ROUEN seule grande ville à gagner des habitants dans une Normandie stagnante, selon l'INSEE.
L'INSEE vient de nous faire connaître les derniers chiffres concernant la démographie normande et son évolution depuis 2013...
L'Insee a publié l'évolution de la population en Normandie, dans les départements et dans les communes, entre 2013 et 2018. Une seule grande ville est en nette augmentation.
L’Insee Normandie (Institut national de la statistique et des études économiques) a publié, mardi 29 décembre 2020, le nombre d’habitants dans la région, et dans ses communes, en 2018. Les mêmes données datant de 2013 ont également été communiquées, ce qui permet de constater que la population en Normandie, en cinq ans, est restée quasi inchangée.
En effet, avec 3 327 477 habitants comptabilisés en 2018, la région n’a perdu que 887 habitants en l’espace des cinq années.
Rouen, la seule à tirer son épingle du jeu
L’Eure est le département qui a été le plus attractif, puisqu’il a gagné quelque 4 657 habitants, suivi du Calvados avec 4 657 habitants supplémentaires (le 2e département le plus peuplé, avec près de 695 000 habitants). La situation de la Seine-Maritime est stable, avec 1 274 habitants en plus (c’est le département le plus peuplé, avec 1,26 million d’habitants).
Dans le négatif, la Manche, avec près de 4 500 habitants en moins, et l’Orne, avec – 7 255 habitants. Avec 281 593 Ornais, il s’agit du département le moins peuplé de la région.
En regardant de plus près les grandes villes normandes, il apparaît que seule Rouen tire son épingle du jeu : la capitale normande est la seule à avoir gagné des habitants, + 605, faisant grimper sa population à 111 360 habitants.
La ville la plus peuplée avec ses près de 170 000 habitants, Le Havre, a perdu 2 341 habitants entre 2013 et 2018.
Même constat négatif pour la 3e ville, Caen, avec – 1717 habitants (sa population étant de 105 512 habitants).
À lire aussi:
Pour Cherbourg, – 1834 habitants (sa population dépasse désormais les 79 000 habitants), et pour Dieppe, – 1 653 habitants (28 561 habitants en 2018). Enfin, c’est Évreux, qui affiche la perte la plus significative (en termes de nombre, mais aussi proportionnellement à sa population) : – 3015 Ébroïciens en cinq ans, faisant chuter la population à 46 707 habitants.
Commentaire de Florestan:
Esquissons quelques explications à ces chiffres...
Le bon résultat (relatif) de Rouen peut s'expliquer par le fait que la métropole régionale normande a été récemment identifiée comme l'une des grandes villes régionales les moins chères de France en terme de rapport entre niveau des salaires, niveau d'emploi et niveau des prix de l'immobilier local: située à moins d'une heure de Paris par le train, la capitale normande peut se mettre sur les rangs pour accueillir les télétravailleurs de la région parisienne qui ont, pour une large par d'entre eux, des attaches familiales avec la Normandie...
Même situation pour le département de l'Eure qui gagne des habitants pour les mêmes raisons: en revanche, ce n'est pas le cas d'Evreux qui est victime d'une image nationale peu sympathique, d'où les gros efforts actuels menés par la municipalité pour améliorer la qualité du centre-ville en mettant en valeur l'identité normande et le patrimoine historique de la ville d'Evreux qui gagnerait à ne plus être confondue avec Mantes-la-Jolie ou le Val-Fourré!
Pour le reste, la situation devient très inquiétante pour l'Orne et, dans une moindre mesure, pour la Manche, d'où les politiques très actives de communication menées par ces deux départements pour attirer de nouveaux habitants en profitant du contexte actuel qui est celui d'un exode francilien qui va s'accélérer: se mettre au vert dans la campagne normande pas trop loin de Paris tout en restant connecté devient possible à condition que les territoires concernés soient bien identifiés (le localisme n'est pas une solution) et que le désenclavement desdits territoires soit achevé (fin des zones blanches, réseau fibré en 4G, fiabilité de la SNCF...)
Le cas des villes industrialo-portuaires normandes (Le Havre, Cherbourg et Dieppe) est le plus inquiétant avec une part notable d'habitants relevant des classes dites "populaires" où sévit un chômage endémique et des problèmes de formation: c'est le cas, en particulier, du Havre où le changement plutôt réussi d'image établi depuis le classement de la ville reconstruite par Auguste Perret au patrimoine mondial de l'UNESCO n'a pas suffi, à elle seule, à créer une dynamique démographique suffisante: le désenclavement du Havre demeure inachevé notamment vers la Basse-Normandie, la cité Océane gagnerait certainement à être totalement intégrée comme, du reste, Caen et Rouen, à un triangle régional métropolitain de communications et d'infrastructures attractif pour toute la population normande, voire au-delà.
Conclusion:
Sur fond d'une baisse de long terme de la natalité normande, il y a nécessité de faire des Normands avec tous les horsains de bonne volonté! Mais tant que le moteur de la "tripolitaine normande" restera à l'arrêt ou que de fausses solutions localistes continueront à triompher sous certaines gapettes, la démographie normande stagnera ou déclinera.
Voir aussi:
Recensement. Caen comptabilisait 105 512 habitants au 1er janvier 2018 (ouest-france.fr)
L'État va aider douze « petites villes » du Sud Manche | La Gazette de la Manche (actu.fr)