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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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5 février 2020

Les propositions du ténor normand Cyrille Dubois pour sauver la musique classique: quand on arrose le désert, il fleurit!

Le billet qui suit est dédié au ténor Cyrille DUBOIS, jeune talent lyrique sorti de notre Normandie et qui s'engage dans la défense et la transmission du patrimoine de la musique dite "classique": un patrimoine culturel menacé...

cyrille-dubois

Voir, par exemple,cet article proposé par Ouest-France (Caen, 4 février 2020): le rôle joué dans la transmission culturelle de l'éducation populaire et des pratiques amateurs, deux réalités souvent méprisées par certains cultureux professionnels qui se goinfrent de subventions publiques, est pourtant essentiel!

CYRILLEDUBOIS

CYRILLEDUBOIS2

On saluera donc, les initiatives bienvenues du théâtre municipal de Caen, labelisé "scène nationale lyrique" qui a décidé, récemment, d'ouvrir sa saison musicale aux problématiques de la transmission du patrimoine musical par l'éducation populaire et la vulgarisation vers les publics les plus éloignés, notamment les jeunes. Une ouverture qui se fait aussi vers la culture régionale normande en partenariat avec la LOURE. 

A Rouen, à l'opéra régional, l'accent a été mis aussi sur l'ouverture de la maison lyrique à la jeunesse par la programmation de spectacles adaptés mais avec une inquiétude cependant: celle de ne pas entrer dans une tentation démagogique de simplification et de défiguration des oeuvres du patrimoine lyrique pour que cela coïncide avec l'air du temps...

Le ténor normand Cyrille DUBOIS en est, d'ailleurs, parfaitement conscient comme en témoigne cette longue lettre adressée au président de la République en mars 2019 à l'occasion du "grand débat" organisé pour nous détourner de la crise des Gilets Jaunes: Cyrille DUBOIS fait des propositions de bon sens pour sauver la transmission de la musique dite "classique" auprès des jeunes, notamment celle d'assumer une régionalisation des écoles de musique et des conservatoires...

Cela date du printemps dernier mais cela reste d'une cruelle urgence...

https://www.facebook.com/cyrille.dubois.10/posts/10214804275959996

Dans le cadre du grand débat National : Repenser la place de la musique classique à tous les étages !

Monsieur le Président de la République,

Par une initiative inédite et audacieuse, vous avez permis à l’ensemble des Français de donner leur avis sur l’évolution, les troubles ou les dysfonctionnements de la société. Comme nombre de nos concitoyens, je me permets donc, humblement, de partager avec vous des pistes de réflexion et de débat sur un sujet qui est toute ma vie et me tient à cœur : la musique Classique.

Jeune chanteur lyrique Français maintenant reconnu, j’ai, par mon parcours, pu apprécier la force et la richesse de la passion musicale à tous les niveaux. Bien conscient que je fais aujourd’hui partie d’une « niche », je m’alarme sur la place de la transmission et la démocratisation de cette culture « historique » au profit des facilités des musiques actuelles, pourtant filles de cette musique trop souvent qualifiée de « savante ».

J’ai également été témoin de trop nombreuses aberrations dans les pratiques et les usages des fonds alloués à notre art. C’est, conscient de ces réalités, que je m’interroge sur la place de ces pans séculaires de notre patrimoine artistique et de leur devenir dans le monde d’aujourd’hui, tellement volatile et changeant.

Cependant, je suis convaincu que c’est aux acteurs de ma génération de se poser les bonnes questions et de proposer des solutions pour faire découvrir notre art ainsi et attirer un public, majoritairement ignorant des enjeux de cette discipline artistique. A ce titre, Je déplore au passage que nombre de politiques (représentants de la société) se désintéressent des lieux de culture et de spectacle classique, accompagnant ainsi l’idée dangereuse que ces arts séculaires n’auraient plus leur place dans le monde moderne.

Dans un pays où tant de difficultés s’accumulent, la place de l’art et de la culture peut facilement, ne pas être considéré comme essentielle. Et l’on pourrait facilement penser que seuls les moyens ne permettent de démocratiser ces arts. Je ne le crois pas. J’ai été, par mon propre parcours, témoin que ce sont des initiatives locales, accompagnées au niveau régional ou national, que naissent le développement amateur ou l’optimisation des voies professionnelles. Et il n’y a à mes yeux qu’une seule façon d’aimer la musique, chez les musiciens occasionnels, comme chez les musiciens professionnels.

