CRISE ECONOMIQUE du CORONA VIRUS: Le modèle de la résilience normande doit être étendu à toute la France
Billet de Florestan
Dans son allocution solennelle à la nation de ce jeudi 12 mars 2020 au soir, Emmanuel Macron, le président de la République a pris la juste mesure de la violente tempête qui s'abat sur le monde mondialisé depuis maintenant trois mois:
Une crise sanitaire chinoise se transforme en une épidémie mondiale provoquée par un virus inconnu mais dont on connaît bien la famille (le type corona) notamment du côté des experts de la guerre bactériologique et autres "collaspsologues" avec le risque imminent que la crise sanitaire ne se transforme en la plus grande crise financière et économique dans le Monde depuis 1929: la décision inepte de Donald Trump de fermer l'espace aérien américain à tout avion européen en provenance de l'espace dit de "Schengen" a immédiatement provoqué un nouveau jeudi noir à la bourse de Wall street de New-York tandis que la bourse de Paris faisait, ce 12 mars, le plus grand plongeon de toute son histoire...
En effet, cette crise du Covid 19 sortie du coeur de l'atelier du monde provoque la situation inédite d'un double choc, celui de l'offre par la grave perturbation d'une chaîne de valeur totalement mondialisée et, en partie, concentrée en Chine et celui de la demande par la diminution de la vie sociale à des fins de prophylaxie dans les pays touchés par l'épidémie.
Les limites de l'actuelle mondialisation sous standard idéologique libéral sont ainsi clairement révélées par cette crise du Corona virus qui apparaît comme un signe du destin:
La démocratie de marché d'une privatisation sans rivages se montre incapable d'assurer l'intérêt général face à une menace vitale ou systémique. Il faut donc une armature de services publics désintéressés, une capacité opérationnelle d'états souverains, un sens du bien commun pour garantir le présent et l'avenir de l'humanité.
Le libre marché ne peut donc pas tout et il serait heureux, enfin! que l'on ne se souvienne seulement de cette évidence que lorsque nous sommes face à un péril majeur...
La situation actuelle confine à l'absurde et, de ce fait, elle devient signifiante. Par exemple, l'actuelle difficulté à fournir les besoins exponentiels en solutions hydroalcooliques pour se désinfecter les mains s'explique non pas par notre incapacité à fabriquer en France les doses demandées mais par le fait que les usines qui fabriquent les bidons en plastique qui doivent les contenir sont à l'arrêt puisqu'elles quasiment toutes... en Chine!
Nous vivons certainement un tournant historique car l'Histoire revient dans les consciences des élites occidentales qui avaient cru pouvoir mettre le réel sous pilotage gestionnaire automatique d'un état de droit universalisable, d'une mondialisation commerciale et financière totalement mondiale:
2020 sonne comme l'échec que l'on espère définitif de Riccardo au profit du grand retour d'une conception politique des affaires économiques, une vision plus réaliste qui trouve son origine, rappelons-le, dans les réflexions du Normand Pierre Le Pesant de Boisguilbert sur l'état du royaume de France après les guerres incessantes de Louis XIV.
A tout malheur quelque chose de bon!
Les oeuvres de notre normand ont été traduites en Chine où elles sont étudiées et admirées (comme celles d'un Tocqueville d'ailleurs...): voilà qui devrait nous interpeller.
La crise du Corona virus doit être l'occasion d'un grand exercice de lucidité. L'économie mondiale n'est pas une météorologie sur laquelle on ne pourrait rien. C'est faux! Car il n'y a pas plus idéologiquement politique que d'affirmer que l'on est apolitique tout en professant, même sans le savoir, l'idéologie de l'absence de l'idéologie. Il y a toujours des choix et des arbitrages qui sont faits puisque les rapports de force qui structurent le réel n'ont jamais cessé et ne cesseront jamais: les algorithmes et l'intelligence artificielle n'ont pas encore pris le pouvoir là où le vrai pouvoir réside, à savoir dans le tour de table de conseils d'administration feutrés, dans les réunions de cabinets ministériels ou présidentiels ou encore dans la haute fonction publique de l'Etat dit "profond"...
L'économie politique nous enseigne qu'il est possible sinon indispensable de gouverner le réel et qu'il n'est pas un ciel météorologique qui nous tombe sur la tête et contre lequel nous ne pourrions rien.
Considérons donc la crise actuelle du Corona virus et les mesures d'intérêt général qu'il faut prendre pour la subjuguer comme une répétition générale de ce que nous serons obligés de faire demain dans chaque état, dans chaque collectivité humaine locale pour mettre enfin concrètement en oeuvre l'urgente transition écologique et énergétique dans le but de stopper l'émission massive de gaz à effet de serre dans l'atmosphère: aujourd'hui il s'agit seulement de nous prévenir d'un virus "troll" qui désorganise et perturbe plus ou moins profondément nos systèmes économiques et sociaux à l'instar d'un virus informatique.
Mais demain, il s'agira d'éviter que l'humanité ne soit elle-même décimée et emportée définitivement à l'occasion de violentes contradictions en conséquence des premiers grands effets catastrophiques du changement climatique.
