ROUEN, le 15 février 2021: Assemblée plénière d'un Conseil Régional de Normandie qui agit dans la réalité!
A Rouen, dans l'hémicycle Antoine Rufenacht de l'hôtel de région, se tenait l'assemblée plénière du conseil régional de Normandie: c'était l'occasion pour l'actuelle majorité régionale et pour le président de la Normandie de réaffirmer quelques évidences après la semaine d'esbroufe que nous venons de vivre sur les eaux de la Seine...
Les dures lois du réel ont été rappelées par Hervé Morin dans son propos liminaire: l'actualité principale ce n'est la chorégraphie de deux présidentiables au-dessus des eaux de la Seine mais les rigueurs d'une crise sanitaire, économique et sociale qui s'annonce longue et profonde qui provoque aussi une atteinte jamais vues à nos libertés fondamentales...
Le président de région a rappelé d'emblée le plus essentiel: le conseil régional s'est mobilisé pour venir en aide auprès de 4500 entreprises normandes. Le dispositif "impulsion-résistance" fonctionne dans toute la Normandie avec le soutien des intercommunalités: 2024 petites entreprises sont actuellement aidées notamment dans le domaine de l'événementiel, du sport, de la culture, du tourisme...
La région a, de même, distribué 40 millions d'euros au titre de prêts participatifs grâce à la mobilisation en Normandie d'une première tranche du plan de relance européen.
Dans le domaine du sport et de la culture, 200 établissements et 15 clubs sont actuellement aidés
Malgré l'urgence de la crise actuelle, il faut continuer à préparer l'avenir:
C'est ainsi que 6000 ordinateurs ont d'ores-et-déjà été achetés pour les lycéens normands à la rentrée de septembre 2021
Cet effort va coûter 20 millions d'euros par an à la Région suivant une convention signée avec le rectorat de l'académie de Normandie qui inclue la formation pour les enseignants chargés de déployer ces outils.
11 millions d'euros sont budgétés pour aider les jeunes normands à trouver un stage en entreprise ainsi que pour ceux qui n'arrivent pas à trouver leur premier emploi: 600 missions sont déjà pourvues.
Du côté des dentistes, Hervé Morin veut faire cesser un vrai scandale: la Normandie a la plus faible démographique médicale dentaire de toutes les régions de France faute de n'avoir toujours pas de facultés spécialisées ni à Caen, ni à Rouen. L'objectif est de pouvoir en ouvrir une à terme. En attendant, 1 million d'euros sont prévus pour l'ouverture de dix fauteuils dentaires à Evreux et à Cherbourg: l'objectif est de multiplier par deux le nombre d'étudiants dentistes normands. 800000 euros de crédits régionaux sont fléchés pour réaliser cet objectif.
La région s'inquiète des effets de la crise sanitaire sur la vie des étudiants normands: 1,5 millions sont débloqués pour financer les cours à distance à Caen Rouen, pour ouvrir des épiceries solidaires sur les campus. Pour la prolongation des bourses des doctorants, 463 mois supplémentaires seront pris en charge par la Région pour un coût de 1,2 millions.
La Région le CROUS et ses oeuvres sociales: 1800 étudiants infirmiers vont bénéficier d'un soutien exceptionnel pour un coût de 3 millions d'euros. La région Normandie veut ainsi saluer leur dévouement dans la crise sanitaire en cours. Enfin, mesure importante, tous les transports régionaux seront gratuits pour les étudiants normands.
Hervé Morin fait, ensuite, part de sa mauvaise humeur au sujet du futur Contrat de Plan Etat Région:
Sur le dossier essentiel du rattrapage du retard normand dans le domaine de l'enseignement supérieur et la recherche, le compte n'y est pas! Pourtant, il y a urgence car la Normandie est passée à côté de tous les grands appels d'offres nationaux.
Il y a de grands projets à Caen, Rouen et Le Havre mais c'est le technopôle du Madrillet près de Rouen qui est le projet le plus avancé...
Plus d'un milliard sur dix ans sont budgétés dans deux Contrats de plan sur 5 ans. Dans ces contrats, il faut financer le gros dossier de la rénovation d'un immobilier universitaire, un patrimoine qui appartient à l'Etat selon la clef de répartition suivante: 100 millions pour la région, 200 millions pour l'état et 200 millions pour le bloc communal et les départements concernés.
Mais l'Etat a décidé de n'accorder que... 46 millions pour rénover nos trois universités normandes! Soit deux fois moins qu'en Bretagne ou pour les Pays-de-la-Loire.