Mais qu’est-ce que la culture si ce n’est le ciment d’une société. Celle-ci doit non seulement accompagner l’évolution et l’ouverture à l’autre, mais aussi s’appuyer sur des bases communes historiques qu’il convient de ne pas négliger. Histoire et Futur étant les deux jambes qui permettent à l’art d’avancer. Et l’art, tout comme le sport est un puissant medium pour fédérer, qu’il convient de remettre au centre du pacte républicain.

De la même façon qu’il existe des déserts médicaux, les déserts culturels sont une réalité et le maillage raisonné des lieux de culture est essentiel. Et ma première réflexion se portera sur les structures de formation, les rôles et répartitions des petites écoles de musique et des conservatoires locaux.

C’est parce qu’il y a eu une petite école de musique dans ma commune de moins de 10 000 habitants en Normandie, que le petit garçon qui chantait tout le temps a pu, il y a près de 30 ans découvrir la pratique chorale alors qu’aucun musicien n’était dans sa famille ; le mettant ainsi sur le chemin qui le conduirait jusqu’aux planches de l’Opéra de Paris. Par-delà mon simple succès personnel c’est un véritable éloge de la réussite par la musique que j’aimerais partager. Et de l’impérieuse nécessité à conserver des structures locales de musique.

Attributaire de la compétence culturelle, je pense que la Région doit décider du nombre de structures de type « conservatoire » qui seraient les référents de la musique (et danse) classique sur tout leur territoire (avec un nombre obligatoire par habitants fixés dans la loi ?). Mais c’est bien au niveau des communautés de communes que l’on doit pouvoir avoir une réflexion sur le nombre des écoles de musiques à avoir, en mutualisant les postes de pratiques rares et en veillant qu’une « permanence » culturelle soit effective dans les territoires en demande. Chaque mairie pouvant se faire écho de la demande « réelle » et l’établissement qui y serait rattaché d’y répondre (par groupe de communes au sein de la communauté d’agglomération). Une juste répartition entre les communes serait un atout : veiller à « décentraliser » les « nouveaux » lieux de pratique musicale dans des zones où l’accès n’y est pas évident.

Une réflexion complémentaire sur l’intervention de personnels culturels comme tronc commun à tous les enfants de France (surtout Grande Section de maternelle et CP) est une bonne manière de sensibiliser les enfants à la musique. Les « professionnels » ainsi dispatchés (sic!) par communauté de communes pourraient avoir une intervention régulière (une fois par semaine) dans chaque école pour la découverte de la musique, des instruments, de la pratique chorale…. Qui pourrait durer jusqu’en fin de CM2 (au collège, il y a déjà une heure de musique obligatoire). Casser les barrières, petit, éviterait que nombre d’enseignants de musique ne se voient ensuite en décalage avec les aspirations des élèves qui auraient déjà été sensibilisés à ce style de musique.

Un lien naturel doit ensuite pouvoir s’opérer entre les structures locales (écoles de musique communales ou intercommunales) et les structures référentes (du genre spécialisation comme les conservatoires) afin que les meilleurs éléments, les enfants au plus fort potentiel, soient accompagnés vers une filière d’excellence (horaires aménagés dont il faut également penser la répartition géographique systématique… comme sport/étude, on doit pouvoir avoir une section musique/étude à moins de 1h de transport partout sur le territoire !). Il convient par conséquent que les professeurs de conservatoires collaborent avec les structures locales, par exemple en venant évaluer lors des examens de fin d’année.

A l’autre bout de la chaine, un devoir de transmission des professionnels vers le grand public doit pouvoir s’opérer. Et une médiation culturelle dans les zones moins favorisées doit se faire : en déplaçant des répétitions, des examens, en accompagnant les concerts en zones défavorisées…

Toute structure financée par une collectivité régionale, ou nationale, devrait avoir cette obligation. Je crois que c’est en créant du lien entre l’amateur et le professionnel que la défiance liée de la méconnaissance de l’un vers l’autre pourra se faire. J’ai pu, à de nombreuses reprises, aller au contact de « chorales » par des sortes de masterclass ou encore récemment en intervenant dans l’école de mes enfants.

A chaque découverte, les yeux s’ouvrent et la frontière des possibles se déplace pour eux et casse ainsi cette barrière de la méconnaissance, liée à l’éloignement des deux cultures.

