Le siège de l'autorité unique portuaire de l'Axe Seine doit se trouver en Normandie mais à condition d'éviter le clochemerle!
Car c'est la logique de réseau urbain et métropolitain normand qui devrait être respectée à l'instar d'une "hanse" de villes maritimes normandes qui est, hélas, totalement étrangère à la culture politique française dominée par le centralisme à la parisienne ou le localisme clochemerleux lorsqu'en province, on n'a pas les moyens de ses ambitions...
A défaut de faire les réformes réellement urgentes et concrètement utiles pour remettre à niveau les outils portuaires et logistiques de l'Axe Seine normand qui est, pourtant, un enjeu national, faute aussi de vouloir confier la gouvernance de cet enjeu d'intérêt national au territoire qui permet son développement selon le principe de subsidiarité, faute, enfin, de ne toujours pas voir l'évidence, à savoir, la renaissance de la Normandie comme principal acteur territorial institutionnel pour financer les projets concrets d'un Axe Seine permettant de connecter le Grand Paris à la mer, le gouvernement et, plus généralement, les pouvoirs parisiens préfèrent jouer au mécano institutionnel quitte à ouvrir des polémiques stériles.
Puisqu'on parle de la question de savoir où mettre le siège de la future autorité portuaire unique de l'Axe Seine qui doit remplacer au 1er janvier 2021 les actuels grands ports maritimes du Havre et de Rouen ainsi que le port fluvial de Gennevilliers, on notera que l'actuel maire du Havre qui fut pourtant Premier ministre un certain temps n'a pas cru bon décider de mettre ce siège au Havre: la situation actuelle d'un maire du Havre faisant le siège téléphonique de son ancien bureau de l'hôtel de Matignon pour "peser" sur la question du siège, est cocasse et elle nous ferait vraiment rire s'il ne s'agissait pas de l'intérêt général de notre Normandie.
Car faute d'avoir eu l'intelligence de se concerter pour présenter, au préalable, une position commune au service d'une vision commune utile à l'intérêt général de la Normandie sur un sujet d'intérêt national, nos grands élus normands prennent le risque d'une nouvelle bataille de clochemerle dont ils ont, hélas, le secret: car pendant qu'Edouard fait sa guerre du siège pour le Havre, Nicolas Mayer-Rossignol vient d'ouvrir la sienne pour Rouen alors que ces deux-là co-signaient, il y a peu, (le 18 septembre dernier) une lettre à l'adresse de Jean Castex pour une relance écologique de l'Axe Seine et de la LNPN...
Le pauvre Jean Castex! Il en reçoit du courrier en ce moment! Notamment de Normandie, région... "casse- tête"!
La bonne démarche conforme aux intérêts de la Normandie aurait dû être la suivante:
Réunion de concertation et de travail entre Edouard Philippe, Nicolas Mayer-Rossignol, Joël Bruneau et Hervé Morin: le G4 Région + réseau métropolitain normand pour définir une stratégie normande commune sur la question essentielle de l'Axe Seine avec un partage des rôles dans le cadre du réseau métropolitain normand. Le siège du futur port pourrait donc être proposé dans l'une des trois villes principales normandes avec le soutien des deux autres en contrepartie d'une coopération et d'une collaboration aux responsabilités et fonctions d'un tel siège.
Un siège au Havre a autant de légitimité qu'un siège à Rouen: ce qui importe c'est que ce siège soit dans l'un des deux grands ports maritimes normands (Rouen et Le Havre) et que les deux autres villes portuaires normandes soient associées au futur siège (Caen et Le Havre dans le cas d'un siège à Rouen. Caen et Rouen dans le cas d'un siège au Havre).
Malheureusement, dans la cour d'école de la Normandie réunifiée la maturité métropolitaine n'est pas encore au rendez-vous!
Anticipant un nouveau clochemerle normand ce coup-ci, sur la question portuaire, le Breton qui dirige le port fluvial de Paris (Gennevilliers) a, lui aussi, candidaté pour obtenir le siège d'une future autorité portuaire de l'Axe Seine dont la préfiguratrice, Madame Catherine Rivoallon (nommée par Edouard Philippe quand il n'était plus maire du Havre) a applaudi aux propos hidalgesques du 29 septembre dernier sur la disparition de la Normandie dans une "grande région capitale étendue jusqu'à la mer".
Le clochemerle normand est donc reparti!
Dans l’attente de décisions nationales qui devraient intervenir rapidement, Nicolas Mayer-Rossignol, Président de la Métropole Rouen Normandie, Maire de Rouen et Christian Boulocher, Président de l’Union Portuaire Rouennaise, co-signent un courrier adressé au Premier Ministre pour fixer les conditions de la fusion des établissements portuaires de Rouen, du Havre et de Paris.
Pour Nicolas Mayer-Rossignol et Christian Boulocher, cette fusion est « bienvenue pour la vallée de Seine, à condition qu’elle respecte certains principes», dont voici les principales lignes directrices :
La concertation qui fait défaut à ce stade. Hormis un « un court document de cadrage, qui fixe quelques enjeux certes majeurs », rien n’a été transmis à ce jour sur la future gouvernance, les emplois et leur répartition, la fiscalité attractive et concurrentielle ou encore la place des différentes parties concernées, en particulier les collectivités locales et les acteurs économiques.
La cohérence. Rouen, Capitale de la Normandie et au coeur de la Vallée de Seine, accueille depuis plusieurs années déjà le siège d’HAROPA, Groupement d’Intérêt Economique réunissant les trois ports. Il semble donc logique et cohérent, pour les deux Présidents, que « Rouen accueille le siège du nouvel Établissement public résultant de la fusion ». Rouen est caractérisé par la rencontre du maritime et du fluvial, ce serait ainsi aussi la reconnaissance du fleuve comme stratégie de l’axe Seine. Si tel n’était pas le cas, « la présidence de l’établissement devrait revenir à une personnalité rouennaise ».
L’équilibre territorial. Ce nouvel Établissement public doit être respectueux de l’équilibre souhaité entre les trois pôles et adaptée à la présence des services déconcentrés de l’État en Normandie. Il est ainsi proposé que « Rouen accueille la direction générale, les finances, les fonctions commerciales ainsi que les services en charge du développement durable et de l’environnement ». L’emploi au sein de la Métropole Rouen Normandie doit être défendu et conforté c’est pourquoi « tout projet de fusion n’est acceptable qu’à la condition sine qua non que le nombre et la qualité des emplois sur le territoire rouennais à la suite de la fusion soient au moins équivalents à ceux de la situation actuelle ». L’équilibre doit également pouvoir se lire dans une gouvernance partagée, associant pleinement les territoires et les entreprises clientes des ports.
La flexibilité. La nouvelle entité devra offrir une certaine marge de flexibilité locale : des niveaux de délégations importants doivent être confiés aux 3 ports.
L’ambition. Les objectifs du projet de fusion doivent être revus à la hausse. Le projet devra être assorti d’un plan d’investissements massif, notamment en termes d’infrastructures, équilibré sur les trois ports. Les ambitions de report modal, de la route vers le fleuve et le train, doivent être beaucoup plus fortes à l’image des ports du Range Nord.
Lire le courrier: