22 janvier 2021, à l'occasion d'un CIMER au Havre, Jean CASTEX découvre la Normandie maritime...
Billet de Florestan:
Ce vendredi 22 janvier 2020, Jean Castex, notre nouveau Premier ministre se promène au Havre à l'occasion de la réunion d'un nouveau CIMER ( Comité interministériel de la Mer) dans la ville portuaire de son prédécesseur à Matignon. C'est une journée importante pour la Normandie et son statut de région d'intérêt national puisque c'est par la Normandie que ce fait l'essentiel de l'activité maritime, portuaire et logistique qui permet à la France de tenir un rang important dans le domaine maritime mondial... Qu'on en juge par ces quelques données:
La France c'est le second domaine maritime mondial derrière les USA et devant le Royaume-uni. C'est la 5ème marine de guerre mondiale capable de se projeter partout dans le monde avec un système d'armes complet. C'est avec la CMA-CGM le 4ème armement mondial pour l'affrétage des navires. C'est aussi le plus grand porte-conteneurs du monde sous pavillon national: le "Palais-Royal" d'une capacité de plus de 23000 EVP. C'est aussi avec Le Havre, la première escale européenne sur la principale route du commerce maritime qui relie l'Europe de l'Ouest à la Chine. Avec le port de Rouen, la France possède le premier port européen exportateur de céréales et une liaison privilégiée vers l'Afrique. Avec le port du Havre, la France possède le premier port européen importateur pour le café de qualité supérieure.
Voilà un beau tableau d'honneur... Malgré tout.
Mais nous savons ici que le potentiel maritime de la France avec sa figure de proue normande qui est, insistons, et de très loin, la première région de France pour l'économie maritime tous secteurs confondus, est largement sous-exploité pour des raisons terrestres étrangères aux réalités maritimes...
Et parmi ces raisons terrestres étrangères, citons la principale:
Le centralisme jacobin parisien ne sait pas, ne connaît pas les réalités maritimes.
Comme vous le savez, un grand mécano techno est en cours pour fusionner au 1er juin prochain les deux grands ports maritimes normands de l'Axe Seine avec le port fluvial de Gennevilliers-Paris et, comme vous le savez, cet agenda sert de véhicule à un agenda politicien visant à détruire les réalités institutionnelles d'une Normandie enfin réunifiée qui est, depuis cinq ans, le seul outil public et politique à être à la hauteur de l'enjeu national et international d'un Axe Seine logistique maritime et fluvial en proposant des projets de développement concrets ET financés.
Comme d'habitude, fidèle à sa pente naturelle, le centralisme jacobin parisien est tenté, à nouveau, de ne faire que ce qu'il sait faire:
Casser un réel qui marche et qui pourrait encore plus marcher au profit d'une idée qui va donner un machin qui ne marchera pas ou peu... Comme d'habitude!
Quelques chiffres pour finir:
La performance logistique en terme de simplification, de standardisation et de massification du commerce maritime mondial sur sa route principale est telle que désormais, la location d'un conteneur par un grand affréteur est tombée à 600 dollars pour un voyage. Mais il en coûte encore plus de... 1000€ pour un seul conteneur débarqué du Havre et transporté par camion jusqu'à Garonor-Paris.
Et si Le Havre plafonne durablement à moins de 3 millions de tonnes annuels au risque de voir un port municipal belge lui ravir la première place pour la desserte du marché domestique français, c'est que les géants des mers qui, tous, peuvent escaler dans la darse profonde du Havre ne peuvent y décharger la plus grande part de leur immense cargaison car l'hinterland havrais tout-en-camion entre un terminal havrais et un terminus parisien est un bordel logistique menacé par la saturation permanente.
Nous avons ici présenté les solutions. Ces solutions ont le tort d'être, à la fois, concrètes et normandes:
1) la subsidiarité régionale à expérimenter dans la gouvernance portuaire selon le principe simple suivant: celui qui signe le plus gros chèque doit avoir voix prépondérante pour décider.
2) la co-gestion de la gouvernance portuaire avec les acteurs professionnels qui font vivre l'outil portuaire.
3) la création d'une place maritime et logistique régionale normande dans l'amont immédiat des ports du havre et de Rouen pour remonter en qualité la chaîne de valeur logistique dans le traitement des marchandises en créant de nombreux emplois.