C’est donc une réflexion globale que je vous invite à avoir sur la formation musicale. Les moyens sont là ! Mais les acteurs font face à des conflits bien souvent structurels ou malheureusement politiques que le législateur doit repenser. Dans cette nouvelle articulation, il faudra quand même que les communes gardent la maitrise de la programmation et puissent proposer aux directeurs locaux, les temps forts qui leur sont propres.

La deuxième partie de de ma réflexion porte sur les structures professionnelles de la musique et de l’Opéra.

Dans les grandes maisons nationales d’abord. Dans un pays où la maîtrise de la dépense publique est tellement importante, peut-on accepter le si peu de considération en termes de résultats?

Ma réflexion peut cette fois être moins consensuelle, et nombre de mes collègues ne partageront peut-être pas ces réflexions. Mais j’aimerais poser des questions :

Peut-on accepter qu’un spectacle ne soit joué qu’un nombre ridicule de fois avant d’être détruit ? Le fonctionnement en réseau des structures nationales est essentiel dans la diffusion des spectacles. Faire en sorte qu’ils puissent « tourner » répondrait à une contrainte économique qui me parait évidente. Faire fonctionner en synergie les forces productrices pour mutualiser les frais.

Une initiative ambitieuse du Centre Français de Promotion Lyrique (CFPL) a ainsi permis plusieurs saisons de suite qu’un spectacle tourne dans plusieurs scènes de France, prouvant ainsi qu’une telle mutualisation est possible ! Il ne s’agit pas ici d’imposer un art National que tout le monde devrait voir et suivre. Mais, à niveau de spectacle constant, qu’un nombre raisonné de spectacles (2-3) par saison puisse tourner sur 3-4 maisons d’opéra répartis sur le territoire, est-ce si aberrant ?

Cela commence à se faire… il faut accélérer le processus, en créant par exemple une structure de réunion des directeurs de maisons nationales, sous tutelle du ministère, qui discuteraient, proposeraient ensemble les œuvres qu’ils veulent/peuvent faire ensemble. Il faut toutefois veiller à ce que les Opéras gardent une marge de manœuvre suffisante pour proposer des initiatives locales. Et que ces mutualisations ne se fassent pas au détriment des forces sociales comme les ateliers, techniciens, les intermittents locaux, les artistes des chœurs ou ballet etc…, qui portent souvent l’existence de ces corps de métier au niveau local.

Ensuite, sans remettre en cause la très grande qualité de nombre de nos directeurs actuels, une réflexion doit être apportée sur l’omnipotence des dirigeants de ces structures, qui peuvent décider tout sans concertation, ni souvent obligation de résultat.

Je suis effaré que certains ne se remettent que si peu en question face au tollé provoqué par certains spectacles. Ne peut-on pas imaginer la possibilité d’une saisie de la tutelle par les usagers des maisons d’opéras ? Je suis bien conscient des questionnements liés à la place de l’art (et plus précisément l’art moderne) et qu’il ne s’agit pas de remettre systématiquement la réussite d’un spectacle à son seul succès populaire.

On touche ici à l’aspect le plus philosophique de la quintessence de l’art sur lequel je ne m’aventurerais pas trop tant elle est subjective. Cependant, de trop nombreuses nouvelles productions passent rapidement « aux oubliettes » par mépris des aspirations les plus élémentaires du public. Les outils de salles modernisées, la formation, la technicité des acteurs du spectacle (des artistes aux techniciens) offrent aujourd’hui des possibilités exceptionnelles et historiquement inégalées, qui ne sont que rarement exploitées à leur maximum lors de nouvelles productions.

La destruction de ces productions devrait aussi ne plus dépendre exclusivement du ressort des directeurs mais une commission (culturelle ? des financeurs de ces structures ?) devrait être consultée pour ainsi évier que de grands classiques ne soient détruits trop rapidement.

La question de la place de la subvention publique a malheureusement toute sa place dans cette réflexion. Nous pouvons nous enorgueillir du volume encore conséquent de fonds publics alloués au spectacle vivant dans notre pays. Je pense que de nombreux d’acteurs du métier sont conscients que cela ne pourra pas durer (surtout si certains directeurs font, par leurs programmations décriées par le public, la critique et les acteurs du métier), fuir le public des initiés.

