INDUSTRIE NORMANDE: le Manoir hanté...par les Chinois!
Souvenirs, souvenirs...
Il y a presque quatre ans maintenant, tout le monde s'enthousiasmait et nous les premiers sur l'idée de faire du très neuf avec du très ancien, en l'occurrence, une vieille fonderie fondée à Pîtres (Eure) sous Louis XVI qui, par miracle, a réussi à survivre jusqu'à notre époque et qui aurait pu sauter d'un coup d'un seul dans le XXIe siècle de l'industrie assistée par le numérique avec force imprimantes 3D et poudre de métal prête à fusionner sur mesure...
Le concept était génial et nous y avions cru. La Région Normandie aussi...
Archive de l'Etoile de Normandie:
http://normandie.canalblog.com/archives/2018/06/04/36459739.html
Mais...
Le groupe métallurgique Manoir Industries a annoncé ce lundi 1er mars, le placement en redressement judiciaire de 5 de ses 6 filiales françaises, dont deux usines dans la Manche.
Les salariés du groupe métallurgique Manoir Industries ont exprimé ce mardi 2 mars leur amertume à l'égard du propriétaire chinois de l'entreprise qui vient d'annoncer Les redressements judiciaires de 5 filiales du goupe. "On a _un actionnaire chinois qui n'a pas du tout honoré ses engagements, qui nous pénalise_. On peut l'avoir un peu mauvaise. On ne peut pas dire qu'il s'intéresse vraiment au groupe Manoir", a déclaré à l'AFP Loïc Frumin, secrétaire CFDT du comité de groupe. De fait, le Chinois CAM SPC, actionnaire unique du groupe depuis juin 2020, n'a toujours pas versé les fonds qu'il s'était engagé à investir avant fin novembre 2020.
Recherche repreneurs en urgence
Selon les syndicats, le groupe est confronté à des problèmes de trésorerie et non de charge de travail. La recherche de repreneurs est "urgente", estime dans un communiqué l'union intersyndicale de la plus grosse des usines, qui emploie 438 personnes à Pîtres dans l'Eure. Vu l'état de la trésorerie, le groupe en redressement pour une période de 6 mois, "ne pourra pas vivre plus de deux mois", estime Arnaud Vimot, le délégué syndical de l'usine ACPP de Diguleville dans la Hague.
Mobiliser élus et pouvoirs publics
Le site haguais compte 233 salariés auxquels s'ajoutent dans la Manche, les 93 salariés de l'entreprise ACDN basée à Agneaux. Au total, plus de 300 employés qui s'inquiètent aujourd'hui pour leur avenir. Selon la direction "un premier point d'étape sera fait fin avril" devant les tribunaux de commerce concernés à Paris et Rouen. En espérant que d'ici là, des repreneurs se seront manifestés. "Nous comptons mener une action la semaine prochaine et rencontrer les élus locaux et la sous-préfète de Cherbourg pour les sensibiliser à notre sort", conclut Arnaud Vimot.
Voir aussi:
Le groupe Manoir Industries, qui emploie près de 500 personnes dans l'Eure, confirme dans un communiqué son placement en redressement judiciaire. Les salariés du site de Pîtres, dans l'Eure demandent "la recherche urgente d'un repreneur".
Après des salariés en fin de semaine dernière, c'est le groupe Manoir Industries qui annonce ce lundi le placement en redressement judiciaire de la plupart de ses filiales. Le groupe métallurgique, qui emploie près de 1 100 emplois en France et au Royaume-Uni, est notamment implanté dans l'Eure avec son site historique de Pîtres, qui compte 439 salariés, ainsi qu'avec sa chaudronnerie Agriandre de Conches-en-Ouche, qui emploie une quarantaine de personnes.
La rumeur du redressement enflait depuis des mois. Daniel Duché travaille sur le site depuis trente ans : "On a été pendant X temps avec un fonds de pension américain qui nous a pas mal pompés" dénonce le secrétaire du comité social et économique. Ensuite une entreprise chinoise a racheté Manoir Industries, "il a mis pas mal d'argent dans le groupe" reconnaît Daniel Duché. Mais depuis le nouvel actionnaire chinois CAM SCP qui lui a succédé n'aurait toujours pas versé les fonds promis, ce qui plombe la trésorerie du groupe. Les salariés l'assurent, le carnet de commandes est plein et le marché est là pour ce fleuron industriel français.
C'est un des seuls gros fondeurs qui reste en France, qui travaille pour le nucléaire et la pétrochimie. C'est tout un savoir-faire qui est dans les ateliers, on souhaiterait le conserver - Jérémy Grosdésir, délégué CFDT
Un mois pour trouver un repreneur
Avec ces procédures de redressement judiciaire, l'objectif de Manoir Industries est "de continuer les recherches de repreneurs et permettre, le cas échéant, les reprises des sociétés en plan de cession (...) Plusieurs visites ont pu avoir lieu et des discussions sont engagées (...) avec des repreneurs potentiels ayant formulé des marques d'intérêt", selon le communiqué du groupe, consulté par l'AFP. Les salariés du site de Pîtres ont bien entendu quelques noms et avancent ceux d'une fonderie britannique qui fait partie d'un groupe néerlandais, un groupe chinois et le Français Fonderies de France.
