En Seine-Maritime, cinq frères réinventent le camembert normand... Un camembert industriel breton de plus!

L'Etoile de Normandie avait pris position fermement pour le projet hélas avorté de réforme du cahier des charges de l'appelation "Camembert de Normandie" (AOC/AOP) qui était un compromis gagnant/gagnant avec l'objectif d'étendre significativement l'aire géographique de l'AOC en Normandie (notamment vers le Pays de Caux) pour permettre à un plus grand nombre d'éleveurs normands de valoriser au mieux leur lait mais avec la contrepartie d'accepter la re-normandisation de leur cheptel (abandon progressif de la race Prim'Holstein) de remettre les vaches à l'herbe et au foin et, du côté des industriels, d'abandonner l'appelation commerciale fallacieuse "camembert fabriqué en Normandie"...

Comme on le sait, les industriels ont fait capoter le projet tandis que les partisans purs et durs de l'AOC camembert de Normandie s'inquiétaient d'une disparition de l'identité fermière et artisanale du plus célèbre fromage de France au profit de fromageries industrielles.

C'est donc un échec total et, comme on le sait, la Nature a horreur du vide: l'exemple consternant qui suit démontre amplement ce qu'une AOC du camembert de Normandie réformée aurait pu nous épargner à savoir, des éleveurs laitiers normands situés en dehors de l'actuel périmètre de l'AOC qui, désireux de valoriser d'une manière ou d'une autre leur lait, décident de se lancer dans la fabrication d'un énième camembert industriel comme savent le faire si bien nos amis... Bretons!

https://www.leparisien.fr/economie/en-seine-maritime-cinq-freres-reinventent-le-camembert-de-normandie-02-10-2020-8395563.php

En Seine-Maritime, cinq frères réinventent le camembert de Normandie

Dans le Pays de Caux, près de Fécamp, une fratrie d’agriculteurs lance la production d’un camembert en dehors du périmètre de l’appellation avec du lait de vaches Prim’Holstein.

Par Frédéric Durand

Le 2 octobre 2020 à 10h50

Charles, Pierre, Victor, Côme, Martin, voilà qui pourrait être le début d'un titre de film. Eux aussi ont eu envie d'aventure. La leur se déroule à Terres-de-Caux (près de Fécamp) sur 260 hectares exploités successivement par leur grand-père et leur père. Une épopée qui débute voici quatre ans quand la fratrie Bréand décide de se lancer dans la production du camembert Le 5 Frères » en dehors du terroir de l'appellation d'origine contrôlée (AOC), en y mettant les grands moyens.

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Deux motifs ont décidé les frères à produire le fromage le plus connu de Normandie : « D'abord, il y a une forte demande de la part des consommateurs. Ensuite, nous voulions valoriser notre lait », explique Victor le responsable de la fromagerie. Avec deux cents vaches majoritairement de la race Prim'Holstein nourries « avec de la pulpe de betteraves, du fourrage vert, du maïs et de la luzerne », qui paissent sous un climat humide entre terre et mer, ils se font fort de « faire la différence ».

« Avec 5000 litres de lait par jour, nous fabriquons 500 camemberts. Cela ne représente que 1000 litres de lait. Le reste part toujours à la coopérative Danone. Petit à petit, nous inverserons la tendance jusqu'à utiliser 90 % des traites soit 2000 fromages par jour. Pour cela, nous venons d'investir un million d'euros dans une fromagerie flambant neuve de 700 m2 et nous avons recruté trois personnes. »

Vidéo: comment reconnaître un vrai camembert normand?

https://www.dailymotion.com/video/x7ufjus

En dehors des terres de l'appellation

Mais, pas pour faire une xième version industrielle du camembert ! Ainsi, sous le couvercle à la sérigraphie moderne, « Le 5 Frères est un produit fermier, de qualité et de terroir. Il a fallu de longues années pour le concevoir avec ses cinq couches de lait. C'est une technique précise pour un fromage fragile. C'est indispensable pour avoir une régularité. Maturé, il a le goût authentique de notre terre », détaille l'agriculteur.

Le 5 Frères est 100 % fermier et déjà plébiscité par restaurateurs et particuliers/#PRESSE30  

La recette des frères Bréand a immédiatement rencontré le succès auprès des consommateurs et des professionnels. De l'épicerie fine à la grande surface, Le 5 Frères trône dans les rayons et la production s'écoule immédiatement : « Il faut le consommer maximum six semaines après la mise en boîte et le conserver entre 8/10°c. C'est une pâte qui s'adresse à ceux qui ont du palais. D'ailleurs, les chefs de grands restaurants commencent à nous appeler. Aujourd'hui, nous livrons sur la Seine-Maritime et aussi sur Lille, mais nous pourrons bientôt expédier partout en France. ».

Comments

[carente 50]

j'attends avec impatience le verdict de Périco Légasse le basque qui adore notre camembert au lait cru produit par nos vaches normandes et qui appelle

les prim holsteins : les pisseuses de lait

[Guérin]

Il n'y a pas que les industriels qui ont fait capoter la nouvelle AOP, entre certains petits producteurs, de prétendus gourmets et des normands qui s'imaginaient défendre la Normandie en étant plus royalistes que le roi ont bien aidé, la région est restée longtemps très molle sur la défense et l'explication de cette nouvelle charte.

Résultat, le camembert de Normandie continuera à perdre des parts de marché et à voir vendu des machins douteux, produits à base de lait de holstein nourries n'importe comment et passant le plus clair de leur temps dans des hangars. La normandisation du cheptel qui avait fait remonter le prix des normandes va perdre une bonne partie de ses raisons, les vikings sont forts pour les raids mais pas pour tenir un siège et défendre leur territoire.

[Asketill]

Bien dit, Barreau. Nous sommes même des gros cons. Les pavillons en témoignent.

[barreau]

au lieu de prendre exemple sur la remarquable réussite de l’appellation Comté des Franc comtois, (et ce n'est pas la faute du président du syndicat du camembert d’appellation qui voudrait suivre ce modèle), nous préférons suivre le "chacun pour soi" : gagnant individuellement mais perdant collectivement....

Cette région n’a pas d'avenir avec de tels comportements, je lui prédis une mort certaine par dilution dans un grand machin quelconque. Nous sommes des cons.