Il faut accompagner les possibilités de mécénat privé au financement des spectacles. Pourquoi pas en donnant à ces mécènes la possibilité d’agir sur leurs investissements en laissant la place à une consultation lors des premières étapes des productions ? Il faut également continuer d’accroitre ces versements en favorisant l’accompagnement fiscal. Je mesure à quel point ces questions peuvent être sensibles et les pièges que de telles possibilité pourraient ouvrir.

Nous vivons malheureusement dans une réalité où la puissance des ressources du privé, non pas en se substituant à celle du public, mais en l’accompagnant, devrait permettre l’évolution de notre art et son épanouissement dans un monde moderne !

Toujours du ressort des directeurs : S’il est essentiel que les programmations doivent répondre à une nécessité de jouer les grands standards de l’Opéra, un effort particulier doit être fait pour permettre à des œuvres qui n’ont pas eu la chance de passer à la postérité, de continuer à exister, en particulier en ce qui concerne celles de notre patrimoine. (En France, on doit jouer des œuvres françaises qui ne sont jouées nul par ailleurs).

Il est heureux de voir que de plus en plus de maisons d’Opéra aident à la redécouverte d’œuvres oubliées, et cela doit être accompagné. (Parfois à l’initiative de fondations privées exceptionnelles telles que la Fondation Bru Zane qui se substitue souvent à ce que l’Etat devrait faire). Pour notre maison mère, je pose la question de l’entrée d’œuvres au répertoire de l’Opéra de Paris qui ne doivent pas se limiter à la musique contemporaine, mais également aux œuvres de nos maîtres (Gounod, Massenet, Bizet, …) qui n’auraient eu leur chance à l’époque (comme cela a été fait pour le Roi Arthus ; plutôt que de monter une nouvelle Carmen, pourquoi n’imagine t’on pas la recréation d’Esclarmonde etc… ) Ainsi, que la lettre de mission des organismes publics, n’oblige les décisionnaires à ne pas délaisser l’intérêt patrimonial de notre répertoire (au même titre que la création contemporaine). Ne pourrait-on pas également imaginer de favoriser les liens entre érudits et interprètes et qu’ainsi les universitaires aient une place dans les opéras afin de porter à la connaissance des interprètes et décisionnaires, des pans entiers de la musiques qu’ils sont les seuls à connaître ?

En référence à cet aspect, on consacre (et c’est heureux), une grande part des fonds culturels dans la rénovation d’œuvres anciennes architecturales ou picturales à des fins de conservation.

J’aimerais ici poser la question de la conservation du patrimoine musical. Le devenir des œuvres a longtemps été confié à des structures privées (maison d’édition) qui devaient par contrat assurer la pérennisation des œuvres, ainsi que leur exécution. Malheureusement la gestion privée de ces œuvres a pu subir le désavantage que l’on pouvait craindre à savoir : les œuvres les plus exécutées bénéficiant de plus de visibilité que les œuvres mineures. Face à cette réalité, l’Etat s’est longtemps désintéressé du devenir de pans considérables de notre répertoire. Et nombre d’entre elles ont été oubliées ou perdues.

Il est crucial d’avoir une réflexion sur la réédition de ces œuvres ou de convenir d’une obligation pour les éditeurs de rendre au grand public les œuvres oubliées de leur fond pour une plus grande démocratisation et ainsi éviter que les rares exemplaires d’œuvres peu jouées, ne se retrouvent perdues au fond de bibliothèques de particuliers, ou ne soient simplement détruites lors de transmissions. Le rôle de la Bibliothèque Nationale a ici un intérêt patrimonial auquel il convient d’allouer les crédits suffisants.

Cela m’amène tout naturellement au rayonnement international de ce patrimoine et par-delà cet aspect, le rayonnement de cet art français. La grandeur culturelle de notre pays n’est plus à prouver mais c’est bien de la pérennité de son statut qu’il est ici question.

Au même titre que la gastronomie, le cinéma ou les grands tableaux de maîtres, la musique française a bien sa part dans le rayonnement culturel de notre pays a l’international. Et bien au-delà de « la vie en rose », c’est bien à la fois dans la période baroque (Lully Rameau pour ne citer qu’eux), que dans l’école romantique (Gounod, Massenet, Halévy…) et moderne Française de la musique par la mélodie (Ravel, Fauré, Debussy…) qu’elle a acquis ses lettres de noblesse.

Permettre aux artistes français de défendre notre répertoire à l’international doit être encouragé par des actions bilatérales ou systématiquement la musique aurait sa place. Pourquoi ne pas également imaginer que de jeunes artistes en conservatoire (ou autres structures de professionnalisation) puissent par le biais des instituts français, faire leurs armes à l’international et ainsi agrandir leur réseau et promouvoir le savoir-faire de notre école par-delà nos frontières?

