BREXIT: mettre en oeuvre le "PLAN HUGO" pour l'avenir de la pêche dans le golfe anglo-normand devient urgent!
Le 29 octobre dernier, sur l'Etoile de Normandie, nous avions écrit un billet sur l'inquiétude que nous inspire l'impasse qui se confirme des négociations entre le Royaume-uni et l'union européenne qui doivent se clore au 31 décembre prochain et rendre définitif le Brexit.
Les conséquences pour l'avenir de la pêche artisanale de notre région sont importantes notamment dans le golfe des îles anglo-normandes où nous faisons le pari de l'intelligence: sauf fâcheuse exception, les pêcheurs de la Normandie continentale et celle d'outremer ont trop d'intérêts communs pour ne pas se battre ensemble dans le but de faire reconnaître tant à Londres, Paris ou Bruxelles un particularisme régional qui remonte à l'histoire de notre Normandie ducale.
En 2000 les accords de la Baie de Granville ont permis de construire un espace maritime professionnel commun pour tous les pêcheurs concernés: Normands, Bretons et Jersiais car ensemble, ces pêcheurs pratiquent peu ou prou le même type de pêche: une pêche artisanale qui respecte la ressource halieutique et qui cherche à valoriser les produits débarqués.
Dans ce billet nous avions proposé le "plan Hugo" en hommage au célèbre auteur des "Travailleurs de la mer" consistant à négocier le maintien des accords de la Baie de Granville et leur extension jusqu'aux Casquets pour couvrir les zones de pêche qui dépendent du bailliage de Guernesey, Sercq et Aurigny qui ne sont pas couvertes par l'accord de la Baie de Granville.
Archive de l'Etoile de Normandie:
http://normandie.canalblog.com/archives/2020/10/29/38616656.html
Nous nous réjouissons que le Comité Régional des Pêches de Normandie défende enfin les positions que nous avons toujours su défendre ne varietur sur l'Etoile de Normandie, à savoir:
La défense d'un intérêt régional normand au sens large qui s'étend donc à celui de nos cousins des bailliages et états de Jersey, Guernesey, Aurigny et dépendances (Seigneurie de Sercq).
Concrètement, il s'agit d'éviter de mettre de l'huile sur le feu notamment au niveau médiatique en évitant le spectre de la bataille navale entre pêcheurs qui pratiquent le même type de pêche: une pêche artisanale et écologiquement respectueuse de la ressource halieutique avec des marins passionnés et amoureux d'un magnifique terroir maritime.
Ce sont nos "travailleurs de la mer" qui ont été magnifiquement chantés par Victor Hugo dans l'un de ses plus célèbres romans écrit alors qu'il était en exil à Guernesey:
D'où cette suggestion faite à tous les acteurs et parties prenantes de ce dossier, à savoir, tous les pêcheurs et les collectivités territoriales concernées par l'avenir de la pêche dans le golfe "normano-breton" ou "anglo-normand":
Ouvrir une grande négociation générale ayant pour objectif d'étendre et de renforcer les clauses des accords de la baie de Granville (2000) des îles Chausey et de la baie du Mont-Saint-Michel au Sud jusqu'aux Casquets au Nord pour englober dans une zone maritime unifiée l'ensemble des usagers, l'ensemble des pêcheurs.
On pourrait appeler cette ambition, cette vision partagée par tous sur les rives de notre Méditerrannée anglo-normande:
LE PLAN HUGO
On lira, avec intérêt, l'article proposé par Ouest-France qui cède quelque peu au catastrophisme en donnant écho aux positions outrancières de Don Thompson tout en faisant état de la réaction positive des bailliages de Jersey et de Guernesey face au centralisme wesminsterien qui risque de détruire la pêche artisanale des îles anglo-normandes en cas de Brexit "no deal".
La solution est donc dans la constitution d'une force de pression politique rassemblant les collectivités territoriales concernées: les bailliages et états de Jersey, Guernesey, Aurigny, seigneurie de Sercq, département de la Manche et la région de Normandie avec l'objectif du " Plan Hugo".
Bien entendu, le journaliste de Ouest-France, n'en parle pas.
