Contournement Est de Rouen: le maire socialiste de Rouen n'aime pas les pétitions écologistes...
Il n'y a pas que dans Le Monde, Libération ou l'Obs qu'une certaine gauche aime à pétitionner...
Dans Paris-Normandie, on trouvera ce jour (26/11/20) une pétition des élus écologistes à la métropole et à la mairie de Rouen joignant leurs noms à ceux de militants associatifs de la même tendance ou d'autres mouvances de la gauche radicale locale, pétition qui dénonce décision du juge des référés du Conseil d'Etat de confirmer la déclaration d'utilité publique justifiant la construction du contournement autoroutier Est de Rouen malgré des atteintes parfois lourdes à l'environnement local.
On notera que Nicolas Mayer-Rossignol, le maire socialiste de Rouen, président de la métropole et patron de l'actuelle coalition socialo-écologiste qui fait office de majorité municipale et métropolitaine n'a pas jugé bon de joindre son nom à ses "amis" écologistes au bas de cette pétition car, c'est bien connu, il ne faut jamais insulter l'avenir...
150 hectares de forêts, 300 hectares de terres naturelles et agricoles seront détruits. Il existe une solution alternative moins coûteuse. L’État est en pleine incohérence en affirmant vouloir relever le défi climatique tout en soutenant le contournement.
PN | Publié par Paris-Normandie |
« Alors que nous vivons une crise sanitaire inédite et une crise climatique majeure entraînant une 6e extinction de masse des espèces, au moment où de plus en plus de voix s’élèvent pour invoquer la nécessité de repenser un monde d’après plus résilient et capable de s’adapter aux défis majeurs de notre temps, le Conseil d’État estime que le projet autoroutier de contournement de Rouen a une finalité d’intérêt général.
C’est une nouvelle inquiétante car, si le Conseil d’État reconnaît les conséquences néfastes et les risques pour notre territoire engendrés par cette autoroute, il rend un avis reposant plus sur la forme que sur le fond, entraînant incompréhension et colère chez tous les défenseurs de l’environnement.
Il pointe en effet les risques dans un milieu vulnérable, insistant tout particulièrement sur la ressource en eau avec des menaces importantes de pollution sur les zones de captage ainsi que la très probable augmentation des inondations.
De plus, le Conseil d’État considère que ce contournement entraînera la destruction de près de 150 hectares de forêts et plus de 300 hectares de terres naturelles et agricoles et engendrera une augmentation de plus de 50 000 tonnes de CO2 par an. Cela est irresponsable !
La réalité est que cet avis renforce toutes celles et tous ceux qui veulent préserver le monde d’avant, un monde reposant sur une artificialisation massive des sols, un étalement urbain aux conséquences écologiques et sociales dramatiques, préservant le choix du tout routier aux dépens du transport ferroviaire.
De plus, ce projet est jugé particulièrement coûteux par le Conseil d’État. En effet, le budget prévu dépasse les 880 millions d’euros, les collectivités locales s’étant engagées à apporter 245 millions d’euros qui seraient bien plus utiles pour renforcer notre maillage de transport en commun, pour réaliser un réel réseau de pistes cyclables et pour renforcer nos politiques de renaturation de nos espaces publics métropolitains.
La vérité est que ce projet est dispendieux et injuste. Il sera payé 4 fois par les contribuables : tout d’abord par un très important financement public, par les redevances qui seront versées au concessionnaire, par le coût des mesures d’évitement et de compensation, enfin parce que les usagers de ce contournement paieront leur passage au péage qui y sera installé. Péage qui fragilise le modèle économique travaillé par l’État puisqu’il dissuadera de prendre cet ouvrage.
On le voit bien, nous sommes en présence d’un projet dont les marqueurs sont inscrits dans le siècle précédent, celui des énergies fossiles et des impacts environnementaux totalement sous-estimés.
C’est à cela que nous devons apporter notre réponse.