La question de l’internationalisation est également une grande problématique avec l’ouverture du marché français à la concurrence internationale.

Nous payons des sommes colossales dans la formation de jeunes pour qu’ils puissent faire de la musique leur métier. Mais les débouchés sont loin d’être évidents. Loin de vouloir fermer l’accès de notre marché culturel (qui amènerait son appauvrissement), j’aimerais poser la question de l’accès des chanteurs français aux scènes françaises. De nombreuses contraintes économiques défavorisent les chanteurs français face à la concurrence étrangère. A niveau égal, l’engagement d’un chanteur étranger coûterait moins cher à un programmateur. Si tel est le cas, il faut impérieusement corriger cette réalité et ainsi que les chanteurs nationaux ne soient pas défavorisés. Ensuite, force est de constater que de nombreux pays accordent la préférence nationale sur leur territoire en terme de marché musical. Par exemple, grâce à de puissants syndicats, les Etats-Unis ont un système de quotas qui interdisent l’accès à leur marché au plus grand nombre. Pouvons nous accepter cette non-réciprocité de l’accès au travail ? Ainsi il convient d’engager une réflexion pour mieux protéger nos artistes pour qu’ils puissent avoir la même chance que leurs concurrents étrangers.

Enfin, le dernier point que j’aimerais soulever, c’est la rémunération des artistes classiques par les médias et autres plateforme numériques. Comme c’est un marché de niche, le disque ou l’enregistrement classique fait aujourd’hui preuve d’une très grande difficulté pour exister. Et est soumis aux mêmes règles de rémunération que les grandes majors de variété alors que les volumes sont considérablement déséquilibrés. Nous, chanteurs de la jeune génération sommes bien conscients qu’il ne dépend que de nous de corriger cette (fausse) image élitiste et ainsi rétablir en notre faveur cette faible exposition. Cependant, en attendant cette prise de conscience que nous appelons de nos vœux, au profit de l’exception culturelle, et pour l’accompagner, ne pourrait-on pas imaginer un mode de rémunération des artistes classiques par le numérique qui valorise mieux la défense et la démocratisation de ce répertoire ?

Un véritable enjeu de survie des labels spécialisés mais aussi de transmission de ce magnifique répertoire en dépend.

Monsieur le Président, comme j’ai tenté de le démontrer, tant pour la formation, que pour la démocratisation, tant pour les amateurs que les professionnels, les acteurs se posent bien souvent les bonnes questions sur le devenir de leurs filières, et nombre de ces problématiques sont portées par les syndicats et représentants des artistes. La musique classique, loin d’être passéiste, est une force vivante, qui, même si elle n’est pas aujourd’hui en vogue (quoique, nos salles sont toujours pleines), a tout de même traversé plus de 500 ans d’Histoire. Ma fierté d’interprète à défendre cette musique n’a d’égal que l’amour et la passion que je lui porte. Et je suis honoré d’en être un des ambassadeurs.

L’art et la culture (et la musique classique en particulier) ne doivent pas être les grands oubliés de cette consultation et ne se cantonner qu’à être la variable d’ajustement des politiques publiques.

J’ai coutume de penser que les politiques culturelles ne se jugent que une, voire, deux générations plus tard, car ce sont les réformes d’aujourd’hui qui permettront l’éclosion des musiciens de demain… Il faut une farouche volonté pour y croire et oser les porter… Il y aurait encore tant et tant à développer. Il ne convient au politique que de les accompagner pour permettre cette évolution vertueuse que vous appelez de vos vœux. Et nous souhaitons y prendre part !

Soyez assuré, Monsieur le Président, de ma plus haute considération et de mon indéfectible respect.

Voir aussi:

https://www.forumopera.com/breve/cyrille-dubois-sa-lettre-ouverte-au-president-de-la-republique


 Commentaire de Florestan:

On applaudit à tout rompre à ce constat et à ces propositions de bon sens du ténor normand Cyrille Dubois bien connu à Caen où il est passé par la maîtrise de Notre-Dame de la Gloriette autrefois dirigée par Robert Weddle...