C'est à croire que dans certains bureaux parisiens ils ne savent toujours pas que la Normandie est réunifiée! Hervé Morin a mis en demeure Jean Castex de rectifier le tir sinon, pas de CPER! On attend donc les arbitrages: Matignon donnera sa réponse dans 15 jours.
Comme d'habitude, il fut question de la question ferroviaire:
Hervé Morin a salué l'unité des principales collectivités territoriales normandes pour obtenir le financement des travaux pour réaliser le "saut-de-mouton" en aval de la gare de Saint-Lazare pour séparer le trafic des grandes lignes normandes de celui de la banlieue Ouest de Paris. On espère une réalisation opérationnelle pour 2027. La région met 50 millions pour ce projet.
Enfin, Hervé Morin revient sur la qualité du service ferroviaire en Normandie qui reste aléatoire: pas une semaine sans qu'il y ait sur les grandes lignes normandes un incident. A l'automne, le service rendu était à ce point lamentable qu'il a fallu assigner la Sncf devant la justice! Un plan d'urgence pour rétablir la qualité du service ferroviaire normand a été mis en oeuvre. Hervé Morin a rencontré récemment le Pdg de la Sncf pour dresser un premier bilan: la Sncf a déployé plus de personnels et de matériels sur les lignes normandes. 20 rames Omnéo sont, désormais, en circulation. Concernant la ponctualité, ça va mieux: on est passé de 88% seulement à l'automne dernier à 93% janvier 2021. On aimerait du ... 100%!
Dans le débat qui a suivi la déclaration préliminaire d'Hervé Morin, la question du contournement Est de Rouen qui était à l'ordre du jour des votes de l'assemblée régionale a suscité de vifs débats aussi bien à l'intérieur de l'enceinte qu'à l'extérieur...
L'assemblée régionale normande a donc voté la ralonge de 48 millions qui permet de sauver le financement de ce projet après le retrait de la métropole de Rouen.
Lire le reportage proposé par Xavier Oriot pour Ouest-France:
https://www.ouest-france.fr/normandie/contournement-est-de-rouen-debat-acharne-a-la-region-7155243
La Région a voté une rallonge financière de 48 millions d’euros pour construire ce barreau autoroutier de 41,5 km après de vifs débats entre la gauche et les écologistes, qui sont contre, et la majorité de droite et du centre jusqu’au Rassemblement national, qui est pour.
A l’extérieur de l’hôtel de région de Rouen, des militants écrivent à la craie en grandes lettres sur les murs des grilles les slogans chantés par quelques dizaines de manifestants derrière une grande banderole : « la 133 on n’en veut pas. Le contournement c’est le monde d’avant. Déclarez l’urgence climatique. »
Après le refus de la métropole de financer ce contournement est de Rouen, la Région et le Département de la Seine-Maritime ont augmenté leur participation de 48 millions d’euros pour la Région (de 157 à 205) et de 18 pour le département (de 22 à 40). « Vous avez sorti le carnet de chèques et débloqué des dizaines de millions en quelques heures, » ironise Céline Brulin, présidente du groupe communistes et du Front de gauche. « J’espère que ce ne sera pas au détriment des besoins de la Région et au mépris des enjeux climatiques. Mais on verra que ce n’est qu’une opération de com, car ce projet sera abandonné. »
Les bobos seront satisfaits
Nicolas Bay, président du groupe Bleu marine (Rassemblement national), abonde : « bien sûr que c’est un enjeu régional. Mais de là à ce que la Région en supporte le coût le plus important !! Et vous nous mettez devant le fait accompli. » Mais s’en prend d’abord aux socialistes « qui veulent que Rouen reste la seule métropole française à ne pas disposer d’un contournement autoroutier maintenant une pollution visuelle, olfactive et sonore. Vous essayez de teinter votre volte-face d’écologie. Mais vos petits arrangements avec les écologistes sont une honte pour la démocratie. Peut-être que les bobos de Rouen seront satisfaits de votre décision, mais les classes populaires seront encore pénalisées. » S’il souhaite « un référendum sur le sujet » Nicolas Baye a indiqué qu’il voterait « pour le projet. »
Aucune résolution de la congestion
Laëtitia Sanchez présidente du groupe des Verts-EELV s’amuse que le RN « qui s’était abstenu sur ce projet se fait maintenant le soutien d’Hervé Morin. Sur 1,3 million de déplacements journaliers, 1,2 vont et viennent à Rouen et ne sont donc pas concernés par ce contournement obsolète. Ça n’apportera aucune résolution à la congestion rouennaise. En votant ce financement vous privilégiez les intérêts privés sur l’intérêt général. » Et de citer toutes les villes qui n’ont pas de contournement. Toujours pour les écologistes, Claude Taïeb évoque ses « tristesse, colère et inquiétude. »
