Visite ministérielle à Rouen pour la fusion portuaire de l'Axe Seine en l'absence de la principale intéressée: la Normandie!
Ce lundi 4 janvier 2021, dans le cadre de la communication gouvernementale sur la fusion portuaire de l'Axe Seine, une importante visite ministérielle avait lieu sur les quais du port de Rouen, en présence d'Annick Girardin, ministre de la Mer, du ministre des transports, du préfet de région, du président de la métropole de Rouen, du vice-président de la région Normandie en charge des transports, du président du département de la Seine-maritime, du député de la circonscription et du président de l'union portuaire de Rouen... Et, last but not least, en présence, remarquée, du président d'une métropole du Grand-Paris passablement contestée ces temps-ci!
En revanche, absence d'Hervé Morin, le président incontesté d'une Normandie pourtant incontestable...
On vous explique pourquoi après la lecture du compte-rendu proposé par Ouest-France...
Annick Girardin et Jean-Baptiste Djebbari, ministres de la Mer et des Transports, ont confirmé, ce lundi 4 janvier, la fusion des trois ports aux élus et acteurs portuaires de Rouen. Un plan d’investissements sera dévoilé lors du comité interministériel de la mer fin janvier.
Deux ministres pour une fusion. Jean-Baptiste Djebbari, pour les Transports, et Annick Girardin, pour la Mer, ont passé l’après-midi de ce lundi 4 janvier 2021 au port de Rouen, qui va fusionner avec les ports du Havre et de Paris. Les trois grands ports maritimes et fluviaux étaient déjà réunis dans le groupement d’intérêt économique Haropa. Un directeur général, Stéphane Raison, a été nommé et a pris ses fonctions le 1er janvier. Le siège sera établi au Havre. Rouen souhaite que la présidence du futur conseil d’administration revienne à un Rouennais.
« On est en avance »
Les deux ministres ont rencontré les acteurs portuaires et les élus, de Nicolas Mayer-Rossignol, maire et président de la Métropole de Rouen, à Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la communauté urbaine du Havre, Patrick Ollier, président du Grand Paris, ou Bertrand Bellanger, à la tête du Département de Seine-Maritime. « La fusion verra le jour le 1er juin, a confirmé Annick Girardin. On en parle depuis tellement d’années, c’est fait. On est au rendez-vous. C’était un projet prévu en 2030. En 2021, on y est. On est en avance. »
Les deux ministres ont promis des investissements de l’État. « Dans le plan de relance, 175 millions d’euros iront aux grands ports. Nous sommes venus voir sur le terrain quels étaient les projets d’investissements concrets pour relancer l’attractivité des ports et créer de l’activité et des emplois. »
Reconquérir des parts de marché
Jean-Baptiste Djebbari a affirmé aux élus et acteurs portuaires « la nécessité d’avoir une politique d’attractivité commerciale et industrielle, de développement et de transition écologique. Les défis sont la reconquête de parts de marchés, grâce à un système portuaire et logistique de référence à destination des clients et partenaires internationaux, l’accélération de la transition écologique par l’amélioration de l’efficacité énergétique, et la production d’énergie verte, l’innovation et la transition numérique pour déployer de nouveaux services numériques le long du corridor sur l’axe Seine ». Un programme d’investissements sera détaillé par le Premier ministre Jean Castex lors du comité interministériel de la mer, fin janvier.
Revitalisation de l’axe Seine
Des investissements de l’État, c’est ce que demandait Nicolas Mayer-Rossignol : « Nous étions particulièrement vigilants sur un équilibre territorial. On nous dit que des choses seront faites dans ce sens.»
Le président de la Métropole veut voir dans cette fusion « un élément clé, comme le train par ailleurs, de la revitalisation de l’axe Seine pour laquelle il faut une dynamique nationale et un portage politique plus forts. Nous ne sommes pas dans un mécano administratif local mais sur un projet de compétitivité, de développement économique et de transition écologique de niveau national et même européen »
Commentaire de Florestan:
Pour le nouveau maître de Rouen, la revitalisation de l'Axe Seine se fait, semble-t-il, sur la face cachée de la lune. Une lune gouvernée depuis la place parisienne, selon la préférence d'un chien bien domestiqué qui a pris l'habitude d'aboyer dans un corridor!
Car, comme d'habitude chez NMR, on ne trouvera aucune allusion à la Normandie réunifiée qui est pourtant, de fait, la première collectivité territoriale concernée par l'Axe Seine puisque l'Axe Seine avec sa métropole de Rouen est le coeur battant de la Normandie... Comment serait-il possible qu'un coeur battant puisse ignorer le reste du corps ou l'inverse?
Du côté du gouvernement, aucune surprise! Y compris avec une ministre de la Mer en déplacement à Rouen: le pouvoir central terrien parisien technocratique de l'Etat français ne sait toujours pas comment un port maritime fonctionne concrètement avec une confusion entre développement maritime, logistique et commercial d'un port et grand mécano techno!
Mais revenons sur l'absence du principal intéressé voire des principaux intéressés car cette absence est double, a priori, à lire ce compte-rendu proposé par Xavier Oriot pour Ouest-France:
1) ABSENCE des professionnels et entrepreneurs qui font vivre concrètement un grand port maritime: on rappelle que les unions portuaires concernées par la fusion portuaire de l'Axe Seine demandent toujours à être intégrées de plein-pied au futur conseil d'administration de ce grand machin fusionné.
2) ABSENCE de la région Normandie qui pourrait expérimenter la subsidiarité régionale en pilotant au niveau régional un enjeu d'intérêt national.
Comme d'habitude dans notre état central jacobin, la région principalement concernée n'aura pas voix au chapitre sauf pour avoir le droit de financer concrètement ce que l'Etat promet aujourd'hui de financer!
En effet, ce dernier prévoit chichement de saupoudrer 175 millions sur l'ensemble des grands ports maritimes français alors qu'il en faut plus de 300 millions pour financer le seul chantier de création d'une "chatière" permettant d'ouvrir la darse de Port 2000 du Havre vers le port intérieur et la Seine afin de donner l'accès des grands terminaux maritimes aux barges fluviales...
Un chantier prioritaire et dont le financement est, d'ores-et-déjà, bouclé par la région Normandie qui n'aura pas de droit de siéger en tant que telle au futur conseil d'administration du futur port fusionné de l'Axe Seine!