Les pêcheurs français scrutent les négociations du Brexit avec anxiété. Dans la Manche, une absence d’accord marquerait la fin du Traité de la Baie de Granville qui autorise la pêche dans les îles anglo-normandes depuis 1839…
Les pêcheurs granvillais et jersiais ont appris à ne pas s’enflammer. À garantir, au gré des tempêtes, le Traité de la Baie de Granville qui préside aux destinées des droits de pêche des bateaux français dans les eaux jersiaises depuis 1839. En août, le gouvernement du bailliage de Jersey a même rappelé aux élus manchois son attachement au Traité.
Mais la courtoisie ne fait pas oublier l’incendie qui couve à la table des négociations européennes. Sur les côtes de la Manche, personne ne veut jouer les pyromanes. Quoique… Certains ont bien soufflé sur les braises : le turbulent Don Thompson, président de l’association des pêcheurs de l’île, n’en finit plus de dénoncer les accords.
« Rêve ultranationaliste »
Agitateur pour les uns, populiste dangereux pour les autres, Don Thompson avait tout de même réussi son pari en recueillant plus d’un millier de signatures pour sa pétition incitant son gouvernement à sortir du Traité. Pro-Brexit, son programme est simple : « Restons maîtres de nos eaux ». La pétition n’aboutit pas, mais les graines du « chacun chez soi » sont semées.
« Cette contestation est menée par des pêcheurs retraités qui entraînent la population dans un rêve ultranationaliste, souligne Marc Delahaye, directeur du comité régional des pêches de Normandie. L’illusion de la reconquête d’une grandeur maritime perdue est une fadaise vendue aux pêcheurs de l’île. La réalité économique sera plus cinglante. »
« Coup de canif dans l’autonomie des îles »
Pourtant fin octobre, Don Thompson peut jubiler. Le gouvernement de Boris Johnson annonce un projet de loi encadrant la pêche dans les eaux britanniques.
Le 13 octobre, la Chambre des communes propose un amendement concernant les « dépendances de la Couronne » et donc les îles anglo-normandes.
Le gouvernement se laisse ainsi la possibilité d’étendre sa législation dans leurs eaux. Les bailliages montent au créneau, eux qui sont pour l’heure souverains dans les décisions concernant la pêche. « Un énorme coup de canif dans l’autonomie des îles », assure Marc Delahaye.
Le comité régional des pêches exprime sa vive inquiétude. Don Thompson se frotte les mains dans une interview accordée au Jersey Evening Post : « Cela fait des années que nous perdons notre temps à nous battre pour notre futur. Maintenant il faut compter sur le gouvernement britannique pour le défendre. C’est enfin le clou dans le cercueil du Traité. »
« Ce serait la révolution »
« Il y a quatre scénarios possibles, estime Marc Delahaye. Le premier est celui d’un accord avec l’Europe. Mais en cas de « no deal », le traité de la baie de Granville peut tomber. Soit avec une exclusion immédiate des pêcheurs français – dans ce cas, ce serait la révolution –, soit avec le délai de préavis de deux ans prévu – ce qui laisse du temps. Enfin, le traité peut être maintenu malgré un « no deal » en vertu de la spécificité des anglo-normandes. »
Les Jersiais opèrent 70 % de leurs débarquements à Granville. Impossible pour eux d’aller débarquer en Angleterre : seules trois unités de pêche peuvent se permettre la traversée. « Il y a la crainte que Londres impose plus tard de grands chalutiers autour des anglo-normandes pour une pêche industrielle. » Le deuxième confinement français plonge déjà les pêcheurs de l’île dans une situation critique. Quoiqu’il arrive, le « no deal » marquerait la fin de la pêche traditionnelle des îles.
« On veut encore croire à l’intelligence… »
Alors depuis quelques semaines, on phosphore en coulisses. « Chantage » au débarquement du poisson, à l’énergie – puisque les câbles sous-marins alimentent les îles depuis la Normandie -, ou encore au fret ou aux droits de douane. Le Comité régional des pêches a prévu une réunion au lendemain du sommet européen du 10 décembre.
« Il y a encore une vraie incrédulité, reconnaît Marc Delahaye. Les pêcheurs normands et malouins ont du mal à croire qu’on en arrive à mettre un terme à plus d’un millénaire de relations de commerce, de contrebande, de cousinage sur nos côtes. On veut encore croire à l’intelligence… S’ils veulent se suicider, c’est leur droit, mais, nous, on veut vivre. »
L'idée d'échanger des quotas de pêche française dans les eaux territoriales britanniques de la Manche contre des quotas de pêche anglais dans les eaux territoriales françaises du golfe de Gascogne (qui profiterait surtout aux pêcheurs Bretons) ou la crainte d'une fermeture des eaux territoriales britanniques de la Manche fait beaucoup réagir sur les deux rives du Channel car les pêcheurs de la Manche ont des intérêts communs: débarque de la pêche britannique dans les ports français, d'une part, et pêche française dans les eaux territoriales britanniques d'autre part...