Revenons à la Normandie qui se propose par la volonté de son président de se mettre, une nouvelle fois, à la disposition de la France face à un péril grave.
Outre la fermeture de tous les établissements scolaires du pays dans l'idée de ralentir la progression du virus en France afin de préserver les capacités opérationnelles de notre système public hospitalier, sachant que l'épidémie ne fait que commencer sur notre sol, Emmanuel Macron a annoncé toute une série de mesures d'aides conjoncturelles aux entreprises menacées par milliers par le défaut de paiement si ce n'est par le dépôt de bilan... Parmi les mesures annoncées, celle de généraliser la solution du chômage technique, une idée que notre cher président est allé chercher de l'autre côté du Rhin sous prétexte qu'elle fut efficace pour protéger les entreprises allemandes après la crise de 2008.
Ce serait malvenu de notre part de contester l'intérêt de cette mesure: contre le corona virus, il faut tout essayer.
C'est précisément ce que nous a dit Hervé Morin, le président de la Normandie sur l'antenne de France Info ce jeudi soir, peu avant 22 heures: une idée allemande c'est bien mais une idée normande ne serait -ce pas mieux?
Hervé Morin a, bien entendu, salué les annonces présidentielles mais sur le front du "tsunami économique" qui s'annonce, le président normand estime que ces mesures sont "extrêmement insuffisantes".
Pourquoi?
Parce que les mesures annoncées qui sont, certes, nécessaires et urgentes, sont conjoncturelles ou trop extérieures: les allègements de charges, de cotisations, les remises d'impôts, de dettes, l'étalement des échéances vont aider à passer le mauvais cap. Mais après?
Et Hervé Morin d'affirmer pour avoir vécu en tant que ministre de la Défense la gestion de la crise de 2008: "je n'ai absolument aucune confiance dans les banques!"
Il faut donc une approche beaucoup plus structurelle le plus en amont et le plus en aval possible des besoins et des urgences du moment des entreprises qui, par milliers, vont se retrouver en difficulté prochainement.
Hervé Morin a, en conséquence, présenté rapidement à l'antenne de France Info ce qui se faisait déjà depuis un certain temps en Normandie...
Fonds de roulement, adossement à un fonds souverain, entrée dans le capital, portage financier, garantie financière, prêts de long terme etc... Les lecteurs de l'Etoile de Normandie reconnaîtront là les outils déjà mis en oeuvre depuis quatre ans déjà à l'initiative de l'agence régionale de développement (ADN) pour mettre en oeuvre un "bouclier social régional" préservant les emplois normands.
Hervé Morin a déjà fait savoir au gouvernement (Bruno Lemaire) tout l'intérêt de généraliser à l'ensemble des entreprises françaises le modèle de résilience normande: depuis une semaine, une celllule de crise et de veille a été activée en Normandie à l'initiative conjointe du préfet de région Durand et du président de région Morin dans le but de la plus grande réactivité possible en cas de défaillance d'une entreprise normande en conséquence de la crise.
(Source: Ouest-France 13/03/20)
Voir aussi:
Hervé Morin et les autres présidents de région seront reçus le mardi 17 mars 2020 par le Premier ministre pour évoquer la possibilité de généraliser le modèle normand à l'occasion d'un plan national de protection des entreprises françaises et de relance de notre économie nationale.
Emmanuel Macron a annoncé une série d'aides pour soutenir les entreprises en souffrance et favoriser le chômage partiel.
"Les mesures qui sont annoncées pour soutenir l’économie française sont pour l’instant extrêmement insuffisantes", a déploré jeudi 12 mars sur franceinfo Hervé Morin, patron du parti Les Centristes et président de la région Normandie, après les différentes annonces d'Emmanuel Macron.
Pour amortir le choc économique provoqué par la propagation du coronavirus, le chef de l'Etat a annoncé plusieurs mesures telles qu'un futur mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel, ou encore la prise en charge par l'Etat de l'indemnisation des salariés contraints à rester chez eux. Pour Hervé Morin, "il va falloir faire beaucoup plus fort que de différer le paiement de cotisations sociales ou fiscales ou [ces] mesures sur le temps partiel".
"On va avoir un choc économique massif, on va vivre un tsunami économique extrêmement violent"
sur franceinfo
Hervé Morin réclame ainsi des "mesures extrêmement fortes pour permettre aux entreprises d’avoir une trésorerie qui leur permette de ne pas déposer le bilan".
Des prêts sur plusieurs années ?
"Il faut absolument des mesures de trésorerie, de fonds de roulement, il faudra probablement des exonérations de cotisations sociales, il faudra faire massivement des prêts, avec des différés de remboursement de plusieurs mois, plusieurs années pour que nos entreprises ne se retrouvent pas KO", a proposé Hervé Morin.
Hervé Morin, ancien ministre de la Défense s'est dit ainsi favorable à une "action conjointe des régions et de l'Etat, pour que tous ensemble on limite la casse". "Je n’ai absolument aucune confiance dans les banques, en 2008 j’étais au gouvernement et si l’Etat n’était pas intervenu, on n’aurait jamais pu sauver nombre d’entreprises sauvées", a-t-il expliqué.
LIRE AUSSI:
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