Coup de Coeur de l'Etoile de Normandie: ils sont jeunes et courageux. Ils protègent nos statues publiques contre les vandales!
Ne désespérons pas trop vite de l'humanté et de sa jeunesse...
Face à la folle vague mondiale d'iconoclasme provoquée par les manifestations liées au décès de George Floyd, en marge d'une campagne électorale pour les présidentielles américaines qui vire à la guerre civile et qui enflamme les médias du monde, des jeunes, il faut le dire plutôt cultivés et bien élevés, ont constitué un groupe d'action sur un réseau social bien connu pour veiller sur notre statuaire et nos monuments publics ou pour les nettoyer lorsqu'ils ont été souillés.
Cette heureuse initiative mérite amplement le COUP de COEUR de l'Etoile de Normandie!
REPORTAGE - Fondateur du groupe Facebook “Défendons notre patrimoine”, Thomas Perrigault veut nettoyer les statues dégradées en marge des manifestations Black Lives Matter.
Équipés de gants de vaisselle, quelques chiffons et du White Spirit, trois étudiants, se retrouvent rue Colbert, à Paris, près du jardin des Tuileries. Chacun s’active et frotte pour rendre son vert au visage de cuivre de la statue de la fontaine Colbert, barbouillée de jaune. Des badauds interloqués s’arrêtent, une passante tourne la tête et leur envoie un “Merci!”. Le travail terminé, les masques tombent et la discussion s’engage. Demain, ils iront nettoyer d’autres statues vandalisées, comme d’autres camarades en France.
La section nantaise a protégé la colonne Louis XVI.
Valentin, Sophie et Aurélien font partie du groupe Facebook “Défendons notre Patrimoine”. Créé il y a un peu plus d’une semaine par Thomas Perrigault, un étudiant en droit de l’université de Cergy-Pontoise, le groupe national compte plus de 1100 membres. Le groupe est aussi présent dans 25 grandes villes françaises où les branches locales s’organisent pour cartographier les monuments à protéger. Durant les manifestations Black Lives Matter du week-end dernier, des membres sont venus surveiller les lieux. «Dès qu’on voit du mouvement, on se place autour du monument, de manière pacifique. Et en cas débordement, nous alertons directement les forces de l’ordre», raconte-t-il. Samedi dernier, la section nantaise a réussi à protéger la colonne Louis XVI.
Défendre le patrimoine national
C’est en voyant les appels à la destruction de statues de Colbert, Napoléon et du Général de Gaulle, que cet étudiant de 21 ans, a voulu réunir les jeunes, choqués comme lui. Les récentes dégradations de la statue de François de Mahy à Saint-Pierre (Réunion), du buste du Général de Gaulle à Hautmont, de la fontaine Saint Michel et de la statue de Churchill à Paris achèvent de les mobiliser. “Je ne suis pas engagé politiquement, mais je voulais seulement défendre le patrimoine attaqué”, explique le jeune homme de 21 ans seulement.
Des profils différents pour un but commun
Aurélien, qui prépare l’agrégation d’histoire est modérateur du groupe Facebook parisien. Il définit son action comme un “geste citoyen”. Sophie, étudiante à l’Ices, veut «se battre contre ceux qui s’attaquent au patrimoine». Ce même but les lie, alors que leurs opinions ou leurs centres d’intérêt auraient pu les séparer.«Je ne suis pas particulièrement intéressé par l’histoire», déclare même Valentin diplômé d’école de commerce, qui se réclame uniquement mû par un«désir de faire quelque chose de bien». Ce groupe, Thomas Perrigault, le décrit comme ouvert à tous ceux qui aiment le patrimoine, la culture, l’histoire, qu’ils soient de droite ou gauche. «Nous pourrions même avoir des gens qui défendent les manifestations Black Lives Matter, mais qui sont contre ces dégradations”, précise-t-il.
“Un mouvement citoyen et apolitique, axé sur la culture, l’histoire et le patrimoine.”Thomas Perrigault, étudiant
À propos de ceux qui taguent les statues ou les déboulonnent, il dit: «Leur démarche est de renier notre histoire. Même si elle a beaucoup de défauts, nous l’acceptons telle qu’elle est».