« Vous êtes un bon cuisinier »
Joachim Moïse, maire communiste de Saint-Etienne-du-Rouvray, où un viaduc de 40 m serait construit, s’étonne « d’un tel niveau d’investissement de l’argent public. Vous parlez de tambouille politique à la métropole, mais vous êtes vous-même un bon cuisinier en passant de 157 millions à 205 millions. Avec 84 % de part de financement des collectivités, vous allez bientôt égaler celui de l’État. Cette autoroute c’est le monde d’avant, celui du capital. En tout cas, les lignes de clivages sur ce projet autoroutier à quatre mois des élections régionales sont nettes. »
Timour Veyri du groupe SRC et élu d’opposition d’Évreux parle « de calcul politicien saugrenu et insensé avec votre homologue du département citant Sébastien Lecornu, ancien président de l’Eure « on peut tolérer quelques désagréments, on ne va pas en plus les payer. »
Reniements
Pour Jean-Baptiste Gastinne, vice-président aux transports « c’est un projet d’intérêt général et d’utilité publique confirmé par le conseil d’État. » Pascal Houbron, maire LR de Bihorel et élu de la métropole, a réglé quelques comptes avec la majorité de gauche de la Métropole où, note-t-il, « 33 maires sur 71 ont voté pour le contournement. Il nous faut cette infrastructure, la Normandie en sera plus attractive. » Catherine Morin Dessaily (centre) : « vous dites que c’est un projet d’un autre temps mais 91 % des 18-24 ans sont favorables à ce projet qui dépasse largement Rouen et la métropole. » Et, s’adressant à Nicolas Mayer-Rossignol, tacle « votre reniement de vos prédécesseurs, Frédéric Sanchez à la métropole, et Yvon Robert, maire de Rouen, qui étaient favorables. »
« Pourquoi j’ai changé d’avis… »
Nicolas Mayer Rossignol, maire de Rouen, et président de la métropole qui a dit non, lundi dernier au contournement, estime qu’il « aboutirait à une augmentation de la pollution de 4 à 14 % selon les polluants. La part de transport par camion est supérieure à tous les ports qui nous taillent des croupières en Europe. Ils sont meilleurs que nous avec moins de camions et nous, nous devrions utiliser plus de camions ? » Quant au trafic voyageur « le trafic transit c’est 40 000 véhicules contre 1,2 million pour le trafic interne avec une moyenne de 1,2 personne par voiture ! » Sur son changement d’avis « j’ai changé d’avis parce que le monde change. J’avoue avoir sous estimé l’importance des enjeux écologique. Cinq ans après les accords de Paris, nous sommes sur une trajectoire qui n’est pas soutenable. »
Commentaire de Florestan:
Réponse à Nicolas Mayer-Rossignol: le contournement Est de Rouen c'est, avant tout, contribuer à achever le contournement Ouest de la région parisienne. Le report modal de la route au fluvial sur l'Axe Seine ne sera pas suffisant puisque la métropole de Rouen est surtout encombrée par un trafic routier de transit Nord Europe- Espagne.
Pour suivre l'intégralité des débats:
https://www.youtube.com/watch?v=YNfTCgGKoOc
Ordre du jour de cette assemblée plénière (modifié le 11 février 2021):
La région Normandie, bouclier social des Normands, une réalité plus que jamais essentielle dans la crise en cours...
Comment éviter que les PME ne se fracassent sur le mur du Prêt garanti par l’Etat (PGE) ? Nombreuses sont les collectivités qui cherchent la parade. Exemple en Normandie où la Région s’apprête lancer un fonds de prêts participatifs avec la complicité de l’Ordre des experts comptables. Objectif : permettre à des entreprises, viables mais trop endettées, de substituer au PGE un emprunt de haut de bilan remboursable sur une longue période.
La perspective empêche de dormir les patrons toujours sous le coup d'une fermeture administrative. Comme on le sait, c'est en mars que les entreprises commenceront à rembourser les premières traites du Prêt Garanti par l'État. Et sauf à ce que les banques leur consentent un sursis ce qu'elles ne semblent pas toutes disposées à faire - la CPME dixit -, le cap sera difficile à passer pour beaucoup d'emprunteurs.
En Normandie, l'Agence de Développement économique (ADN), bras armé de la collectivité régionale, estime que 40% d'entre eux seront en capacité d'honorer intégralement leurs échéances mais qu'à l'inverse 60% rencontreront des difficultés.