Aujourd'hui Le patrimoine culturel de la musique dite "classique" est, effectivement, doublement menacé:

1) Par le manque de transmission: en cela, on a le contrecoup de l'effondrement de la transmission de la culture et de la pratique religieuse chrétienne qui fut, des siècles durant, le support privilégié de la culture musicale savante européenne. La moyenne d'âge du public aux concerts classiques s'élève dangereusement tandis qu'un fossé socio-culturel entre les générations se creuse, de plus en plus, au point de faire de la musique dite "classique "une musique parfois utilisée pour faire fuir les jeunes délinquants. (par exemple: dans les parkings souterrains...)

2) Par l'idéologie intolérante et intimidante du politiquement correct d'un gauchisme diversitaire déconstructeur d'une soi-disant domination culturelle occidentale qui pollue la mise en scène des spectacles notamment sur les scènes d'opéra... Le public supporte de plus en plus mal cette instrumentalisation idéologique scandaleuse du patrimoine musical qui ne fait plaisir qu'à ses promoteurs dans le but d'en profiter financièrement, à la fois, comme interprètes mais aussi comme auteurs lorsqu'ils charcutent le répertoire du domaine public patrimonial sous prétexte de le "revisiter"!

l'historien et musicologue Philippe Beaussant avait, en précurseur, dénoncé les prémices de cette désastreuse évolution: une "malscène" qu'il avait comparée avec la "malbouffe"!

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https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20160509.OBS0032/quand-philippe-beaussant-s-en-prenait-a-la-malscene.html

Pour s'intéresser encore aujourd'hui à la musique dite "classique" il faut, dorénavant, un certain courage voire une certaine volonté!

Mais quand on arrose un désert, il fleurit toujours!

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https://www.lefigaro.fr/lifestyle/2017/08/27/30001-20170827ARTFIG00081-la-pause-photo-du-jour-un-tapis-de-fleurs-dans-le-desert-d-atacama.php

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Commentaires
C
Education populaire musicale et chorale en Normandie: Jacques Vanherle nous a quitté... Qui pour prendre la relève?<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.ouest-france.fr/normandie/la-voix-du-grand-jacques-ne-resonnera-plus-6941921
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L
Les Français et la musique...<br /> <br /> <br /> <br /> Même les grosses pointures au Jeu des 1 000 € ou à Questions pour un Champion restent muettes, sidérées, tétanisées, paniquées, bref, en un mot comme en cent, nulles, dès que l'on aborde la "grande musique", comme on dit encore chez les Bidochons.
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K
Pour bien connaitre le milieu artistique et musical, je ne peux qu'être d'accord avec tout ce qui y est dit. D'ailleurs je rappellerai que la France, rapporté au nombre d'habitants, a très peu de conservatoires d'enseignement supérieur de musique et d'orchestres professionnels (pour la plupart très ressemblants dans leur formation et leurs programmes), qui plus est concentrés de façon délirante sur Paris pour la plupart ! Pourtant l'argent dépensé y est limite plus élevé. Le problème n'est pas forcément les fonds alloués mais plutôt le maillage territorial.<br /> <br /> <br /> <br /> Je remarquerai aussi que vu de l'étranger, la France n'est pas aussi reconnue qu'on ne pourrait le croire : l'Orchestre national de France et la Philharmonie de Paris sont bien moins reconnus que beaucoup des orchestres américains, allemands, autrichiens, anglais, russes... la section vents et cuivres, historiquement délaissée en France en ce qui concerne l'excellence au profit des cordes (violon, violoncelle...) et des claviers (piano, clavecin...), l'explique en partie. Sans oublier une volonté stupide de forcer les jeunes musiciens à choisir TRÈS tôt la voie professionnelle ou non, avec le risque de se focaliser uniquement dans un marché professionnel peu évident et aléatoire au détriment du reste. Passé 20 ans, on est considéré... "trop vieux". <br /> <br /> <br /> <br /> Quand vous parlez de la destruction de l'excellence au profit d'idéologies mortifères, vous ne croyez pas si bien dire. Pour preuve avec la nomination d'une idéologue patentée adepte de l'inique "pensée décoloniale" ou du "féminisme intersectionnel" (qui contamine déjà les universités) à la tête du Conservatoire supérieur de Paris ! Quand on connait l'ultra-centralisation de l'apprentissage de la musique classique en France, il y a de quoi s'inquiéter ! <br /> <br /> https://www.marianne.net/debattons/billets/emilie-delorme-proche-des-theses-indigenistes-la-tete-du-conservatoire-de-paris-la
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