Également impacté dans la commune, le maire de Conches-en-Ouche a réagi sur Twitter. Jérôme Pasco annonce que "le conseil municipal prendra une motion lors de sa prochaine réunion. Pour défendre l'emploi, l'avenir d'un site, pour ne pas voir démanteler un savoir-faire, une expertise, une technicité reconnue".
Voir enfin dans l'édition du 1er mars 2021 de Paris-Normandie:
https://www.paris-normandie.fr/id169892/article/2021-03-01/info-pn-dans-leure-439-emplois-sur-la-sellette-chez-manoir-industries
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INFO PN. Dans l'Eure, 439 emplois sur la sellette chez Manoir IndustriesLe tribunal de commerce de Paris a placé en redressement judiciaire le groupe détenu pars des Chinois. Les syndicats de la fonderie euroise spécialisée dans les pièces pour les secteurs du nucléaire et de la pétrochimie craignent le pire.
C'est l'un des poumons économiques majeurs de l'Eure. L'entreprise Manoir Industries, à Pîtres, spécialisée dans la production de pièces pour les secteurs de la pétrochimie et du nucléaire, a été placée en redressement judiciaire pour six mois par le tribunal de commerce de Paris vendredi 26 février 2021, selon les représentants du personnel joint lundi 1er mars 2021 par Paris-Normandie.
Propriété d’un groupe chinoisManoir Industries emploie 439 salariés sur son site eurois. « Ils sont potentiellement en péril », annoncent les syndicats. Manoir Industries était auparavant connue sous le nom des Forges et Aciéries de Pompey, qui avaient fourni l’acier de la Tour Eiffel.
Dans un communiqué de presse adressé à notre journal, l'union syndicale explique que « Manoir Industries appartenait à un groupe chinois depuis 2013, et ce jusqu’en 2020 où un nouvel actionnaire chinois également a pris le contrôle de la société. Force est de constater que ce nouvel actionnaire fait preuve de défaillances et n’honore pas ses engagements financiers vis-à-vis de Manoir Industries, laissant dériver la situation jusqu’au point critique que l’on connait aujourd’hui. »Les représentants du personnel ne cachent pas leur inquiétude et leur étonnement : « la trésorerie ne faisant que de se dégrader au fil des mois, Manoir Industries se voit dans l’obligation de mettre en vente ses différentes sociétés (six sites sont directement touchés en France, Ndlr). Ainsi l’usine de Pîtres connait de telles difficultés que les dirigeants ont décidé de placer l’entreprise en redressement judiciaire avec l’espoir d’un éventuel repreneur. »
Trouver un repreneur avant avrilDifférents groupes ont montré des marques d’intérêts pour le site et ses activités. « Cependant, à ce jour, il n’y a malheureusement aucune offre ferme. Paradoxalement, en ce début d’année, le carnet de commande est plein avec une prévision de charge des ateliers jusqu’à mi-2022 », assurent les syndicats.L'activité industrielle de cette fonderie est toujours en cours. Mais « il faut trouver un repreneur dans les semaines à venir, fin avril au plus tard, car la trésorerie ne nous permettra pas de tenir au-delà », selon Daniel Duché, secrétaire du comité social et économique de l'entreprise. « Paradoxalement, le carnet de commande est plein alors qu'au sortir de l'été 2020, il n'y en avait quasiment plus. Mais c'est reparti sur les chapeaux de roues. Un bon signe pour un potentiel repreneur », fait-il savoir.
Ils en appelent aux élus et à l’EtatBien décidés une nouvelle fois à sauver le site eurois, les syndicats unis en appellent aux « élus locaux et régionaux et aux représentants de l’Etat afin d’établir un dialogue et réunir un maximum de soutiens. Le président de la Région Normandie (Hervé Morin, Ndlr), le préfet de l’Eure (Jérôme Filippini, Ndlr) et la Dirrecte sont informés de la situation et des risques liés à l’ouverture de la procédure auprès du tribunal. Les syndicats se mobilisent, envisageant différentes actions pour également sensibiliser la population (...) »D'ores et déjà, ils peuvent compter sur la solidarité de plusieurs commerçants du secteur qui fournissent une aide alimentaire aux salariés mis en difficulté, ainsi que sur la mairie d’Alizay - dirigée par le maire communiste Arnaud Levitre - qui a donné 500 € pour le personnel. Selon l'intersyndicale, les salariés ne devraient pas être payés avant le 8 mars.
« Sauver un maximum d'emplois »En fin de journée, le groupe métallurgique Manoir Industries a précisé les coulisses de ce redressement judiciaire.