4) la diversification des infrastructures logistiques dans la vallée de la Seine avec un report modal massifié vers le fluvial et le ferroviaire en désenclavant le port du Havre: avec la "chatière" pour le fluvial et avec un tunnel sous-fluvial dans l'estuaire vers la rive gauche pour le ferroviaire.
Ces quatre propositions pourraient être portées par une région normande politiquement puissante du simple fait de tenir le carnet de chèque.
Il revient donc à Hervé Morin de défendre ce point-de-vue qui a pour lui d'être celui de la réalité et face au jeu léonin de l'Etat central qui n'a jamais les moyens concrets de ses ambitions et face au jeu politicien de certains professionnels d'eux-mêmes qui ont un agenda étranger à la défense de l'intérêt général normand, il semble évident que la politique de la chaise vide ne soit pas la meilleure solution pour défendre la Normandie, première région française maritime.
Lire l'entretien accordé par Jean-Baptiste Gastinne, 1er adjoint au maire du Havre et vice-président de la région Normandie en charge des transports (Paris-Normandie, 21 janvier 2021):
Puisqu'il est fait allusion aux propositions de l'Institut Montaigne (une boîte à idées d'obédience libérale) on lira ci-après une synthèse d'un rapport consacré aux défauts structurels de l'hinterland logistique havrais et aux moyens d'y remédier:
Lire l'article de Paris Normandie proposé par Stéphane Siret, article symptomatique du manque d'ouverture sur les solutions régionales concrètes dans la problématique des grands ports maritimes français...
Maritime. Le Premier ministre préside vendredi 22 janvier 2021 le Comité interministériel de la mer. D’ores et déjà, dans un contexte de forte concurrence, des parlementaires attendent un cap clair
Jean Castex et plusieurs de ses ministres sont attendus vendredi 22 janvier 2021 dans le port du Havre, où se tient le quatrième Comité interministériel de la mer (Cimer) du quinquennat Macron. Ce nouveau Cimer se déroulera en trois temps.
Le Premier ministre sera d’abord accueilli à Port 2000 pour une visite du CMA CGM Jacques Saadé, l’un des plus grands porte-conteneurs du monde propulsé au gaz naturel liquéfié. Entré en service en septembre dernier sur une ligne connectant l’Asie à l’Europe, ce navire de 400 m de longueur peut transporter un peu plus de 23 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds). À la suite de cette visite, le Cimer se déroulera à l’École nationale supérieure maritime puis à l’hôtel de ville, où Jean Castex sera accueilli par son prédécesseur à Matignon, Édouard Philippe.
À la veille de cette réunion chargée de définir la politique maritime et portuaire de la France, la députée de la Seine-Maritime, Agnès Firmin Le Bodo (Agir), expliquait hier qu’à moins de six mois de la naissance — le 1er juin 2021 — du nouvel établissement portuaire réunissant Le Havre, Rouen et Paris, elle attend que plusieurs thèmes soient abordés, comme les enjeux écologiques, les énergies marines renouvelables, la sécurité portuaire ou encore la mise en œuvre « d’outils participant à une attractivité accrue de nos ports ». Agnès Firmin Le Bodo avait déjà déposé sur le sujet une proposition de résolution sur la création de zones portuaires d’intérêt stratégique. Pour l’élue havraise, il s’agit d’apporter « une réponse française efficace et singulière » à la création de dix ports francs au Royaume-Uni. « Nous devons imaginer des dispositifs propres visant non seulement à adapter les coûts de traitement des marchandises, mais aussi à favoriser une économie plus verte et responsable, et faisant un appel massif au numérique », explique l’élue.
Estimant que les réformes portuaires de 1992, 2004 et 2008 « sous influence néolibérale » ont conduit à un « sous-investissement chronique dont nos ports payent aujourd’hui le prix fort face à la concurrence des places portuaires belges, hollandes et allemandes », les trois députés communistes expliquent que la construction du futur canal Seine-Nord ne doit pas jouer en défaveur des ports français. Selon eux, le projet doit s’accompagner « d’investissements équivalents sur l’axe Seine pour éviter que la future connexion fluviale à grand gabarit entre le bassin parisien et le nord de l’Europe ne renforce la compétitivité des ports flamands au détriment des grands ports nationaux de la Normandie et de Marseille. »