Elle n’est pas seulement technique ou réglementaire, elle doit être avant tout politique. C’est celle que nous avons portée ensemble au second tour des dernières élections municipales, notamment à Rouen.
Le désengagement budgétaire de la Métropole a été confirmé à plusieurs reprises par Nicolas Mayer-Rossignol et nous attendons désormais un acte fort lors du prochain conseil qui sera consacré au débat et au vote du budget 2021.
Nous ne pourrions en effet soutenir un budget qui maintiendrait les 66 millions d’euros prévus initialement par l’ancienne assemblée métropolitaine.
Il existe une solution alternative moins coûteuse et dont l’empreinte écologique est beaucoup plus soutenable pour notre territoire : le contournement ouest de Rouen par l’itinéraire A28/A150, via le pont Flaubert et la Sud 3 pour retrouver l’A13.
Par ailleurs, nous notons l’incohérence du Conseil d’État qui s’est prononcé dans la même période favorablement sur le recours déposé par la commune de Grande-Synthe et les associations environnementales regroupées sous la bannière « L’Affaire du Siècle » en donnant trois mois au gouvernement français pour respecter ses engagements sur le climat, tout en prenant une position allant à l’encontre des enjeux climatiques sur le contournement Est en rejetant le recours déposé par plusieurs associations environnementales et communes locales.
L’État est lui aussi en pleine incohérence en affirmant vouloir relever le défi climatique tout en soutenant le contournement Est, ainsi que l’implantation partout en France de l’entreprise Amazon qui va avoir comme conséquence d’accroître massivement le recours au routier.
Il est plus qu’urgent que les décideurs politiques de la Métropole remettent de la cohérence face aux positionnements contradictoires du Conseil d’État et de l’État en ne finançant pas cette autoroute à péage très coûteuse et fortement émettrice de CO2, et ce afin de respecter nos lois et les accords internationaux que nous avons signés.
Ici, dans la métropole Rouen Normandie, cela passe par l’abandon de ce projet écocide en ne lui accordant aucun financement ! »
La réalisation de ce projet de bretelle autoroutière est urgente pour fluidifier le trafic sur la Sud III, trafic de transit en provenance de l'Ouest de la Normandie ou plus largement encore en provenance de l'Ouest et du Sud-Ouest de la France (axe dit "Plantagenêt") qui cherche à traverser la Seine sur un pont libre de péage pour aller vers le Nord.
En revanche, cette liaison autoroutière Ouest, même sérieusement améliorée avec le schéma de travaux ci-dessus, qui est déjà encombrée par le trafic quotidien des navetteurs domicile-travail de la métropole de Rouen, ne serait pas suffisante pour absorber à elle seule tout le trafic de transit descendant du Nord pour passer la Seine au Sud dans le but de contourner la région parisienne par l'Ouest et le Sud-Ouest: le véritable enjeu d'aménagement du territoire du contournement autoroutier de Rouen par l'Est n'est pas seulement au niveau local voire localiste (les Ecologistes rouennais ont du mal à manier la focale géographique normande) mais, aussi et surtout, au niveau régional voire inter-régional dans l'idée en attente depuis 50 ans maintenant, d'achever la rocade autoroutière de contournement de la région parisienne par l'Ouest entre Amiens et Orléans: il manque toujours le barreau normand sinon rouennais ainsi que la section de la future A 89 (Nonancourt- Chartres-Allaines) qui correspond, à la fois, à la "route du blé" qui dessert comme elle le peut le port de Rouen premier port européen d'exportation de céréales et, symboliquement, au passif de 50 années de division normande et d'absence de la ville de Rouen dans la géographie française des métropoles régionales.
Archive de l'Etoile de Normandie:
http://normandie.canalblog.com/archives/2016/11/01/34507734.html
Voir, enfin, la réaction d'Hervé Morin, président de la Normandie sur le plateau rouennais du JT de France 3 Normandie (26/11/20)
https://m.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=r3eePxmsOXc
"Mayer-Rossignol? Je veux travailler avec lui!"
Hervé Morin