4ème parc éolien marin: Les Normands n'en veulent pas... A moins de trente kilomètres de leurs côtes.
Lundi 19 octobre 2020, la commission nationale du débat public (CNDP) a rendu son rapport concernant l'implantation d'un quatrième parc éolien en mer en Normandie. Précisions.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’évidence de l’utilité d’un quatrième parc éolien en mer Normandie ne fait pas l’unanimité. Francis Beaucire, président de la commission particulière du débat public* ne mâche pas ses mots. Professeur d’histoire-géographie à la retraite, il a reçu la lourde tâche d’écouter en toute impartialité, pendant de longs mois, experts, usagers de la mer et Normands au sujet de ce projet et d’établir ensuite une synthèse à destination du maître d’ouvrage : l’État.
« On a parfois entendu : ‘C’est bon, la mer est pleine’ »
Actu : À la lecture du rapport, on sent bien que les réticences face à ce projet de quatrième parc éolien en Normandie ont entraîné des débats mouvementés...
Francis Beaucire : Lorsque l'on a commencé en décembre 2019 et après, il y a eu beaucoup de récriminations. Les gens ne comprenaient pas pourquoi on venait leur parler d'un quatrième projet d'éolien en mer alors que les trois autres (ndlr Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Dieppe/Le Tréport) ne sont même pas encore visibles. Il y avait beaucoup d'agacement et même d'hostilité.
Pourtant, 5 600 personnes ont pris part aux réunions ou questionnaire en ligne. L'intérêt est donc là ?
FB : Oui et les questionnements aussi. On avait un public très varié mais voulant contribuer au débat. Certains, comme les pêcheurs par exemple, nous disaient : « C'est bon la mer est pleine ! » Et on sentait bien qu'au delà des réticences, il y avait d'autres enjeux liés notamment pour les pêcheurs au Brexit. En gros, on les questionnait sur un nouveau parc éolien alors qu'eux ne savent toujours pas ce que sera leur profession dans quelques semaines.
Plus de transparence et une planification à long terme
Comment résumeriez-vous les attentes de tous ces publics rencontrés ?
FB : Il y a deux unanimités. Une liée d'abord à une vraie planification des projets en mer. Et cela concerne aussi bien les pêcheurs du Tréport que les industriels à Rouen. En gros il faut arrêter d'avoir une vision à court terme et de multiplier les projets en mer. Et puis il y a une autre demande : celle liée à la recherche sur ces projets. Les gens veulent plus de transparence du côté des expertises scientifiques et sur les conséquences pour les usagers de la mer. Il y a beaucoup de controverses et les gens veulent de la clarté.
Les gens ne veulent plus voir les éoliennes
Et sur l'emplacement, que disent les publics interrogés ?
FB : Deux grands emplacements ressortent pour ceux qui sont pour, au large de Barfleur et au large de Fécamp. Mais contrairement aux trois autres parcs éoliens en Normandie, les gens sont unanimes sur le fait qu'il faudrait que ce soit au moins à 30 km des côtes. Les gens ne veulent plus voir les éoliennes.
Le rapport est remis, que va-t-il se passer maintenant ?
FB : L'État, qui est maître d'ouvrage, a trois mois pour rendre ses conclusions et répondre donc aux interrogations que nous avons émis dans ce rapport. Ensuite, en janvier, nous donnerons notre avis sur les réponses formulées. L'État sera seul à décider de l'emplacement de ce parc. Nous, nous ne sommes que des citoyens à l'écoute d'autres citoyens.
*Cette commission assure l’animation du débat public et son organisation localement, sous l’autorité de la Commission nationale du débat public (CNDP),autorité administrative indépendante qui a rendu son rapport lundi 19 octobre 2020.
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