C’est enfin au "Journal officiel". Les industriels accrochés au « fabriqué en Normandie » vont devoir lâcher prise. La mention qui induit volontairement le consommateur en erreur devra disparaître des étiquettes le 1er janvier 2021. D’ici là, le lobby va tout tenter pour faire plier le ministre.
Il est des clins d’œil du destin qui ne s’inventent pas, et celui-là vaut son pesant de beurre. Le ministre de l’Agriculture, sous l’autorité duquel va être mis un terme au scandale qui dure depuis plus de vingt ans, et fait prendre au consommateur un fromage industriel au lait pasteurisé pour du camembert normand, s’appelle… Denormandie. Bien qu’ancienne, souvent décryptée dans ces pages, l’affaire va connaître son épilogue grâce à une décision politique exigeant enfin l’application de la loi. Celle-ci interdit en effet à un produit industriel d’user d’une dénomination géographique déjà associée à une appellation d’origine protégée. Le terme de « protégée » prend ici tout son sens et implique que le terme « Normandie », en tant qu’origine territoriale définie dans un cahier des charges officiel, est réservé au seul camembert au lait cru provenant de vaches élevées sur l’aire d’appellation concernée.
Cette loi repose sur plusieurs textes, notamment l’article 13 du règlement (UE) n° 1151/2012 du 21 novembre 2012 relatif aux systèmes de qualité applicables aux produits agricoles et aux denrées alimentaires, lui-même appuyé par le règlement (UE) n° 1169/2011 du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, autant de dispositions validées par le Conseil des ministres de l’Union européenne et par le Parlement européen. Longtemps tolérée par commodité, la formule « fabriqué en Normandie » contrevient en effet aux principes de l’appellation d’origine en ce sens qu’elle indique le lieu de fabrication du produit sans jamais garantir la provenance des éléments le composant.
Combat de longue date
Que l’usine où est fabriqué le fromage soit installée dans le Calvados, l’Orne ou la Manche ne prouve en rien que le lait servant à son élaboration provient de ces territoires-là. Et c’est là que le bât blesse, puisque, en faisant figurer sur l’étiquette d’un camembert au lait pasteurisé de provenance indéfinie le label "fabriqué en Normandie", les industriels veulent faire croire que ce camembert est normand...
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