La pêche française ne doit pas être « sacrifiée comme variable d’ajustement » dans les négociations commerciales post-Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, a martelé ce jeudi 3 décembre Jean Castex en annonçant un « plan d’accompagnement spécifique » pour la filière, lors d’une visite à Boulogne-sur-Mer.
Nous espérons bien évidemment obtenir un accord dans les meilleures conditions possible, mais pas dans n’importe quelles conditions. Et certainement pas dans les conditions où la pêche serait sacrifiée comme une variable d’ajustement », a déclaré le Premier ministre ce jeudi 3 décembre devant des représentants de la filière (marins-pêcheurs, industriels, transporteurs…), lors d’une visite à Boulogne-sur-Mer.
Les négociations patinent à moins d’un mois de la date butoir fixée par les parties prenantes. Au 1er janvier 2021, qu’un accord soit trouvé ou non, les normes européennes cesseront de s’appliquer au Royaume-Uni.
Le processus semblait toutefois s’accélérer en cette fin de semaine, le négociateur européen Michel Barnier ayant indiqué aux États membres que les prochaines heures de discussions seraient cruciales. Or, la pêche, et donc l’accès aux eaux britanniques très poissonneuses, fait partie des principales pommes de discorde.
« L’État prendra ses responsabilités »
« Il faut l’accès aux eaux, c’est impératif, c’est la priorité », a répété Olivier Leprêtre, président du comité régional de la pêche.
« Si on se rabat sur les eaux françaises, il y a un risque de surexploitation, en quelques mois on va anéantir la ressource », a-t-il prévenu alors que Jean Castex venait de visiter le Klondyke, un bateau de pêche hauturière qui opère au nord de l’Écosse.
« C’est une négociation et une négociation doit aboutir à des compromis. Et il faut que nous vous accompagnions dans ces compromis », a répondu plus tard Jean Castex en promettant « la solidarité nationale » aux « territoires concernés ».
« Une ère nouvelle va s’ouvrir. Je souhaite qu’il y ait un plan d’accompagnement spécifique », a déclaré Jean Castex en promettant que « l’État prendra(it) ses responsabilités ».
Des actions spécifiques du plan de relance destinées à la filière pêche
Jean Castex a également demandé aux préfets « de veiller, compte tenu des circonstances, à ce que des actions spécifiques du plan de relance soient destinées » aux acteurs de la filière pêche, pour leurs « projets » ou leur « reconversion ».
Face à Jean Castex, ces acteurs ont présenté leurs doléances : besoin de « visibilité » pour l’un, d’améliorer la compétitivité du port en baissant le prix du foncier pour éviter les délocalisations, ou encore de pouvoir faire fonctionner en continu le service d’inspection vétérinaire de cette ville (Sivep) destiné à traiter les produits de la mer arrivant de Grande-Bretagne.
Sur ce dernier point, Jean Castex leur a donné satisfaction en annonçant des renforts de personnels afin que le Sivep tourne « 24 heures sur 24 heures […] dès le 1er janvier ».
France 3 Normandie fait le point sur l'état de la flotille de pêche normande à la veille du Brexit: en cas de fermeture de l'accès aux eaux territoriales britanniques, il sera bien difficile aux pêcheurs normands de trouver d'autres zones si, en plus, il faut aussi compter avec l'implantation de parcs éoliens marins au large des côtes normandes.
https://www.banquedesterritoires.fr/eolien-en-mer-un-nouveau-parc-en-normandie-au-large-du-cotentin
On voudrait tuer la pêche artisanale normande qu'on ne s'y prendrait pas autrement!
70% des produits débarqués dans les ports Normands proviennent des eaux britanniques. Les ports de la Manche, Cherbourg, Granville et Carteret seront les plus touchés, c’est une manne de 20 millions d’Euros chaque année qui dépend de l’Angleterre.
Si les Anglais ne débarquent plus chez nous, on manquera de poisson car on n’est capable de livrer que 40% de poissons frais vendu en France.