THT, antennes, 5G, éoliennes: les ploucs sacrifiés des ondes...
Souvenirs, souvenirs... Pour l'Etoile de Normandie, nous avions couvert la grande mobilisation populaire et rurale de Mortain contre la construction de la nouvelle THT "Cotentin-Maine" devant connecter le nouvel EPR de Flamanville au réseau avec pour objectif principal, la sécurisation du réseau électrique breton en période de pic de consommation hivernale.
Dixit Dominique Maillard, président du directoire de RTE dans un entretien accordé à Ouest-France le 2 mai 2013... Citation:
" Sa justification première, c’est le transit de l’énergie produite par l’EPR de Flamanville (Manche). Mais cette ligne est utile, dès sa mise en service, pour sécuriser l’alimentation du grand Ouest. Elle dégage 300 Mégawatts supplémentaires pour aider la Bretagne à passer les hivers. L’électricité transportée par la ligne peut venir de la vallée de la Loire, des centrales de la région parisienne et autres."
Voir ici-même, sur le portail d'accueil de l'Etoile de Normandie, le reportage en images de cette manifestation historique de Mortain...
http://normandie.canalblog.com/albums/non_a_la_tht__mortain_/index.html
Quelques dix années plus tard, l'EPR de Flamanville est devenu un fiasco industriel à 11 milliards et la nouvelle ligne électrique haute-tension construite à marche forcée par RTE, quitte à prendre quelques sérieuses libertés avec l'état de droit à l'égard des habitants du Ploukistan normand et du Maine, est cependant raccordée au réseau depuis 2013.
On se souvient aussi des mémorables et courageux articles du journaliste Fabrice Constensoux dans l'hebdomadaire de La Manche Libre qui avait révélé les malversations financières et immobilières de RTE pour faire avancer au plus vite son chantier contre les intérêts des propriétaires riverains mais aussi et surtout qui avait levé le voile sur la question sensible et toujours controversée des nuisances sanitaires causées tant sur les hommes que sur les animaux d'élevage par les ondes électro-magnétiques circulant sous les câbles des grands pylônes métalliques notamment quand le temps est mucre, ce qui arrive assez souvent en Normandie...
https://www.lamanchelibre.fr/actualite-343209-la-manche-libre-fabrice-constensouxprend-sa-retraite
Bien entendu, les habitants avaient demandé à ce que cette nouvelle ligne soit enterrée...
http://normandie.canalblog.com/archives/2017/12/11/35948667.html
Cette question de l'électro-sensibilité a été ignorée sinon méprisée par la techno-structure arrogante de l'état jacobin. Pourtant, le constat est là: les éleveurs observent, désemparés, des surmortalités inexpliquées dans leurs cheptels et un lien de bon sens a été fait entre ces surmortalités et la présence en proximité des exploitations agricoles concernées d'une ligne à haute tension mais aussi d'antennes relais pour les téléphones portables.
Cette question est enfin prise de plus en plus au sérieux notamment dans l'Ouest français où l'élevage prédomine.
Une journaliste a donc repris le flambeau de Fabrice Constensoux et nous propose un courageux reportage: après les éoliennes, voici donc le témoignage d'un nouveau lanceur d'alerte...
Des lignes haute tension à la 5G, la journaliste Nathalie Barbe a travaillé deux ans sur les phénomènes d’électrosensibilité à la campagne. Son documentaire (1) raconte la dramatique descente aux enfers d’agriculteurs.
On ne demandera pas à Nathalie Barbe si, dans sa bibliothèque, figure en bonne place Don Quichotte de Cervantès. Pourtant, en matière de lutte contre les moulins à vent, la journaliste agricole en connaît un rayon. Elle vient de passer deux années à remplir ses carnets et user ses souliers sur les chemins de fermes. De la Sarthe à la Manche et la Loire-Atlantique, elle a enquêté sur les cas de nuisances autour des champs électromagnétiques. D’abord un dossier pour l’hebdomadaire L’Avenir agricole, puis l’idée de réaliser un film s’est imposée.
« Dire leur souffrance »
« Agriculteurs sous tension » (1), c’est un déclic de journaliste qui se dit « qu’on ne peut pas passer à côté de ces situations-là en les ignorant. C’est notre rôle de journaliste de mettre en lumière ces histoires enfermées. » « Écouter des « gens de rien » nous dire leur souffrance, ça, c’est notre boulot ! » explique-t-elle.
Nathalie Barbe se défend d’être « une militante, mais je suis issue d’un milieu agricole. Les éleveurs sont des observateurs, ils sont sur le terrain, ils connaissent leurs animaux, ils savent très bien à quel moment quelque chose a changé sur la ferme. » Mais elle ajoute que « l’isolement a joué contre les ruraux et a montré le manque de solidarité flagrant du monde agricole ».
Jusqu’à ce qu’un éleveur normand, engagé dans la lutte contre les ondes depuis le début des années 1990, accepte de faire confiance à Nathalie Barbe et lui ouvre de phénoménales archives : Serge Provost confie à Nathalie qu’il « savait que ces histoires d’ondes, ça ressortirait. On a alerté nos responsables professionnels et on nous a laissés crever. Ça, c’est pas normal. »
« Au bord du gouffre »
Avril 2019 à Saint-Langis-lès-Mortagne, près de Mamers, entre l’Orne et la Sarthe. Nathalie assiste avec sa caméra à l’une des toutes premières grandes réunions publiques autour des ondes électromagnétiques. Et c’est le déclic. Des langues se délient. Des élus réalisent mieux. « Ça pleurait dans les premiers rangs, ça a chaviré du monde », raconte-t-elle.
Une agricultrice, sous le regard grave de l’assistance, raconte : « On faisait venir le véto et les veaux crevaient à côté, mais on ne trouvait pas. C’était soi-disant pulmonaire. On était au bord du gouffre. Alors, quand les huissiers arrivaient avec un serrurier, je peux vous dire que les enfants pleuraient. » Le documentaire montre aussi cette image incroyable que celle de Patrick Pilon, éleveur de lapins, retirant de ses cages 1,7 tonne de lapins morts chaque semaine. « Y’a plus de plaisir à travailler », commente-t-il, dépité.
Premiers dossiers en justice
Est-ce la coupe qui a débordé avec l’arrivée annoncée de la 5G ? Une force collective s’est finalement constituée. Des associations sont nées, comme « Animaux sous tension », ou celle de Didier Potiron et Céline Bouvet (Éoliennes 44). Les premiers dossiers viennent d’être déposés en justice. « Le lien de causalité n’est pas prouvé, c’est un rapport de force inégal, constate Nathalie : les agriculteurs n’ont pas aujourd’hui les moyens d’apporter la preuve scientifique de ce problème. » Même si, récemment, l’ARS (Agence régionale de santé) a constaté des troubles et symptômes chez l’homme et l’animal dans ce secteur de la Loire-Atlantique, le mystère reste entier sur les causes de tous ces maux. Mais les éleveurs ayant la connaissance de la terre, il fallait peut-être, à un moment, les écouter ?
(1) Agriculteurs sous tension : une omerta française, film de 52 mn de Nathalie Barbe, coproduction Bonobo Productions et France Télévisions – France 3 Pays de la Loire. En replay sur pdl.france3.fr et sur france.tv