REVUE de presse au 8/06/20: économie régionale, chapelle Darblay, chemise de lin, fleuve et chenal, petites villes... Onfray
REVUE DE PRESSE NORMANDE au 8 juin 2020
- A lire dans la dernière livraison de la Lettre Eco de Normandie (5 juin 2020) quelques échos de l'économie régionale normande sous perfusion (grâce aux nombreuses aides publiques et notamment celles de la région):
Il comble un trou dans la raquette. Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires et Hervé Morin ont lancé la semaine dernière un nouveau fonds de prêts à taux zéro dénommé «Impulsion Relance +» d’un montant de 13 millions d’euros financé à parité. Géré par l’ADN, le dispositif s’adresse à des structures (TPE, artisans et commerçants ou associations du secteur marchand) qui ne peuvent accéder ni à un prêt bancaire, ni aux outils mis en place par l’État et les collectivités. Objectif : soulager des trésoreries en tension pour préparer la relance. Le montant du prêt pourra atteindre 15 000 euros pour une entreprise et 30 000 pour une structure juridique associative. Il est remboursable sur quatre ans avec un différé d’un an pour la première échéance. Transmis aux intéressés.
L’hydrogène a beau avoir raté son entrée dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie, Lucien Mallet et Alain Samson, co-fondateurs de la société H2V Product, ne renoncent pas à leur grand projet. Ils annoncent avoir déposé la semaine dernière, auprès de la mairie de Saint-Jean-de-Folleville (76), le permis de construire pour la première tranche d’une usine de production «massive» d’hydrogène par électrolyse destinée, expliquent-ils, «à décarboner l’industrie pétrolière». Entendez par là, la raffinerie voisine de Port-Jérôme.
Les intéressés se risquent même à promettre une mise en service en 2022. Leur pari est pourtant loin d’être gagné. Son issue dépendra de la capacité des Etats européens à contraindre les raffineurs qui utilisent beaucoup d’hydrogène pour produire du carburant à abandonner l’H2 «gris» fortement émetteur de gaz à effet de serre au profit d’un H2 plus propre... mais nettement plus onéreux.
Sans des mesures publiques coercitives et/ou incitatives, il est peu probable qu’H2V réussisse à convaincre la raffinerie Exxon Mobil d’avoir recours à ses services. À l’inverse, si ces dispositions voient le jour, Lucien Mallet et Alain Samson pourront se vanter d’avoir eu le nez fin.
- Témoignage du patronat normand...
Philippe Enxerian, président en Normandie de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (83 000 salariés, 2400 entreprises), revient sur le confinement, la crise vécue par les industriels, avec les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique particulièrement touchés.
Quelle est la situation des entreprises liées à la métallurgie en Normandie ?
Philippe Enxerian : « La situation avec nos adhérents est difficile. Il ne faut pas se mentir. L’industrie a été touchée de plein fouet par le confinement, avec des niveaux d’arrêt importants, ou de charge des usines très faible. Le redémarrage est difficile également, car il y a bien sûr des contraintes sanitaires à respecter. Beaucoup d’industries sont touchées, comme l’automobile puisque les gens arrêtent d’acheter des voitures, comme l’aéronautique car les gens arrêtent de voyager. On est dans une situation de reprise délicate... On a des adhérents aussi dans la chimie, la pétrochimie, une grosse activité en électronique, et la mécanique en général. On oublie trop souvent que la Normandie est la première région industrielle de France avec 20 % du PIB. Alors cette industrie doit reprendre son cours et ses activités. »
Comment se porte l’automobile ?
« On a démarré l’année avec un net ralentissement, sur la base d’une situation délicate du fait des investissements à réaliser pour respecter les nouvelles normes. Les constructeurs, dont Renault sur notre territoire, étaient à la croisée des chemins, se posaient beaucoup de questions sur la stratégie à adopter concernant l’électrique et les motorisations alternatives. La crise est arrivée, marquant une double peine pour cette industrie. Déjà, les prévisions de vente étaient moindres l’an dernier. Les constructeurs devaient investir massivement pour obéir à ces nouvelles normes ; et puis la crise sanitaire est arrivée, cassant la confiance des consommateurs dans l’avenir. »
Que pensez-vous du plan d’économies annoncé par Renault ?