Commentaire de Florestan:
Pour l'instant, les grandes villes normandes sont encore épargnées par cette folie nihiliste, aucune dégradation n'ayant été signalée, pour l'instant, à Rouen, Caen, au Havre ou à Cherbourg.
https://actu.fr/normandie/rouen_76540/images-la-statue-de-rollon-vandalisee-a-rouen_271093.html
Mais nous signalons aux courageux membres de ce nouveau groupe Facebook consacré à la défense de notre patrimoine, le cas à Rouen de la statue de Rollon, le Viking fondateur de la Normandie qui est, hélas, régulièrement dégradée. On pourra aussi nourrir des inquiétudes pour la statue équestre de Napoléon 1er toujours à Rouen ainsi que pour la statue de Pierre Corneille si la folie devait aller jusqu'à décoloniser notre théâtre classique ou la statue du roi François 1er au Havre. A Caen, les Normands aggravent leur cas avec un Louis XIV en empereur romain en plein centre de la place Saint-Sauveur: une cible qui pourrait être tentante. A Cherbourg, les bustes de Tocqueville ou de Barbey d'Aurevilly récemment créés et installés par notre amie sculptrice normande Christine Larivière doivent faire l'objet de notre vigilance.
Avouons notre inquiétude nous qui sommes ici porteurs d'un projet de créer une statue publique devant honorer à Caen la mémoire de Guillaume Le Conquérant et de sa femme Mathilde de Flandre, oeuvre également proposée par Christine Larivière...
Mais revenons à Rouen où, une fois encore, le crépusculaire maire socialiste Yvon Robert fait preuve d'un courage politique exceptionnel en inventant une nouvelle version du "ni-ni":
Ni "Black lives matter" Ni Napoléon !
Le résultat concret est le même: la statue équestre quitte son socle avec l'argument de celui qui veut tuer son chien parce qu'il aurait chopé la rage...
Ce n’est pas un choix politique. C’est l’usure du temps et la rouille qui obligent la Ville de Rouen à démonter la statue de Napoléon qui trône sur la place du général de Gaulle.
Les Rouennais ne vont pas en croire leurs yeux. Dans quelques jours, lorsqu’ils déboucheront au bout de la rue Jean Lecanuet, ils ne verront plus la statue monumentale de Napoléon 1er sur son cheval. La place du Général de Gaulle à Rouen (Seine-Maritime), va perdre son point de repère historique.
« Erigée en 1865, la statue équestre de Napoléon Ier située place du Général de Gaulle repose sur trois appuis (deux pattes arrière et queue). Une étude réalisée à la demande de la Ville a récemment montré que l’une des deux pattes présente une fissure évolutive. Cette fissure fragilise la statue, qui mesure près de 5 mètres de haut, pouvant menacer sa stabilité. Elle présente donc un danger potentiel pour les usagers de l’espace public », explique la Ville de Rouen, dans un communiqué de presse. « Dans ce contexte, une opération de dépose de la statue sera effectuée à compter du lundi 22 juin. Un périmètre de sécurité autour du socle sera établi le temps de l’opération. Après la dépose, une analyse plus fine de l’état de la statue permettra de définir les conditions de sa rénovation.»
Inaugurée le 15 aout 1865, jour de l’anniversaire de la naissance de Napoléon Bonaparte, cette statue est l’œuvre de Gabriel Vital Dubray. Le piédestal est l’oeuvre de Louis Desmarest. Le bronze utilisé pour la réaliser provient indirectement des canons qui furent saisis lors de la bataille d’Austerlitz.
Si la plus grosse partie des canons d’Austerlitz a servi à la construction de la Colonne Vendome, une vingtaine d’entre eux furent mis à la disposition de l’Administration des Monnaies et Médailles pour la réfection des balanciers qui servaient à frapper les pièces. Certains de ces balanciers furent envoyés à l’Hôtel des Monnaies de Rouen et ce sont eux que l’on récupéra lors de la fermeture de cette succursale en 1852.
Autre particularité de cette statue équestre, elle échappe à la tradition (qui tient peut être plus de la légende que de la réalité) qui veut que la posture du cheval renseigne sur les conditions de la mort de son cavalier : lorsque le cheval a les deux antérieurs levés, son cavalier serait mort au combat ; lorsque seul l’antérieur droit est levé, son cavalier aurait été assassiné (ou tué par ses adversaires, hors du champ de bataille) ; et lorsque seul l’antérieur gauche est levé, le cavalier serait mort à la suite de ses blessures au combat. A contrario si les quatre jambes du cheval touchent terre, le cavalier serait mort naturellement.
La popularité de l’Empereur n’étant plus la même, il fut question de supprimer sa statue sous la Troisième République. Elle échappa de peu à la fonte, tout comme elle y échappa à nouveau pendant la seconde guerre mondiale.