourrait être certain que le dossier bougerait enfin un peu!
En attendant, Casper le fantôme nous propose la Seine en 2040... histoire de patienter un peu avant une intégration définitive du territoire normand à la région parisienne via l'Axe Seine d'après ce que nous pouvons lire entre les lignes de ce qui suit...
C’est la question sur laquelle ont phosphoré les cinq agences d’urbanisme de la vallée de la Seine. Elles ont conclu le 28 janvier 2020 leurs ateliers de réflexion, dans la perspective du prochain contrat de plan interrégional 2020-2025 Normandie-Ile-de-France.
Trois questions à…
François Philizot, préfet, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine.
L’atelier portait sur « les nouveaux facteurs d’attractivité économique » : cela signifie-t-il que les anciens ont fait leur temps ?
Non, cela signifie que les déterminants de l’attractivité évoluent à travers le temps. On le voit bien quand on observe les trajectoires économiques, sociales et démographiques des territoires : ainsi, des villes qui étaient attractives ne le sont plus, et inversement. Ou encore, la France de l’Ouest et une partie du Midi poursuivent leur croissance, ce qui n’est pas le cas des zones périphériques de l’Ile-de-France.
Sur le territoire normand, qui connaît des flux de consommation internationaux massifs, il y a ainsi une prise de conscience de l’enjeu logistique : on est passé de la logistique du « dernier kilomètre », le supermarché ou l’hypermarché local, à la Route de la soie des Chinois. Changement de paramètres, donc.
On constate aussi une préoccupation environnementale par rapport à la chaîne logistique après l’affaire Lubrizol, avec une usine dans la ville et le regard nouveau sur l’économie qui ne peut être que tertiaire. De même, l’économie circulaire mérite que l’on réfléchisse à une filière recyclage, car nous ne pourrons sans fin envoyer nos déchets plastiques en Indonésie.
Quels sont les chantiers qui vous semblent majeurs ?
Les chantiers imaginables ne manquent pas : ainsi de l’industrie. On peut en mesurer les enjeux et la complexité, entre un cœur d’agglomération francilienne qui ne connaît aujourd’hui l’industrie essentiellement qu’à travers des fonctions de siège et de recherche, et l’aval de la Seine, encore très marqué par les grandes implantations traditionnelles, comme l’automobile et la chimie.
Gérer la transition est complexe, pour la reconversion d’une partie de notre outil industriel, dans la perspective par exemple de la disparition du plastique en 2040 ou des objectifs en matière de voiture électrique.
Sont à peine esquissées les opportunités comme le retour à une production proche du marché de la consommation, par le biais d’une économie circulaire, avec l’acceptation de coûts plus élevés, de la réutilisation de matériaux plutôt que la consommation de matière vierge ou avec la fabrication additive, encore concentrée sur des pièces à haute valeur ajoutée.
Quels sont les autres enjeux du territoire ?
Il s’agit de prendre en compte l’évolution du modèle agricole, avec la capacité à construire une agriculture duale : à la fois celle qui, inscrite dans un marché mondial guidé par le prix, continue à alimenter en exportation de céréales le port de Rouen et, en conteneurs, le port du Havre ; et à la fois une agriculture locale diversifiée, tournée vers les marchés de proximité à l’échelle de 250 kilomètres. Certains agriculteurs pratiquent les deux modèles.
Le tourisme est un enjeu majeur en termes de développement économique, tant en Ile-de-France qu’en Normandie, qui renvoie à la solidarité entre deux territoires, la Seine étant un lien de diffusion.
Enfin, les enjeux fonciers sont considérables, dans un contexte de pression foncière extrêmement forte et d’acceptation sociale de l’industrie de plus en plus faible, comme l’a montré l’épisode Lubrizol. Comment avoir une politique suffisamment volontariste et inscrite dans le long terme pour que les activités économiques gardent toute leur place y compris dans le cœur de l’agglomération, tel est l’un des défis de la logistique qui a tendance à s’en éloigner, alors que l’on promet la livraison finale dans des délais de plus en plus courts et à des coûts de plus en plus réduits. Autant de champs où il faut une réflexion collective et des actions au niveau régional mais aussi interrégional, ce pourquoi il faut encore convaincre les élus.
Tout cela prend du temps. Il nous a ainsi fallu près de deux ans pour que Normandie AeroEspace (NAE) et Astech Paris Région signent une convention de coopération, pour constituer un pôle de compétitivité : il y avait une forme d’indépendance, la crainte des Normands vis-à-vis des Franciliens et le sentiment de supériorité des Franciliens vis-à-vis des Normands.
Il aura aussi fallu deux ans de travail pour constituer un groupement d’intérêt scientifique dédié à la logistique qui réunit les universités et écoles normandes et parisiennes et l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux.
Cela paraît toujours long et compliqué, comme la fusion des ports de l’axe Seine : il a fallu installer l’idée dans les esprits, dans les différents ministères, les ports, les syndicats. L’établissement public unique sera opérationnel le 1er janvier 2021.
Propos recueillis par Natalie DESSE.