« Renault a développé, présenté un plan stratégique. On peut le contester, évidemment, mais il vise quand même à sauver une entreprise dans une situation très délicate. Les points positifs que je souhaite soulever, c’est que l’usine de Cléon a été retenue pour le moteur électrique, même si c’était dans les tuyaux. Il a clairement été dit que Cléon continuerait à fabriquer les moteurs électriques, serait même le site majeur de Renault sur ce sujet... Je fais une petite parenthèse par rapport à une filière batterie espérée en région : à l’UIMM, on s’est mis en ordre de marche pour accompagner Renault dans la transition de son outil industriel vers l’électrique. Pour moi, c’est absolument essentiel. »
L’usine Alpine de Dieppe reste cependant menacée.
« Moi, je suis un amoureux de l’Alpine. Et je ne vais pas vous dire que je suis heureux si la production est menacée. Je trouve que c’est une bonne voiture, une belle voiture, chère peut-être par rapport à ce qu’on peut attendre d’une voiture, mais qui n’est pas chère par rapport à des véhicules équivalents en termes de prestation. Une Alpine n’a pas à rougir d’une Porsche et une Porsche est bien plus chère qu’une Alpine. Le point positif quand même pour Dieppe est que Renault se laisse le temps de décider de ce qui peut être fait pour le site. Je pense qu’il y a plein d’opportunités, qu’il ne faut pas se précipiter. Il y aura une reprise à un moment ou à un autre, et il sera toujours temps de se poser la question de l’avenir de Dieppe. On peut se demander par exemple si l’on peut positionner Dieppe sur l’hydrogène. »
Commentaire de Florestan:
L'hydrogène est la solution idéale. Mais la réalité polluée tant par la pollution que par l'idéologie (par ex: le tout éolien anti-nucléaire) n'est pas idéale...
Du champ à la chemise : le dernier tisseur de lin français passe dans le giron de la coopérative agricole Natup
Le consommateur français manifeste des envies de circuits courts y compris dans la mode ? En réponse, la filière normande du lin cherche plus que jamais à s’affranchir de son ultra-dépendance à la Chine vers laquelle file 90 % des plantes à fleur bleue cultivées sous nos latitudes... avant de nous revenir sous la forme de chemises et de pantalons.
On le voit dans le Calvados avec la jeune société coopérative Linportant en route pour créer «la première usine française de fabrication de tee-shirts en lin bio» (voir La Lettre du 17 avril).
C’est aussi dans l’idée de rapatrier au moins une partie des activités de transformation à portée de vue des champs que la division fibres de la coopérative normande Natup (qui regroupe EcoTechnilin, Lineo et la Linière Saint-Martin) vient de prendre une participation majoritaire au capital de la vénérable société nordiste Lemaitre-Demeestere, dernier tisseur de lin de l’hexagone.
Un choix validé par la crise
Sauvée de la noyade en 2008 par un défenseur acharné du made in France, Olivier Ducatillion, la PME fabrique aujourd’hui, chaque année, 400 000 mètres de tissu de lin haut de gamme pour l’ameublement, la décoration et le prêt-à-porter. Une activité que son nouvel actionnaire entend bien l’aider à consolider.
«Pendant le confinement, on a senti que les consommateurs voulaient autre chose que des produits qui font le tour de la planète. Cela va valider notre ambition commune de développer une filière 100 % française, commente Karim Behlouli, directeur de Natup Fibres.
L’intéressé ne nourrit pourtant pas d’illusions, il sera difficile de rivaliser avec la puissance de feu de l’empire du Milieu. «Ne nous leurrons pas, on ne relocalisera pas la totalité de la transformation du lin mais au moins peut-on espérer capter davantage de valeur ajoutée sur nos territoires respectifs pour des marchés de niche».
Nota : Karim Behlouli sait de quoi il parle. L’usine normande d’EcoTechnilin qui fabriquait des masques lavables a vu les clients se détourner à mesure que les masques chinois à bas coûts débarquaient dans la grande distribution.
Bien que plus généreux que le premier, le second volet du fonds national de solidarité abondé par les Régions, qui par ailleurs instruisent les demandes, reste bizarrement sous consommé au regard de la violence de la crise. En Normandie par exemple, seules 800 TPE, PME ou artisans en ont été bénéficiaires pour un montant d’un million d’euros (trois fois rien en comparaison des 120 millions déjà dépensés par l’État au profit de 92 000 entreprises dans le premier volet du fonds ).