Il explique ainsi « n’avoir toujours pas perçu les fonds que le nouvel actionnaire chinois CAM SCP s’était engagé à verser avant fin novembre 2020 (…) Le groupe a tenu jusqu’ici notamment grâce au concours de l’État, via le prêt FDES (Fonds de développement économique et social) et des décalages accordés sur le paiement des charges fiscales et sociales », détaille Manoir Industries.
Des visites sur place« Des contacts ont été pris avec différents acteurs financiers ou industriels, poursuit Manoir Industries. Plusieurs visites ont pu avoir lieu et des discussions sont engagées, à différents stades selon les sites, avec des repreneurs potentiels ayant formulé des marques d’intérêt. Ce processus de recherche entamé à l’été 2020, Manoir Industries est contraint de le poursuivre sous la protection du tribunal de commerce, faute de trésorerie », confirme le groupe.
Manoir Industries a donc obtenu l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire au bénéfice de CTI Management et ses filiales, lors d’une audience du tribunal de commerce de Rouen le 23 février et d’une seconde, au bénéfice de Manoir Industries et ses filiales (à l’exception de Manoir Bouzonville), le 25 février, au tribunal de commerce de Paris. « L’objectif, pour toutes les sociétés du groupe, est d’assurer au mieux la continuité d’activité des entreprises et de sauvegarder un maximum d’emplois. »
G.Le avec E.B et correspondant.
Commentaire de Florestan:
Dure épreuve de vérité pour la région Normandie et sa politique d'intelligence économique territoriale qui a été précisémment conçue pour éviter ce genre de désastre.
Quel paradoxe! Un groupe industriel contraint de se mettre sous la protection du tribunal de commerce alors que son carnet de commandes est plein!
Une fois de plus, ce n'est pas l'industriel et ses salariés avec savoir-faire, machines et brevets qui est en cause. Le problème c'est la faiblesse financière de nos entreprises industrielles en France avec beaucoup de loups (Chinois lorsqu'ils ne sont pas Américains) dans nos bergeries faute d'avoir dans la banque d'affaires parisienne des bergers ayant un réel souci pour l'industrie nationale.
C'est la raison pour laquelle la région Normandie avait innové dès sa réunification en osant intervenir très en amont sur l'urgence de sécuriser financièrement le capital des entreprises industrielles normandes quitte à faire le boulot de ceux qui ne veulent pas le faire alors qu'on les paie assez chers pour qu'ils le fassent! (les banquiers).
La région Normandie était déjà intervenue financièrement pour garantir les activités du site de la fonderie de Pîtres. Mais dorénavant, c'est tout un groupe industriel avec des activités stratégiques pour l'indépendance voire la souveraineté nationale qu'il faut sauver: pas sûr que ceux qui sont à l'origine du problème soient porteurs de la solution... (On pense à la haute finance et à la haute administration parisiennes ce qui revient à nommer deux fois la même chose...)
Une fois de plus, le couple président de région / préfet de région va jouer un rôle décisif: l'avenir du groupe Manoir Industries et ses emplois normands va dépendre de l'action coordonnée des chefs d'orchestre Durand (préfecture) et Morin (région), autrement dit, le "bouclier social" des Normands.
Affaire à suivre!
Par ailleurs, l'inquiétude continue de planer sur l'avenir d'un autre grand site industriel normand d'intérêt national: la papeterie de la Chapelle Darblay:
Le Conseil Economique Social Environnemental Régional de Normandie rappelle qu'il se mobilise pour obtenir le redémarrage au plus vite de la papeterie...
10 mars 2021, 14h30 à Rouen Mobilisation exceptionnelle autour de la papeterie Chapelle DarblayA Grand-Couronne, près de Rouen, l’activité de la papeterie de la Chapelle Darblay est à l’arrêt, faute de repreneur. Si l’usine ferme définitivement, ce sont les papiers de 24 millions d’habitants trieurs (en Normandie et dans le Nord Ouest de la France principalement) qui devront être incinérés ou exportés... Une absurdité à la fois financière, sociale et environnementale. Avant qu'il ne soit trop tard, le CESER veut sensibiliser les intercommunalités autour de ce dossier et réfléchir avec elles à une solution.
Rendez-vous dès 14h30, le mercredi 10 mars, dans l'hémicycle de l'Hôtel de Région, ou suivez-nous en direct sur Youtube. Si nécessaire, vous pourrez également nous rejoindre en visioconférence. Pour toute question ou confirmation de présence, merci d'écrire à contact@ceser.normandie.fr
Enfin, d'après nos informations, on peut craindre aussi une sérieuse vague de licenciements dans l'industrie régionale du côté du Havre...
Quelques 600 emplois industriels seraient menacés sur le bassin d'emploi du Havre: plusieurs sites industriels seraient concernés, notamment celui de DRESSER-RAND qui fermerait définitivement ses portes après un premier plan de licenciements en septembre 2020:
https://www.tendanceouest.com/actualite-369770-le-havre-dresser-rand-300-emplois-supprimes.html