Responsable selon Hervé Morin, une méconnaissance du dispositif mais surtout la disposition selon laquelle les entreprises doivent justifier d’un refus de crédit auprès d’une banque pour pouvoir y prétendre. «Bruno Le Maire, comme moi, est d’accord pour lever ce verrou mais Matignon ne veut pas » assure t-il au sortir d’une réunion avec le ministre de l’économie.
Commentaire de Florestan:
Pourquoi faire simple lorsque que l'on peut faire bureaucratiquement compliqué?
IL FAUT NATIONALISER LA CHAPELLE DARBLAY!
Avec la fermeture annoncée de la Chapelle-Darblay de Grand-Couronne, le centre de tri du Smedar s'est adapté et a dû trouver des repreneurs, pour recycler les déchets papiers.
La fermeture annoncée de la Chapelle-Darblay est un coup dur pour les 230 salariés. Mais aussi, pour le Smedar. Car le centre de tri de l’agglomération de Rouen (Seine-Maritime) a été pendant des années un partenaire privilégié du papetier, propriété du groupe finlandais UPM, afin d’acheminer et recycler les déchets papiers, sur le site de Grand-Couronne, qui produit 250 000 tonnes de papier recyclé par an.
La fermeture définitive de l’usine, annoncée pour le 15 juin 2020 – dénoncée par plusieurs élus de Normandie qui en ont appelé au gouvernement – met en difficulté un grand nombre de collectivités de l’ouest de la France, pour trouver un repreneur.
Lire aussi : Julien Bayou et Philippe Martinez à la Chapelle-Darblay pour « sauver l’emploi et le climat »
Depuis l’annonce de la possible fermeture de la Chapelle-Darblay courant septembre 2019, Karine Bruyant, directrice du développement, de la coopération et de l’innovation au Smedar, a entamé de nombreuses recherches pour trouver des repreneurs. « Dès que nous avons été mis au courant de la situation de la Chapelle-Darblay, nous avons commencé à frapper à d’autres portes. Il a fallu réagir très vite. Nous avons finalement trouvé un repreneur à Golbey dans les Vosges », précise-t-elle.
Ce repreneur, Norske Skog Golbey, détient un site situé à plus de 500 kilomètres de Grand-Couronne. Malgré cette distance, le Smedar a dû faire avec « car il n’y a pas beaucoup de papetiers en France et la seule qui existe se trouve dans les Vosges, ou alors c’est hors de France et le bilan environnemental se dégrade automatiquement ».
n temps normal, deux à trois semi-remorques transitaient entre la Chapelle-Darblay et le Smedar pour le recyclage du papier. L’organisation du Smedar devra être repensé mais la directrice envisage d’ores et déjà une hausse de l’empreinte carbone, « alors que c’est un sujet sur lequel nous essayons de faire attention », affirme-t-elle.
Un partenariat a également été passé avec une autre entreprise, GDE Recyclage, qui ne possède aucun site de recyclage mais négocie le prix du papier pour le revendre à des usines, en fonction des cours du marché. Le papier peut donc être revendu en Europe, mais aussi à l’étranger.
Lire aussi : L’« ultime combat » pour sauver les 230 emplois de la Chapelle-Darblay, près de Rouen
Pour l’année 2020, le Smedar a fait ses calculs. Et ils ne sont pas bons. Avec la fermeture du site de Grand-Couronne, la perte annuelle pour le centre de tri est estimée de « 300 000 euros au minimum, voire jusqu’à 5000 000 euros ». Tout d’abord car Norske Skog Golbey reprend la tonne de déchets à un prix beaucoup moins élevé que la Chapelle-Darblay. Pour Karine Bruyant, clairement, c’est « une vraie perte financière » :
Nous avions un bon contrat avec la Chapelle, avec un prix fixe. Mais le cours du papier depuis des mois voire des années diminue. Le prix a baissé, ce qui fait que toutes les usines revoient le coût de reprise à la baisse pour suivre le cours des matériaux. Nous sommes en période de crise et cela n’a rien à voir avec le Covid-19.
Des fonds devront également être injectés afin de procéder à une nouvelle phase de travaux au sein du Smedar, pour repenser la logistique et optimiser le process. Des « milliers d’euros », voire des « centaines de milliers d’euros », devraient être déboursés. « Actuellement, nous ne mettons pas assez de papier dans un semi-remorque pour que cela soit rentable au niveau du transport. Il va falloir changer cette partie du process pour faire des chargements plus importants, pour peut-être les compacter, les mettre en balles », explique la directrice du développement.
Lire aussi : Bouteilles plastiques, briques de lait, cartons… Comment sont recyclés les déchets à Rouen ?
Mais au final, avec tous ces imprévus, qui paiera ? Le contribuable devra-t-il mettre la main à la poche pour permettre au centre de tri de recycler les déchets ? La taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM), même si elle est fixée par la Métropole Rouen Normandie, ne devrait pas augmenter.
L’objectif n’est pas ça, car le Smedar fait payer chaque type de déchet à un tarif différent. Aujourd’hui les déchets recyclables sont à zéro euro. On ne fait rien payer pour le traitement et notre objectif est de maintenir ce zéro euro à la tonne, signale Karine Bruyant.
Reste que, selon elle, même si le Smedar souhaite qu’il y ait le moins de répercussions possibles pour les foyers dans les prochains mois, et que cette question n’est pas à l’ordre du jour, « rien n’est garanti ».
Par: Manon Letercq
- La situation économique normande à l'ouest de l'estuaire de la Seine (Calvados et Nord-Cotentin):
( Source: Chronique de Normandie, n°629 en date du 1er juin 2020)
- Eoliennes: les em-pêcheurs de tourner en rond sont toujours là! Et ils ont bien raison!
(source: Chronique de Normandie, n°629 1er juin 2020)
- Les chiffres 2019 dans le premier réseau fluvial français selon Voies Navigables de France:
- Avenir du grand port maritime de Rouen et son "chenal intelligent": et si on arrêtait de creuser dans la vase pour plutôt creuser dans la matière grise?
Le chantier d’approfondissement du chenal à peine achevé, le port de Rouen veut se projeter sur la prochaine décennie en anticipant les problématiques du futur : utilisation des données, navires autonomes, aide à la navigation… Aucune piste ne sera écartée pour dessiner le « chenal intelligent » de demain.
- "Fashion network" Voilà encore des Normands qui s'ignorent et encore un mot anglais qui a une origine normande!
-
Une réalité géographique normande qui est une évidence sinon un atout qu'il ne faut pas oublier pour organiser un plan régional normand de relance économique: la Normandie est dotée d'un maillage très fin de petites villes et de gros bourgs également répartis sur l'ensemble du territoire. En Normandie, on trouve une ville de 10000 habitants tous les 30km et un gros bourg de 2 à 3000 habitants tous les 10km... Le CESER se penche sur cette réalité essentielle pour l'avenir de notre région.
https://ceser.normandie.fr/petites-villes-de-demain-demandez-le-programme-en-normandie
(Vue aérienne de Saint-Hilaire-du-Harcouet, dans le sud de l'Avranchin)
Ce n'est pas chose rare que de voir, en Normandie, une intercommunalité structurée autour d'une ou de plusieurs communes de moins de 5000 habitants. Le maintien de ce maillage relativement dense de « petites » villes et de bourgs ruraux est garant de la cohésion et de l’équilibre du territoire. Pourtant, nombre d'entre eux souffrent d'une dévitalisation marquée par le déclin démographique, un habitat dégradé, un accès aux soins difficile, entre autres symptômes. C'est dans ce contexte que le Gouvernement a annoncé la mise en place du programme "Petites villes de demain" qui sera bientôt décliné en Normandie. Le CESER fait le point sur les enjeux.
Lire en intégralité ci-après, la contribution du CESER:
https://ceser.normandie.fr/sites/default/files/2020-05/Note%20CESER%20Normandie%20-%20PVD_0.pdf
- Polémiques inutiles autour d'un célèbre philosophe normand... Enfin un point de vue objectif et intelligent sur Michel ONFRAY:
On lira, avec intérêt, le point de vue du philosophe Gaspard Koenig, animateur du "think tank" Génération libre.
(source : Les Echos)